Évaluation des dommages et des pertes dans le secteur de l’eau et de l'assainissement Roberto Jovel, Consultant
Le secteur de l’eau et de l'assainissement et les catastrophes Le secteur de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement , comme tous les autres secteurs vitaux ou services essentiels, se retrouve très affecté par les catastrophes Il subit des dommages matériels mais aussi des pertes en termes de flux économiques 25 Av. 2005 RJovel
Commentaires sur les dommages Les dommages subis par les biens doivent être ventilés par sous-système Approvisionnement en eau potable Eaux usées Déchets solides Dommages subis par des composantes individuelles : barrages, puits, usines de traitement, stations de pompage, canalisations, citernes, réseaux de distribution, systèmes d'égouts, latrines et fosses septiques, collecte des déchets solides et décharges Les dommages sont relativement faciles à estimer pour un ingénieur civil ou sanitaire formé 25 Av. 2005 RJovel
Types de pertes Les composantes du secteur de l'eau et de l'assainissement subissent trois catégories principales de pertes : Coûts de fonctionnement plus élevés Revenus des opérations en baisse Coûts imprévus liés au fonctionnement temporaire des systèmes sinistrés Il est plus difficile d'estimer les pertes que les dommages et leur estimation exige une collaboration étroite entre des ingénieurs civils et sanitaires et des économistes 25 Av. 2005 RJovel
Commentaires sur les pertes Dans le secteur de l'eau et de l'assainissement, les pertes se produisent jusqu'à ce que les biens soient remplacés et que la remise en route des services soit achevée, ou que la demande des utilisateurs se retrouve aux niveaux antérieurs L'estimation de la durée de ces périodes de relèvement pour chacune des composantes revêt donc une importance particulière 25 Av. 2005 RJovel
Exemples de diminution des revenus
Exemple 1. Baisse de l'offre résultant des dommages subis par des dispositifs de production d’eau 25 Av. 2005 RJovel
Exemple 2. Baisse de la demande résultant de la destruction partielle des villes Reconstruction 25 Av. 2005 RJovel
Hausses des coûts de fonctionnement Utilisation renforcée de produits chimiques pour garantir la qualité de l'eau Recours à des camions citernes pour distribuer l'eau en urgence Nettoyage des usines de traitement de l'eau potable Curage des systèmes d'égouts Allongement des trajets pour le ramassage des déchets solides Recours à d'autres sources d'eau éloignées Allongement du temps de pompage dans les puits 25 Av. 2005 RJovel
Procédure d'estimation des pertes
Étape 1. Définir les valeurs de référence Caractéristiques (situation géographique, centres de production existants, capacité de traitement, acheminement, stockage, distribution et gestion des déchets) des principales composantes des systèmes Présence à proximité de capacités de production, traitement, stockage, distribution et de gestion des déchets pouvant être utilisées comme solutions temporaires de rechange 25 Av. 2005 RJovel
Étape 1. Définir les valeurs de référence Statistiques sur l'approvisionnement en eau, les demandes des utilisateurs en matière d'eaux usées et de déchets solides, et leurs variations saisonnières Informations financières sur toutes les entreprises assurant l'alimentation en eau et l'assainissement, y compris les données mensuelles chiffrées sur les revenus et coûts de fonctionnement, et les différents tarifs appliqués à chaque secteur utilisateur 25 Av. 2005 RJovel
Étape 2. Évaluation des dommages Devra fournir une ventilation des dommages subis par chacune des composantes du système Devra permettre d'obtenir des calendriers aussi réalistes que possible de réhabilitation et reconstruction des composantes du système, en tenant compte des disponibilités en équipements, matériaux spécialisés, pièces de rechange et financements 25 Av. 2005 RJovel
Étape 3. Établir un plan de réhabilitation et de reconstruction Préparer une proposition préliminaire de programmation d'opérations de relèvement pour revenir au niveau et à la qualité de service pré-catastrophe Prendre donc en compte : Le temps de reconstruction nécessaire estimé lors de l'évaluation des dommages Les possibilités de recourir à l'utilisation d'autres composantes des systèmes disponibles dans des zones peu éloignées L'utilisation plus intensive éventuelle et temporaire des installations de production 25 Av. 2005 RJovel
Étape 4. Estimation de la hausse des coûts de fonctionnement Usage renforcé de produits chimiques pour garantir la qualité de l'eau Fonctionnement à un rythme quotidien supérieur à la normale pour répondre aux demandes accrues, aux besoins accrus d'acheminements d'eau ou aux déperditions en cours de distribution plus importantes Recours à des sources d'eau différentes dont les coûts de fonctionnement sont plus élevés (puits ou systèmes à proximité disposant de réserves de capacité) Fonctionnement des puits à des niveaux d'efficience réduits par suite de rabattement excessif en cas de sécheresse 25 Av. 2005 RJovel
Étape 4. Estimation de la hausse des coûts de fonctionnement Creusement supplémentaire des puits peu profonds et profonds pour améliorer les rendements Fonctionnement plus coûteux que la norme des stations d'épuration des eaux usées en raison de l'inondation des installations Coûts de pompage pour nettoyer les systèmes d'égout encombrés par des dépôts suite aux inondations Hausse des coûts de transport des déchets solides liée à l'allongement des trajets 25 Av. 2005 RJovel
Étape 5. Estimation de la baisse des revenus Due à l'incapacité temporaire de satisfaire la demande d'eau en raison des dommages subis par les composantes du système Due à la baisse de la demande résultant de la destruction d'habitations dans les villes Inaptitude temporaire à traiter les eaux usées due aux dommages subis par les usines, les équipements et les installations 25 Av. 2005 RJovel
Un exemple théorique d'évaluation des pertes
Contexte de la catastrophe Un tremblement de terre touche une ville de 175 000 habitants Le système d'approvisionnement en eau est alimenté par plusieurs puits profonds forés dans des nappes souterraines dont la qualité se détériore par surexploitation Les puits, stations de pompage, installations de stockage et les lignes de transmission et de distribution sont endommagés 25 Av. 2005 RJovel
Valeurs de référence La consommation quotidienne d'eau était de 100 litres par personne en moyenne Les déperditions d'eau dues aux fuites dans le réseau de conduites atteignaient en moyenne 17 % Les charges moyennes mensuelles s'élevaient à Rs 10 par m3 d'eau Le coût du pompage s'élèvait à Rs 4 par m3 d'eau 25 Av. 2005 RJovel
Situation post-catastrophe L'eau n'a été distribuée pendant 90 jours que par 14 camions citernes, alors que le système était en réparation, à un coût journalier de Rs 400 par véhicule Les déperditions d'eau dans les conduites sont passées à 42 % Il a été décidé de remplacer les puits par des sources d'eau superficielles mais il faudra trois ans pour que la nouvelle forme d'approvisionnement soit disponible En attendant, les puits réparés seront pompés à plus grande échelle ce qui ne permettra de satisfaire la demande qu'à hauteur de 87 % 25 Av. 2005 RJovel
L'offre et la demande d'eau 25 Av. 2005 RJovel
Estimation des pertes 25 Av. 2005 RJovel
Coûts de fonctionnement accrus Fourniture temporaire d'eau pendant la période d'urgence Utilisation de 14 camions citernes pour distribuer l'eau pendant 90 jours à un coût journalier de Rs 400 par véhicule : Rs 504 000 25 Av. 2005 RJovel
Coûts de fonctionnement accrus Augmentation des coûts de pompage dans les puits Demande d'eau pré-catastrophe (175 000 personnes * 100l/j * 365 jours) : 6,39 millions m3 par an Prélèvements dans nappe souterraine sur les sites des puits (demande + 17 % de déperditions) : 7,47 millions m3 Approvisionnement en eau en situation post-catastrophe (87 % du niveau normal) : 6,4 millions m3 par an Prélèvements dans nappe souterraine post-catastrophe (approvisionnement en eau + 42 % de déperditions) : 7,89 millions m3 25 Av. 2005 RJovel
Coûts de fonctionnement accrus Augmentation des coûts de pompage des puits 5. Augmentation des prélèvements dans nappe souterraine pendant la période post-réhabilitation (7,89 - 7,47 millions m3 par an : 0,42 million m3 par an) 6. Coût du surplus de pompage pendant 2,75 années, en conservant le même coût unitaire de pompage (0,42 million m3 * Rs 4/m3 * 2,75 années) : Rs 4,62 millions 25 Av. 2005 RJovel
Estimation de la baisse des revenus Pendant les 90 premiers jours L'entreprise n'a pas facturé à ses clients l'eau distribuée par les camions citernes Volume d'eau non fourni (175 000 * 100l/j * 90 jours) : 1,58 million m3 Perte de revenus (1,58 million m3 * Rs 10/m3) : Rs 15,8 millions 25 Av. 2005 RJovel
Estimation de la baisse des revenus... au cours des 2,75 années restantes Le volume d'eau non livrée représente 13 % de la demande (0,13 * 6,39 millions m3 * 2,75 années) : 2,29 millions m3 La perte de revenu correspondante égale le volume non livré multiplié par le tarif de l'eau (2,29 millions m3 * Rx 10/m3) : Rs 22,9 millions 25 Av. 2005 RJovel
Récapitulatif des pertes Millions roupies Augmentation des coûts de fonctionnement Distribution par des camions citerne pendant 90 jours Augmentation des coûts de pompage 5,1 0,5 4.6 Baisse des recettes pendant les 90 premiers jours Pendant les 2,75 années suivantes 38,7 15,8 22,9 Total 43,8 25 Av. 2005 RJovel
rjovel@jovel.org Ricardo.zapata@cepal.org 25 Av. 2005 RJovel