Faut-il mettre systématiquement des antifongiques dans la fièvre dorigine inconnue ? Dr S. Alfandari Service de Réanimation et Maladies Infectieuses CH.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Mais vous comprenez qu’il s’agit d’une « tromperie ».
Advertisements

Les Résultats thérapeutiques des LAL de l’adolescent et l’adulte jeune traités au Service d’Hématologie Clinique de l’Hôpital Aziza Othmana selon le protocole.
Laurent Chiche DESC réanimation médicale Février 2004
Infections fongiques invasives en 2010
ENP 2012 Enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux Cas cliniques V 23/03/2012.
Fréquence et étiologies des épisodes fébriles au cours de la neutropénie induite par le conditionnement de l’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques.
Congrès Maghrébin, Avril 2007
Allogreffe LAL de ladulte Expérience du CNGMO Tozeur, novembre 2008.
Association sérum anti-lymphocytaire et ciclosporine dans le traitement des aplasies médullaires acquises : à propos de 22 cas.
Anticorps Monoclonaux & Hémopathies Lymphoïdes de Haut grade
Patients (n = 530) Biomarqueurs IHC (n = 412) Séquençage (n = 418) 200 patients évaluables pour les facteurs pronostiques cliniques et biologiques Comparaison.
Surveillance des cas de rougeole dans 3 départements français à couverture vaccinale élevée Projet pilote de surveillance exhaustive Institut de.
Zygomycoses et hématologie
Prophylaxie antifongique primaire et secondaire
Actualités des antifongiques systémiques
Antibiothérapie des neutropénies fébriles (tumeurs solides): données de la littérature Dr S. Alfandari Service de Réanimation et Maladies Infectieuses.
Quelle Antibiothérapie pour une fièvre chez le patient neutropénique ?
Associations d’antifongiques: rationnel, données cliniques, indications Dr S. Alfandari Infectiologue Consultant, Service des Maladies du sang, CHRU Lille.
Syndrome de l’intestin irritable secondaire à une gastroentérite aiguë à Salmonella enteritidis Etude prospective Dr L. Gamar, Pr T. Boucekkine Clinique.
1 VECTIBIX ® panitumumab Réunion ARH – Aix en Provence – 17/06/2008 CH NOLIN.
EPF assemblée générale du 24/10/200 Intérêt du traitement précoce de linfection à VIH du nourrisson Dr Albert FAYE pour lEnquête Périnatale Française.
Infections chez limmunodéprimé (Non VIH +) Dr S Bevilacqua Service des Maladies Infectieuses CHU Nancy 31/03/2006.
Neutropénie fébrile Janvier 2013 Dr S. Alfandari
Contexte – cas de tuberculose multirésistante par an dans le monde (5 % des cas de tuberculose) –Traitement difficile : 4 à 6 molécules, parmi lesquelles.
en post opératoire précoce et à un an
La Lettre du Cancérologue Cancer de lovaire avancé (1) ASCO daprès Vasey PA, abstr. 804 act. Étude SCOTROC Actualisation - Survie sans progression.
Best of «12 mois d’infections fongiques»
CALENDRIER PLAYBOY 2020 Cliquez pour avancer.
Patient allogreffé en réanimation
Fièvres Typhoïdes : traitements courts Choléra Amibiase
Étude rétrospective (3 ans) –Cas déclarés par PMSI (Programme de médicalisation des systèmes dinformation) CNRMA (Centre national de référence.
Cerveau, vieillissement et Infection à VIH
Résultats de la greffe de cellules souches hématopoïétiques pour leucémie aiguë myéloïde de l’adulte en 1ère rémission complète: expérience tunisienne.
Cinétique d'apparition des marqueurs sérologiques lors d'une séroconversion VHC chez un patient hémodialysé Raphaëlle CROISE, Valérie BARLET, Cathy GUITTON,
INDUSTRIE sa Tel : 0033(0) Fax : Projet: SKIP CAPSULES – v.1 Client: CARDIVAL HEALTH.
(1,3) –β-D-glucane comme élément diagnostique d’une infection fongique
Traitement des LAM de l’adulte jeune (≤55 ans) en Tunisie
Nombre de patients Placebo PCA Placebo PCA
CLL11 : chlorambucil (CLB) versus CLB + rituximab (R)
Les Monnaies et billets du FRANC Les Monnaies Euro.
Étude RITUX-ERAH : efficacité et tolérance du rituximab en traitement du rejet humoral aigu en transplantation rénale Étude prospective multicentrique.
Préambule Genre Aspergillus :
VNI au cours du sevrage de la ventilation mécanique
Décontamination digestive chez le patient neutropenique
Infections fungiques : reste-t-il encore une place pour l ampho B ? OUI Cédric Delzanno / Norbert Mayaud DESC de réanimation médicale Nice, Juin 2007.
CRITERES DIAGNOSTIQUES DES INFECTIONS FONGIQUES: QUELLES NOUVEAUTES?
INFECTIONS FONGIQUE : LA PLACE DE LAMPHOTÉRICINE B L.Fouché et F.Bouzana DESC NICE 2007.
HEPATITES FULMINANTES
Tournoi de Flyball Bouin-Plumoison 2008 Tournoi de Flyball
MAGIE Réalisé par Mons. RITTER J-P Le 24 octobre 2004.
Spécificités du patient neutropénique
Les Nombres 0 – 100 en français.
SUJET D’ENTRAINEMENT n°4
Aire d’une figure par encadrement
PCR quantitative pour la détection d’ADN circulant dans le sérum pour le diagnostic précoce des mucormycoses de l’immunodéprimé Contexte Émergence de mucormycoses.
MAGIE Réalisé par Mons. RITTER J-P Le 24 octobre 2004.
Traitement de différentes préoccupations Le 28 octobre et 4 novembre 2010.
ECOLE DES HAUTES ETUDES COMMERCIALES MARKETING FONDAMENTAL
Contexte Étude GORTEC TPEx (1)
LES COURSES SUR PISTE.
COREVIH Bretagne – 18 décembre Evolution des recommandations entre 2010 et 2013 Pr Pierre TATTEVIN, PU-PH Maladies Infectieuses et Réanimation Médicale.
Les Chiffres Prêts?
Esteban à l’ARCO.
Anidulafungine versus fluconazole dans les candidoses invasives. Patrice François Avril 2013.
New England Journal of Medicine ; 351 :
Nouvelles Echinocandines
LES ASSOCIATIONS D’ANTIFONGIQUES : où en sommes-nous?
F.Voillet DESC Réanimation Médicale Nice Introduction Complications pulmonaires chez 30 à 60% des transplantés médullaires Incidence chez greffés.
François VOILLET DESC Réanimation Médicale
Diagnostic des candidoses systemiques. Introduction En augmentation et grave Difficultés diagnostiques : –Absence de signes pathognomoniques –distinguer.
Transcription de la présentation:

Faut-il mettre systématiquement des antifongiques dans la fièvre dorigine inconnue ? Dr S. Alfandari Service de Réanimation et Maladies Infectieuses CH Tourcoing 24 novembre 2005 Le contre ! CONTROVERSE

Fièvre au cours des neutropénies Fréquent Tumeurs solides: 13% des patients et 3,6% des cycles Cullen et al NEJM 2005 Leucémies/greffe: 70% des patients Bucaneve et al NEJM 05 Répété Tumeurs solides: 3% ont au moins 2 épisodes Cullen et al NEJM 2005 Leucémies/greffe: 15% des patients Akova et al CID 05 Rarement documenté Tumeurs solides: 5-7% Cullen et al NEJM 05 Leucémies/greffe: 22-39% des infections Bucaneve et al NEJM 05

Fièvre au cours des neutropénies Fièvre microbiologiquement documentée Documentation microbiologique Prélèvement de bonne qualité Fièvre cliniquement documentée Signes cliniques/dimagerie évoquant latteinte dun site Fièvre dorigine inconnue Autres fièvres i.e. Les prélèvements ne poussent pas Lexamen clinique noriente pas Limagerie est normale

Principe du traitement probabiliste Traitement dun patient suspect de présenter cliniquement une mycose invasive alors quil nexiste aucune confirmation microbiologique, histologique ou sérologique Soit fièvre dorigine inconnue Soit fièvre cliniquement documentée

Mycoses invasives et neutropénie Etudes autopsiques Leucémies et Transplantés Bodey et al EJCMID % de mycoses invasives (58% candida/30% aspergillose Cancers solides et hémopathies Kontoyiannis et al CID ,3% candidose viscérale Etudes de cohorte Leucémies Guiot et al CID % des patients - 9% par hospitalisation Leucémies Nosary et al AJH ,1% aspergillose Transplantation médullaire Ninin et al CID 2001 Auto: 0,8% dont 0,6% pendant la neutropénie Allo: 18% dont 5% pendant la neutropénie Mini allo Hagen et al CID % dont 10% pendant la neutropénie

Proof of concept Pizzo et al. AMJ patients dont 18 ont de lAmB-D Candida EORTC. AMJ patients 1,5% IFI avec AmB-D 9% IFI sans AmB-D Candida

Peu d'essais randomisés Pas dessais de bonne qualité Ampho B (1 mgkg) vs AMB-L (1 et 3 mgkg): 338 pts - ouvert - Prentice, BJH 97 Ampho B (0.8 mgkg) vs ABLC (4 mgkg): 196 pts - double aveugle - White, CID 98 AMB-L (3 et 5 mgkg) vs ABLC (5 mgkg): 244 pts - double aveugle - Wingard, CID 00 AMB-L (3-5 mgkg) vs ABLC (3-5 mgkg): 244 pts - ouvert - Fleming, LL 01 Fluco (400 mg) vs ampho B (0.5 mgkg): 317 pts - ouvert - Winston, AJM 00 Itra (40 mg) vs ampho B (1 mgkg): 360 pts - ouvert - Boogaerts, AIM 01 Ampho B (0.6 mgkg) vs AMB-L (3 mgkg): 687 pts - double aveugle - Walsh, NEJM 99 Vorico (8 mgkg) vs AMB-L (3 mgkg): 837 pts - ouvert - Walsh, NEJM 02 Caspo (70/50mg) vs AMB-L (3 mgkg): 1095 pts - double aveugle - Walsh, NEJM 04 CF critiques méthodologiques de Walsh 99 et 02 et Boogaerts – Grouinet al, Let Pharmacol 03

Grands essais: pb du score composite Survie 7 jours après introduction de lantifongique Apyrexie obtenue pendant la neutropénie Pas darrêt de traitement pour toxicité ou inefficacité Traitement efficace dune éventuelle mycose documentée à linitiation du traitement Pas démergence dune mycose documentée sous traitement ou dans les 7 jours suivant la fin du traitement

Que mesure on ? ??

Quel (s) critère (s) compte(nt) ? Survie 7 jours après introduction de lantifongique Apyrexie obtenue pendant la neutropénie Pas darrêt de traitement pour toxicité ou inefficacité Traitement efficace dune éventuelle mycose documentée à linitiation du traitement Pas démergence dune mycose documentée sous traitement ou dans les 7 jours suivant la fin du traitement

Quel (s) critère (s) compte(nt) ? Echec sur inf. documentée 12% 10% 5% 8% 4% 7% infections documentée 14% 13% 6% 9% 5% 10%

Avantages des antifongiques en probabiliste Traitement précoce dune infection fongique éventuelle Etape supplémentaire dans la stratégie thérapeutique du neutropénique fébrile On agit ! Anxiolyse ??

Inconvénients des antifongiques en probabiliste On traite 90% des patients pour rien Toxicité Ampho B: néphrotoxicité et réactions à la perfusion Vorico: interférences médicamenteuses et troubles visuels Caspo: hépatotoxicité Coût

Alternatives au traitement probabiliste Ne rien faire Neutropénies de courte durée Prophylaxie Allogreffe Traitement précoce De linfection Pas de la fièvre !

Stratégies de traitement précoce Antifongique débuté si: >= 2 antigénémies aspergillaire DO >= 0.5 Ou Scanner évocateur ET culture ou histo positive Pas dantifongique Signes cliniques Nouveaux infiltrats pulmonaires Fièvre Maertens et al CID 2005

Stratégies de traitement précoce Maertens et al CID 2005

Stratégies de traitement précoce Stratégie 88 patients pour 136 cures 117 épisodes fébriles 30 avec fièvre persistante 28 avec rechute fébrile sous ATB dont 11 sans étiologie 41 répondent aux critères dantifongique empirique 9 ont >= 2 antigénémies et sont traités Economie de 32 traitements (soit 35% à 8% des patients) 10 épisodes non fébrile ou fébriles avec un autre diagnostic ont >= 2 antigénémies et sont traités Au total: 19 épisodes sont traités Résultats: Survie globale: 81,9% Patients traités: Survie à S12: 63,1% Patients non traités 1 mycose invasive (zygomycose) détectée à lautopsie 2 candidémies diagnostiquées sur hémocultures puis traitées Maertens et al CID 2005

Coût des antifongiques CHU Dijon AmB-D/Itra AmB-L/Caspo/Vorico p Aspergillose6468 Euros/an <0,01 Mortalité38%16%0,05

Faut-il mettre systématiquement des antifongiques dans la fièvre dorigine inconnue ? Non Pas pour les neutropénies de courte durée Non Pas avant au moins 5 jours dantibiothérapie Non, si on se donne les moyens de faire un diagnostic précoce Tests sanguins: hémocs si T°, Ag aspergillaire 2-3/sem Scanner thoracique si T° ou 2 Ag + Un LBA si anomalie au scanner Non Si le surcoût napporte pas de bénéfice quantifiable