La flexicurité en Italie Université d’été européenne d’Attac Séminaire « Flexicurité et démantèlement social » Août 2008
Réformes du droit du travail L’objectif de la flexicurité a été introduit en Italie par une série de réformes qui ont été mises en place dans le cadre de la « méthode ouverte de coordination » des états membres de l’UE, suite au Conseil européen de Lisbonne (mars 2000), dont l’objectif déclaré était une plus grande compétitivité des entreprises européennes dans le monde Le 14 février 2003 la loi 30/2003 (mieux connue comme loi Biagi du nom du juriste qui l’a élaborée, lequel a été assassiné par les nouvelles Brigades Rouges avant même l’application de la loi) visait à augmenter la flexibilité des travailleurs en passant de la garantie d’un travail stable à l’« employabilité » des personnes au cours de leur vie active
Types atypiques Ces 2 séries de réformes ont multiplié et banalisé les contrats précaires tels que co.co.co (contratto di collaborazione continua) et co.co.pro (contratto di collaborazione a progetto) Le travail atypique inclut également les « faux indépendants », qui doivent accepter un statut officiel d’indépendants et des conditions de travail identiques à celles des employés Tous ces travailleurs sont de fait précaires car leur contrat peut être interrompu à tout moment sans préavis et sans dédommagement. Ils sont donc condamnés à devenir pauvres (chômage / retraite / invalidité…)
Antécédents (1) Déjà en 1997 le « pacchetto Treu » (ensemble de réformes du droit du travail) avait été voté par le Parlement italien, avec l’objectif d’augmenter la disponibilité du travail flexible, tandis que la question de la sécurité des travailleurs était à peine abordée La tendance était donc au démantèlement de l’état social bien avant le lancement du processus de Lisbonne, mais c’est après que la situation s’est aggravée avec une accélération des réformes qui ont concerné des catégories de plus en plus larges de travailleurs (d’abord les jeunes et les femmes, puis aussi les hommes et même la main- d’œuvre hautement qualifiée, qui représente aujourd’hui une grande partie des travailleurs précaires)
Antécédents (2) Avant ces réformes la protection sociale des travailleurs italiens était déjà très limitée: Il n’y a pas d’allocations de chômage universelles mais seulement pour certaines catégories de travailleurs et selon la période de travail presté (ce système fonctionne comme une assurance, les allocations sont proportionnelles aux contributions versées) Quand elles sont octroyées, les allocations de chômage sont dérisoires (50% du salaire pour les 1 ers 6 mois, progressivement réduites jusqu’à 0 au 10 ème mois – délai maximum)
Fléxibilité sans sécurité Ces réformes se concentrent uniquement sur la flexibilité des travailleurs sans tenir compte du volet « sécurité » du processus de Lisbonne, lequel incluait en théorie la garantie d’un revenu continu (complètement négligée par la législation nationale) Les contrats flexibles sont donc utilisés non pas pour adapter le travail aux fluctuations du marché mais pour réduire les dépenses des employeurs et transférer une grande partie du risque entrepreneurial sur les travailleurs Les employeurs bénéficient ainsi de travailleurs qualifiés et bon marché sans aucune obligation d’embauche et pratiquement sans cotisations sociales
Paradoxe syndical En raison de cette situation précaire les travailleurs atypiques ne sont guère représentés par les syndicats, alors que paradoxalement ce sont eux qui ont le plus besoin de protection Les principaux syndicats italiens sont divisés sur la loi Biagi, n’arrivant pas à décider si elle est acceptable (certains la considèrent une réforme nécessaire pour adapter la demande à l’offre d’emploi) Ils demandent depuis 2006 un système d’allocations chômage adapté aux besoins de tous. Mais suite au retour du parti de Berlusconi le pays a fait demi-tour sur les timides pas en avant qui avaient été faits par le gouvernement Prodi