Deuxième partie : éléments de théorie de l'entreprise La théorie micro-économique considère l'entreprise comme un agent producteur dont le seul but est de maximiser son profit, elle ne dit rien de la façon dont elle fonctionne. De nombreux auteurs se sont donc penchés sur cette question, dans des buts et sous des angles variés : gestionnaire, économique, organisationnel, sociologique... 1
Deuxième partie : éléments de théorie de l'entreprise I. L'école classique de l'organisation II. L'école des relations humaines III.L'approfondissement de l'analyse des organisations 2
I. L'école classique des organisations 1.1. Frederick W. Taylor ( ) et le taylorisme Ingénieur, puis conseiller en organisation a publié en 1911 « Les principes de la direction scientifique ». L'organisation scientifique du travail (OST) visait l'amélioration de la gestion de la production, en vue de l'augmentation de la productivité. 3
L'organisation scientifique du travail Les principes de l'OST : La division horizontale du travail : division en tâches élémentaires spécialisées, La division verticale du travail : séparation stricte entre conception, exécution, et contrôle, Un système de rémunération au rendement, Un système de contrôle du travail par les contremaîtres. 4
1.2. Henri Ford ( ) et le fordisme Henri Ford a appliqué les principes de l'OST et développé le travail à la chaîne. Il est à l'origine de la standardisation des produits, fabriqués en grandes séries, ce qui permet de diminuer les coûts unitaires de production. Il double les salaires, dans l'objectif d'associer production et consommation de masse. 5
1.3. Henri Fayol ( ) et l'administration industrielle Ingénieur français, il publie en 1916 « Administration industrielle et générale ». Il identifie cinq fonctions clés propres à la direction générale des entreprises : Prévoir et planifier Organiser Commander Coordonner Contrôler 6
1.4. Max Weber ( ) et la bureaucratie Philosophe et sociologue allemand, il a défini le modèle de la bureaucratie comme la structure d'organisation rationnelle efficace. Elle est définie par : Une hiérarchie d'emplois clairement définis, basés sur les qualifications et les compétences, avec une rémunération fixe, Assise sur une autorité « légale », Avec des procédures de travail formalisées par écrit, et un système de contrôle centralisé. 7
II. L'école des relations humaines 2.1. Georges Elton Mayo et « l'effet Hawthorne » Suite à des expériences sur un groupe d'ouvrières dans une usine de la Western Electric à Hawthorne, arrive à la conclusion, fondatrice pour l'école des relations humaines, que : Les travailleurs sont plus sensibles aux relations humaines internes au groupe qu'aux conditions matérielles de travail, Les récompenses non financières, telles que l'estime et les relations sociales, jouent un rôle essentiel sur la motivation au travail. 8
2.2. Abraham Maslow et la pyramide des besoins Les individus sont motivés par la satisfaction d'un besoin, et un besoin ne peut pas être satisfait tant qu'un besoin de niveau inférieur ne l'est pas. 9
2.3. Frederick Herzberg et l'enrichissement des tâches Professeur de psychologie, il identifie deux types de facteurs : Les facteurs d'insatisfaction : entraînent le mécontentement des salariés s'ils ne sont pas réalisés, mais ne sont pas motivants (conditions de travail, rémunération) Les facteurs de satisfaction : sources d'une réelle motivation au travail (intérêt des tâches, autonomie, considération...) 10
III. L'approfondissement de l'analyse des organisations 3.1. L'école de la décision Herbert Simon, prix Nobel d'économie en 1978, remet en cause le principe de la rationalité des acteurs et propose une rationalité limitée ou procédurale : le décideur ne peut pas disposer de toute l'information, Ses capacités cognitives sont limitées, Les valeurs, les buts et la psychologie influencent les choix autant que la logique intrinsèque du problème. 11
L'école de la décision James March et Richard Cyert proposent un modèle explicatif du processus décisionnel dans les organisations : L'organisation est un système complexe, constitué de groupes d'acteurs aux intérêts divers, qui se trouvent simultanément dans des rapports de coopération et de conflit. 12
3.2. La théorie des systèmes Un système est défini comme une structure organisée, ouverte sur l'extérieur, et réunissant différents éléments fonctionnant en interaction pour atteindre un objectif commun, avec des procédures de régulation. 13
La théorie des systèmes Dans le cas des organisations, l'approche systémique conduit à identifier : Les fonctions ou services de l'entreprise comme éléments différenciés, La structure de l'entreprise comme frontière, Les partenaires de l'entreprise comme environnement, La pérennité à long terme comme objectif commun, Les décisions et actions de gestion comme procédure de régulation pour recentrer sur l'objectif commun. 14
3.4. Les théories de la contingence structurelle La contingence est définie comme une situation spécifique et évolutive qui conduit à rejeter des prescriptions uniques et standard. La structure d'une organisation dépend de différents facteurs internes et externes : – La technologie (Joan Woodward) – L'incertitude et la complexité de l'environnement (Burns et Stalker, Lawrence et Lorsch) – La stratégie de l'entreprise (Alfred Chandler) 15
3.5. La théorie évolutionniste La firme est définie comme un ensemble dynamique de compétences, basé sur des routines, des savoir-faire organisationnels et technologiques, tacites et non transférables. La qualité d'une organisation dépend de sa capacité à maîtriser ses apprentissages, et à mettre en place des procédures permettant de pérenniser ceux-ci. (Winter et Nelson, puis Dosi, Teece, Marengo) 16
3.6. L'analyse stratégique Michel Crozier et Erhard Friedberg publient en 1977 « L'acteur et le système » : Au sein de l'organisation, chaque acteur a des objectifs propres et une stratégie pour les atteindre, L'acteur possède une marge de manoeuvre due à l'existence de zones d'incertitude, Un ensemble de relations informelles se nouent entre les acteurs, L'acteur crée lui-même le système, qui est un construit social, dynamique et évolutif. 17
Conclusion Il n'existe pas aujourd'hui une théorie générale de l'entreprise, mais un ensemble de conceptions mettant en lumière des aspects différents d'une même réalité. L'entreprise, objet complexe, est une communauté d'hommes qui coopèrent pour produire des richesses, et qui s'opposent pour le partage de ces richesses et l'exercice du pouvoir. 18