Leçon 2: La vie quotidienne à Clermont sous les Guilhem

Mémoires des denrées et autres choses qui doivent dans la juridiction de Clermont le droit d’issue*, de passage, de péage ou de leude². Chaque charretée de denrées vendues, achetées ou passées dans la juridiction de Clermont doivent douze deniers et les doublent en temps de foire Chaque pièce de toile ou drap de lin entière doit une maille hors temps de foire et un denier en temps de foire si l’acheteur ou le vendeur sont étrangers car les habitants de Clermont ne doivent rien. Chaque pourceau que les étrangers vendront ou achèteront vif doit une maille durant l’année et un denier en temps de foire. Chaque charge de vin portée sur un mulet doit un denier pour le droit de leude. Chaque charge de fromage doit deux deniers hors temps de foire et le double en temps de foire Chaque charge de pelles de bois doit une pelle, hors le temps de foire et deux en temps de foire. Chaque juif entrant ou passant à cheval dans Clermont doit treize deniers hors temps de foire et vingt-six en temps de foire. Chaque charge de cuir vendue par des étrangers doit six deniers en temps de foire. Si le vendeur est de Clermont, il doit trois deniers seulement. Chaque forgeron étranger étalant sa marchandise en vente les jours de marché doit un denier pour chaque table et quatre deniers les jours de foire. Chaque charge de pots de terre doit un denier hors le temps de foire et deux en temps de foire. D’après le Leudaire de Clermont (début du XIV°s) droit d’issue: droit payé à la sortie ² droit de leude: droit de faire du commerce

Quelles sont les trois périodes différentes qui sont mentionnées? Quelles sont les trois catégories de personnes qui sont mentionnées? Quelles sont les différences entre elles? De quelles façons les droits sont-ils payés? Le document parle du temps ordinaire, des jours de foires et des jours de marché (art. 86) Il y a les habitants de Clermont qui ne paient pas de droits (art. 4) ou la moitié (art. 73), les étrangers «ordinaires» qui paient les droits et les juifs qui paient plus que les autres (art. 51) Les droits sont payés en argent : deniers et mailles ou en nature (art. 44)

4 . Pour chaque image, dites à quel article elle fait référence.

ART. 4 sur les pièces de toile ou les draps de lin Albucasis, Tacuinum sanitatis, Allemagne (Rhénanie), XVe siècle Paris, BnF, département des Manuscrits, Latin 9333, fol. 104

ART. 87 sur les pots de terre Chants royaux sur la conception, France (Paris), 1500 Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 1537, fol. 100

ART. 34 sur les fromages Albucasis, Tacuinum sanitatis, Allemagne (Rhénanie), XVe siècle Paris, BnF, département des Manuscrits, Latin 9333, fol. 58

ART. 24 sur le vin Calendrier-martyrologue de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, XIIIe siècle Paris, BnF, département des Manuscrits, Latin 12834, fol. 69v.

ART. 86 sur les forgerons Source: Abbeville, 1450-1500 Heures à l'usage d'Amiens.(Abbeville, B.M, ms. 0016, f. 017, 16)  Picardie.

Les Très Riches Heures du Duc de Berry ART. 16 sur les pourceaux Les Très Riches Heures du Duc de Berry

ART. 51 sur les juifs Dessin représentant des Juifs allemands, portant le chapeau juif Manuscrit de 662, Universitary Library, Cambridge

ART. 44 sur les pelles de bois Bibliothèque de la fondation Pierpont Morgan  aux USA , Manuscrit M.103, Psautier, fait à Reading en Angleterre , aux environs de 1250

ART. 73 sur les cuirs

Trace écrite: Connue depuis au moins 1262, la foire de Clermont représente un pôle d’attraction important pour le commerce régional du Languedoc (draps, cuirs et vin principalement). Elle s’étale sur quatre jours autour de la Saint-Brice (13 novembre). Quant au marché, il se tient déjà tous les mercredis (bétail, artisanat, forgerons...). Lors de ces occasions, la ville percevait un droit de leude*.

Définition: droit de leude: taxe payée par les étrangers qui viennent vendre leurs marchandises sur un marché ou une foire

Philippe par la grâce de Dieu roy de France, confirme que sera concédé aux habitants de la ville de Clermont l’octroy du Consulat. Premièrement le seigneur de Clermont accorde que trois consuls annuels élus gouverneront la Communauté de Clermont sauf réserve de ce qui est convenu. Ces consuls ne pourront se mêler des informations et enquêtes appartenant à la juridiction dudit seigneur. Les consuls de Clermont auront un sceau propre. Les consuls pourront imposer aux habitants de Clermont, une taille et autres taxes en argent, portion de fruits, revenus des habitants. Les consuls pourront toutes les années nommer certains hommes pour avoir soin des rues, voies et chemins. Le droit de banderage appartiendra à la Communauté et aux consuls. Les gens et serviteurs du seigneur ne seront obligés à aucun ban. Le seigneur de Clermont et ses héritiers pourront construire des boutiques dans la ville. Les fours qui appartenaient à Bérenger seigneur de Clermont seront à la Communauté dès le jour de la fête de Pâques contre l’usage annuel de cent soixante livres tournois payables chaque année au seigneur. Les consuls pourront en faire bâtir d’autres sans que cet impôt soit augmenté. La Communauté devra en outre, faire cuire le pain et autres choses pour la maison du seigneur sans demander de droit de fournage pour récompense de cet effort. Le seigneur pourra se faire construire un four dans la ville pour son usage personnel qu’il sera interdit aux habitants d’utiliser. Les consuls ont le droit d’augmenter ou de diminuer le droit de fournage. Les forêts appartenant au seigneur de Clermont seront dorénavant à la Communauté de Clermont. Elles leur appartiendront de plein droit excepté la juridiction, l’exercice de la chasse qui appartiendront toujours au seigneur. Tous les habitants de la ville de Clermont voulant peser leurs marchandises avec le poids du seigneur de Clermont seront obligés de payer au seigneur. Parce que le revenu des habitants de Clermont consiste surtout en vins et vendanges, il est convenu que le seigneur, comme les habitants pourront apporter du vin de leurs autres vignes et possessions. Aucun étranger ne pourra faire entrer dans Clermont du vin sans l’accord de la Communauté. La communauté et les consuls donneront au seigneur Bérenger de Guilhem, seigneur de Clermont quatre mille livres tournois payables en une seule fois. D’après la transaction passée entre le très haut et très puissant seigneur Bérenger de Guilhem, seigneur de Clermont en Languedoc et les habitants de la ville, confirmée et autorisée par le roy, 1347

A l’aide du texte, complétez le tableau en indiquant pour chaque domaine à qui appartenaient les droits avant la transaction et à partir du XIV°s

Avant la transaction de 1347 À partir du XIV°s Justice appartenait au seigneur Sceau appartenait au seigneur mais les consuls en auront un aussi Impôts «sur le revenu» ? appartenaient aux consuls Droit de ban appartenait aux consuls fours appartenaient au seigneur appartenaient aux consuls qui doivent un impôt au seigneur Forêts Chasse seul le seigneur a le droit de chasser Poids et mesures vignes la ville a le droit de taxer les vins étrangers

Trace écrite: Forte de plus de cinq mille habitants, Clermont au XIV°s retrouve les droits de commune (le droit d’élire trois consuls chaque année pour gouverner la ville) qu’elle avait par trois fois perdus pour s’être révoltée contre le seigneur. La transaction énumère les privilèges de la communauté (sceau, droit de ban* et de taille*, fours, bois...) mais définit également ses devoirs à l’égard du seigneur. Celui-ci conserve tout pouvoir de justice, le privilège d’installer des boutiques à Clermont, de percevoir une rente annuelle sur les fours, de chasser, de taxer les poids et les mesures (sauf pour le vin).

Définitions Droit de ban: droit d’exercer la surveillance et la police, de lever une armée (par extension, c’est l’impôt qui est payé par les habitants au seigneur pour assurer leur sécurité) taille: impôt qui dépend des revenus

Ce diaporama vous a été présenté par B. CACERES