TRAITEMENTS MEDICAUX DES TUMEURS NEURO-ENDOCRINES MALIGNES T. CONROY Service de chirurgie digestive et générale, CHU de Nancy Département d ’Oncologie Médicale, EA 3444 Centre Alexis Vautrin
Les grands principes Traiter rapidement les symptômes si tumeur fonctionnelle Localiser si possible le primitif et déterminer l ’extension de la maladie Obtenir une anatomo-pathologie de tumeur maligne et juger de la différenciation Apprécier l ’évolutivité et ne traiter qu ’en cas d ’aggravation ou de symptômes non contrôlés Discuter des possibilités chirurgicales en CCP
Les principales situations Tumeur localisée et chirurgie curative Tumeur pancréatique différenciée inopérable ou métastatique Tumeur neuro-endocrine indifférenciée Tumeur carcinoïde métastatique
Tumeurs bien différenciées du pancréas : traitement symptomatique Gastrinomes : inhibiteurs de la pompe à protons Vipomes, Glucagonomes : octréotide, lanréotide * Insulinomes : diazoxide * pas d ’AMM
Monochimiothérapie des tumeurs bien différenciées du pancréas
Polychimiothérapie des tumeurs bien différenciées du pancréas
Polychimiothérapie des tumeurs bien différenciées du pancréas : essais randomisés
Cancers médullaires de la thyroïde métastatiques ne traiter qu ’en cas d ’évolutivité !
Chimiothérapie des tumeurs neuro-endocrines indifférenciées : Etoposide + Cisplatine
Carcinome métastatique à cellules de Merkel Radiosensible et très chimiosensible (56 - 67 % de réponses), mais réponses de durée courte (médiane 8 mois) Protocoles des carcinomes bronchiques à petites cellules (CAV, EP, Carboplatine - Etoposide) ou des tumeurs neuro-endocrines (STZ - 5-FU ; ADM-CDDP)
Au total : tumeurs pancréatiques inopérables ou métastatiques Traiter les symptômes d ’une tumeur fonctionnelle Obtenir une anatomopathologie indifférenciée différenciée urgence avis CCP : chirurgie ? évolutivité ? VP 16 - Cisplatine chimio ADM + STZ ou chimioembolisation évaluer la réponse échec : si réponse : rediscuter chirurgie à 2/3 cures DTIC ou IFN
Tumeurs carcinoïdes métastatiques Apprécier l ’évolutivité Traiter le syndrome carcinoïde éventuel Surveiller les valves cardiaques Considérer le traitement de la tumeur primitive +/- cytoréduction des métastases en CCP Chimiothérapie en dernière option
Tumeurs carcinoïdes métastatiques : réponses objectives et biochimiques
Les analogues de la somatostatine Sandostatine® (Octréotide) 50 g, 100 g, 500 g : 3 injections Sandostatine®LP 10 mg, 20 mg, 30 mg : 1 injection/30 jours AMM : carcinoïdes, vipomes, glucagonomes Coût unitaire : 8251 ; 9701 ; 11151 F Somatuline®LP 30 (Lanréotide) 30 mg : 1 injection/10-14 jours AMM : traitement des signes cliniques des tumeurs carcinoïdes Coût unitaire : 4 480 F Vapréotide
Octréotide et syndrome carcinoïde
Lanréotide et syndrome carcinoïde
Analogues de la somatostatine : effet antitumoral
Analogues de la somatostatine : effet sur la qualité de vie A un mois, amélioration significative de certains domaines du questionnaire EORTC QLQ-C30 cognitif psychologique fatigue sommeil diarrhée WYMENGA ANM et al. J Clin Oncol 1999;17:1111-7
Chimio-embolisation intra-artérielle hépatique Si métastases exclusivement limitées au foie rationnel : hypervascularisation sélectivité du lipiodiol augmentation du temps de contact Contre-indiquée si : prothèse biliaire anastomose bilio-digestive cholestase majeure, insuffisance hépato-cellulaire absence de perfusion portale ou thrombose Utiliser en prophylaxie les analogues de la somatostatine
Chimio-embolisation intra-artérielle hépatique Avec adriamycine, streptozocine ou cisplatine : efficacité : 30 - 70 % à renouveler 6 - 24 mois plus tard suites parfois inconfortables effet symptomatique : 70 % RC, 30 % RP = traitement de référence si métastases inopérables confinées au foie
Monochimiothérapie des tumeurs carcinoïdes
Monochimiothérapie des tumeurs carcinoïdes
Polychimiothérapie des tumeurs carcinoïdes : essais de phase II
Polychimiothérapie des tumeurs carcinoïdes : essais randomisés
Interférons dans les tumeurs carcinoïdes métastatiques : quelques exemples de phase II
Interféron : essais randomisés
interrompre si chirurgie Interféron : au total Confère des réponses biochimiques plutôt que des réponses objectives (durée d ’un à 34 mois) Pas de corrélation entre réponse biochimique et symptômes Pas d ’essai randomisé démontrant son apport essai FFCD 9710/FNCLCC : 5-FU-STZ vs IFN Introna (IFN - 2b) 3-9 MU x 3/semaine AMM pour métastases ganglionnaires ou hépatiques et syndrome carcinoïde ; interrompre si chirurgie
Transplantation hépatique Série de LE TREUT YP et al. Ann Surg 1997;225:355-64 décès post-opératoire : 21 % survie à 1 an : 58 % résultats : . Survie à 5 ans pour tumeurs carcinoïdes : 78 % . Survie à 2 ans pour autres TNE : 9 %
Autres traitements Radiothérapie : effet symptomatique : 54 - 87 % Désartérialisation hépatique ligature chirurgicale occlusion temporaire Chimiothérapie intra-artérielle hépatique
Au total : tumeurs carcinoïdes métastatiques Diagnostic décès Surveillance cardiaque Si syndrome carcinoïde, somatostatine Si évolutivité, chimioembolisation(s) STZ + 5-FU IFN RT ? Discuter exérèse / transplantation
Radio-immunothérapie reste du domaine de la recherche Tumeur neuroendocrine octréotide marqué à l ’Yttrium 90 si fixation à la scintigraphie à l ’octréotide à l ’indium 111 répétable 3 fois tous les 3 mois avant évaluation Carcinome médullaire de la thyroïde avec l ’ACE marqué à l ’Yttrium 90 CHATAL JF et al. World J Surg 2000;24:1285-9 STEIN R et al. Cancer Biother Radiopharm 1999;14:37-47
Qualité de vie et tumeurs neuro-endocrines digestives 119 patients interrogés avec 10 ans de recul moyen ; 65 % en traitement Bonne qualité de vie sauf pour patients jeunes, mais fatigue, diarrhée (tumeurs carcinoïdes) et douleurs (tumeurs pancréatiques) Les domaines de qualité de vie dégradés sont ceux considérés comme les plus importants par les patients (discordance entre attentes et réalité) LARSSON G et al. Ann Oncol 1999;10:1321-7
Conclusion : Tumeurs neuro-endocrines malignes inopérables ou métastatiques D ’abord, ne pas nuire Priorité aux traitements symptomatiques Penser au traitement de la tumeur primitive Discuter une cytoréduction chirurgicale ou une chimioembolisation si métastases hépatiques prédominantes Chimiothérapie en dernier recours ou en cas de tumeur indifférenciée