Relation et Communication avec la personne âgée

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Transcription de la présentation:

Relation et Communication avec la personne âgée Romain MOUNY Psychologue Clinicien – Psychothérapeute Hypnothérapeute

Définition Personne âgée : Personne ayant un âge avancé, qui présente les attributs physiologiques de la vieillesse. L’organisation mondiale de la santé définit une personne âgée à partir de 60 ans. Mais les problématiques de la gériatrie (polypathologie, perte d’autonomie, fragilité, etc.) concernent plus souvent des individus âgés de plus de 80 ans.

Première approche... Le sujet âgé est un adulte responsable, qu’il faut traiter comme tel... malgré sa fragilité et ses possibles pathologies organiques chroniques. La société a tendance à véhiculer des clichés sur le sujet âgé, dont ils sont souvent les premiers colporteurs : “c’est normal à mon âge” “je ne suis plus capable à mon âge” “ce sont mes enfants qui décident à present”… Le risque étant d’infantiliser le patient en le surprotégeant, ce qui peut l’isoler. Mais il faut rester vigilant face aux conséquences du vieillissement et au retentissement psychologique.

Conséquences du vieillissement Le processus de vieillissement physiologique cause une altération des capacités sensorielles : surdité (communication verbale, isolement social…) perte d’acuité visuelle (mobilité, communication écrite…) toucher (sensibilité thermique, à la douleur…) goût et odorat (plaisirs alimentaires, intoxication…) Mais le vieillissement est aussi souvent associé à la survenue de pathologies chroniques, puis d’états polypathologiques : Arthrose, Insuffisance cardiaque et/ou respiratoire, Douleurs chroniques… Ces pathologies impactent indubitablement l’état physique mais aussi l’état psychologique de la personne.

Retentissement psychologique du vieillissement cérébral Outre les dimensions biophysiologique (5 sens), sociologique (entourage, environnement) et culturelle (éducation, statut social), la dimension psychologique (facultés intellectuelles, perceptions, émotions) impacte aussi fortement le sujet âgé. Aucune théorie sur l’aspect chimique et physiologique du vieillissement n’est réellement applicable pour la psychologie. Seul le vieillissement cognitif est mesurable par des tests objectifs (diminution de l’attention, troubles mnésiques, troubles de planification...). Pour le vieillissement psychologique, les observations sont plus difficiles à appréhender car très subjectives.

Vieillissement psychologique Comme toute personne, le sujet âgé possède une histoire de vie. Celle-ci est jalonnée par une série de deuils qui retentissent sur l’état psychologique : Départ des enfants, Mort des parents, amis conjoint, Deuil du travail (retraite), du statut social, Deuil du statut familial (inversion du rapport parent/enfant), Deuil des activités devenues irréalisables, Deuil du temps passé (« c’était mieux avant ! »), Deuil de sa propre existence quand la mort se rapproche. A ce vécu viennent parfois s’associer les troubles psychiques de la personne âgée, conséquences plus ou moins directes de leur histoire, de leurs traumatismes ou encore de leurs croyances.

La dépression : Très fréquente, elle est la résonnance des deuils, de l’isolement, mais aussi des pathologies chroniques. Le syndrome de glissement : différent du vieillissement « habituel » de l’individu (homéosténose), il est caractérisé par une détérioration globale des fonctions intellectuelles, un désintérêt généralisé, un refus ou une opposition (soins, alimentation, mobilisation…). Souvent confondu avec un épisode dépressif du sujet réalisant brutalement sa fragilité, c’est une décompensation rapide de l’état général. Le risque suicidaire : acte très difficile à prévoir chez les sujets âgés, qui réussissent souvent leur tentative de suicide (méthodes violentes, développement de facultés inattendues). Les démences : associées à des bouleversements majeurs cognitifs et psychologiques, avec modifications de la personnalité (agressivité, indifférence, irritabilité, …). Le paradoxe fait que ces patients atteints de démence présentent généralement moins d’inquiétude, car ils sont anosognosiques.

La relation dans les soins Etymologie du soin = fait de songer, de porter attention à autrui. La relation à l’autre est le 1er soin inoculé. C’est l’élément conservé majoritairement par le patient, au-delà de la qualité technique et organisationnelle du soin. Elle contribue à la satisfaction des besoins fondamentaux du patient. (pyramide de Maslow). La qualité relationnelle est donc essentielle à la qualité du soin.

La relation d’aide Les étapes du processus d’aide Faire connaissance avec le patient et développer une confiance mutuelle. Se mettre à l’écoute du patient, l’observer et comprendre sa difficulté. Créer un partenariat soignant-soigné (alliance thérapeutique). Reconnaître sa difficulté et son besoin d’aide. Manifester une compréhension empathique pour ses difficultés. Organiser l’intervention d’aide et soutenir le patient face à sa difficulté, sa décision et, dans certains cas, son action. Jeter un regard rétrospectif sur l’intervention menée, afin de l’améliorer au besoin.

La communication au service de la relation Nous sommes tous des êtres de relation et on ne peut pas ne pas communiquer Le vieillissement et ses pathologies associées (douleurs, modification de la personnalité, menace de mort…) rendent le dialogue nécessaire pour accompagner le patient et ses proches dans ces changements. Les attentions psychologiques, en plus de l’aide physique, doivent être mises en place pour optimiser les bénéfices de l’accompagnement : Écoute et compréhension des inquiétudes inhérentes à la maladie et au processus de vieillissement (formation des professionnels). Soutien du patient et de sa famille = disponibilité durant la prestation, avec temps dédié à l’écoute et à l’échange. Respect des habitudes et désirs de la personne âgée et de sa famille.

Qu’est ce que la communication ? Processus dynamique verbal et non verbal, la communication nous rend accessible (ou pas) à l’autre. Là où le verbal est un mécanisme conscient, le non verbal et le para-verbal sont souvent inconscient. Pourtant leur impact est bien loin des croyances : 7 % pour le verbal (mots, phrases) 13 % pour le para-verbal (débit/intonation de voix, respiration) 80 % pour le non verbal (mimiques, gestes, postures…) Dans les soins, elle se présente comme une route à 2 voies : Compréhension : langage simple, clair, concis et précis. Expression claire du patient = comprendre ses difficultés et l’aider de manière adéquate La relation est un lien entre les personnes; la communication est un processus d’échange et de partage.

Pourquoi communiquer ? Atténuer la solitude Conserver les capacités restantes Faciliter l’intervention Laisser exprimer les dires et les émotions Maintenir l’identité Partager Valoriser

Communication verbale Comment communiquer ? Communication verbale Les questions ouvertes (but = informations précises). Les questions fermées (réponse attendue = oui / non). La reformulation (précise un élément pour plus d’information). La reformulation en relief (confirmation des dires du patient). Le focusing et la clarification : reformuler médicalement l’expérience sensorielle et imagée du patient. La confrontation : rapprocher 2 phrases antinomiques du patient pour lui faire remarquer.

Communication non verbale Expressions faciales, postures, bruits, gestes, contacts physiques… Appuie, précise ou contredit notre verbalisation. En lien avec le langage para-verbale (débit/intonation de voix, respiration...). Comprendre le comportement non verbal du patient accroît la compréhension de sa communication verbale, et inversement. La distance entretenue ou adaptée avec le patient s’inscrit aussi dans cette communication, avec sa propre signification : Le message « fonctionnel » demande le moins de proximité (1,20 à 3,60 m). Un message à caractère intime nécessite une distance réduite (15 à 45 cm). Un message confidentiel s’inscrit dans un espace plus éloignée que pour l’intime tout en conservant le toucher avec le patient (45 cm à 1,20 m).

Adapter sa communication Manifester son arrivée (frapper à la porte, saluer, se nommer…) Etablir le contact visuel (se placer à la hauteur du patient) Utiliser une gestuelle douce et lente (rituels sociaux, toucher chaleureux…) Installer le patient confortablement Eviter les environnements bruyants (bavardages, téléphone, TV…) Parler lentement, calmement et articuler (un seul message à la fois) Utiliser des mots simples et des phrases courtes Répéter avec les mêmes mots, puis reformuler si besoin Utiliser le nom du patient Respecter le rythme et les capacités du patient Laisser un temps de réponse Ne pas montrer d’impatience Expliquer les actions lors des contacts physiques

Spécificités Face à l’aphasique : Face au dément : Utilisation de mots dans leur contexte (améliore la reconnaissance) Associer un objet à la main utilisatrice du patient (aide mémoriel) Face au dément : Faire attention aux éventuels troubles sensoriels Ne jamais parler devant le patient comme s’il ne nous comprenait pas Face au déficient auditif : Attirer l’attention du patient avant de lui parler bien en face Eviter les obstacles visuels (objet, chewing-gum, cigarette, nourriture…) Face au déficient visuel : Faire attention à l ’éclairage (éblouissement, pénombre…) Mettre la source lumineuse majeure derrière vote épaule lors des soins Préférer des vêtements aux couleurs claires et vives (blanc, jaune, orange, rouge…)

Relation triangulaire Les difficultés de l’entourage face à la souffrance et à la prise en charge du sujet âgé (manque de disponibilité, compétences inappropriées, culpabilité…) nécessitent une communication spécifique avec la famille permettant : l’écoute des sentiments et des préoccupations de l’aidant, la transmission d’informations et de conseils pratiques, la communication d’éléments à contenu négatif = confrontation aux questions d’importance vitale. La présence et la communication de l’aidant professionnel permettent de trianguler la relation aidé/aidant familial/professionnel. La transmission d’information et l’écoute aident à désamorcer des situations de crises et à améliorer la qualité des interactions. Entendre et restituer les divergences et les ressentis de l’aidé et de l’aidant, en se faisant le médiateur de ces sentiments, afin de proposer une solution respectant chacune des parties.

Technique de communication hypnotique BUT : Faciliter le soin. Désamorcer des situations difficiles et en prévenir l’apparition. Induire un léger état de conscience modifiée (= activer les ressources psycho- physiologiques potentielles du patient). Utiliser un langage permettant l’accès aux couches inconscientes de l’esprit (l’état de conscience modifiée permettant une réceptivité importante à la suggestion). Permettre au patient de prendre part activement à son processus de guérison, soutenu par des suggestions positives, en récupérant le contrôle (réduction du stress, responsabilisation, etc.). Donner accès à des ressources mentales et corporelles, afin de favoriser une plus grande souplesse, de disposer de plus d’énergie mobile et de protéger des sensations ou émotions pénibles.

Le soin dans la communication A/ les moyens : 3 canaux de communication: les mots, les gestes, la voix. Langage verbal Utiliser le langage du patient, ses mots et expressions Langage simple, sans ordres directs (risque de résistance). Pas de fausses promesses. Mots positifs : tranquille, confort, agréable, fluidité, souplesse... A éviter : peur, douleur, piquer, mal, raide, tension... (= suggestions négatives) Langage non verbal Utile dans les phases relationnelles. Adopter les expressions du visage, la gestuelle et/ou les positions du patient lors des soins. Langage para-verbal Débit verbal ralenti. Adopter une voix plus basse pour les messages essentiels (explications, indications…) Calquer sa respiration sur celle du patient.

B/ les objectifs : Etablir la relation thérapeutique (alliance) pour faciliter le soin. Personnaliser la relation en installant le patient dans son vécu actuel. Prévenir la douleur par le climat de sécurité (confiance). Permettre d’activer le processus d’empathie afin de mieux comprendre le vécu et la perception intérieure du patient. C/ quand ? : Dans chaque interaction avec les patients, de la 1ère à la dernière prise en charge.

La transe conversationnelle A/ les moyens : Focaliser et fixer l’attention du patient sur une expérience agréable et sécurisante en l’invitant à retrouver de manière plus précise et intense ce moment. Renforcer la focalisation via la sensorialité (dimensions visuelles, auditives, kinesthésiques, olfactives et gustatives). Focalisation du patient sur une autre partie du corps ou sur sa respiration, les battements de son cœur... Focalisation vers un futur agréable (projection positive). Utiliser les expériences positives antérieures (activité, marche) afin de stimuler la récupération. Suggestion post-hypnotique positive lors de la « réorientation ».

B/ les objectifs : Faire bénéficier au patient d’un confort pendant et après le soin. Orienter la conscience pour créer des images favorables, ou utiliser des expériences vécues pour les actualiser. Améliorer les aptitudes physiques (connexion avec les capacités initiales). Créer un effet de cercle vertueux (confortable) afin de préparer le futur du patient pendant et après le soin. C/ quand ? : Pendant les soins, afin d’imaginer les changements. Patients anxieux, émotionnellement fragiles. Présence de résistances, rejet de messages rationnels. Passivité dans le parcours thérapeutique. En association constante avec les techniques physiques.

Merci de votre attention et Faites ce qui est bon pour vous et vos patients.