L’avenir du système de santé Québécois Présentation au congrès du SCFP Mars 2008 Damien Contandriopoulos Ph. D. Chercheur GRIS / DASUM Université Montréal
Financement ou dispensation ? Qui paye = financement –Peut être privé ou public –Peut être direct ou par des assurances Qui fournit les soins = dispensation –Peut être privée ou publique –Le privé peut être OSBL ou pour le $ C’est pas compliqué... –Et pourtant...
Modes de financement 12,93 % Assurances Privées 14,84 % Payements directs 72,24 % Assurance publique
Assurances privées ou publiques Publiques –Couvre tout le monde –Chacun paye selon ses moyens –Chacun consomme selon ses besoins –Redistribution –Capacité de contrôle des dépenses totales Privées –Couvre les adhérents –Chacun paye selon la consommation anticipée –Utilisateur payeur –Faible capacité de contrôle des dépenses
Pourquoi privatiser le financement ? Le top 3 des réponses courantes –O–On n’a pas (plus) les moyens –L–Le vieillissement va faire exploser le système –L–Le privé est plus efficace niaiseuses
Faire peur... Plus
Faire peur... Même pas
Nous avons les moyens !
Trop vieux ? Le vieillissement de la population devrait entraîner une hausse de 1% par année des dépenses de santé –À ce rythme les dépenses per capita de $2,321 in 2002 devraient monter à $2,940 a 2026 (en dollars constants) en raison du vieillissement
Moins cher ?
Plus efficace ? Les 12,93 % des dépenses qui passent par l’assurance privée coûtent PLUS a administrer que les 72,24 % des dépenses du système d’assurance public
Pourquoi privatiser le financement ? Le top 3 des réponses –On n’a pas (plus) les moyens –Le vieillissement va faire exploser le système –Le privé est plus efficace Parce que si vous êtes très très riche ou bien le propriétaire d’une compagnie d’assurance ou un médecin qui aime avant tout l’argent... y’a beaucoup beaucoup d’argent à se faire avec ça... Un marché de $ en pas pire !
Pas facile à vendre... Un système d’assurance public, universel, financé par les impôts c’est le meilleur système d’assurance qu’il est possible d’avoir Il n’existe AUCUNE raison de changer pour un système privé moins performant, plus cher et moins équitable
Heureusement il y a la dispensation... Notre système d’assurance Notre système de dispensation
Mais un système de production de plus en plus médiocre Les études scientifiques crédibles qui ont comparé la performance du système de santé canadien avec celui d’autres pays développés montrent que notre système n’est pas le plus mauvais... uniquement parce que les États-Unis sont là.
La privatisation comme un symptôme La vague de privatisation actuelle dans la santé n’est pas (encore) la cause des problèmes, mais plutôt leur symptôme Plus l’offre de soins est décevante (longue attente, qualité insatisfaisante, etc.) plus la pression sera forte pour permettre à ceux qui le peuvent de s’acheter des soins privés
Des solutions connues La question n’est pourtant pas quoi faire... –Depuis 40 ans, trois commissions publiques ont déposé trois rapports qui proposent tous, à quelques virgules près, la même chose... –L’abondante littérature scientifique sur le sujet confirme la validité des prescriptions des commissions
Qu'est-ce qu’un système de santé performant? Abordable : –Le système est en mesure de produire des soins avec un bon rapport coût/efficacité Efficace : –Le système est en mesure d’avoir un fort effet positif sur la santé des populations et de soigner les individus malades en fonction des meilleures connaissances scientifiques et des préférences des patients Accessible : –Tout le monde à accès aux soins sans égard à la maladie, au mode de vie, au lieu de résidence ou à la capacité de payer
À quoi ressemble un système de soins performant? Sa pierre d’assise est un système de cliniques de première ligne –Une dizaine de médecins omnipraticiens qui travaillent en collaboration avec des infirmières –Responsables d’une population donnée –Financés par capitation (incluant des incitatifs de qualité et de performance) –Offrant des soins accessibles 7 jours par semaine de 8h à 8h, du sans rendez-vous ou des rendez-vous dans les 48h
Réformer la formation en médecine Pour centrer le système sur la première ligne, il faut... des omnipraticiens! –« En 2007 [...] la proportion d’étudiants qui ont choisi la médecine familiale est de 35 % à l’Université de Sherbrooke, 33 % à l’Université Laval, 31 % à l’Université de Montréal et 19 % à l’université McGill. La proportion optant pour la médecine de famille tend vers 30 % contre 70 % pour la médecine spécialisée. » (Rapport Lamarche Pineault & Brunelle 2008 p.28)
Abolir le paiement à l’acte « It is more lucrative to practise bad medicine than good medicine, particularly in family practice. See 80 basically healthy patients a day for five minutes and you’ll prosper. See 20 complex frail elderly patients and apply all of your learning and wisdom and you’ll make a modest income at best » (Lewis 2008)
Utiliser toutes les compétences Il y a relativement peu de médecins par habitant au Québec et il est donc particulièrement absurde de les mobiliser pour des tâches simples La délégation des actes simples aux autres professionnels (infirmières, sage-femmes, pharmaciens) permettrait de libérer les médecins pour les tâches à la hauteur de leur formation
Informatiser les dossiers Un seul dossier informatique par patient, à travers tout le réseau, complet, accessible en tout temps par tous les professionnels Permet une meilleure médecine –Le professionnel a toute l’information –On ne répète pas les mêmes tests Permets aussi d’analyser les coûts, les volumes et les résultats pour prendre de bonnes décisions systémiques
Mais c’est impossible! Pourquoi rien de tout cela n’a été fait? Probablement parce que mettre en œuvre ces solutions est considéré comme politiquement impossible –Des groupes d’intérêt centraux vont s’y opposer avec acharnement –L’opinion publique est facile à effrayer –C’est tellement plus facile de laisser les choses aller...
Impossible, peut-être... incontournable... certainement! Sans une intervention politique sérieuse et rapide portant sur les quelques dimensions structurantes identifiées ici, les perspectives futures sont sombres...