Introduction : Les métastases osseuses sont une évolution fréquente des cancers ostéophiles. Parmi ceux-ci, on retrouve le cancer de la prostate (CP). Leur survenue marque un tournant important dans l’histoire naturelle de la maladie cancéreuse. Le but de notre travail est de décrire les différents aspects clinique, biologique et radiologique des métastases osseuses du cancer de la prostate et leur prise en charge thérapeutique. Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 29 cas de métastase osseuse d'origine prostatique sur une période de 17 ans [1996-2013]. Résultats : L'âge moyen de découverte des métastases osseuses était de 69.9 ans [50-84 ans]. Tous les patients avaient un adénocarcinome. Dix sept patients étaient déjà suivis pour un CP. Chez 12 patients, la découverte du primitif était concomitante au diagnostic de métastase. Les circonstances de découverte des métastases osseuses étaient dans 72% des cas une douleur osseuse isolée de type mixte ou inflammatoire qui siégeait particulièrement au niveau du rachis, bassin, épaules, côtes. Dans 17% des cas, la douleur osseuse était associée à une sciatique de type L5 (13%) ou S1 (4%). Une radiculalgie inflammatoire était observée dans deux cas et une fracture pathologique du col du fémur dans un cas. A la biologie, 79% des patients avaient un syndrome inflammatoire biologique. La calcémie était normale dans 72% des cas et les PAL étaient augmentées dans 48% des cas. Les PSA étaient supérieures à la normale dans 100 % des cas et supérieure à 100 dans 75% des cas. A la radiologie standard, 34.5 % des patients avaient des lésions à la fois condensantes et lytiques, 31 % avaient des lésions condensantes, 13.8 % avaient des lésions lytiques isolées (Figure). 27% avaient un tassement vertébral qui est multiple dans 17% des cas. Dix neuf patients ont bénéficié d'une scintigraphie osseuse qui a mis en évidence des foyers d'hyperfixation multiples. Dans 5 cas, une IRM rachidienne a mis en évidence une épidurite métastatique. Quinze patients étaient traités par pulpectomie et 10 patients étaient traités par les analogues de LH-RH. Dix patients avaient reçu de l'acide Zolédronique et 4 le pamidronate. Quatre patients on eu une cure de radiothérapie métabolique. Métastase osseuse au cours du cancer de la prostate : à propos de 29 cas R Alaya, M Jguirim, A Mhenni, L Mani, S Zrour, I Bèjia, M Touzi, N Bergaoui Service de rhumatologie, Hôpital Fattouma Bourguiba - Monsastir Discussion: le cancer de la prostate est une affection du sujet âgé caractérisé par un tropisme important des cellules tumorales circulantes pour métastaser dans le tissu osseux. Ainsi, près de 95 % des patients qui décèdent du cancer de la prostate sont porteurs de métastases osseuses. La métastase a une activité mixte plutôt condensante, c’est-à-dire une activité ostéoblastique prédominante. Les métastases osseuses d’origine prostatique se localisent préférentiellement au niveau du squelette axial (rachis dorso-lombaire, bassin) et de la racine des membres, riches en moelle hématopoïétique. La scintigraphie occupe une place de choix de part sa grande sensibilité dans la détection de ces métastases. Sa faible spécificité pose l’indication d’une imagerie par résonance magnétique et, au maximum, d’une biopsie à l’aiguille. Lorsque le taux de PSA est supérieur à 100 ng/mL, il est presque inutile de demander une scintigraphie. Cependant, quand le taux de PSA est compris entre 10 et 20 ng/mL, l’indication d’une scintigraphie est à discuter en tenant compte du score de Gleason qui doit être supérieur à 7 ou égal à 7 (4 + 3), de l’existence ou non de douleur osseuse d’apparition récente. La place des biphosphonates notamment ceux de troisième génération comme l’acide zolédronique dans le traitement des métastases osseuses est bien établie. Ils inhibent l’activité ostéoclastique et donc la libération à partir de la matrice osseuse de facteurs favorisant la poursuite du processus lytique et la croissance tumorale. La fréquence des fractures pathologiques ainsi que l’intensité des douleurs osseuses sont significativement diminuée (taux de réponse de 70 à 80 %).De plus, le temps jusqu’au premier événement osseux est retardé. Pour les patients chez qui les métastases sont limitées à quelques sites, il est possible de proposer la radiothérapie externe pour contrôler la douleur de manière palliative. Le traitement hormonal est souvent inactif au moment où les métastases deviennent douloureuses car les patients sont souvent hormono-résistants. Conclusion: Le cancer de la prostate est encore une affection tardivement diagnostiquée. La prise en charge des métastases osseuses avérées repose sur des thérapeutiques anti résorptions osseuses telles que les bisphosphonates, qui permettent de limiter et de prévenir les complications squelettiques comme les fractures pathologiques et les douleurs.