Partie 2 Mouvements sociaux et politiques publiques Chap. I Mouvements sociaux et construction des problèmes publics Chap. 2 Mouvements sociaux et mise.

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Partie 2 Mouvements sociaux et politiques publiques Chap. I Mouvements sociaux et construction des problèmes publics Chap. 2 Mouvements sociaux et mise sur agenda Chap. 3 Mouvements sociaux et définition de l’intérêt général

Introduction La notion de mouvements sociaux (cf. E. Neveu, Sociologie des M.S., La Découverte) = action concertée en faveur d’une cause. = « entreprises » mobilisant les ressources nécessaires ou disponibles Composante politique : - identification d’un adversaire, conflictualité => intervention des autorités = régulation de conflits + MS s’adressant directement aux autorités politiques Croissance de l’orientation des mobilisations vers l’Etat et les autorités politiques.

Introduction (suite) => Etat : destinataire privilégié des mobilisations. Les politiques publiques sont des causes de mobilisations pour les MS + complexité des PP =>mécontentements orientés vers l’Etat. Intervention des MS comme élément de la dimension politique des PP : - MS et mise sur agenda (chap. 2) - MS et définition des problèmes (Chap. 1) - MS et mise en débat de l’intérêt général (chap. 3)

Chap. 1 MS et construction des problèmes publics Rappel : définition de l’agenda Problématique des « problèmes » Section 1 La définition des problèmes publics Travail symbolique des MS : donner un langage au mécontentement (E. Neveu) - malaise vécu => injustice - cas isolé => cause générale - désigner des responsables Dimensions cognitives, normatives, identitaires et expressives.

§1 Les effets de cadrage Cf. E. Goffman, Les cadres de l’expérience Ou cadres de perception => permettent d’identifier, de classer, de donner un sens aux événements. Cf. D. Snow, « Analyse de cadres et mouvements sociaux », in. D. Cefaï et D. Tromm, Les formes de l’action collective, éd EHESS, 2001 Cadres de perception les + visés = en phase avec des systèmes de croyance dominants Vérifications empiriques ? Rappel de la production symbolique des MS.

§2 La mise en scène des problèmes publics Cf. J. Gusfield, The Culture of Public Problems, Pbs qui ne sont pas « donnés » mais mis en scène => construction et déconstruction des pbs : A) La dénaturalisation B) Le rôle de l’expertise dans la mise en scène C) Propriété des problèmes et institutionnalisation Reconnaissance de l’expertise des MS => sollicitation par les pouvoirs pub => MS revendiquent la « propriété » de certains pbs => MS = interlocuteurs institutionnalisés.

Section 2 La carrière des problèmes Cf. J.G. Padioleau, L’Etat au concret §1 Les étapes - émergence d’un pb, - spécification, - diffusion, - entrée dans le système formel de décision §2 Les qualités des problèmes => accomplir le « parcours » Qualités non « naturelles » mais fruits du travail des groupes mobilisés.

Carrière des pbs (suite) §3 Les usages du nombre Mettre le + gd nb possible d’individus du côté du MS Mais moins de contraintes que dans la compétition électorale De + : paradoxe d’Olson et scénario du passager clandestin Usages variés : Opinions exprimées sur demande, pétitions, sondages, rassemblements, défilés + relais médiatiques.

Chap. II MS et mise sur agenda Section 1 Les modalités concurrentes de mise à l’agenda Les variables (Ph Garraud) : - le rôle de groupes d’intérêt +/- structurés, - la construction d’une « demande sociale », - l’existence de conflits publics et de phénomènes de mobilisation, - les stratégies d’appel à l’opinion, - le rôle de l’offre politique, - la médiatisation, - la dimension événementielle.

MS et mise à l’agenda (suite) 2 modalités d’accès à l’agenda éloignées de l’action des MS : - L’offre politique Cf. P. Le Lidec, « Le processus de mise à l’agenda de l’Acte II », Pouvoirs Locaux, n°59, l’anticipation = volontarisme des pouvoirs publics 3 modalités intégrant l’action des MS : §1 La mobilisation Des groupes organisés jouent un rôle moteur Caractéristiques :

Le modèle de la mobilisation - demande sociale constituée, - conflit public avec autorités, - création d’événements, - médiatisation, - utilisation de l’opinion, - rôle secondaire des organisations politiques. §2 La médiatisation Influence de l’agenda médiatique sur l’agenda politique Caractéristiques :

Le modèle de la mobilisation (suite) - absence de demande sociale constituée, - controverse publique sur le rôle des autorités, - rôle de relais de certains groupes organisés, - exploitation politique ponctuelle §3 L’action corporatiste silencieuse Groupes ayant un accès privilégié au pouvoir et intérêt à ne pas publiciser leur action = idéaux-types, place relative des MS Section 2 Les opportunités politiques Cf. John W Kingdon, « fenêtres d’opportunité ».

Les opportunités politiques Selon les systèmes politiques, à mobilisation égale, les MS ont plus ou moins de chances d’obtenir satisfaction. §1Les structures d’opportunité = vulnérabilité relative des systèmes politiques à l’action des MS Plusieurs éléments : - degré d’ouverture du système politique, - degré de stabilité des alliances politiques, - degré d’union ou de division des élites, - capacité à développer des politiques publiques.

Rappel séance 23 octobre : Partie II Mouvements sociaux et Pol. pub. Chap I MS et construction des problèmes publics Chap II MS et mise sur agenda Section 1 Les modalités concurrentes de mise sur agenda => rôle variable des MS selon ces modalités Section 2 Les opportunités politiques §1 Les structures d’opportunité = selon le système politique : +/- de chances des MS de se faire entendre => choix stratégiques des MS selon contexte pol.

Opportunités politiques (suite) Pb : dépendance des MS à l’égard des opportunités d’un système politique ? §2 La création d’opportunités Cf. Mouvement altermondialiste : E. Agrikoliansky, O. Filleule, N. Mayer, L’altermondialisme en France, Flammarion, Lecture en termes de structures d’opportunité : Altermondialisme = réaction mécanique au processus d’internationalisation économique, de globalisation (économique, politique et culturelle).

Création d’opportunités (suite) Lecture en termes de création d’opportunités : L’altermondialisme est le produit de dynamiques propres à l’espace politique national : - héritage tiers-mondiste, - recompositions partisanes et syndicales, - dynamique des événements => l’altermondialisme constitue une matrice cognitive et normative capable d’influer sur la conception de nouvelles politiques publiques => interactions entre système pol. et MS.

Chap. 3 MS et définition de l’intérêt général Autres formes d’intervention des MS dans la conduite de certaines politiques publiques Pt commun : ces interventions ont pour effet de mettre en débat la définition de l’intérêt général (IG) énoncée par les autorités pol. Les autorités vont tenter de domestiquer ces mises en débat en les institutionnalisant. Section 1 Mobilisations et mise en débat de l’IG Cas des projets d’aménagement

Mises en débat de l’IG §1 Logiques réactives et disqualification Cf. Arthur Jobert, « L’aménagement en politique », Politix, n°42, Aménagement historiquement lié à conception centralisée de l’action étatique + expertise technique Décisions référées à la notion d’IG (« utilité publique ») Multiplication des oppositions => coûts et représentations disqualifiantes (NIMBY) YMBY : Yes… capture et non opposition (cf. S. Rui, La démocratie en débat,. A. Colin, 2004) BANANA : Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anyone NIMEY: Not in My Electoral Yard (or Year)

Représentations disqualifiantes (suite) CAVE : Citizen Against Virtually Everything NODAM : NO Development After Mine Déclin du référentiel modernisateur, Usages contre productifs de la force, Élus d’abord favorables puis retournés Techniciens : cherchent à socialiser leur définition de l’IG (J.Cl. Thoenig, L’ère des technocrates, 1989) => Mobilisations = égoïsmes locaux + électoralisme à courte vue => représentation péjorative. §2 La redécouverte du politique NIMBY = façon de redécouvrir la politique.

Redécouverte du politique (suite) Reconnaissance de la légitimité des intérêts mobilisés : - pratiques de compensation, - organisation de débats en amont (choix d’ensemble et non pas décisions opérationnelles) => Loi « Barnier » du 2 février 1995, Commission Nationale du Débat Public Cf. P. Zénor, Pour un meilleur débat public, Presses de Sc. Po, De + : légitimité de l’expérience du territoire.

Redécouverte du politique (suite) De + : mobilisation => repenser les liens entre local et global => question du « vivre ensemble » dans un territoire => interrogations sur frontières entre IG et intérêts particuliers. Cf. M. Callon, P. Lascoumes, Y. Barthe, Agir dans un monde incertain, Le Seuil, 2004 : Cas de décisions à prendre dans un contexte d’incertitudes => constitution de « forums hybrides ».

Redécouverte du politique (suite) => émergence « d’un monde commun qui soit non seulement habitable mais également vivable et vivant » => enrichissement des institutions démocratiques : Mise en cause de 2 grands partages, 2 monopoles : Spécialistes et profanes / citoyens ordinaires et représentants institutionnels Section 2 Les effets politiques de l’institutionnalisation du débat §1 Institutionnalisation et domestication des MS Actions des MS = aléas pour autorités politiques. Opérateurs => culture du débat.

Institutionnalisation du débat (suite) Domestication ? Cf. Cécile Blatrix, « Devoir débattre. Les effets de l’institutionnalisation de la participation sur les formes de l’action collective », Politix, n°57, Bornage du débat sur TGV Rhin – Rhône, - projet soumis à débat mais produit d’une coalition d’intérêts, - manque de précision sur l’organisation concrète du débat, - usages des débats (synthèses) = légitimation d’une décision déjà adoptée ?

Institutionnalisation du débat (suite) §2 L’inépuisable action collective L’existence du débat sert les promoteurs du projet…mais : - le débat lancé ne peut être refermé, - la volonté de démocratiser la décision empêche de clore le débat démocratique, - les opposants évitent le stigmate NIMBY par des solutions alternatives au projet - les solutions alternatives retiennent l’intérêt des pouvoirs publics => la mise en débat de l’IG suscite des inquiétudes en Fr. : faible culture du débat et vision héroïque du pouvoir.

Partie III Légitimation politique et politiques publiques = la légitimité politique comme enjeu d’une PP. = dimension pol. d’une PP => accroître, maintenir ou réduire la légitimité d’une autorité pol. Notion de légitimité : = ressource permettant d’obtenir obéissance ou assentiment ou soutien d’individus ainsi disposés à obéir. La légitimité pol. est un enjeu sur 2 plans : - celui de la compétition pol. / concurrents - celui de la capacité à agir / mobilisations.

Notion de légitimité (suite) Légitimité = résultat d’un travail de légitimation permanent (jamais acquise) Lien légitimité et PP. : Cf. P. Duran + Fritz Scharpf, Gouverner l’Europe, Presses de Sciences Po, La légitimité ne résulte plus seulement des modes démocratiques de désignation => réduction des démocraties à un niveau formel (respect des procédures) L’adhésion des citoyens résulte aussi des actes (ou de l’idée que s’en font les citoyens).

Légitimité et PP (suite) Cf. F. Scharpf : distinction entre légitimation par les inputs et par les outputs Inputs = demandes et soutiens adressés au système politique, expression de la volonté du peuple (gouvernement par le peuple) Outputs = produits du système politique : mesures, politiques publiques tendues vers le bien-être collectif (gouvernement pour le peuple) => les jugements portés sur des PP sont des éléments essentiels de légitimation des autorités.

Légitimité et PP (suite) Les jugements portés sur une PP concernent : - le niveau procédural (conformité au droit et aux exigences démocratiques), - le niveau des valeurs et des finalités (l’action publique est justifiée par ce qui est souhaitable, ce qu’on est en droit d’attendre), - le niveau de responsabilité (les actions engagées et leurs conséquences) => 3è niveau de + en + important… … pour les équipes dirigeantes et le pouv. pol. en général.

Légitimité et PP (suite) => Rapport entre PP et légitimité : - ressource de leadership (Chap. I), - élément clef du métier politique (Chap. II). Chap. I Leadership et action publique Section 1 La notion de leadership politique Cf. J.P. Daloz, M.A. Montané in A. Smith, C. Sorbets, Le leadership politique et le territoire, PUR, éléments principaux de la notion : - dimension collective formant une configuration particulière, - situations où l’autorité s’exerce au nom de l’intérêt général et selon des mécanismes sociaux et non pas juridiques.

Notion de leadership politique §1 Le leadership pol. : dispositif collectif et configuration Pb. De la vision individualisée de la domination Cf. J. Lagroye, Jacques Chaban-Delmas à Bordeaux, Société et politique, Pédone, 1973 Construction de la position dominante d’un individu ? - positions institutionnelles - relations durables avec différents milieux - contrôle d’institutions diverses et ralliement d’opposants

dispositif collectif et configuration (suite) Leadership de JCD = système de relations entre élus, dirigeants éco et sociaux, responsables associatifs, autorités religieuses, assurant à un acteur une position dominante et une légitimité personnelle. => la position dominante suppose la participation de différents acteurs ayant intérêt à cette domination et croyant aux capacités et talents de JCD. Cf. construction collective du charisme chez Max Weber. Leadership = action collective => étude de la configuration entourant le leader.

dispositif collectif et configuration (suite) => définition de J. Lagroye : leadership = - un type de configuration sociale où les relations entre acteurs tendent à conférer à l’un d’entre eux une position dominante, - parce qu’il est présenté comme indispensable à la poursuite de relations bénéfiques aux acteurs de cette configuration (préservation ou renforcement de leurs positions, satisfaction d’intérêts vitaux, légitimation de leurs pratiques ou valeurs) §2 Leadership pol. : ressources et dimension culturelle

Ressources et dimension culturelle Analyse du leadership = analyse des ressources mobilisables dans la configuration => pour gratifications et entretien de la croyance - ressources culturelles, économiques, sociales, pol., - capacité du leader à jouer son rôle, - croyances dont le leader fait l’objet Valeur relative des ressources / contexte culturel => qualités valorisées et valorisables dans un contexte particulier => pratiques plurielles du leadership.

Section 2 Les interactions entre leadership pol. et action publique 3 interactions => 3§ §1 Clientélisme et courtage politiques A) Le courtage ou l’activité de courtier Cf. O. Nay, A. Smith, Le gouvernement du compromis, Economica, Courtier = entremetteur : met en contact des acteurs susceptibles de retirer des profits mutuels dans un échange de biens et/ou de services. = activité de représentants pol. : entre - acteurs territoriaux intéressés par des projets publics - instances décisives pour la sélection des projets publics.

Clientélisme et courtage pol. (suite) Activité observable aux niveaux européen ou régional Élus régionaux : entre assemblée régionale et territoires infra régionaux Activité de courtage liée à l’idée d’un lien entre réélection ou promotion de l’élu et services ou rétributions rendus + faiblesse de l’échelon régional => politiques régionales = cibles des courtages => projets et contrats intégrés aux courtages Contribution au leadership : élu cumulant responsabilités locales et régionales (multipositionnalité)

Clientélisme et courtage pol. (suite) B) Clientélisme, politiques clientélaires et leadership « politiques » clientélaires : - ampleur des pratiques - fonction de régulation au sein d’un système pol. Clientélisme : relations personnalisées entre un « patron » et ses « clients » se traduisant par la distribution sélective, discrétionnaire, de « biens » en échange du soutien des seconds au premier « biens » = emplois, logements, marchés (biens matériels), décorations, considérations, proximité (biens immatériels, symboliques).

Clientélisme et courtage pol. (suite) Dimension inégalitaire masquée par un « voile enchanteur » donnant une vision amicale, généreuse, gratuite, de ces relations Le clientélisme peut servir un leadership sans qu’il puisse se réduire à ça (+ positions institutionnelles, réussites, pratique du rôle, etc.) Mais le rapport clientélaire personnalise le leadership Cf. C. Mattina, « Mutations des ressources clientélaires et construction des notabilités pol. à Marseille ( ), Politix, n°67, L. Musella, « Réseaux politiques et réseaux de corruption à Naples », Politix, n°45, 1999.

Clientélisme et courtage pol. (suite) Transformations de Naples et Marseille : - Marseille : mort de G. Defferre et défaite du P.S. en 1989 après 36 ans de gvt municipal socialiste - Naples : années leadership démocrate chrétien et socialiste mis en cause par scandales et enquête Mani Pulite. 93 arrivée au pouvoir d’une coalition de gauche et d’un maire ex-communiste. 1°) Politiques clientélaires (passage du micro au macro) Logiques de redistribution de ressources publiques à des groupes, catégories sociales, ethniques ou professionnelles.

Clientélisme et courtage pol. (suite) Des PP servent de cadre à ces pol. clientélaires : - gestion de l’emploi public/municipal, logements sociaux, action sociale, aménagement urbain, etc. => utilisation systématique de choix discrétionnaires = modalité de gouvernement et de régulation politique et sociale de la ville 2°) Régulation pol. et sociale Pol. clientélaires = facteur de régulation propice au maintien d’une cohésion sociale Marseille : classe moyenne des employés publics, certains segments ouvriers du privé, enfants des vieilles immigrations.

Clientélisme et courtage pol. (suite) => bloc social autour de G. Defferre entre 1960 et 1980 Mais : couches prolétaires concentrées autour du PCF et nouvelles vagues d’immigration maghrébine exclues du pouvoir socialiste et des politiques clientélaires 3°) conditions de possibilité et limites Phase d’expansion démographique et économique => ressources importantes et pas de souci d’efficacité de l’action publique Pb. : Années 80, fin de l’expansion (Marseille et Naples) => les élus ont moins de « biens » à distribuer

Clientélisme et courtage pol. (suite) 4°) Renouvellement des pratiques clientélaires Habitudes des échanges ancrée dans les sociétés urbaines => élus écoutent les demandes mais ne sont plus tenus à des obligations de résultat => interventions personnelles de + en + symboliques => « jeu de rôle », « fausses lettres de recommandation » => relations clientélaires se maintiennent mais politiques clientélaires de redistribution s’estompent 5°) Développement urbain et lutte contre le clientélisme

Clientélisme et courtage pol. (suite) 1986, mort de G. Defferre ; 1993, enquête Mani Pulite => 2 leaderships nouveaux s’installent - R. Vigouroux puis victoire en 89 (liste personnelle), - Antonio Bassolino, ex PCI, maire de Naples en 93 avec coalition de gauche => 2 stratégies de développement urbain fondées sur des projets ambitieux et l’internationalisation des villes Aménagements du port, rénovation du centre, développement des transports, amélioration cadre de vie, tourisme et politiques culturelles.

Clientélisme et courtage pol. (suite) => modèle de gestion : arrêt des pol. clientélaires : - pol. urbaines ne visent plus à stabiliser un électorat, - rétrécissement des ressources traditionnelles, - dénonciation des pratiques antérieures => clientélisme = mode de gestion repoussoir 6°) Vers de nouveaux leaderships Dénonciation du clientélisme => personnalisation du pouvoir : Marseille : rupture => méfiance à l’égard de l’administration municipale et de la classe politique locale.

Clientélisme et courtage pol. (suite) => création d’un cabinet pléthorique, => Définition de domaines réservés du maire, => politique économique offensive pilotée par le secrétaire général de la ville, => conseil municipal et partis marginalisés => relation encore plus directe du maire avec la population La dénonciation du clientélisme devient une nouvelle ressource de leadership et de personnalisation du pouvoir => nouvelles clientèles et nouvelles politiques publiques utilisées (éco, culture, communication).

§2 L’imputation politique = discours visant à ce qu’un public attribue un fait social considéré comme souhaitable ou non à un homme ou à un petit groupe occupant une position privilégiée dans la structure formelle du pouvoir. Cf. Ch. Le Bart, La rhétorique du maire entrepreneur, Pédone, Imputation = ressource de leadership Mais : imputation menacée par pratiques de gouvernance (coopération entre acteurs multiples) ? Hypothèse non vérifiée : le dessaisissement du pouvoir décisionnel des élus ne se traduit pas par la perte de cette ressource.

Imputation politique (suite) Cf. Ch. Le Bart, « Le leadership territorial au-delà du pouvoir décisionnel », in A. Smith, C. Sorbets, op.cit. 2 raisons : A) La posture décisionnelle La position politique dominante est moins liée à la réalité de la responsabilité qu’à sa représentation L’imputation fonctionne parce qu’elle est crédible Double mécanisme 1°) l’implication L’élu, l’autorité officielle, est impliquée dans des activités dont elle escompte un bénéfice politique. Les autres acteurs acceptent d’en partager le bénéfice.

Imputation politique (suite) Paradoxe : la gouvernance favorise l’implication des élus dans des activités diverses et leur coopération avec d’autres acteurs… => plus d’occasions pour bénéficier d’une imputation politique => plus de ressources de leadership 2°) L’orchestration globale = implication dans des décisions mais en se situant à un niveau global : définition de stratégies d’ensemble, mise en cohérence = pol. de développement local, d’image, d’attractivité.

Imputation politique (suite) = rôle d’animateur, de manager, de coordonnateur, de chef d’orchestre => réalité de l’action publique éclatée entre secteurs et acteurs, => rôle des leaders : donner une vision cohérente, d’ensemble => l’imputation peut fonctionner indépendamment du pouvoir décisionnel effectif. Rq. : imputation suppose méconnaissance de l’action réelle des leaders + risque d’imputation de situations négatives.

§3 Leadership et échanges politiques territorialisés Notion d’échange centrale pour la compréhension du leadership => position dominante résulte du consentement donné par des dominés en échanges de gratifications matérielles ou symboliques Échanges entre leaders et followers ne concernent pas nécessairement l’action publique : reconnaissance, soutien électoral Mais : les échanges politiques territorialisés sont plus liés à l’action publique. Cf. E. Négrier, « Echange politique territorialisé et intégration européenne », in R. Balme, A. Faure, A. Mabileau, Les nouvelles politiques locales, Presses de Sciences Po, 1999.

Échanges territorialisés (suite) Définition : transaction ou série de transactions entre plusieurs ressources et acteurs dont l’enjeu majeur est constitué par l’action publique au sein d’un territoire donné ou entre territoires Favorisés par une action publique qui passe par la coopération multi niveaux Cas des politiques urbaines, d’aménagement du territoire, de développement éco., culturelles, etc. Double lien entre ces échanges et les leaderships : A) L’échange politique territorialisé comme ressource de leadership

Échanges territorialisés (suite) Exemple : question de la coopération intercommunale = objectif (plus de rationalité et d’efficacité) = moyen (mutualisation, coopérations, accès à des soutiens,) + ressource de leadership : - direction de structures intercommunales => action sur des territoires élargis / électifs, => nouveaux échanges avec élus et acteurs sociaux - logique de fiefs => réduction des aléas électoraux + autonomie / partis

Échanges territorialisés (suite) - niveau intercommunal => position de courtage entre niveaux communal, départemental, régional, voire national - intercommunalité => gestion de compétences de + en + valorisées (aménagement de l’espace, développement économique) => gestion de ressources financières importantes Pb. : le leadership intercommunal peut être faible et très dépendant des followers.

Échanges territorialisés (suite) B) Le leadership investi dans les échanges Leadership facilitant ou simplifiant les échanges pol. territorialisés Cas des intercommunalités : 3 aspects - Président de la structure intercommunale peut satisfaire des demandes communales en échange d’un soutien => ressources du leader investies dans des politiques pour assurer ou renforcer son leadership - leadership => autonomie / parti pol. => soutien d’adversaires sur certaines pol pub.

Échanges territorialisés (suite) - leadership stabilisé => dépasser des débats techniques pouvant partager les followers au profit du soutien au leader => facilite la prise de décision sur certaines pol. pub. Rq. : ne pas confondre ressources de la position institutionnelle avec ressources de leadership Ex. : pb des successeurs ou des héritiers.