Prise en charge thérapeutique des infections à mycobactéries atypiques

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Mais vous comprenez qu’il s’agit d’une « tromperie ».
Advertisements

TUBERCULOSE AU MALI  Etat des lieux  Modalités de prise en charge Docteur Denis MECHALI (juin 2009) Sources : * Documents OMS * Documents.
Travail israélienne (arch dis fetal neonat 2011)
Distance inter-locuteur
Stratégie(s) d ’éradication du SARM en soins de longue durée
ENP 2012 Enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux Cas cliniques V 23/03/2012.
Infection Tuberculeuse de l'Enfant
Réseau ATB du CClin Paris-Nord – résultats 2011 LL, 22/11/ Réseau antibiotiques du CClin Paris-Nord : Résultats 2011 Coordination: Dr François LHÉRITEAU.
Pneumopathies et mycobactéries atypiques
Prof. O. Bouchaud Université Paris 13
Anticorps Monoclonaux & Hémopathies Lymphoïdes de Haut grade
Carboplatine + paclitaxel (1 cycle = 3 semaines)
DEPISTAGE DU DIABETE GESTATIONNEL Recommandations existantes
INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE
Introduction Résultats Méthodes Conclusions
Surveillance des Infections Sexuellement Transmissibles
Surveillance des cas de rougeole dans 3 départements français à couverture vaccinale élevée Projet pilote de surveillance exhaustive Institut de.
Les numéros
Répartition des anomalies cytogénétiques dans la leucémie lymphoïde chronique à Blida A propos de 95 cas S Taoussi ; S Oukid ; Y Bouchakor ; MT Abad Service.
Service des Maladies Infectieuses (Pr H Portier)
Elisabeth BOUVET Hôpital Bichat Claude Bernard GERES
Le marché des anti-infectieux Le problème de la résistance
Epidémiologie des cancers digestifs en France
Tuberculose Maladie infectieuse mortelle sans traitement
EPF assemblée générale du 24/10/2003 Impact des traitements préventifs sur le diagnostic chez le nouveau-né Laboratoire de Virologie, Hopital Necker.
Pourquoi le nombre de cancers augmente-t-il ?
MALADIES INFECTIEUSES BRONCHOPULMONAIRES
TRAITEMENT DU CANCER LOCALISE DE LA PROSTATE PAR HIFU(ABLATHERM)
Suivi des nouveaux nés de mère VIH + à Strasbourg
Contexte – cas de tuberculose multirésistante par an dans le monde (5 % des cas de tuberculose) –Traitement difficile : 4 à 6 molécules, parmi lesquelles.
13 ème Congrès du CLIN HDF Octobre 2010 Matta Matta, MD ICC chairperson BMC.
Diversité moléculaire des souches VIH-1 du groupe O et prise en charge thérapeutique au Cameroun Essai DYNA M-O ANRS
Etat des lieux et recommandations pour le dépistage du cancer du col de l’utérus 10ème journée nationale de l’Association Française pour la Contraception.
Abcès du cerveau de l’adulte non immunodéprimé
Fièvres Typhoïdes : traitements courts Choléra Amibiase
Les infections sévères à pneumocoque Pourquoi ? Comment ? Quel traitement? Muriel Le Bourgeois Service de Pneumologie et Allergologie Pédiatriques Hôpital.
Résultats de la greffe de cellules souches hématopoïétiques pour leucémie aiguë myéloïde de l’adulte en 1ère rémission complète: expérience tunisienne.
1 Journée de regroupement des correspondants "Egalité et genre" - 21 novembre 2011 Rectorat de Rouen - SAIO - CD-HD Résultats scolaires, appréciations.
LES NOMBRES PREMIERS ET COMPOSÉS
Les mycobactéries Dr N. Fortineau Bactériologie-Virologie-Hygiène
CLL11 : chlorambucil (CLB) versus CLB + rituximab (R)
DUMP GAUCHE INTERFERENCES AVEC BOITIERS IFS D.G. – Le – 1/56.
Notre calendrier français MARS 2014
Moritz J, Sabatier P, Khouri K, Segnarbieux F
Annexe 1 VISITE SUR
MAGIE Réalisé par Mons. RITTER J-P Le 24 octobre 2004.
C'est pour bientôt.....
1 INETOP
Veuillez trouver ci-joint
NOUVEAUTES THERAPEUTIQUES DANS LA TUBERCULOSE
Stratégie diagnostique non-invasive de de l’Embolie Pulmonaire
Rationnel –Très peu de molécules ont une activité prouvée pour le traitement des XDR-TB –Linézolide souvent proposé car nouvelle classe et CMI basse (
MAGIE Réalisé par Mons. RITTER J-P Le 24 octobre 2004.
Traitement de différentes préoccupations Le 28 octobre et 4 novembre 2010.
1/65 微距摄影 美丽的微距摄影 Encore une belle leçon de Macrophotographies venant du Soleil Levant Louis.
* Source : Étude sur la consommation de la Commission européenne, indicateur de GfK Anticipations.
CALENDRIER-PLAYBOY 2020.
L’élotuzumab, un anticorps monoclonal dans le myélome multiple
COREVIH Bretagne – 18 décembre Evolution des recommandations entre 2010 et 2013 Pr Pierre TATTEVIN, PU-PH Maladies Infectieuses et Réanimation Médicale.
Les Chiffres Prêts?
LA TUBERCULOSE GENITALE
Lithiase biliaire et médicaments
Tuberculose G.Mangiapan ENKRE 2006.
La Lettre de l’Infectiologue Echec du dépistage sérologique des hépatites chez les patients VIH+ très immunodéprimés Dépistage de l’AgHbs chez 516 patients.
Tuberculose : PLAN Généralités Tableaux cliniques.
TRAITEMENT DES INFECTIONS A PSEUDOMONAS
Mycobactéries atypiques
Cas clinique Homme de 54 ans -Diagnostic à l’âge de 49 ans sur dilatation des bronches avec agénésie bilatérale des canaux déférents connue -Mutations.
Transcription de la présentation:

Prise en charge thérapeutique des infections à mycobactéries atypiques SPIF 18/03/06 Dr Nicolas Veziris Service de Pneumologie, Laboratoire de Bactériologie-Hygiène, Pitié-Salpêtrière, Paris Centre National de Référence des Mycobactéries et de leur Résistance aux Antituberculeux

Diagnostic des infections pulmonaires à mycobactéries atypiques diagnostic difficile car la mycobactérie est isolée de cavité ouverte (sur l’environnement) la mycobactérie isolée peut: - être responsable d’infection pulmonaire - coloniser l’arbre bronchique - être un contaminant de la culture

Faut-il traiter ces patients (tes) ? Prince (NEJM, 1989) : 21 patients (17 femmes, 4 hommes) Anomalies cliniques et radiographiques + preuve d’une infection à M. avium 100% réponse initiale au traitement mais 8 rechutes 4 décès reliés à l’infection à M. avium

Critères diagnostiques des infections pulmonaires   Critères diagnostiques des infections pulmonaires à mycobactéries atypiques (ATS, 1997)   Signes cliniques et radiologiques de tuberculose pulmonaire ou de bronchopneumopathie subaigüe évoluant depuis plusieurs semaines + Culture positive à mycobactérie atypique Et , si et seulement si - au moins 3 prélèvements sont positifs avec > 20 colonies de la même espèce de mycobactérie (identification certaine) ou - 2 prélèvements seulement sont positifs avec > 20 colonies de la même espèce de mycobactérie (identification certaine) mais au moins 1 des 2 prélèvements est positif à l'examen microscopique (présence de baar) - 1 prélèvement seulement est positif en culture mais il s'agit d'un prélèvement profond (biopsie ou ponction chirurgicale) et l'examen histologique montre des baar ou des signes d'infection à mycobactérie (granulome) Immunodépression   - locale (pathologie locale chronique)  ou - générale (cancers, greffes, SIDA, traitement immunosuppresseur)   Compte tenu des critères bactériologiques stricts permettant de faire le diagnostic [15], la réalisation d'au moins 3 prélèvements est nécessaire lorsque la nature du prélèvement le permet (sécrétions respiratoires, hémoculture, écoulement cutané...). Mais ceci ne s’applique pas aux infections cutanées    

Traitement

Mycobacterium avium complex Résultats décevants du traitement antituberculeux conventionnel : Négativation des expectorations dans 25 à 90% des cas. Révolution de la clarithromycine à la fin des années 80.

MAC : sensibilité naturelle aux antibiotiques CMI inférieures aux concentrations sériques clarithromycine (1 mg/l) azithromycine (2 mg/l) CMI juste inférieures aux concentrations sériques amikacine (16 mg/l) moxifloxacine (2 mg/l) CMI un peu supérieures aux concentrations sériques rifampicine (16mg/l), rifabutine (2mg/l) ethambutol (16 mg/l) sparfloxacine (2 mg/l) CMI très supérieures aux concentrations sériques isoniazide, pyrazinamide, minocycline ofloxacine, ciprofloxacine linezolide

Mycobacterium avium complex In vivo, le modèle murin : Bactéricide : clarithromycine, amikacine, éthambutol Bactériostatique : sparfloxacine, clofazimine Inactive : rifampicine, rifabutine

Mycobacterium avium complex Modèle murin : Pas d’augmentation de la bactéricidie par ajout éthambutol, rifabutine, rifampicine ou sparfloxacine à la clarithromycine. Augmentation de la bactéricidie par amikacine pendant 4 ou 8 semaines.

Mycobacterium avium complex Modèle murin : Prévention sélection mutants R-clari : Efficacité d’amikacine Aucun effet de minocycline, éthambutol, rifabutine ou éthambutol+rifabutine

Mycobacterium avium complex Chez l’homme Premier essai de la clarithromycine en monothérapie (Wallace 1994) : 58% négativation des expectorations 3/19 rechutes avec une souche clari-R

MAC chez l’immunodéprimé Clarithromycine (CLR) monothérapie efficace mais sélection mutants résistants (Dautzenberg 1991, 1993). CLR efficace en prophylaxie (Pierce 1996) Efficacité de l’association CRE (clari+rifabutine+ethambutol)(Shafran 1996) Ajout clofazimine augmente mortalité (Chaisson 1997) CRE > CE en termes de survie (Benson 2003)

Mycobacterium avium complex Clarithromycine (Tanaka 1999) : 46 patients Clr+Emb+Rmp+Sm puis Fluo 39 > 6 mois trt 21 trt complet 12 culture négatives 2 négativations puis rechute 7 toujours culture positive 14 en cours de trt 10 négativation des cultures 1 négativations puis rechute 3 toujours culture positive 4 sorties d’étude entre 6 et 24 mois

Mycobacterium avium complex Influence de la sensibilité à la clarithromycine : 31 souches clari-S 26 négativations 5 cultures + persistantes (dont 3 sélections de souches clari-R) 8 souches clari-I/R 2 négativations 6 cultures + persistantes

Mycobacterium avium complex Azithromycine (Griffith 2001) Azt+Emb+Rfb+Sm (2 premiers mois) 55 à 65% négativation des expectorations 4% développent R-clari

Mycobacterium avium complex Facteurs influençant la réponse au trt Charge bacillaire initiale Antécédent de trt > 6 mois Sensibilité à la clarithromycine Forme clinique Facteurs n’influençant pas la réponse au trt Comorbidités Extension initiale de la maladie Utilisation de kanamycine

Mycobacterium avium complex Effets indésirables : Tanaka 46 patients 3 arrêts clarithromycine (rash/hypoacousie/diarrhée) 10 dus aux autres antibiotiques (BAV, rash, oreille interne, hépatite, hypothyroïdie) Griffith 92 patients 10 azithromycine (hypoacousie, troubles digestifs) 1/3 des patients sous rifabutine (troubles digestifs, arthralgies, frissons, fièvre, leucopénie) 2 BAV avec arrêt éthambutol. Wallace 50 patients 4 arrêts clarithromycine (hypoacousie, cholestase) 16/39 autres antibiotiques (troubles digestifs, BAV, leucopénie, uvéïte) 9/24 arrêt rifabutine 8/36 arrêt éthambutol 3/25 arrêt rifampicine 3/29 streptomycine

Mycobacterium avium complex Des nouveautés ? Linezolide CMI=32 mg/l Pic=20 mg/l Moxifloxacine CMI=0.125-2 mg/l Pic= 2,5 mg/l Un cas de LLC avec MAC disséminé Succès de linezolide + mefloquine + GM-CSF Evaluation modèle murin de l’association moxifloxacine+mefloquine+ethambutol Bactéricide à 1 mois, mais pas de témoin clarithromycine.

Mycobacterium avium complex Chirurgie : Nelson 1998, 28 patients Indications : échec trt médical (15), complications du poumon détruit (4), programmé dans le trt initial (9) (ère pré-macrolides) 8 pneumonectomies, 18 lobectomies, 2 résections atypiques. 2 décès 7 complications précoces 23/26 culture négative à 1 mois 1/26 survivants à deux ans rechute

Mycobacterium avium complex Conclusion Clarithromycine et amikacine sont les deux antibiotiques efficaces. L’intérêt de l’ajout de la rifabutine n’est pas bien démontré Fréquence des rechutes dans les formes bronchectasiques Recommandation : Clarithromycine+ethambutol+rifabutine+/-amikacine durant les 2 premiers mois Durée : 1 an après négativation des cultures

Mycobacterium xenopi In vitro Modèle murin (Lounis, 2001): ATB aux CMI inférieurs aux concentrations sériques : clarithromycine, fluoroquinolones, aminosides. ATB aux CMI proches des concentrations sériques : rifampicine, isoniazide (éthambutol). Modèle murin (Lounis, 2001): intérêt de la clarithromycine (supérieure à RMP + INH + EMB), pas d’augmentation de la bactéricidie par l’ajout de fluoroquinlones, aminosides ou traitement antituberculeux.

Mycobacterium xenopi Antibiotiques : 30 à 50 % négativation expectoration. 1 essai randomisé comparant 2 ans de RE ou RHE (BTS, 2000): Pas de différence 42 patients : 8 sorties de protocole 24 DC 5 échecs et rechutes 7 succès  « Better regimens are required » 1 essai ouvert : clari + oflo + ethamb/clofa (Dautzenberg, 1993) : 11/11 négativations expectorations à 6 mois 1 rechute

Mycobacterium xenopi Chirurgie : Une étude portant sur 57 patients (Parrot, 1988) 27 succès 28 évolutions défavorables 12 décès 7 rechutes 9 autres 9 cancers

Mycobacterium xenopi Conclusion Pronostic très défavorable de ces patients dû aux comorbidités. Intérêt de la clarithromycine Nécessité d’une meilleure description de la maladie.

Mycobacterium kansasii Comme M. tuberculosis sauf… Résistance au pyrazinamide Résistance bas niveau à l’isoniazide ATS recommande isoniazide+rifampicine+ethambutol 18 mois

Mycobacterium kansasii Intérêt isoniazide ? (BTS, Thorax, 1994) Etude prospective rmp+emb 9 mois 113 patients 1 toujours C+ à 8 mois mais inobservant. 15 repositivation culture après fin traitement Guérison stabilisé sur 3 ans chez 80% des malades

Mycobacterium kansasii 12 ou 18 mois de traitement ? (Sauret J, Tuber Lung Dis. 1995) 28 patients HIV-, atteinte pulmonaire, 1985-91 14 traités avec rifampicine-isoniazide-éthambutol 12 mois (éthambutol 6 mois) 14 traités 18 mois. Suivi 12-30 mois. 100% guérison 1 rechute dans le groupe 12 mois

Mycobacterium kansasii Place de la clarithromycine. Griffith, Clin Infect Dis, 2003 18 patients Clarithromycine + rifampicine + éthambutol, 3 fois par semaine 4 perdus de vue Négativation expectoration en 1 mois Durée traitement 13 mois en moyenne Bonne tolérance Pas de rechute à 46 mois de suivi

Mycobacterium kansasii Place de la clarithromycine. (Shitrit, Chest 2006) 56 patients Clarithromycine+rifampicine+ethambutol, 1 an après négativation des cultures Négativation culture en 9 mois 100% guérison

Mycobacterium kansasii Conclusion Pronostic globalement meilleur que xenopi ou avium complex Recommandation officielle isoniazide+rifampicine+ethambutol mais clarithromycine de plus en plus utilisé.

CONCLUSION Malgré les progrès enregistrés grace à la clarithromycine le traitement des infections pulmonaires à M. avium complex et M. xenopi reste non satisfaisant tant en terme de résultats que d’effets indésirables.