LA PRISE EN CHARGE DU PATIENT CANCEREUX PAULIN Charlène Diététicienne CHU Grenoble
DENUTRITION
Qu’est-ce que la DENUTRITION? Déficit en énergie, protéines, vitamines et minéraux, entrainant un modification de la composition corporelle et une altération de certaines fonctions.
Causes de la dénutrition chez le patient cancéreux Métabolisme déséquilibré + Hypercatabolisme tumorale Anorexie + Effets secondaires Augmentation des dépenses énergétiques Diminution des ingesta Déséquilibre entre apports et besoins Perte de poids
Réduction des apports liée à la maladie - Douleur - Fatigue - Anxiété : maladies, hospitalisations… - Troubles digestifs - Obstruction digestive (tumeur ORL ou digestive) Réduction des apports liée aux traitements - Chimiothérapie : troubles digestifs, complications infectieuses… - Radiothérapie : troubles digestifs, lésions muqueuses… - Chirurgie : augmentation des besoins (cicatrisation…) Perturbations métaboliques - Production de médiateurs cachectiques et hormones cataboliques - Augmentation des besoins énergétiques - Inefficacité de l’apport nutritionnel
Les conséquences de la dénutrition Altération de la qualité de vie, altération de l’image de soi Retard de cicatrisation Augmentation des complications infectieuses Augmentation de la mortalité péri opératoire en chirurgie Altération de la réponse positive au traitement Augmentation des effets secondaires Augmentation de la durée d’hospitalisation
Dépistage de la dénutrition On retient 3 critères principaux au niveau européen : - Albuminémie >35g/L - Vitesse de perte de poids : - 2% en 1 semaine - 5% en 1 mois - 10% en 6 mois - Protéine C réactive <20 mg/L
Un obèse peut être dénutri: ATTENTION! Un obèse peut être dénutri: perte de masse maigre +++ La dénutrition existe à tous les âges de la vie
Objectifs de la prise en charge - phase de traitement curatif : guérison phase de traitement palliatif : soulagement des symptômes.
La prise en charge nutritionnelle doit donc être PRECOCE et ADAPTEE au patient Objectifs : - Maintenir le patient en état de suivre ses traitements anticancéreux - Réduire les complications de ces traitements - Maintenir sa qualité de vie
La prise en charge diététique
Il existe 2 niveaux de prise en charge : - Prise en charge de la prestation alimentaire - Prise en charge nutritionnelle
La prise en charge de la prestation alimentaire = Adapter les plateaux aux goûts des patients Le soin alimentaire est un soin partagé La diététicienne n’intervient pas directement
Projet en cours… Stimuler l’appétit et améliorer la qualité de vie du patient durant l’hospitalisation : - Environnement du repas plus agréable Repas choisis au moment du service : pas de plateau nominatif Choix plus varié Augmentation de la fréquence des repas
Prise en charge nutritionnelle Sur prescription médicale : Patient à risque de dénutrition : prévention Patient déjà dénutri
Etapes de la prise en charge diététique Rechercher les habitudes de vie du patient, ses goûts alimentaires, ses attitudes face à la nourriture. Apprécier l’état nutritionnel : la perte de poids, sa rapidité, son importance. Evaluer l’état buccal. Proposer des conseils diététiques pratiques.
Effets secondaires les plus fréquents Nausées, vomissements Modifications sensorielles, troubles du goût Diarrhées, constipation Mucites Dysphagies PERTE D’APPETIT
En cas de nausées, vomissements FRACTIONNEMENT DES REPAS Fractionner l'alimentation en 4 à 5 repas dans la journée, sous forme de collations à 10h et 16h (apport protéique ++) - Repas froid, sans odeur Le fait de grignoter permet souvent d’enrayer les nausées
En cas de troubles du goût Adapter les plateaux aux goûts des patients. Corriger le mauvais goût par un rinçage de bouche avant le repas. Pour enrayer le goût métallique : jus de fruits ou pamplemousse. En cas de langue « chargée » : ananas.
En cas de diarrhées ou irritation des intestins Suivre un régime sans résidu (sur prescription médicale) Supprimer les aliments riches en fibres : fruits, légumes, produits complets, parfois le lait… Choisir des aliments plus constipants : féculents, compotes ou gelée de coing, bananes, coca cola… Boire régulièrement pour lutter contre la déshydratation
En cas de constipation Choisir des aliments riches en fibres et laxatifs : fruits, légumes, céréales complètes. Boire abondamment Boire un verre de jus de fruit à jeun (raisin, pomme, pruneau…) Attention : en hémato, certaines chimio (oncovins) bloquent la motricité intestinale et entrainent une constipation : RISQUE D’OCCLUSION INTESTINALE - régime sans résidu : 3 jours avant le traitement et 10 jours après.
En cas de douleurs buccales, difficultés à la déglutition, mucites Faciliter la déglutition en adaptant la texture (mixée, hachée, liquide..) Eviter certains assaisonnements ( vinaigre, citron, épices, poivre, aliments acides…) Eviter les aliments trop salés ou trop sucrés
ENRICHIR L’ALIMENTATION EFFETS SECONDAIRES PERTE D’APPETIT PERTE DE POIDS DENUTRITION ENRICHIR L’ALIMENTATION
Enrichir l’alimentation Chaque repas et collations doivent apporter une source de protéines : produits laitiers, fromages, viandes, poissons, œufs. Chaque repas et collations doivent apporter une source d’énergie : matières grasses, produits sucrés, produits laitiers au lait entier.
Alimentation en hématologie Traitement entrainant une neutropénie : (polynucléaires neutrophiles <0,5 G/L) Alimentation stérile Alimentation protégée : Stricte Simple Accréditation JACIE
Alimentation stérile (seulement à l’hôpital) Patients en cours d’allogreffe Cette alimentation est basée sur des denrées se conservant à température ambiante dont la DLUO – Date Limite d’Utilisation Optimale – est respectée.
Alimentation protégée stricte Régime proposé : - aux patients hospitalisés en aplasie - patients allogreffés, à leur retour au domicile Le principe est de proposer des aliments cuits, en emballage individuel, d’exclure les crustacés, la crème fraiche, les charcuteries, les fromages au lait cru, les aliments peu cuits, les crudités (seuls les fruits à grosse peau sont autorisés).
Alimentation protégée simple Patients autogreffés, à leur retour au domicile Le principe est d’élargir le régime évoqué : Les aliments autorisés en plus sont : le pain dans des conditions bien particulières, certains autres fruits et légumes dans certaines situations
Alimentation en phase palliative Phase « active » : Gérer les symptômes Assurer les ingesta suffisants afin de maintenir une qualité de vie Fin de vie : Symbolique de l’alimentation Plaisir, convivialité
La complémentation orale Sur prescription médicale Définition : Préparations utilisées en complément d’un régime par voie orale insuffisant, caractérisées par leur facilité d’utilisation et leur diversité. Classification : - suppléments énergétiques - suppléments protéiques - spécifiques : diabète, insuffisance rénale, etc.…
La complémentation orale Boissons sucrées (lactées ou jus de fruits) Crèmes sucrées Compotes enrichies Céréales petit déjeuner Potages et plats mixés enrichis Poudre de protéines ou maltodextrines
Modalités de remboursement La complémentation orale Modalités de remboursement Arrêté du 06 août 2001, JO du 02/10/2001 Produits et prestations remboursables (LPPR), en cas de tumeur ou hémopathie maligne, sida, mucoviscidose, maladies neuromusculaires, épidermolyse bulleuse.
Nutrition artificielle Nutrition entérale : - Rare - Mauvaise acceptation de la SNG Nutrition parentérale : - + utilisée - Momentanée, non exclusive Stimuler le maintien de la prise alimentaire orale
Les outils actuels de la prise en charge Profil des régimes utilisés : - régime confort - régime froid - régime à texture adaptée Logiciel informatique à disposition des soignants Livrets- conseils remis aux patients par la diététicienne
Difficultés rencontrées actuellement lors de la prise en charge des patients Organisation du service : horaires des repas, choix des aliments Présentation du plateau-repas Durée du repas Préparations apportées par la famille
La prise en charge nutritionnelle en oncologie Permettre au patient de suivre ses traitements Améliorer le confort et la qualité de vie des patients Repas = plaisir
Bénéfices à attendre d’une prise en charge nutritionnelle Prévenir les conséquences des traitements Prévenir et stopper l’amaigrissement Réduire la fréquence des survenues des effets secondaires Augmenter la réponse de l’organisme aux traitements Eviter les répercussions psychologiques de la dénutrition Améliorer la qualité de vie
Conclusion La prise en charge diététique est un soin qu’il convient d’intégrer aux traitements des patients cancéreux. Ce soin participe à la prise en charge globale du patients en équipe pluridisciplinaire. Un même discours relayé par tous les acteurs de soin renforce notre action curative et éducative auprès des patients, en prévenant ou traitant les conséquences nutritionnelles des traitements, à court ou long terme. Il est primordial que cette prise en charge nutritionnelle soit continuée à domicile avec les mêmes objectifs qu’a l’hôpital.