Le Suivi Post Création : facteur de Pérennité et levier de Croissance Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC 2ème Congrès Professionnel des Acteurs de la Création et de la Transmission d'Entreprise Créer et Après ? Le Suivi Post Création : facteur de Pérennité et levier de Croissance 19 et 20 octobre 2009, Phare de Palavas Les facteurs de croissance et de pérennité : impact pour le suivi post création Quels sont les facteurs favorables à la croissance des entreprises ? Frank Lasch Professeur associé & Directeur de la recherche, Groupe Sup de Co Montpellier (GSCM) © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Introduction Entrepreneuriat dans le secteur des TIC : entre opportunité et risque… Entre 1993 et 2001, 85.000 firmes nouvelles avec 160.000 nouveaux emplois crées au démarrage. L’explosion de la bulle Internet n’affecte pas le nombre d’entreprises créées chaque année, toujours en forte progression. Mais des risques élevés : après 5 ans, seules 38,7% des firmes nouvelles TIC survivent, alors que le taux de survie est de 51,0% dans la moyenne-haute technologie et de 46,3% dans les secteurs non innovants. En majorité des TPE/PME, les nouvelles entreprises TIC sont très vulnérables. A leur haut potentiel de croissance est associé des risques spécifiques : - relative ‘petitesse’ des entreprises TIC en France (TPE), - cycles de produit courts (risque technologique), - difficultés de financement, - manque de connaissances en management des entrepreneurs, - difficulté des acteurs économique de percevoir un secteur jeune & émergeant, etc. Pour quelles raisons certaines entreprises survivent-elles et d’autres non? Pour quelles raisons certaines entreprises se développent-elles et d’autres non? © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Les déterminants de la survie et de la croissance Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Les déterminants de la survie et de la croissance Les recherches antérieures classent les facteurs de succès (FCS) en trois catégories : L’entrepreneur : motivation et orientation entrepreneuriale, capital humain, expérience professionnelle, préparation, activité avant la création, etc. Les facteurs organisationnels au démarrage : taille des firmes et importance du capital, équipe entrepreneuriale, premiers clients, nombre et type de clients, marché ciblé, la localisation, réseaux et activités de coopération, etc. L’environnement socio-économique (« contexte local ») : tissu industriel, infrastructures, environnement ‘‘entrepreneurial’’, dispositifs d’aides et de financement, économies de localisation, opportunités de marché, etc. Mais il reste difficile d’expliquer les différences de réussite entre les entreprises à partir de ces facteurs individuels, organisationnels et environnementaux Les résultats des recherches (FCS, modèles prédictifs, etc.) antérieures sont souvent contradictoires. Certaines recherches montrent que c’est la combinaison de ces trois facteurs qui explique le succès ou l’échec et les classent même par importance : 1. entrepreneur, 2. organisation, 3. environnement socio-économique local. © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Hypothèses Hypothèses H1 : Survie et croissance des entreprises TIC sont positivement corrélées au capital humain & à l’expérience professionnelle de l’entrepreneur. H2 : Survie et croissance des entreprises TIC sont positivement corrélées aux activités de préparation de la création (importance, étendue, qualité). H3 : Survie et croissance des entreprises TIC sont liées à leurs caractéristiques organisationnelles. Profil de l’entrepreneur Préparation de la création Caractéristiques organisationnelles Survie et croissance des start-up dans le secteur des TIC H1 H2 H3 © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Méthode Base de données INSEE (enquête SINE) : une entreprise sur cinq est observée pendant 5 ans à partir de 1994 (cohorte 1994-1999). Base empirique : 24.191 firmes (tous secteurs) dont 498 entreprises TIC qui constituent l’échantillon de cette étude. Définitions du secteur TIC Trois sous-secteurs : haute technologie industrielle, services TIC (informatique & télécoms), autres services à forte intensité de connaissances. Deux étapes dans la recherche… I. Identifier les facteurs de survie : « survivants (survivors) » vs. « non-survivants (exitors) » au bout de trois ans. II. « Survivants (survivors) » : Identifier les facteurs de succès (croissance) pendant les trois premières années. L’analyse se concentre sur le sous-secteur le plus important (les services TIC). © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Delimiter le secteur TIC Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Delimiter le secteur TIC Trois sous-secteurs : haute technologie industrielle, services TIC (informatique & télécoms), autres services à forte intensité de connaissances. © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Résultats I : les déterminants de la survie des TIC Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Résultats I : les déterminants de la survie des TIC Importance cruciale du capital humain dans le secteur TIC (H1) ? Un entrepreneur “modèle” d’une firme qui réussit, certes, n’existe pas. Mais, dessiner un premier profil idéaliste peut aider à mettre en avant des qualités qui déterminent plus que d’autres la survie… La taille de l’entreprise du dernier emploi fait la différence : Entrepreneurs survivants travaillaient plutôt dans des PME (exp. managériales?) <200 salariés. Les non-survivants provenaient plutôt de grandes entreprises >200 salariés. Mais, pas de différences significatives aux niveaux de… L’âge (expérience en général), Niveau de la formation (diplômes), Création à partir d’une situation de chômage, Création de jeunes diplômés, Création en équipe, Expérience professionnelle dans le même secteur d’activité. Les entrepreneurs expérimentés ne réussissent pas plus que les novices… Non significatifs : expérience spécifique en tant que dirigeant, créateur d’entreprise ou cadre, Avoir des entrepreneurs dans son réseau personnel & social n’a pas d’effet sur la survie. Un paradoxe ? Capital humain important condition sine qua non ? Importance d’expériences managériales qui fait la différence ? © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Résultats I : les déterminants de la survie des TIC Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Résultats I : les déterminants de la survie des TIC Bonne préparation de la création est un FCS important (H2) ? Nos résultats ne confirment pas globalement cette hypothèse ! Les survivants… Ne préparent pas plus intensivement leurs créations, Ne réalisent pas plus souvent des activités de préparation spécifiques (prospection des clients ou des fichiers de clients, établissement de plans de financement, analyse du marché ou des concurrents, formation à la création d’entreprise, etc.). Les relations d’affaires existantes avec l’employeur précédent n’accroissent pas les chances de survie de manière significative. Relation négative entre la survie et la réalisation préalable d’études de faisabilité technique : des entrepreneurs trop « ingénieurs-techniciens » qui négligent l’apprentissage managériale ? Seul un certain dynamisme concernant des multiples contacts et discussions avec des consultants les distinguent des non-survivants. Sont-ils plus actifs & dynamiques dans leur préparation? Les entrepreneurs survivants ne préparent pas forcément mieux le démarrage, mais ils semblent être plus actifs et mobilisent plus des sources d’information externes. Risques pour les entrepreneurs qui focalisent trop sur la réussite technique ? © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Résultats I : les déterminants de la survie des TIC Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Résultats I : les déterminants de la survie des TIC L’importance des critères organisationnels (H3) : Les entrepreneurs survivants démarrent avec des capitaux financiers plus élevés... Un financement insuffisant (<15.000 €) est un facteur d’échec majeur. Les survivants démarrent avec des fonds importants (> 150.000 €). Ils obtiennent plus souvent des aides publiques que celles qui échouent. Ils démarrent avec une taille moyenne plus élevée ! Les aspects commerciaux ont des relations étroites avec la survie… Les survivants font plus d’affaires avec d’autres entreprises que les non-survivants qui ont essentiellement des particuliers comme clients. Les survivants ont entre 3 et 9 clients et affichent ainsi un taux de survie plus élevé ; les non-survivants n’ont pas assez de clients (1 à 2) ou semblent « s’éparpiller » (> 10). Le marché ciblé (envergure & ambition de l’entreprise) s’avère crucial… Les survivants sont plus rapidement présents sur le marché national, mais semblent préparer l’entrée sur le marché international (de haut risque) plus longuement & prudemment. Les non-survivants sont essentiellement présent sur le marché local et/ou internationalisent trop fort & trop vite (dépendance trop élevée d’un marché à haut risque). © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Résultats I : les déterminants de la survie des TIC Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Résultats I : les déterminants de la survie des TIC L’importance des critères organisationnelles (H3) : Savoir où s’implanter détermine fortement les chances de survie… Les survivants font ce choix en fonction de critères économiques. Les non-survivants essentiellement sur des critères personnels/privés (proximité du domicile). Aucune différence entre survivants et non-survivants apparaît… Démarrer avec une équipe entrepreneuriale fondatrice. Principalement activités de sous-traitance. Démarrer avec un financement suffisant, veiller sur la structure de la clientèle, cibler un marché significatif, entrer prudemment et bien préparer sur le marché international, bien choisir le lieu d’implantation semble crucial dans le secteur TIC ! © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Résultats I : les déterminants de la survie des TIC Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Résultats I : les déterminants de la survie des TIC Tableaux de synthèse « survie » Facteurs explicatifs Effet sur la survie Capital humain & expériences professionnelles (H1) Dernier emploi dans une entreprise de moins de 200 salariés Positif Dernier emploi dans une entreprise de plus de 200 salariés Négatif Activités de préparation de la création (H2) Contact avec les consultants avant la création Étude technique avant la création Caractéristiques organisationnelles au démarrage (H3) Capital au démarrage > 150.000 € Taille moyenne importante au démarrage Clients essentiellement entreprises 3 à 9 clients Répartition des clients essentiellement dans marché nationale Localisation pour des raisons économiques Capital au démarrage < 15.000 € Clients essentiellement particuliers 1 à 2 clients > 10 clients Clients essentiellement locaux et/ou internationaux Localisation pour des raisons personnelles © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Résultats II : les déterminants de la croissance des TIC Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Résultats II : les déterminants de la croissance des TIC Les FCS de la survie sont-ils transposables sur la croissance (« durables ») Pour les services TIC, 9 variables sur 26 ont un impact significatif Contrairement à H1, le capital humain et l’expérience professionnelle n’influencent pas significativement la croissance des entreprises dans le secteur des services TIC. Conformément à H2, l’importance des activités de préparation à la création a une influence sur la croissance… Démarcher des clients avant la création et créer un fichier de clients. La formation à la création d’entreprise n’a pas d’effet sur la croissance de l’entreprise. Les survivants qui se développent fortement (H3)… Démarrer avec un financement important (> 75.000 €), pendant qu’un capital insuffisant au démarrage est un facteur de décroissance (< 15000 €). Plus l’effectif au démarrage est important, plus l’entreprise connaît une forte croissance. Intégrer du capital d’autres entreprises tend à augmenter la croissance. Les chances de croissance augmentent avec le nombre de clients. Finalement à un faible seuil de significativité : diversification de produits & services, liens de coopération en R&D. © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Résultats II : les déterminants de la croissance des TIC Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Résultats II : les déterminants de la croissance des TIC Les survivants qui déclinent (H3)… Commencer avec une équipe entrepreneuriale porte des risques pour le développement et peut réduire les chances de croissance (conflits potentiels, incompatibilités personnelles, etc). Les aides publiques obtenues n’ont pas d’effet sur la croissance de l’entreprise. Les chances de croissance baissent quand le fichier des clients est principalement constitué par des particuliers. Tableaux de synthèse « croissance » Facteurs explicatifs Effet sur la croissance Capital humain & expériences professionnelles (H1) Aucun Activités de préparation de la création (H2) Démarchage de clients avant la création Positif Caractéristiques organisationnelles au démarrage (H3) Financement au démarrage > 75.000 € Capital provenant d’autres firmes associées Nombre de salariés au démarrage Évolution du nombre de clients Capital au démarrage < 15.000 € Négatif Équipe entrepreneuriale de création Clients particuliers Clients internationaux © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Résultats II : les déterminants de la croissance des TIC Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Résultats II : les déterminants de la croissance des TIC Les FCS de la croissance sont en partie différents de ceux de la survie ! H1 : Aides publiques (survie, pas croissance). H2 : Préparation (survie: contacts avec experts ; croissance: prospection clients). H3 : Taille de l’entreprise du dernier emploi (survie, pas croissance). Seulement une partie des déterminants de la survie sont « transposables » Quatre déterminants de survie sont transposables à la croissance et ont un effet positif… Financement important. Un nombre d’employés élevé. Structure (entreprises) & nombre clients. Marché ciblé (national). Quatre determinants de survie sont transposables à la croissance et ont un effet négatif… Financement insuffisant. Risques liés à la création en équipe. Structure (particuliers) & nombre clients. Marché ciblé (local, international). En première synthèse, les FCS (croissance) sont essentiellement liés au financement, à la structure des clients et au marché ciblé (H3), MAIS dépendent beaucoup moins du capital humain de l’entrepreneur et de son expérience professionnelle (H1), tout comme des activités de préparation de la création (H2). © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Conclusion Améliorer la connaissance des FCS dans un secteur émergent, marqué par un fort potentiel de croissance, mais aussi une forte mortalité Plusieurs résultats… Le capital humain de l’entrepreneur (H1) a un impact relativement faible sur le taux de survie et le taux de croissance des nouvelles entreprises TIC. L’intensité de la préparation n’est pas globalement un facteur FCS (H2). Les caractéristiques organisationnelles (H3) (comme le montant du capital investi, la structure de la clientèle ou le choix de la localisation) sont fortement liées au succès des start-up TIC. Clarifier l’impact de certains déterminants… Relativiser la validité « FCS générales » : certains déterminants identifiés par la littérature ne sont que partiellement confirmés ou même infirmés. Déterminants FCS « indicateurs initiaux » de survie sont en partie différent de ceux de croissance. Les implications sont utilisables pour les différents acteurs économiques… Les entrepreneurs, porteurs de projet. Le dispositif d’aide à la création et de suivi post-création. Les autorités publics. Les banquiers et capitaux-risqueurs, etc. © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Outlook Quelques pistes pour des futures recherches… Des futures recherches devraient mobiliser des échantillons encore plus grands. Pour les affiner notamment en distinguant des sous-secteurs (industries high-tech, services TIC et les autres services à forte intensité de connaissances). Étudier la question de la survie et du succès en utilisant des approches pluri-niveaux et/ou une combinaison d’approches quantitatives et qualitatives. Analyser plus profondément l’impact des mesures d’aides création/post-création. Etablir une grille d’analyse à partir des résultats pour évaluer les dispositifs existants. Intégrer les trois catégories de déterminants FCS, mais aussi l’impact du contexte socio-économique local. © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Prolongation de l’étude: l’impact du contexte régional Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Prolongation de l’étude: l’impact du contexte régional Déterminants spécifiques aux TIC concentration d’entreprises TIC (proximité)*** Le taux de création moyen des entreprises TIC (1993-2001) infrastructure en R&D*** Déterminants communs aux TIC et autres secteurs population active hautement qualifiée*** croissance démographique*** taille des firmes existantes*** Différences principales TIC vs. autres secteurs densité de la population** faible impact des universités*** pas d’effet “seedbed” : la présence de grandes entreprises prime*** impact négatif du taux de chômage*** environnement naturel* taxe professionnelle et spécialisation sectorielle° Le suivi post-création doit intégrer le contexte local comme facteur de pérennité et levier de croissance… une simple question de positionnement et d’état de lieux? © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France

Facteurs de survie et croissance des start-ups TIC Fin de la présentation Références: Robert F., Marquès P., Lasch F. & Le Roy F. 2009. Entrepreneurship in emerging High-Tech industries: ICT entrepreneurs between experts and kamikazes. International Journal of Entrepreneurship & Small Business [Special issue: ‘High-Tech Entrepreneurship’], 7(3): 258-283. Lasch F. 2007. L’impact du contexte socio-économique local sur la création d’entreprise en France. Revue Internationale PME, 20(2): 9-32. Lasch F., Le Roy F. & Yami S. 2005. L’influence de l’environnement socio-économique sur la création d’entreprises dans le secteur TIC : le cas de la France. Finance Contrôle Stratégie, 8(1): 73-107. Lasch F., Le Roy F. & Yami S. 2005. Les déterminants de la survie et de la croissance des start-up TIC. Revue Française de Gestion, 31(155): 37-56. Lasch F. 2005. Le secteur TIC en France: délimitation, localisation et création d’entreprises. Gestion 2000, 6(5): 221-245. Lasch F. 2003. Les technologies de l’information et de la communication en Languedoc-Roussillon. Des besoins spécifiques pour une filière jeune à forte intensité de création. INSEE Repères-Synthèse pour l’économie du Languedoc-Roussillon, 1: 1-24. © Frank Lasch, GSCM-Montpellier Business School France