Véronique MORET U.E 1.1 S1 IFSI L’ATTACHEMENT Véronique MORET U.E 1.1 S1 IFSI 1
L’attachement En psychologie, le lien d’attachement est le lien affectif privilégié que l’on établit avec une personne spécifique, auprès de laquelle on va se tourner pour trouver du réconfort en cas de détresse. C’est un lien puissant qui unit deux personnes La théorie de l’attachement est formulé par John BOWLBY(pédiatre et psychanalyste) dans les années 1950, l’attachement mère enfant devient un concept scientifique. Il va étudier les effets de la privation maternelle sur le développement de l’enfant. Il va s’appuyer sur ses observations de jeunes enfants et de famille, tout en utilisant les apports de de la psychologie cognitive et de l’éthologie de l’américain HARLOW qui a observé des singes Rhésus
Pour BOWLBY Pour BOWLBY « l’attachement » fait partie des besoins primaires. Le parent est biologiquement programmé pour fournir des soins et protection à son enfant et l’enfant est programmé pour rechercher confort et sécurité auprès de son parent les bébés développent des stratégies adaptatives selon la manière dont on prend soin d’eux. Pour s’attacher à un adulte, le bébé développe des comportements appelés « comportement d’attachement »afin de s’assurer de la présence, de la proximité et de la disponibilité de la figure maternelle avec les pleurs, le sourire, l’agrippement, le babil. Ils lui permettent de réclamer de l’aide quand il a faim, qu’il a mal ou qu’il se sent en détresse.
Apports et liens avec d’autres théoriciens Hubert MONTAGNIER a fait des observations et des expérimentations pendant 20 ans de cliniques d’accouchement. Le nourrisson apprend très vite , il peut diversifier ses attachements et sélectionner certains comportements et guider ses proches a être des parents adaptés. Il obtient ainsi le plaisir de communiquer et la sécurité corporelle dont il a besoin. Ce qui confirme les intuitions de WINNICOTT sur l’importance du maintien et du portage (holding) et de manipuler et contenir ( Handling) l’enfant en bas âge. Cette qualité de contact et de portage permettra à l’enfant de « bien se porter » lui-même lorsqu’il sera confronté à la séparation, voire aux inévitables ruptures que la vie lui réserve. premier lien et premier modèle de ce qu’est une relation et de ce qu’il peut en attendre. découverte et exploration du monde physique et social pour établir de nouvelles relations
Concept du caregiving Bowlby évoque l’existence de caregiving qui est la fonction du prendre soin, elle organise les soins parentaux répondant aux besoins d’attachement de l’enfant. En répondant aux besoins de l’enfant par leur disponibilité physique et émotionnelle et en lui apportant les soins de réconfort, l’enfant va développer un sentiment de sécurité et de confiance vis à vis d’eux et sa propre capacité à explorer le monde. L’objectif du caregiving est que le parent puisse maintenir ou rétablir une proximité physique et physiologique avec le bébé lorsque celui-ci est en situation de détresse ou d’alarme afin de répondre à ses besoins et lui fournir protection. Il est activé par des signaux de détresse ou de vulnérabilité.
Concept de caregiving Au cours de ces interactions avec le bébé , se construit « la relation d’attachement » . Dans les tous premiers mois: elle se construit se dessine à partir de réponses aux besoins physiologiques de l’enfant. Les parents peuvent se tromper puis ils apprennent à interpréter et répondre aux demandes( pleurs signalant la faim ou le besoin de câlins, regards cherchant la communication)
Concept de caregiving A partir de 3 mois: le bébé commencent à avoir des interactions différentes avec chacun de ses parents, il les distingue et leur répond de manière spécifique. Le bébé peut le solliciter et initier des interactions, amis pas de façon durable. Les parents grâce à leur expérience peuvent moduler et ajuster leurs réponses. A partir de 6 mois: l’enfant explore l’espace autour de lui.IL a un rôle plus actif dans ses actions. Les parents aident l’enfant à devenir autonome, s’il est effrayé il cherche du réconfort auprès de ses parents, une fois rassuré , il retourne à ses explorations.
L’enfant se construit un modèle de représentations intériorisées ou modèle interne opérants (M.I.O.) Se construit chez l’enfant à partir de 12 mois à partir des interactions quotidiennes qu’il entretient avec sa mère et les autres personnes qui gravitent autour de lui. La relation d’attachement aux parents est consolidée, le bébé sait qu’il peut compter sur eux et il possède une certaine confiance en ses propres capacités. Bien qu’encore rudimentaires , elles sont constituées de ce qu’il peut attendre de l’autre, de soi et de la relation entre soi et l’autre. Dans un contexte d’activation du système d’attachement, c’est à dire dans les situations d’alarme, de détresse ou de conflit ( maladie, faim, douleur). Ils vont guider les comportements, émotions et perceptions du sujet tout au long de sa vie dès qu’elles relèvent du système d’attachement.
Le modèle de représentations intériorisées ou modèle interne opérants (M.I.O.) Pour BOWLBY, l'enfant se construit un modèle flexible sécurisant et efficace qui lui permet d'anticiper divers phénomènes et le protège des dangers susceptibles Ainsi, un enfant qui vit avec tel parent une relation dans laquelle il se sent soutenu, va développer un modèle de ce parent comme étant aimant, et de lui-même comme étant digne d’amour 9
Le modèle de représentations intériorisées ou modèle interne opérants (M.I.O.) Si expériences déplaisantes répétées avec la figure d'attachement, ce modèle devient insensible aux expériences changeantes ou inhabituelles, le comportement de l'enfant peut devenir rigide, inadéquat, voire pathologique Si le jeune enfant vit du rejet de la part de sa figure d’attachement, il est probable qu’il se forme un modèle de représentations comme n’étant pas digne d’être aimé ou accepté. Ces enfants vont développer un attachement anxieux.
Suite à ses observations d’enfants hospitalisés sur une longue durée La perte de la figure maternelle est un événement déterminant dans l’établissement de la personnalité Nécessité d’une relation chaleureuse, intime et continue avec leur mère ou avec un substitut maternel stable. Cette relation apporte satisfaction et de la joie pour la mère et l'enfant.
Influence sur l’hôpital Modifier les règles de visite des parents à l’hôpital ainsi que certaines pratiques professionnelles A son époque absence quasi complète de contacts avec ses parents durant son séjour Impossibilité pour l’enfant de former une relation de substitution avec une infirmière
Aujourd’hui En pédiatrie, les professionnels constatent les perturbations dans la relation parents- enfant, un cadre théorique permettant de les interpréter prends tout son sens. En protection de l’enfance, cette théorie apporte une base à la difficile question des conséquences du placement pour l’enfant et pour ses parents Elle nourrit les réflexions autour des situations de divorce et des enfants endeuillés suite à la perte d’un parent.
Les théories de BOWLBY sont reprises par Mary AINSWORTH psychologue canadienne la sécurité de l’attachement envers un parent dépend de la qualité des échanges durant les premiers mois de la vie L’enfant ne peut pas identifier ses propres émotions Si le parent ne supporte pas les émotions négatives du bébé (peur, tristesse, colère…) se représenter mentalement ses expériences émotionnelles (comme celle des autres) les reconnaître afin d’exprimer des demandes de réconfort lorsqu’il se sent triste, menacé, troublé.
permet de mesurer les comportements d'attachement. Mary AINSWORTH a mis au point une méthode d’observation ( la situation étrange) permet d’identifier les différentes attitudes destinées à préserver la base sécurisante nécessaire au bien être de l’enfant lorsqu’il tente de s’ajuster à une situation donnée permet de mesurer les comportements d'attachement. L’enfant est observé dans une salle de jeu successivement - en présence de sa mère puis confronté au départ de celle-ci, - et à l’entrée dans la pièce d’une personne étrangère en la présence ou l’absence de la mère.
Elle a identifié 3 types d’attachement 1) Les enfants sécures n’activent leur système d’attachement qu’en cas d’absence de la mère (danger potentiel) et ils retrouvent leur calme et leur envie d’explorer très rapidement après son retour. Un enfant sécurisé va rechercher activement un contact physique chaleureux au retour de sa mère. Ultérieurement, cette sécurité lui permet d'établir des relations sociales profitables.
L'attachement insécurisé se divise en deux profils : 2) Les enfants anxieux-évitant Ces enfants n'expriment pas nécessairement de la détresse lors de la séparation avec la mère mais la démontre par leur incapacité de se servir de la mère comme base de sécurité lorsqu'elle revient dans la pièce expérimentale. Ils évitent le contact avec elle, s’intéressent plutôt aux objets. Leur apparente tranquillité avec une absence de préoccupation pour leur sécurité résulte d’une attitude défensive qui consiste à ne rien attendre d’autrui afin de ne pas être déçu. Ils apprennent à ne pas prendre leurs propres sentiments en compte et tentent de se suffire à eux-mêmes.
L'attachement insécurisé 3)Les enfants anxieux ambivalent-résistant vivent excessivement de détresse lorsqu'ils sont séparés de leur mère. Au retour de celle-ci, ils ne sont pas rassurés et manifeste une ambivalence entre l’expression de contrariété de colère et des comportements de dépendance. Ils résistent tout en cherchant le maintien du contact. Ils ne montrent aucun signe de soulagement au retour de leur mère. ils montrent une grande détresse lorsque la mère quitte la pièce et lorsqu’elle y revient. Ces enfants vivent une relation de dépendance avec leur mère, ce qui les empêche de s’investir ailleurs(relation fusionnelle).
Implication sur le devenir de l’enfant Étude de 40 enfants provenant d’une population défavorisée observés avec leur mère dans la situation étrange à l’âge de 12 mois et suivis jusqu’à à 5 ans par des observateurs dans une école maternelle Les enfants sécures apparaissaient comme les plus populaires dans le groupe scolaire, ils se montraient empathiques, apaisants sachant faire face aux difficultés demander de l’aide lorsque c’étaient nécessaire leur estime de soi était bonne.
Implication sur le devenir de l’enfant Les enfants anxieux-évitant tendaient à se moquer de la détresse des autres semblaient mal toléré l’expression de tels affects eux-mêmes évitaient d’exprimer des demandes de réconfort à l’égard des autres. se montraient agressifs recherchant l’attention et n’obtenant que de l’hostilité Les enfants anxieux-ambivalent-résistant semblaient davantage préoccupés par eux-mêmes que par les autres. Ils pouvaient ainsi demander eux-mêmes un réconfort lorsqu’un camarade pleurait.
Les antécédents de l’attachement 1.Une conscience des liens d’attachement antérieurs Les travaux de Mary MAIN (1991):hypothèse d’une transmission transgénérationnelle Être capable de sensibilité et de synchronie dans la relation avec l’enfant, implique d’avoir repris contact avec le vécu émotif de son enfance. 2.L’acceptation de la grossesse et de l’enfant Les premiers mouvements fœtaux, l’échographie, l’accouchement, les premiers sourires de l’enfant sont des moments propices à la consolidation du désir d’enfant
Les antécédents de l’attachement Le parent rejetant risque de développer un lien anxieux ou de devenir inconsistant dans les messages envoyés à l’enfant qui intériorise un modèle où le monde est en soi imprévisible et redoutable. favoriser les contacts précoces mère/bébé après l’accouchement a des effets bénéfiques sur la formation de ce lien émotionnel. Le contact ventral précoce avec la mère induit de l’apaisement ( technique dite du kangourou). Importance pour les soignants de disposer d’outils théorique pour compléter la prise en charge ,les infirmières ont un rôle actif facilitateur du processus d’attachement en maternité et en néonatalogie.
Les antécédents de l’attachement 3. L’accointance C’est la connaissance mutuelle. Les parents mettent en œuvre tout un répertoire d’actions pour faire connaissance avec l’enfant. Recherche d’informations à son sujet, et attribution de sens à leurs perceptions
Les conséquences de l’attachement 1. La consolidation des habiletés parentales La réciprocité, la mutualité et l’échange de sentiments positifs renforcent les habiletés des parents à prendre soin de leur enfant et leur estime de soi. Le plaisir qu’ils éprouvent dans une relation qu’ils jugent satisfaisante stimule leur désir de passer du temps avec l’enfant. les parents apprennent à reconnaître les manifestations et à y répondre adéquatement. Un fort lien d’attachement parents-enfant contribue également à prévenir toutes les formes d’abus et de négligence envers les enfants.
Les conséquences de l’attachement 2.La croissance et le développement favorables de l’enfant Les enfants sécures sont : plus confiants en eux-mêmes plus compétent socialement plus aptes à entrer en relation intime plus empathiques envers les autres
Chez l’adulte selon Mary MAIN, première à décrire l’attachement chez l’adulte Les études laissent supposer que, durant l’enfance, l’expérience d’une solidité suffisante de la relation garantirait à l’adulte une certaine capacité à connaître et évoquer ses états mentaux et les inscrire dans une histoire cohérente de sa propre vie. Ainsi chez l’adolescent et l’adulte, l’accès au monde intérieur, le monde des émotions, constituerait « comme chez le bébé » un facteur de sécurité et de résilience dans la mesure où il ouvre la possibilité de recherche de réconfort.
Selon BOWLBY, le système d’attachement est actif tout au long d’une vie. La relation d’attachement forme des schémas cognitifs qui influencent: les réactions du sujet lorsqu’il se trouve en situation de stress la manière dont le sujet va interpréter ses interactions avec les autres L’identité de la figure d’attachement peut changer au cours de la vie (parents, partenaire). Évolution avec la maturation de l’individu : se constitue un lien « d’évocation » Chez l’adulte il y a réciprocité, chacun peut alternativement rechercher du réconfort auprès de l’autre ou lui en procurer
Selon BOWLBY, le système d’attachement est actif tout au long d’une vie. Dans le cadre de la psychopathologie de l’adulte: Il semble que le système d’attachement intervienne selon un modèle de vulnérabilité ou de résilience. De nombreux travaux concordent en faveur d’une association de styles d’attachement insécures et de comportements à risque addictif ( prise de toxique, trouble du comportement alimentaire, comportement sexuel à risque). Cet attachement insécure serait aussi prédictif d’une vulnérabilité accrue aux troubles dépressifs.
Chez les personnes âgées La proportion du style d’attachement insécure serait plus importante que chez l’adulte. Vulnérabilité en raison de: la perte de leur autosuffisance par conséquent plus dépendantes des personnes qui s’occupent d’elles. Cette dépendance s’accompagne: anxiété de séparation d’une peur d’être abandonnée par la figure d’attachement.
Chez les personnes âgées Évolution de l’identité de la figure d’attachement avec la vieillesse: Les enfants, une fois adultes, peuvent jouer le rôle de figure d’attachement pour leurs propres parents Les enfants ayant développé un style d’attachement sécure avec leur parents, ont davantage tendance à s’engager ultérieurement dans les soins concernant leurs parents
La relation soignant / patient Les troubles médicaux ainsi que les symptômes psychiatriques augmentent chez le patient la perception d’une vulnérabilité personnelle. En effet, les sentiments de vulnérabilité activent le système d’attachement du patient, qui va influencer son comportement dans sa façon d’exprimer ses symptômes, dans sa recherche de soins puis dans son observance du traitement
La relation soignant / patient Le fait que le soignant soit conscient du style d’attachement du patient, lui permet de mettre en place des dispositifs thérapeutiques adaptés pour maintenir une alliance thérapeutique avec le patient. Cette connaissance permet de développer une certaine empathie pour ce dernier, à la place du sentiment de frustration nuisible à la relation. Il faut cependant rester prudent dans notre façon d’insérer le patient dans des catégories rigides de style d’attachement qui ne prendrait pas en compte l’influence de la famille te du professionnel de santé lui même. Le style d’attachement nous informe sur le patient mais ne le définit pas dans toute sa complexité.
La relation soignant / patient Le soignant doit pouvoir réfléchir sur son patient, mais aussi sur son propre rôle dans la relation surtout si elle est insatisfaisante et qu’elle ne permet pas une collaboration patient/soignant. Ainsi , le propre style d’attachement du soignant va modeler la relation thérapeutique. La capacité du soignant à répondre de manière sensible aux besoins relationnels du patient dépend de la conscience qu’il a de sa propre histoire d’attachement et des ses propres besoins relationnels.
La relation soignant / patient L’intervention psychothérapeutique peut contribuer à remanier les modèles internes opérants insécures du sujet en lui apportant une autre qualité de relation. Le thérapeute doit construire une alliance thérapeutique avec son patient en jouant le rôle d’une figure d’attachement « sécurisante » Cette base de sécurité suffisamment rassurante, peut permettre l’exploration par le sujet, de son monde interne. Le thérapeute encourage le patient à reconnaître que se représentations actuelles sont le résultat des interactions passées et présentes avec ses figures d’attachement, tout en lui indiquant qu’un changement est possible
En conclusion La théorie de l’attachement offre un outil aux soignants en leur permettant de comprendre certaines réactions de leurs patients en souffrance, et en leur fournissant un cadre pour aborder avec ceux-ci des thèmes sur la perception qu’ils ont de leur détresse et leurs initiatives lorsqu’il s’agit pour eux de réclamer de l’aide.