Le stress au travail Philippe Davezies

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Temps de réaction et facteurs énergétiques
Advertisements

Partie IV Stress, risques psychosociaux, pressions au travail
Les conditions du travail aérobie
Le Conseil en situation de crise Denis da Conceiçao – Courpotin
Direction générale de la santé Mo VII-5-1 Des résultats évalués : vers un tableau de bord de la santé en France Lévaluation.
L’apprentissage de l’autonomie
Formation, action citoyenne, février 2008 Approche clinique du rapport au travail Philippe Davezies.
Le stress.
Stress, et “pouvoir d’agir”
Formation, action citoyenne, février 2008 Psychopathologie du travail Philippe Davezies.
Stress, risques psychosociaux, pressions au travail
Le stress.
Le burnout ou épuisement professionnel..
Formation et Action Citoyennes,
OBSERVANCE THERAPEUTIQUE
Le stress Domaine : SANTÉ © Isabelle ROULLEAU.
Le stress chez les sapeurs-pompiers
L’empathie dans la prise en charge en EHPAD
Les troubles anxieux.
Troubles nouveaux et préoccupations nouvelles assuétudes : alcoolisme, tabagisme, toxicomanies, … souffrances psychiques de personnes marginalisées troubles.
Docteur Boudarène Mahmoud
Lorsquon demande aux arbitres de lister les qualités requises pour être un bon arbitre, à travers plusieurs sports, les réponses sont la plupart du temps.
Techniques pour la gestion du stress et l’apprentissage
Caractéristiques Motivations
La logique d ’un programme par compétences
Espace Investigation Prévention Accompagnement du Stress
Les modèles théoriques du stress au travail
Présenté par Isabelle Vézina inf. M.Sc.
RISQUES PSYCHOSOCIAUX, ÉMOTIONS ET CHARGE DE TRAVAIL
Stress du dirigeant d'entreprise
La pensée du jour « Il faut rendre mesurable ce qui est réellement important plutôt que de rendre important ce qui est facilement mesurable. » Source inconnue.
Définir des caractéristiques chercher de linformation? sur un support électronique? Élaborer un cadre théorique pour comprendre les enjeux et proposer.
Stress et stress pathologique. 2- Processus
Quand le travail rime avec souffrance
Souffrances mentales émergentes au travail 2- Points communs
Logiciels et technologies de l'information de gestion
Espace Investigation Prévention Accompagnement du Stress
Dr Pierrette TRILHE EXPOPROTECTION PARIS Porte de Versailles 4 – 7 décembre 2012 Dépister la souffrance au travail en entreprise.
Dr Pierrette TRILHE EXPOPROTECTION PARIS Porte de Versailles 4 – 7 décembre 2012 Dépister la souffrance au travail en entreprise.
Prevenir le stress au travail
TROUBLES PSYCHIATRIQUES DES PERSONNELS DES ETABLISSEMENTS DE SANTE
Problématiques particulières 8 novembre Anxiété Trait d’anxiété : prédisposition à percevoir les événements comme menaçants État d’anxiété : émotion.
Souffrance des soignants Comment la prendre en compte? Préventica 2004 Préventica 2004 Dr ML LEPORI Dr ML LEPORI MTPH CHU NANCY MTPH CHU NANCY membre de.
la théorie de l'attachement
L’éducation à la santé « C'est toute combinaison d'expériences d'apprentissages planifiés destinés à faciliter l'adaptation volontaire de comportements.
Le stress MVA 11.
Questions Quels sont les aspects du management traditionnel que l’école des relations humaines voulait améliorer? Quelles sont les principales raisons.
La motivation au travail
Cliquez pour poursuivre la lecture du diaporama
Département Homme au Travail
de l’attitude au travail, face à la nouveauté, à la difficulté, …
Questionnaire en ligne 139 personnes L’état de santé des individus se caractérise par des interactions complexes entre des facteurs à la fois socio-environnementaux,
Le stress au travail - Dr COUDURIER jean-luc
PRESENT: Navarro Franco Luis Manuel
Noto ANIMS- SFMC Les acteurs du secours face à la mort.
Transition et adaptation d’étudiantes-infirmières
Impact psychologique d’une exposition prolongée au stress
Le stress au travail La faute au management ? Petit Quentin
Medically unexplained symptoms as a threat to patients’ identity ? A conversation analysis of patients’ reactions to psychosomatic attributions Patient.
L’échec, l’erreur et la motivation
DE LA PSYCHOLOGIE DE LA SANTE et APPLICATION AU MILIEU SCOLAIRE
Démarche d’enseignement de l’APL : analyser

Raisonnement clinique Infirmier
CROYANCES ET NIVEAUX LOGIQUES
Patrick CHARRIER Docteur en psychologie Directeur Psya Ouest
Ivèmes journées de Santé de Base Mahdia/Monastir Atelier : Gestion des émotions.
Santé psychologique et travail: optimiser la gestion des problèmes de santé psychologique par rapport à l’environnement de travail Octobre
CONCEPTS FONDAMENTAUX Concepts liés au développement humain
LA RELATION AMBULANCIER - PATIENT
Transcription de la présentation:

Le stress au travail Philippe Davezies Formation, action citoyenne, janvier 2008

Le « stress » : une formulation commode Moins chargée que « souffrance ». Permet au personnel de poser un problème sans s’avancer sur son contenu. Peu déstabilisant pour la direction puisque l’on dit tout et rien. Évoque des contenus scientifiques dont aucun des acteurs n’a la maîtrise. Oriente donc du côté de l’élucidation savante. Au final, elle permet de souligner l’existence d’un problème sans avoir à soutenir le débat social qu’il impliquerait.

I - Le stress des biologistes : les réactions de l’organisme

Le syndrome général d’adaptation Une réaction d'alarme : réactions intenses Une phase de résistance : adaptation physiologique, contrôle des émotions. La phase d'épuisement : indifférence, dépression, maladies psychosomatiques.

Principales modifications physiologiques La première réaction implique le système nerveux végétatif : (adrénaline, noradrénaline). C’est une réaction immédiate, brutale, de courte durée. Elle met l’organisme en état de combattre ou fuir. Elle mobilise les réserves énergétiques (glycogène et acides gras).

Ajustements pour permettre la fuite ou le combat. - augmentation de la force et de la fréquence des contractions cardiaques ; - approfondissement de la respiration et de la dilatation des bronches; - contraction de la rate, libérant d'avantage de globules rouges ; - libération de glucose à partir du glycogène hépatique; - redistribution du sang vers les muscles et le cerveau; - dilatation des pupilles; - augmentation de la coagulabilité du sang et accroissement du nombre des lymphocytes.

Au-delà de l’urgence La réaction d’urgence épuise rapidement les réserves énergétiques. Les glucocorticoïdes (cortisol) interviennent pour maintenir une alimentation du cerveau et des muscles en puisant dans les éléments de structure (protéines). Cette réaction est tardive, lente et continue. Elle devient prépondérante dans la phase de résistance. C’est elle qui est à l’origine des effets négatifs sur la santé.

Effets à long terme Perturbations favorisant l’athérosclérose. Pathologies coronariennes. Troubles gastro-intestinaux (ulcères, constipation, diarrhée). Perturbations immunologiques, endocriniennes, neurologiques.

La théorie biologique du stress : quelles ressources pour l’action ? Limitées car l’accent est mis sur la réponse. Le stress est défini comme une réaction non spécifique. Les données biologiques permettent de comprendre les atteintes à la santé, pas de remonter sur la prévention.

II - Le stress des psychologues : les réponses comportementales

A - La théorie transactionnelle du stress (Lazarus) Déplacement du point de vue objectif au point de vue subjectif. Le stress est lié au jugement porté par l'individu sur l'ajustement entre les exigences auxquelles il est confronté et les ressources qu'il peut mobiliser (Lazarus).

Un nouvel aspect de la question L'accent est mis non pas sur les conditions de travail ni sur les effets dans le corps mais sur les représentations, l'évaluation, les stratégies d'adaptation : le coping. To cope with : faire face, venir à bout de..

Le coping orienté tâche apparaît plus protecteur. Coping orienté tâche (recherche d’information, tentatives de résolution ou de transformation de la situation). Coping orienté évitement (retrait, déni de réalité) Coping orienté émotion (sentiment d’être trop sensible, irritabilité, tension, rumination) Le coping orienté tâche apparaît plus protecteur.

B - La résignation acquise (Seligman) 1 - Des chiens sont soumis à des chocs électriques auxquels ils ne peuvent échapper. 2 – Ils sont déplacés vers une cage identique mais dans laquelle une réponse simple leur permet d’échapper aux chocs. 3 – Ils adoptent une attitude prostrée et passive alors que les chiens du groupe témoin apprennent rapidement à contrôler les chocs. (Overmier et Seligman, 1967)

Explication de la résignation acquise (Maier, Seligman, Solomon, 1968) Les chiens ont appris que les chocs électriques étaient indépendants de leurs comportement. Cet apprentissage - perturbe la construction ultérieure d’associations entre comportement et cessation des chocs, - réduit la motivation à se soustraire aux chocs. Le modèle est ultérieurement validé sur l’homme. La résignation acquise oriente vers la dépression.

La nature de la réponse détermine l’évolution. De la résignation acquise à la théorie de l’attribution causale (Abramson, Seligman, Teasdale, 1978) Face à un évènement incontrôlable, le sujet se pose une question : Pourquoi ? La nature de la réponse détermine l’évolution. Danger si la cause est perçue comme : - stable et globale : troubles de l’adaptation. - interne : perte de l’estime de soi.

Coping, attribution causale : Quelles orientations pour l’action ? L’accent mis est mis sur le mode d’évaluation ou sur le style d’attribution, le coping. Les possibilités objectives de contrôle tendent à être négligées. 1 - Trier les sujets en fonction de leur mode de coping ? Echec : les modes de réponse sont peu prédictibles; ils dépendent très fortement des circonstances. 2 - Si le stress dépend du jugement, on peut juger autrement : «Tout est dans la tête » : groupes de parole, gestion du stress, restructuration cognitive, etc..

C - Prolongements : 1 - Les stratégies de désengagement 2 - Les effets de l’activité

1 - Les stratégies de désengagement (répression, déni, désengagement) Etudes sur les parents d’enfants hospitalisés pour cancer, sur les militaires des forces spéciales US au Viet Nam, sur les vétérans souffrant d’état de stress post traumatique. Les stratégies de désengagement émotionnel se traduisent par une baisse du cortisol. En situation de stress, un cortisol bas favorise les pathologies somatiques (phénomènes inflammatoires, TMS, athérosclérose) et l’apparition d’un état de stress post traumatique en cas d’évènement traumatisant.

LA GESTION DU STRESS Les groupes de parole. «  Les sujets sont invités à abandonner leur logique professionnelle (avec ses critères d'évaluation, sa hiérarchie, les exigences de soin…) pour entrer dans un espace où ils pourront dire ce qui est non-dit habituellement, les émotions rattachées à l'histoire personnelle... La parole permet de métaboliser la souffrance, de clarifier les sentiments et de comprendre les réactions de chacun. Le groupe de parole prévient l'usure, la fatigue, les blocage grâce à son action thérapeutique » (Mariage et Schmitt-Fourrier, 2006).

2 - Les effets du maintien d’une position active La possibilité d’agir même partiellement sur le facteur de stress protège (Expériences de Weiss, 1970).

La théorie de l’activité de recherche (Rotenberg, 1974-1978) Electrodes implantées dans l’hypothalamus : - autostimulation, - stimulation passive, - réaction de défense du type fight-flight, - inhibition. Agressions : - injection intra abdominale de protéine d’œuf, - Injection parentérale de doses sublétales de nicotine, - Dépôt de poudre de cobalt sur le cortex sensorimoteur, - Injection intramusculaire de neuroleptiques.

Conclusion : Seule l’activité de recherche augmente la résistance au stress alors que la renonciation à la recherche prédispose aux pathologies psychosomatiques (Rotenberg, 2000).

Le maintien d’une position active (capacité à penser la situation, à en discuter avec autrui, à agir dessus) améliore : les défenses immunitaires, le fonctionnement cérébral.

Réponses comportementales : orientations pour l’action ? "Ce ne sont pas les caractéristiques physiques de la situation agressive qui sont importantes, mais la possibilité qu’a le sujet de la modifier par son comportement"  (Dantzer). La nouveauté, la possibilité d’agir dans un univers qui comporte de l’inattendu, l’activité d’exploration et de recherche ont un effet positif sur la santé.

III – Le stress des épidémiologistes : les facteurs de stress

Le modèle à trois composantes de Karasek. Exigences psychologiques (quantité et complexité du travail, contrainte de temps). Autonomie (autorité décisionnelle, autonomie professionnelle) Soutien social (soutien socio-émotionnel, soutien instrumental);

L’autonomie dans le modèle de KARASEK - apprendre des choses nouvelles - ne pas effectuer des tâches répétitives - être créatif - mobiliser un haut niveau de compétence - décider comment je fais mon travail - assurer des activités variées - pouvoir influencer le déroulement mon travail - développer mes compétences professionnelles

Effets du stress professionnel Perte du pouvoir d’agir : Maladies cardiovasculaires Pathologie mentale  Pathologies périarticulaires  Impact sur la vie hors travail (loisirs).

Le modèle du "déséquilibre effort / récompense" de Siegrist Effort élevé (extrinsèque, intrinsèque) Faible récompense (argent, estime, statut)  Cardiopathies  Impact sur la vie hors travail (divorces).

Rétribution dans le modèle de Siegrist Estime - manque de respect - manque soutien - traitement injuste Salaire - sans lien avec les efforts Statut - absence de perspective de promotion - changement non souhaité - insécurité professionnelle - faible statut

Facteurs de stress : orientation pour l’action ? Le questionnaire (Karesek, Siegrist, etc…) Un parcours semé d'embûches : - grand nombre de questions, - absence d’hypothèses formalisées, - traitement lourd, - résultats très généraux qui n’apportent pas grand chose par rapport aux données de la littérature. Un outil conçu pour produire des publications pas pour transformer les situations. Un processus d’abstraction et de déréalisation.

Du questionnaire à l’action ? Des résultats extrêmement généraux : autonomie, soutien social, reconnaissance… "Yaka". Pour continuer : une nécessaire recontextualisation Donc, retour au point de départ : "Au fait quel était le problème ?"

IV - Conclusion

Non pas les caractéristiques objectives de la situation mais la possibilité d’agir sur elle. Le fait de disposer d’espaces d’exploration et de recherche.

Une transformation même minime de la situation vaut infiniment mieux que pas de de transformation du tout… … dans la mesure où elle concerne le pouvoir d’agir des salariés.

poser la question de l’action, c’est poser la question de Dans le champ du stress, poser la question de l’action, c’est poser la question de de l’action des individus eux-mêmes.