ALEA : un NON de raison Walter Willener, Président ASSAF-Suisse Aigle, le 30 novembre 2009.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Le marché du porc dans l'UE Production, consommation et échanges et Réglementation et logique de fonctionnement Pôle Économie de l'ITP.
Advertisements

Qu’est-ce que l’inflation ?
QUESTIONS D’ÉCONOMIE.
Qu’entend-on par monnaie la masse monétaire et sa mesure
Comment fonctionne léconomie ? ©ollet Léconomie est la production de tout ce qui est nécessaire à la vie des hommes en société Alimentation (agriculture,
Chapitre 2. LA LIBERALISATION DES MARCHES ET LES POLITIQUES DE SOUTIEN
LUNION UROPÉENNE. P ROBLÉMATIQUE : Dans quelles mesures lUnion Européenne permet-elle de sortir de la crise ?
Les politiques conjoncturelles
ECR / BB / cv / Février 2010 Uniterre Soirée publique d'information Delémont, le 11 février 2010 L'agro-industrie menace-t-elle la paysannerie et la santé
Le schéma productivité croissance
Le schéma productivité croissance
Réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons RPT IDHEAP, 19 février 2009 Gérard Wettstein,
1. 2 LES ÉLÉMENTS ESSENTIELS DE LA POLITIQUE ANTICRISE DU GOUVERNEMENT DE RUSSIE.
La crise, le commerce et la pauvreté dans les pays du Sud – et comment y répondre Ann Weston LInstitut Nord-Sud mars 2009.
LEA Licence 1 : Cours de M. LEMIALE et Mme MARTIN
MODULE 3. Prix dincitations et de pénalisations SESSION 1. Sélection du produit.
Forum Union européenne-Afrique sur le coton 5 et 6 juillet 2004
IAS 16 « Immobilisations corporelles »
Relance économique dans la LF 2014
Au début des années 1970, léconomie québécoise tourne au ralenti. Le chômage et les prix des produits sont à la hausse en raison de la crise du pétrole.
Eléments économiques de la politique agricole Irène Suter, Christian Helmers, Cédric Perey.
La PAC (Politique agricole commune) Histoire Principes
Optimisation de la Promotion économiqueOptimisation de la promotion économique Sion, le 27 avril 2009 Programme cantonal de soutien à léconomie valaisanne:
Assemblée générale 26 mars 2014 Marché du vin quelques réflexions.
L’État français est-il en faillite?
Département fédéral des finances DFF Administration fédérale des finances AFF Introduction à la péréquation financière Werner Weber, chef de la section.
Acquisition de terres à grande échelle pour l’investissement agricole: tendances et questions clé Lorenzo Cotula Chercheur senior – Droit et développement.
LA VALEUR ÉCONOMIQUE AJOUTÉE (VÉA)
MODULE 3. Prix dincitations et de pénalisations SESSION 1. Sélection du produit.
1. 2 Alain BERGER Délégué Interministériel aux Industries Agroalimentaires et à lAgro-industrie Présentation du diagnostic national.
L’appareil productif L’appareil productif est constitué d'un ensemble d'entre­prises réparties entre les différents secteurs de l'économie (I). Malgré.
Chapitre 8 : Le Dumping.
Résultats préliminaires Etude des marchés en relation avec la sécurité alimentaire, les achats locaux et les programmes de transferts monétaires/coupons.
Le courant physiocratique
1 Les problèmes de la croissance et du chômage dans l'économie Turque Prof. Seyfettin Gürsel Directeur du Centre de Recherches Économiques et Sociales.
Source : MSCI via FactSet. MSCI n’offre aucune garantie et décline toute responsabilité quand aux données MSCI reproduites dans le présent document. Aucune.
Schweizerischer Gewerbeverband sgv Union suisse des arts et métiers usam Unione svizzera delle arti e mestieri usam Première rencontre des banques francophones.
Démographie, Emploi, Croissance économique, Retraites Quels scénarios socio-économiques à long terme ? Séminaire TRANSFORM-Luxembourg 13 novembre 2010.
Commerce | transport | serviceswww.clc.lu Conférence de presse de la clc Augmentation de la TVA au Luxembourg: La confiance est l’étoffe dont est fait.
Les stratégies sectorielles de développement:
Effet d’un choc d’offre positif
Votations fédérales 8 mars 2015 Initiative «Remplacer la TVA par une taxe sur l’énergie»
Séance 2: Explication de l’évolution de la croissance
LE SECTEUR AGRICOLE QUELQUES STATISTIQUES. La population rurale argentine représente 12 % du total de la population estimée à 40 millions d’habitants.
Marketing : l'entreprise
Schweizerischer Bauernverband Union Suisse des Paysans Unione Svizzera dei Contadini © SBV/USP Mars 2011 Énergies renouvelables – une chance pour l’agriculture.
1 Point conjoncturel de novembre 2008 La récession… …Mais pour combien de temps ? Point conjoncturel de novembre 2008 La récession… …Mais pour combien.
Selon : Alternatives Economiques. Mise en contexte L'équation budgétaire Au niveau des entreprises Au niveau des ménages Priorité aux dépenses ou à la.
Quelques remarques sur le dispositif anti-dumping de l’Union européenne.
FAP Termes de l'échange Session 3.1. Programme d'apprentissage des marchés du PAM Formation à l'Analyse des Prix.
Présentation par le Comité d'initiative. Chaque jour, la Suisse perd en… qualité de vie surfaces de production agricole espace vital naturel 2.
La Situation des IDE en Amérique Latine en 2009 Rapport de la CEPALC, et « The 2009 BCG Multilatinas »
LE FONDEMENT DES ECHANGES INTERNATIONAUX
CROISE automne 2004 Prévisions conjoncturelles 2005/2006.
Page Schweizerischer Bauernverband Union Suisse des Paysans Unione Svizzera dei Contadini © SBV/USP Politique agricole suisse.
ASSAF-Suisse : Présentation de l’association Nom prénom, fonction ASSAF-Suisse Lieu, date.
Le 15 Janvier  Date Création : 24/06/2008 par apport de titres des fondateurs du groupe.  Forme juridique : SA.  Capital Social :
Activité (ratios de rotation)
Président de santésuisse
Gestion de l ’offre de monnaie: politique monétaire
Macroéconomie financière Ecole centrale de Marseille Année 2011 – 2012 Cours n°2 Franck Lirzin.
«Les entreprises en ont-elles fini avec le financement externe indirect?» Eva Duvergey et Irena Thurette 1ES 1, Lycée Grand Air, Arcachon.
L’échange sur le marché Le marché des céréales Eléments de correction.
Le marché mondial des céréales Corrigé du TD
La politique monétaire de la BCE La BCE peut-elle relancer la croissance économique ? Pauline Agorreta et Stessy Martin 1ES1, Lycée Grand Air, Arcachon.
01/10/20151 LA POLITIQUE MONETAIRE J-M Heneffe 2015 APLL.
1 La TVA sociale Objectifs  Assurer le financement de la sécurité sociale et de la politique familiale,  Consiste à cesser d’appliquer des charges sociales.
LE RAPPORT GODBOUT: UNE OCCASION RATÉE. MANDAT DE LA COMMISSION  Réfléchir à une réforme devant rendre la fiscalité québécoise plus compétitive, plus.
Luc Godbout Montréal, 3 novembre 2015 PORTRAIT DE LA FISCALITÉ QUÉBÉCOISE: EST-ELLE BIEN ADAPTÉE AU 21 E SIÈCLE?
Frédéric Laurin Professeur d’économie | École de gestion Chercheur à l’Institut de recherche sur les PME Université du Québec à Trois-Rivières | Département.
Transcription de la présentation:

ALEA : un NON de raison Walter Willener, Président ASSAF-Suisse Aigle, le 30 novembre 2009

Contenu Les principaux arguments du Conseil fédéral Les raisons de s’opposer Quelques simulations Conclusion

Pourquoi le CF veut-il un ALEA ? Augmentation à long terme du PIB de 2 Mrd (soit de 0,5 %) Nouvelles opportunités pour les exportations (+ CHF 4 Mrd) –Produits laitiers (CHF 1,5 Mrd) –Autre produits agricoles transformés (CHF 2 Mrd) –Matières premières agricoles (CHF 0,5 Mrd) Lutte contre « l’îlot de cherté » et baisse des prix à la consommation Diminution des coûts de production (> 1 Mrd) Amortissement du choc provoqué par un accord à l’OMC

« Îlot de cherté » : un mythe à oublier L’important n’est pas le niveau des prix mais le pouvoir d’achat. Le temps de travail nécessaire à l’achat de denrée alimentaire est inférieur en Suisse à n’importe quel autre pays. Certains pays et régions européens (le Danemark notamment) connaissent un niveau des prix équivalent.

Rien à gagner pour les consommateurs La part des denrées alimentaires dans les dépenses des ménages est inférieure à 10 %. Le gain possible est donc faible. Les efforts consentis par les producteurs ces dernières années ne sont pas répercutés sur les consommateurs. « Les grands distributeurs devraient continuer d’imposer aux consommateurs […] des prix nettement supérieurs. » Conseil fédéral, mars 2008 Source : OFS Source : USP

Le cycle de Doha n’est pas encore conclu « La vitesse à laquelle nous avançons à l'heure actuelle est trop lente […] pour pouvoir conclure le Cycle l'an prochain. » Pascal Lamy, Directeur général OMC, Pour l’instant, nous ne savons ni si, ni quand, ni à quelles conditions une conclusion du cycle de Doha est envisageable. Au vu des risques découlant d’un ALEA sans OMC, il est préférable d’attendre une éventuelle conclusion du cycle de Doha.

Pas de baisse conséquente des coûts de production Les coûts de production ne baisseraient pas en cas d’ALEA; il faut tabler au mieux sur une stabilisation. Les seuls facteurs de coût à réellement baisser seraient les prix des fourrages. Les agriculteurs seraient donc les principales victimes de cette baisse des coûts de production. Source : IER-EPFZ

Les exportations ne compenseront pas les pertes sur le marché intérieur Le libre-accès au marché européen est loin de garantir un écoulement conséquent auprès des consommateurs de l’UE (par exemple, le contingent hors taxe de 2’000 tonnes de viande ne peut pas être utilisé à cause de chicanes administratives). Les fromages bénéficient d’une longue tradition d’exportation ainsi que de contributions de 3 cts par litre de lait pour le non-ensilage et de 15 cts par litre pour la fabrication. Les autres produits ne bénéficieront pas de ces avantages. Source : TSM

Chute de la production et du taux d’autoapprovisionnement Le libre-échange au niveau des fromages a fait explosé les importations. En-cas d’ALEA, c’est l’ensemble des branches de production qui seraient sous pression. Le taux d’autoapprovisionnement, actuellement à 60 %, chuterait encore plus bas.  Le mandat constitutionnel ne serait ainsi plus respecté. Source : TSM

Industrie agroalimentaire en danger Une partie de l’industrie de transformation indigène n’est pas intéressée par la conquête des marchés d’exportation. Les entreprises de transformation helvétiques ne pourront pas se battre d’égal à égal avec leurs concurrentes européennes : –Environnement économique différent (main-d’œuvre, prix du foncier, etc.) –Soutiens aux investissements bien supérieurs dans l’UE –Structures suisses beaucoup plus petites Les entreprises du premier échelon de la transformation produisent des biens homogènes. Une différentiation est, pour elles, illusoire.

Non-sens écologique Un ALEA obligerait les producteurs à intensifier la production à cause de la baisse des prix.  Mise en place de l’agriculture « industrielle » et concentrée dont la population ne veut pas. Une augmentation des importations représente également une augmentation du trafic routier et donc des émissions de CO 2. ?

Mesures d’accompagnement non finançables La conclusion d’un ALEA nécessiterait d’importantes mesures d’accompagnement. Selon les calculs de l’OFAG, le manque à gagner causé par l’ALEA serait de CHF 3 à 6 Mrd pour l’agriculture uniquement. Les prévisions du DFF font état d’un déficit de 2,4 Mrd pour 2010 et 4 Mrd pour les années suivantes. La mise de côté des recettes des droits de douane agricoles n’assurerait pas l’utilisation finale des moyens financiers. « Il n’est pas indiqué de soustraire au budget fédéral d’importants moyens financiers. » Conseil fédéral, message relatif à la réserve au bilan  La Confédération n’a pas les moyens de financer les mesures d’accompagnement

Impact sur le revenu des exploitations (I) Le revenu des exploitations agricoles serait fortement diminué en cas d’ALEA ou d’accord à l’OMC. Loin d’amortir le choc de l’OMC, la combinaison OMC + ALEA semble au contraire empirer la situation. Les paiements directs joueront un rôle encore plus important en cas d’ouverture des frontières. Source : USP

Impact sur le revenu des exploitations (II) Source : USP

Impact sur l’industrie de transformation Même s’ils représentent une part importante des coûts des meuniers, les céréales ne sont pas le seul facteur de renchérissement par rapport à leurs concurrents européens pour les moulins suisses. Ainsi, même les grands moulins helvétiques ne seraient pas compétitifs en cas d’ouverture des frontières. Il est probable que ces entreprises perdraient leurs principaux clients et devraient alors se rabattre sur les boulangeries et autres PME. Par effet domino, les petits moulins seraient mis en danger. De nombreuses entreprises de l’aval ont déjà prévu de s’approvisionner en farine européenne. Source : KMU - HSG

Conclusion L’îlot de cherté helvétique n’existe pas, il n’y a donc pas de raison de le combattre. Un ALEA ne permettrait pas une diminution conséquente des coûts de production. La production et la transformation indigène seraient fortement mises sous pression ; l’exigence constitutionnelle d’un taux d’autoapprovisionnement suffisant ne serait plus respectée. Le libre-échange va à l’encontre des objectifs écologiques de la politique agricole de la Confédération. Les finances fédérales ne permettent pas de mettre en place les nécessaires mesures d’accompagnement. En l’absence d’accord à l’OMC, un ALEA ne se justifie en aucun cas et, même en cas d’OMC, ne semble pas représenter la parade.  Il faut renoncer à la conclusion d’un ALEA