Information et observance dans les pathologies psychotiques

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Transcription de la présentation:

Information et observance dans les pathologies psychotiques Pr JB Garré Université d’Angers Département de Psychiatrie et de Psychologie Médicale CHU Angers Colloque « Observance, adhésion et alliance chez le patient schizophrène » Angers, 2 avril 2010 http://www.med.univ-angers.fr/services/AARP/

INFORMATION OBSERVANCE

INFORMATION OBSERVANCE

INFORMATION CONSENTEMENT OBSERVANCE

INFORMATION CONSENTEMENT OBSERVANCE Renouvelée Continue Non ponctuelle (JA Cramer, JAMA, 1989) INFORMATION CONSENTEMENT OBSERVANCE

INFORMATION CONSENTEMENT OBSERVANCE Renouvelée Continue Non ponctuelle (JA Cramer, JAMA, 1989) INFORMATION CONSENTEMENT Obtenu Renouvelé Maintenu OBSERVANCE

Pourquoi informer ? Relation paternaliste relation contractuelle Patient = partenaire actif (ou consommateur) Co-gestion Co-responsabilité Co-décision « Décision médicale partagée » Éducation thérapeutique Relecture de la prescription Ordonnance = négociation

Pourquoi informer ? Nouvelle alliance ? Formes transactionnelles inédites Compétences propres du patient Dialogue moins dissymétrique moins vertical moins inégalitaire Insight sous traitement Expertise clinique personnelle de la balance efficacité / risque Refus

« Les malades sont devenus savants et les maladies chroniques » Jean-Michel Chabot LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 59 20 septembre 2009 VM Montori, Guyatt GH « Progress in evidence-based medicine » JAMA 2008 ; 300 : 1814-6

Articles du CODE DE DEONTOLOGIE MEDICALE concernant l’information du patient Décret n° 95-1000 DU 6 Septembre 1995 modifié par les décrets n°97-503 du 21/05/1997 et n°2003-881 du 15/09/2003 Article 35 Le médecin doit à la personne qu'il examine, qu'il soigne ou qu'il conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu'il lui propose . Tout au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à leur compréhension.

Jargon médical Déloyauté Obscurité Inadéquation

Déloyauté Obscurité Inadéquation Hystérie Schizophrénie

ACCÈS AUX INFORMATIONS DE SANTÉ INFORMATION DU PATIENT DANS LA LOI DU 4 MARS 2002 RELATIVE AUX DROITS DES MALADES ACCÈS AUX INFORMATIONS DE SANTÉ

Trois questions Qu’est-ce que j’ai ? Pourquoi je suis comme ça ? Est-ce que je vais guérir ?

Trois questions Qu’est-ce que j’ai ? Pourquoi je suis comme ça ? Est-ce que je vais guérir ? Nomination diagnostique Etiopathogénie Pronostic, évolution et traitement

En France, bascule des années 1990 et changement de culture Ouvrages grand public Traduction des travaux de Liberman Conférence de consensus 1994 « L’information, délivrée sous une forme simple, complète et compréhensible, réalise le gage d’une meilleure observance du traitement. » Recommandations ANAES 2000 relatives à l’information des patients Validée Hiérarchisée Intelligible synthétique

Observance Degré de coïncidence entre Comportement d’un patient Prescription (médicaments, règles de vie, suivi médical, psychothérapique ou institutionnel…) J Fawcett Compliance : definitions and key issues. J Clin Psychiatry 1995 ; 56 (suppl 1) : 4-10

Observance 50 %

Observance 50 % Traitements Préventifs Prophylactiques Suspensifs Pathologies chroniques

Observance Totale / Partielle Continue / Intermittente Dissimulée / Reconnue Observance « discordante » Conséquences Altération de la relation et mise en péril de l’alliance Erreurs d’interprétation Rechutes et/ou réhospitalisations Chronicisation Coût économique (…)

Observance Mesure ? Directe (dosages, marqueurs) Indirecte Questionnaires ou enquêtes patient / proches Assiduité consultations Observation clinique (efficacité, effets secondaires) Visualisation armoire à pharmacie VAD Contrôle des renouvellements d’ordonnance Décompte des unités galéniques non consommées Piluliers enregistreurs (…) Patient lui-même ???

C Passerieux, F Caroli, E Giraud-Baro « Les personnes atteintes de schizophrénie et la rechute » L’Encéphale (2009) 35, 586-594

C Passerieux, F Caroli, E Giraud-Baro « Les personnes atteintes de schizophrénie et la rechute » L’Encéphale (2009) 35, 586-594

Facteurs promoteurs de non-compliance Facteurs liés au traitement Facteurs liés au malade et à sa pathologie Facteurs liés au médecin prescripteur

Facteurs promoteurs de non-compliance Facteurs liés au traitement Imaginaire de la camisole chimique Durée (sujets jeunes) et place des formes retard Polychimiothérapies Effets secondaires Attendus Inattendus Exhaustivité de l’information ? Qualité de vie sous traitement

Facteurs promoteurs de non-compliance Facteurs liés au malade et à sa pathologie Représentation commune de la schizophrénie Niveau de compréhension Compétence ou incompétence cognitives Urgences et vie courante Insight (introvision) et anosognosie Projection délirante Dimension transférentielle Intrusion Fusion Chaos

Facteurs promoteurs de non-compliance Facteurs liés au médecin prescripteur Compliance réciproque « Style » des consultations Remise en cause du savoir … et de ses insuffisances Que savons-nous de la schizophrénie ? Qu’en est-il de l’avenir d’un premier épisode ?

Conclusions (1) OUI ou NON

Conclusions (1) OUI

Conclusions (1) OUI Et la question de la compétence à consentir ne sera jamais posée… Mais il existe des consentements pathologiques des compliances pathologiques

Conclusions (1) NON

Conclusions (1) NON Et la question se pose rapidement de l’imputabilité à une (psycho) pathologie Mais nous allons faire de la pédagogie…auprès d’un présumé incompétent par maladie Ainsi que celle de la possibilité d’un NON non-pathologique Mise en tension Principe d’autonomie vs devoir de bienfaisance

Conclusions (1) NON Un refus valorisé par notre modernité ? Sans la réserve d’un NON, que signifie le OUI ? Prendre à revers l’omnipotence des biopouvoirs Choisir de s’absenter, Mourir dans la dignité Face à la norme hygiéniste, élever la voix fragile d’un refus I would prefer not to (H. Melville, Bartleby the Scrivener) Un leurre probable Le refus a son logement anticipé dans l’ordre du souverain bien médical Refus autorisé, attendu, prévu, préparé, déjà pris en charge avant même que d’être exprimé (ex : le principe de vérification de la compliance au suivi proposé) Le respect mécanique de tout refus tue le refus et le dévitalise Laissez faire, laissez aller Savons-nous encore dire non ? Et dire non au non ?

Conclusions (1) OUI et NON

Conclusions (1) OUI et NON Clinique du refus : expertise de la capacité à consentir Poly ou ambivalence : un nuancier des consentements Opposition franche Réticence simple Compromis Incertain, probable, instable… Refus de soin (en général) ≠ Refus de traitements (en particulier) Version optimiste du dilemme : respect, maintien d’une alliance et accompagnement Version pessimiste : Donnez-moi mes affaires…Je signe ma pancarte…De toute manière, vous n’avez pas le droit de me garder sans mon consentement ou de m’envoyer à Ste Gemmes… Calcul des risques Navigation à l’estime Rester comptable de son patient « Refus de traitement et autonomie de la personne » CCNE, avril 2005

Conclusions (2) Modèle de la recherche biomédicale encadrée Une prescription est une expérimentation « Soigner, c’est toujours, à quelque degré, décider d’entreprendre, au profit de la vie, quelque expérience. » G. Canguilhem « Thérapeutique, expérimentation, responsabilité », Etudes d’histoire et de philosophie des sciences, Vrin, 1968, 391 Paradoxe : le chercheur s’adresse à la psychè même qui fait l’objet de sa recherche

Conclusions (3) Information et compliance ne sont pas des données acquises une fois pour toutes Le but : l’adhésion, non l’adhérence Transparence totale et exhaustivité sont des mythes Trop d’informations peut tuer l’information L’information peut aveugler ou sidérer

Conclusions (4) Informer : former, ie donner une forme Assimiler une information ≠ transfert de données construction d’un savoir co-construction dans une relation travail et perlaboration Partage d’un savoir et d’une extériorité

Conclusions (4)

Conclusions (4)

« Je suis content de n’estre pas malade ; mais, si je le suis, je veux sçavoir que je le suis ; et, si on me cauterise ou incise, je le veux sentir. » Montaigne Essais (II, XII)