POINTS DE VUE COGNITIFS SUR LA MOTRICITE F.ODIER CH Ste ANNE, PARIS
La motricité, modalité d’interaction Dans une conception philosophique-anthropologique le corps peut être vu comme un esprit en action où un sujet, dont l’activité essentielle est de percevoir et d’agir, « construit son nid » ( Uexkhüll, 1921 )
L’Umwelt, 1909 Von Uexkhüll a élaboré le concept interactif d’Umwelt- le monde autour- pour désigner l’environnement vécu par le sujet. Le sujet, en action, entre en interaction avec le monde et construit un univers subjectif. Sa perception du monde - le monde vécu- est configurée par l’expérience.
Au-delà de Perception-Action En complément de la vision classique des mécanismes de perception-action, qui font référence à des programmes moteurs préétablis, où le cerveau ne joue que le rôle de contrôleur Une vision plus dynamique où le cerveau fonctionne sur un mode projectif, capable de simuler le mouvement ( Berthoz, 1997 ).
APPORTS DE LA NEUROPSYCHOLOGIE Un certain nombre d’avancées de la neuropsychologie permettent également de renouveler la représentation de la motricité Comme pour le système de la mémoire: utiliser une conception de la motricité sous la forme d’un système constitué de sous-systèmes
Des propriétés communes Des sous-systèmes organisés selon des règles de fonctionnement , certaines communes, d’autres propres à chacun, pour leur développement et leur mise en jeu Reposant sur des structures anatomiques certaines communes, d’autres spécifiques et possédant des interconnexions
Intérêt d’une organisation en sous-systèmes Permettre une variété de modes de fonctionnement, des plus automatiques aux plus élaborés Permettre un apprentissage articulé aux acquis antérieurs Permettre une congruence entre le comportement moteur et l’activité cognitive
Des niveaux d’organisation Comme au sein du langage, avec des patterns élémentaires dont la combinaison permet de produire une variété de gestes L’apprentissage: facile, car souvent réussi ? Innombrables répétitions, variété inter-individuelle, composantes implicites, apprentissage incident. Les apports du trouble de l’acquisition de la coordination
Conditions de l’activité motrice tache ouverte, tache fermée double tache allocation de ressources attentionnelles endurance équilibre activation/inhibition opposition explicite/implicite mécanismes de facilitation
Les neurosciences de l’action L’intention préalable L’intention motrice L’action transitive: exécution, observation La perception et la compréhension des comportements moteurs d’autrui L’action avant la décision et la conscience (Jeannerod, 2005)
En pathologie, des dissociations L’organisation en sous-systèmes permet comme en neuropsychologie, de concevoir des dissociations entre sous-systèmes préservés et atteints par la pathologie Elle permet également d’élaborer des stratégies utilisant les sous-systèmes de la motricité préservés
La motricité centrée sur le corps La « cohérence du corps » est assurée par un traitement des informations sensitives et kinesthésiques, inconscient et peu explicite une motricité en boucles, automatisée, intégrée aux comportements non moteurs, à la communication, avec des attentes-affordances- établies le vécu d’étrangeté en cas de changement la difficulté de la restitution
La motricité dans l’espace proche La motricité dans l’espace extra-corporel - à distance de la main - orientée vers une cible-objet - bouclée par des afférences attendues - avec ou sans contrôle visuel La répétition crée des patterns d’utilisation automatisés, centrés-objets
La motricité dans l’espace extra-corporel L’espace extra-corporel est appréhendé essentiellement par la vision et structuré par la représentation spatiale Sa construction est d’abord égocentrée, tardive; une élaboration secondaire permet d’atteindre un caractère allocentré mais L’ajustement de la motricité dans les différents référentiels est complexe.
Un monde vécu en « top-down » des modules pour assurer la reconnaissance ultra-rapide des formes naturelles des modèles internes pour prédire et régulariser la symétrie, la stabilité, et respecter les lois de simplification pour accélérer l’action. l’anticipation, la résonance, l’imagerie mentale
L’abandon de l’objectivité « We can only perceive what we need » W. Singer (2008) propose de concevoir la connaissance comme une architecture neuronale fonctionnelle de systèmes sensoriels résultant des trois grands processus: -l’évolution: rôle des gènes, limites de variation -le développement: rôle de l’environnement -l’apprentissage: modifications durables
Une conception « no top » (Varela) La représentation de la connaissance consiste en des assemblées de neurones interconnectés activées selon une cohérence spatio-temporelle et configurées de manière dynamique. La synchronisation entre architecture neuronale et pattern d’activation sensorielle entraîne une diffusion large de l’activité capable d’entrer en résonance et d’atteindre un niveau de conscience.
Changer de point de vue? Une remarquable habileté à quitter un point de vue égocentré une capacité à utiliser plusieurs cadres de référence, et à en changer à pratiquer la rotation mentale des limites, des illusions?