Un regard sur l’école maternelle. Jean VILLEROT Inspecteur de l’Enseignement Primaire en charge de l’IEP2 NOUMEA mai 2015 Accueillir l’enfant et lui apprendre l’école: que les enfants vivent bien leur petite enfance tout en s’engageant à leur mesure et à leur manière dans les apprentissages.
Plan de l’intervention: 1- Pour une école maternelle bienveillante. 2- Aménager l’espace pour favoriser les apprentissages.
Quelques précisions préalables Une réflexion Une évolution Une précaution Une conviction
En matière d’introduction Pourquoi cette réflexion est-elle devenue aussi fondamentale ? Deux explications : Les résultats des évaluations nationales et internationales Les acquis de la recherche: cognition et émotion sont liées ; un climat affectif sécurisant est utile au bon développement psychique et au bon développement du cerveau.
Le temps de l’école maternelle, une période particulière de fondation Période particulière parce que période de construction des « fondations ». Même si la plasticité cérébrale permet des remaniements permanents du cerveau, vers 6-7 ans, l’essentiel est en place. La plasticité cérébrale de l’enfant est plus grande que celle de l’adulte, pour le meilleur et pour le pire. Les questions de développement mettent en tension les besoins et les conditions d’apprentissage.
Le temps de l’école maternelle, une période particulière de fondation L’être humain étant un être social, biologie/cerveau et relations sociales/événements sociaux sont liés. La qualité et le climat des relations constituent le « terreau qui conditionne le potentiel de croissance » parce que les expériences relationnelles laissent des empreintes dans le cerveau, qui ont une influence durable (même si la résilience peut opérer).
L’école maternelle, une nouvelle carte d’identité Code de l’éducation, article L321-2 (article 44 de la loi d’orientation et de programmation du 8 juillet 2013) La formation dispensée dans les classes enfantines et les écoles maternelles favorise l'éveil de la personnalité des enfants, stimule leur développement sensoriel, moteur, cognitif et social, développe l'estime de soi et des autres et concourt à leur épanouissement affectif. Cette formation s'attache à développer chez chaque enfant l'envie et le plaisir d'apprendre afin de lui permettre progressivement de devenir élève. Pour stimuler leur développement la question du milieu revient…
L’école maternelle, une nouvelle carte d’identité La formation est aussi adaptée aux besoins des élèves en situation de handicap pour permettre leur scolarisation. Elle tend à prévenir des difficultés scolaires, à dépister les handicaps et à compenser les inégalités. La mission éducative de l'école maternelle comporte une première approche des outils de base de la connaissance, prépare les enfants aux apprentissages fondamentaux dispensés à l'école élémentaire et leur apprend les principes de la vie en société.
L’école maternelle, une nouvelle carte d’identité Conséquences de cette définition : « Bien-être, développement, apprentissages… Il n’y a pas à choisir ». Un nouvel équilibre est à construire, qui doit permettre de corriger ce qu’est devenue l’école maternelle avec sa « primarisation » qui fragilise sans doute les enfants les moins bien dotés du point de vue langagier et culturel ; .
L’école maternelle, une nouvelle carte d’identité son regard normatif qui pénalise les plus vulnérables (moindre maturité, langue parlée et comprise, usages du langage, écarts Ecole/Maison, etc.), qui les prive sans doute d’une part de confiance, d’estime de soi ; globalement, un mode d’action lié à un système d’attentes (familles, société) qui creuse les écarts, dont on sait aujourd’hui qu’ils sont les germes de risques plus importants dans l’avenir.
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Rééquilibrage attendu : concilier deux « modèles » de référence donnés comme antagonistes Approche dite développementale, centrée sur l’enfant, favorisant les apprentissages dits indirects ou incidents. Approche qui ne procède pas seulement par « laisser-faire »…. Faire en sorte que les élèves agissent… L’espace de la classe sera ainsi pensé dans cette perspective. Voir les besoins et les apprentissages Cf les deux diapos CPC Moisan
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Interventions plus marquées de la part de l’enseignant animé par des intentions didactiques précises, pratiquant un guidage approprié pour favoriser des apprentissages voulus et structurés. Dans le premier cas, les apprentissages sont surtout « adaptatifs ». Finalité de l’école : faire faire des apprentissages qui dépassent ce niveau ; liens avec la « culture »
Les conditions de beaucoup d’apprentissage des jeunes enfants: Dans des modalités très contextualisées. Dans un système d’essais et d’erreurs Dans des systèmes d’interactions personnalisées. Les jeunes enfants apprennent surtout… Dans des situations peu didactisées Les conditions de beaucoup d’apprentissage des jeunes enfants: Dans des modalités très contextualisées Dans un système d’essais et d’erreurs (je fais pour voir, pour me rendre compte… Dans des situations peu didactisées, qui reposent sur l’exploitation des occasions des expériences… Dans un système d’observation/imitation/ répétition (j’observe, j’essaie,…). Dans des systèmes d’interactions personnalisées, il y a peu de chose dans l’anonymat du grand groupe. Dans un système d’observation/imitation/ répétition
Des besoins à prendre en compte: Besoins physiologique. Besoins moteurs Besoins d’expression langagières et de communication Besoins de jeux Des besoins à prendre en compte: Besoins physiologique, repos, repli, propreté, nourriture, eau, … Besoins d’expression langagières et de communication, échanges, confidences, jeux avec le langage… Besoins de découvertes et de connaissances, imitation, exploration, observation, action, répétition, remémoration, imagination,… Besoins moteurs, motricité globale, fine. Tester et prendre des risques… Besoins de jeux: moment de rêverie, de création, d’activités gratuite, pour se faire plaisir Besoins de découvertes et de connaissances
Renforcer les conditions de rencontres avec le maître. Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » De l’importance du milieu de vie: Pour agir seul Pour agir avec les autres. La place des adultes. Organiser la classe pour permettre aux élèves d’agir seuls, renforcer l’activité de l’élève. Renforcer les conditions de rencontres avec le maître. Renforcer les conditions de rencontres avec les pairs. Il s’agit de répondre aux besoins: « La formation dispensée dans les classes enfantines et les écoles maternelles favorise l'éveil de la personnalité des enfants, stimule leur développement sensoriel, moteur, cognitif et social, développe l'estime de soi et des autres et concourt à leur épanouissement affectif. Cette formation s'attache à développer chez chaque enfant l'envie et le plaisir d'apprendre afin de lui permettre progressivement de devenir élève ». L’importance du milieu de vie pour offrir aux enfants la possibilité d’agir. Il s’agit de concevoir un espace évolutif qui va tenir compte des progrès et accompagner le développement de leurs projets (initiatives).La place de l’adulte est à nouveau interrogée. La classe comme un espace d’expériences partagé avec les pairs et avec les adultes. Ce partage doit permettre de ritualiser certains temps et offrir une certaine souplesse. Il s’agit d’intégrer les 4 familles de situation en relation avec l’aménagement (lien avec le document de V Bouysse sur MAGISTERE). C’est une tension permanente entre ce qui favorise le développement et les initiatives des enfants. L’espace classe répond ainsi au projet partagé de l’enfant et des adultes. Il s’agit bien de croiser la logique des activités (expériences) avec celles des coins et du matériel. Quelle est ma logique de travail , le projet que je souhaite faire partager aux élèves: le jeu, les manipulations, le corps, les activités plastiques,… quelle tendance?
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Une pédagogie de « l’activité » ; - une conception de « l’activité » à enrichir (notion d’expérience peut-être préférable) Ni activisme, ni formalisme Articuler trois dimensions : les enfants doivent… L’adulte pose des mots sur ce qui a permis à l’enfant de réussir…
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » AGIR : prendre des initiatives (et non exécuter) et « faire » (essayer, recommencer, etc.). Jeu. REUSSIR : aller au bout d’une intention, d’un projet voire de la réponse à une consigne, et de manière satisfaisante. L’adulte témoin de sa réussite… COMPRENDRE : ce qui suppose une prise de distance, une prise de conscience. C’est dans cette « réflexivité » que se construit la posture d’élève. Enseigner = aider à réussir et à comprendre. Fonction essentielle = étayage.
Les initiatives de l’enfant : un levier de son développement Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Les initiatives de l’enfant : un levier de son développement Aider l’enfant à se connaître « en l’amenant à sentir, à comprendre, exprimer ce qui l’anime, ce qu’il souhaite, ce qu’il est, à être conscient de ses goûts, de ses qualités et de ses faiblesses. » (Modèle Montessori )
L’autorité est un lien, un lien d’humanisation Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Pour le dire autrement, AUTORISER l’enfant à essayer (faire, penser, dire, …). Problématique de l’autorité au cœur de la problématique de la bienveillance. L’autorité est un lien, un lien d’humanisation
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » En matière d’autorité, excès et carence sont également nocifs. Excès d’autorité : risques d’inhibition voire de pathologies (a fortiori, si générateur de stress, voire de violences verbales ou autres). Carence d’autorité : enfant (individu) jouet et esclave de ses besoins ou envies
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » L’autorité constitue un principe régulateur, non un principe ordonnateur. L’exercice de l’autorité avec le petit enfant relève de ce que certains nomme la « bonne- veillance ».
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » « La bonne-veillance » : un mélange de souci de l’autre et d’attention vigilante, requis du fait de la dépendance de l’enfant, de sa vulnérabilité; Offrir à l’enfant le regard dont il a besoin « Ce besoin que tout petit d’homme a de recevoir, au travers du regard d’intérêt qui lui est porté, la reconnaissance de son statut ». . La place du maître est intégrée dans la réflexion sur l’espace de la classe. L’organisation du temps est une préoccupation conjointe.
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Mobiliser l’empathie partage d’affects, d’émotions), la sollicitude (intérêt pour l’autre ; soutien donné sans y être obligé). Le regard est à la fois autorisation et limite. La forme d’autorité qu’il exprime est source de liberté.
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Deux effets de la « bonne-veillance », de la bienveillance : protéger et contenir Il s’agit bien à la fois de: préserver de mauvaises expériences ; permettre (encourager à…) et valoriser les bonnes expériences, .
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » C’est-à-dire de guider, d’encadrer avec justesse.. Cette régulation est fondamentale avec les petits qui ne peuvent se réguler eux-mêmes. Sécuriser, apaiser, rassurer ont des effets sur le cerveau, aident à la gestion des émotions. Mais apaiser n’est pas céder aux désirs de l’enfant.
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » La quête du regard de l’adulte qu’exprime le regard de l’enfant signale, de fait, un besoin d’« évaluation ». Il convient donc d’agir dans un milieu qui favorise cette évaluation. (Rapport annexé à la loi de 2013 : liens entre le thème de l’école bienveillante et évaluation.) Il s’agit de construire et de suivre une régulation du parcours, de ce que les enfants disent de ce qu’ils font (le maître repère de son côté le rapport à la norme). Il est important de pouvoir lui témoigner de cela, de ses progrès. Les conditions d’observations sont liées à l’organisation matérielle de la classe (peuvent –ils agir?). La marque scolaire pourrait apparaître de la fin de la MS vers la GS (4° et 5° période, cf. la note de service ).
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Pour les enfant, il est important d’ éprouver la satisfaction de faire les choses par soi même sous le regard d’un adulte qui témoigne de la réussite. Il s’agit d’organiser cet environnement en conséquence. « On ne peut devenir soi même qu’en lisant dans le regard de l’autre quelque chose qui tend à prouver sa propre valeur, à fonder sa propre estime. » Donc construire des repères qui le permettent.
Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Pour résumer, permettre aux enfants de construire de la CONFIANCE, clé du bien-devenir confiance dans leurs capacités d’apprendre, confiance dans leurs compétences à avoir des rapports sereins avec les autres, confiance dans les autres, adultes et pairs.
Respecter l’enfant, c’est vouloir le « bien », le « mieux » pour lui. Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » Bienveillance de l’adulte comme clé de la confiance que peut acquérir l’enfant. Bienveillance à bien distinguer de la compassion, du laxisme ; la bienveillance suppose le respect. Respecter l’enfant, c’est vouloir le « bien », le « mieux » pour lui.
2- Aménager l’espace pour favoriser les apprentissages. Une réflexion sur une bonne forme pédagogique avant la « forme scolaire » 2- Aménager l’espace pour favoriser les apprentissages. Comment penser un aménagement d’une classe en favorisant les apprentissages ? Comment valoriser et augmenter l’efficience de certains coins ? « Il semble utile de rappeler que la première finalité d’un aménagement bien conçu est de favoriser en permanence la réponse aux besoins des enfants, et ces besoins sont variés et évolutifs justifiant que la classe soit différente selon les sections et modifiée au fil de l’année. » « Dans une classe maternelle, il devrait se trouver des espaces d’extension variable et de ressources variées selon les sections, permettant de satisfaire : - les besoins physiologiques des enfants […] - les besoins psychomoteurs[…] - les besoins de découverte et de connaissances nouvelles […] - les besoins d’expression et de communication […]
L’évolution de la zone jeux d’imitation. Situation de départ: Un espace fixe difficile à démonter, très fréquenté par les enfants, le lieu sécurise et offre la possibilité de bouger. Pour autant cet espace est aménagé sur les bords des cloisons, les étagères peu organisées. Il manque du matériel. EN début d’année cette zone peu être utilisée pour les expériences motrices.
Une première évolution pour offrir aux enfants des possibilités plus grandes de vivre des activités sensibles, de langage et de découverte du monde. Aménager de manière à permettre une action avec un support. Offrir la possibilité d’identifier plus explicitement les espace de jeux les enrichir.