Le clonage - non éthique d’emblée? intuition d’inacceptabilité quels sont les arguments qui soutiennent cette intuition? un débat sous-jacent central: « nature versus nurture » des arguments pour le clonage?
« Déclaration universelle de l’UNESCO sur le génome humain et les droits de l’homme » Article 11 Des pratiques qui sont contraires à la dignité humaine, telles que le clonage à des fins de reproduction d’êtres humains, ne doivent pas être permises. Les Etats et les organisations internationales compétentes sont invitées à coopérer afin d'identifier de telles pratiques et de prendre, au niveau national ou international, les mesures qui s'imposent, conformément aux principes énoncés dans la présente Déclaration. (voir: http://www.unesco.ch/biblio-f/dek_genom_frame.htm)
Le bout de la pente glissante… L’abus du clonage pour des fins eugéniques (par exemple, la technologie de clonage dans les mains du régime Nazi) La création de clones comme une banque d’organes => Dans ces cas, les objectifs dans lesquels le clonage est utilisé sont inacceptables d’un point de vue éthique, et non pas le clonage en lui-même
Les objections Le clonage met en question l’unicité de la personne, qui représente une partie intégrale de la dignité humaine Une crainte de répercussions sociales, surtout sous forme de discriminations Une instrumentalisation des clones pour des fins qui sont extérieures à leur personne Le « chaos des filiations »; une réorganisation de l’organisation sociale, et surtout familière, comme nous la connaissons Nos connaissances scientifiques limitées à ce stage-ci La possibilité d’une perte de diversité
Nature versus nurture I Environnement Phénotypes des parents Phénotype de l’enfant Génotypes des parents Génotypes de l’enfant Nos gènes ont deux fonctions: Mécanisme d’héritage Influence sur le développement de l’organisme [Cf. Elliot Sober, « The Meaning of Genetic Causation », From Chance to Choice, appendix 1]
Nature versus nurture II Analyse des flèches dans le diagramme ci-dessus relativement à un trait spécifique: Des gènes contribuent-ils causalement à ce trait? Combien de gènes contribuent-ils à ce trait comparativement à l’environnement? Quels gènes contribuent à ce trait? Comment ces gènes contribuent-ils à ce trait? Le débat autour de l’influence relative des gènes versus de l’environnement joue un rôle central dans plusieurs domaines (par exemple, en justice distributive)
Le clonage et l’identité L’analogie avec de vrais jumeaux À cause de l’influence environnementale, l’unicité de la personne ne dépend pas de l’unicité du génome Conclusion intermédiaire importante: « …en aucune façon la dignité de la personne qui résulterait du clonage ne serait diminuée. » (Atlan, 26) => Mais: l’identité se définit socialement; même si l’unicité des phénotypes est garantie, ceci n’empêchera pas des menaces à l’identité des personnes clonées
La dignité humaine - argument II Présupposé: « L’organisme d’un individu serait fabriqué pour servir de moyen d’expression d’un génome choisi par un tiers. La loterie génétique serait supprimée. » (Atlan, 28) Argument: « …les clones humains qu’ils sont des clones et seraient connus comme tels par les autres humains. Ces clones humains pourraient alors être considérés comme des « races » différentes ou des variétés infra-humaines ou post-humaines de l’espèce humaine. Ils seraient produits avec une finalité extérieure à eux-mêmes. Leur existence tendrait à être instrumentalisée et risquerait d’être réduite à une nouvelle forme d’esclavage… » (Atlan, 30) => Est-ce que cette argumentation tient la route?
Une perspective conséquentialiste Plusieurs arguments déjà discutés soulèvent des questions empiriques: Par exemple, chaos des filiations et problèmes d’identité Au plan social, un argument conséquentialiste assez fort concerne le danger d’une discrimination des clones (ou par les clones?)
Motifs d’autorisation éventuelle L’incapacité d’avoir des enfants d’une autre manière? Don d’organe intrafamilial? Mais : une pente glissante entre des traitements pour des phénotypes anormaux et des traitements pour améliorer des phénotypes normaux (cf. Sober, pp.352/53: du point de vue biologique, maladie, santé, et une fonction supérieure se trouvent sur le même spectre)
Un droit de clonage? Considérez l’argument suivant: « Mon information génétique est à moi. Elle fait part de mon intégrité physique. L’état n’a aucun droit à m’imposer des restrictions sur son usage. J’ai un droit de clonage. » Réponse: Protection des droits des générations futures « Non, ton information génétique est à tes parents. » => ?
Un principe de précaution? Si nous interdisons le clonage aujourd’hui, cette décision est motivée moins par des désavantages manifestes que par un mélange d’incertitudes scientifiques et surtout par des spéculations sur des répercussions sociales négatives. Trois considérations à retenir dans ce contexte: Les bénéfices du clonage reproductif semblent beaucoup moins importants que ceux du clonage thérapeutique. Ce n’est pas clair que beaucoup de gens seraient intéressés à se faire cloner. La problématique regardée sous l’angle inverse: la reproduction naturelle a-t-elle une valeur intrinsèque?
Conclusions Il y a peu d’arguments biologiques contre le clonage, mais la plupart des objections concerne soit l’abus de la technique soit des réactions sociales négatives L’unicité de la personne est garantie par le fait que l’influence des gènes est toujours complétée par l’influence de l’environnement L’interprétation la plus plausible de l’interdiction actuelle du clonage consiste en quelque sorte en une mesure de précaution