Guernica, Pablo Picasso, 1937 (musée Reina Sofia, Madrid)
Surprenant, n’est-ce pas?
Une peinture à l’huile, entièrement en noir et blanc...
(ou plutôt en noir, gris et blanc)...
... et de très, très grande taille.
Musée Reina Sofia, Madrid
Pablo Picasso (1881-1973), était un peintre espagnol qui vivait en France...
Depuis 1936, en Espagne, La guerre civile faisait rage.
Le général Franco, avec l’appui d’Adolf Hitler, menait le combat contre La République.
En 1937, Picasso apprend la destruction de la petite ville basque de Guernica.
C’est à Guernica que les aviateurs d’Hitler ont inauguré leurs nouvelles méthodes de bombardement massif.
50 tonnes de bombes incendiaires, 70 % des habitations détruites, plus de 1500 morts. En trois heures.
Hitler a trouvé cela très convaincant.
Picasso, lui, a trouvé cela très effrayant.
Alors il l’a dit, avec ses armes à lui: ses pinceaux.
Que voit-on sur cette peinture?
Des personnages...
une femme court, éperdue...
une autre se penche à une fenêtre, une lampe à la main...
une troisième, dont les vêtements brûlent, se jette dans le vide...
une mère pleure son enfant mort...
un homme gît, le corps brisé, comme l’épée qu’il tient encore à la main.
On voit aussi des animaux:
un taureau...
un cheval, agonisant (une lance lui transperce le flanc)...
... et un oiseau.
Il y a même une petite fleur.
Le tout, dans un décor destructuré: portes, fenêtres, murs.
Qui peut dire en effet où se déroule la scène, à l’intérieur, ou à l’extérieur?
La table et l’ampoule électrique suggèrent un intérieur...
... mais les bâtiments de droite semblent plutôt vus de l’extérieur.
Picasso a bien compris que dans un immeuble bombardé, il n’y a plus aucune différence entre le dedans et le dehors...
Au fait, pourquoi Guernica n’est-il pas en couleur ?
Probablement parce que Picasso a appris la nouvelle par la presse, qui ne publiait alors que des photos en noir et blanc...
D’ailleurs, les signes sur le cheval rappellent les caractères typographiques des journaux de l’époque.
Mais, qu’a-t-il voulu exprimer, au juste ?
La peur ?
La douleur ?
La souffrance ?
Le désespoir ?
Tout cela, et bien d’autres choses.
Son tableau est comme un cri.
Le cri que les victimes ne peuvent plus pousser.
Avec ces corps désarticulés, ces visages défigurés par la terreur ou la mort, ces innocents martyrisés, Picasso exprime toute l’horreur de la guerre, et son rejet de la brutalité fasciste.
Son tableau n’est pourtant pas totalement désespéré...
Il reste la petite fleur...
PLB 2009