La sensibilité : soi et les autres Une des dimensions de l’EMC F. Sudi-Guiral
« La sensibilité est une composante essentielle de la vie morale et civique : il n'y a pas de conscience morale qui ne s'émeuve, ne s'enthousiasme ou ne s'indigne ». L'éducation à la sensibilité vise à - mieux connaître et identifier ses sentiments et émotions - les mettre en mots et les discuter - mieux comprendre ceux d'autrui. 3 capacités attendues identifier et exprimer ses émotions et ses sentiments s’estimer et être capable d’écoute et d’empathie se sentir membre d’une collectivité Supports : œuvres artistiques, textes littéraires, situations vécues, jeux de rôles, recherche documentaire, actualité... démarche inductive
Progressivité de l’apprentissage Cycle 2 Cycle 3 (CM1, CM2, 6e) Cycle 4 (5e, 4e, 3e) Identifier et partager des émotions dans des situations et à propos d’objets diversifiés : textes littéraires, œuvres d’art, la nature, débats portant sur la vie de la classe. Se situer et s’exprimer en respectant les codes de la communication orale, règles de l’échange et statut de l’interlocuteur. Partager et réguler des émotions, des sentiments dans des situations et à propos d’objets diversifiés : textes littéraires, œuvres d’art, documents d’actualité, débats portant sur la vie de la classe. Mobiliser le vocabulaire adapté à leur expression. Exprimer des sentiments moraux à partir de questionnements ou de supports variés et les confronter avec ceux des autres (proches ou lointains). Connaissance et reconnaissance des émotions de base (peur, colère, tristesse, joie). Connaissance et structuration du vocabulaire des sentiments et des émotions. Expérience de la diversité des expressions et des émotions et des sentiments. Travail sur les règles de la communication. Diversité des expressions des sentiments et des émotions dans différentes œuvres (textes, œuvres musicales, plastiques...) Maîtrise des règles de la communication. Connaissance et reconnaissance de sentiments. Connaissance et structuration du vocabulaire des sentiments moraux. Mon ressenti personnel et celui des autres Capacité à l’exprimer à un interlocuteur MOI Complexité des sentiments et des émotions Apprendre à les réguler Les sentiments moraux SOCIETE
Émotions, sentiments, sentiments moraux Emotions : ensemble de sensations physiques et psychologiques Sentiments : états affectifs liés à l’émotion dimension affective et personnelle « (...) les chercheurs s’accordent pour reconnaître le rôle essentiel des émotions dans la régulation des relations sociales. Les individus adaptent leur comportement en relation avec les émotions qu’ils perçoivent chez autrui. Exprimer ses émotions et savoir reconnaître les émotions éprouvées par les autres est ainsi indispensable pour la qualité des relations interindividuelles » Eduscol Sentiments moraux (ou immoraux) renvoient à des questions , des problèmes d’ordre moral ou normatif, c’est-à-dire, à des règles et des normes de comportement relatives au bien et au mal, au juste et à l’injuste, en usage dans un groupe humain. Ex. jalousie envie amour amitié haine désir lassitude, enthousiasme vanité, orgueil peur peine, chagrin exaspération consternation... Ex. mépris, indifférence Indignation gratitude, reconnaissance estime respect honte humiliation dignité, honneur ... source : Ch. Ramond (Paris VIII Saint-Denis), Le retour des sentiments moraux dans la théorie de la reconnaissance (de la grammaire morale des conflits sociaux à la grammaire des sentiments moraux), 2011 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00670677/document L’EMC vise à l’acquisition d’une culture morale et civique Niveau de conscience
Une proposition d’activité Classe de 3e Travail sur l’humiliation et la dignité humaine + l’antisémitisme et les discriminations Lien avec le programme d’Histoire, durée 2h Point de départ : analyse croisée d’un texte littéraire + d’une œuvre artistique Mon Dieu, je ne croyais pas que ce serait si dur. J’ai eu beaucoup de courage toute la journée. J’ai porté la tête haute, et j’ai si bien regardé les gens en face qu’ils détournaient les yeux. Mais c’est dur. D’ailleurs, la majorité des gens ne regardent pas. Le plus pénible, c’est de rencontrer d’autres gens qui l’ont. Ce matin, je suis partie avec Maman. Deux gosses dans la rue nous ont montrées du doigt en disant : « Hein ? T’as vu ? Juif. » Mais le reste s’est passé normalement. Place de la Madeleine, nous avons rencontré M. Simon, qui s’est arrêté et est descendu de bicyclette. J’ai repris toute seule le métro jusqu’à l’Étoile. (...) Un jeune homme et une jeune fille attendaient, j’ai vu la jeune fille me montrer à son compagnon. Puis ils ont parlé. Instinctivement, j’ai relevé la tête – en plein soleil- j’ai entendu : « C’est écœurant. » Dans l’autobus, il y avait une femme (...) qui m’avait déjà souri avant de monter et qui s’est retournée plusieurs fois pour sourire ; un monsieur chic me fixait : je ne pouvais deviner le sens de ce regard, mais je l’ai regardé fièrement. Je suis repartie pour la Sorbonne ; dans le métro, encore une femme du peuple m’a souri. Cela a fait jaillir les larmes à mes yeux, je ne sais pourquoi. Au quartier latin, il n’y a avait pas grand monde. Je n’ai rien eu à faire à la bibliothèque. Jusqu’à quatre heures, j’ai traîné, j’ai rêvé, dans la fraîcheur de la salle, où les stores baissés laissaient pénétrer une lumière ocrée. A quatre heures, J. M. est entré. C’était un soulagement de lui parler. Il s’est assis devant le pupitre et est resté là jusqu’au bout, à bavarder, et même sans rien dire. (...) Quand tout le monde a eu quitté la bibliothèque , j’ai sorti ma veste et je lui ai montré mon étoile. Mais je ne pouvais pas le regarder en face (...) Lorsque j’ai levé les yeux, j’ai vu qu’il avait été frappé en plein cœur. Je suis sûre qu’il ne se doutait de rien. Je craignais que toute notre amitié fût soudain brisée, amoindrie par cela. Mais après nous avons marché jusqu’à Sèvres-Babylone, il a été très gentil. Je me demande ce qu’il pensait. Hélène Berr, Journal 1942-1944, éd. Tallandier, Paris, 2008.
Lecture du texte + mise en contexte À quoi fait allusion H. Berr lorsqu’elle dit au début du texte « je ne croyais pas que ce serait si dur » ? Relevez les réactions que provoque sa situation chez les personnes qu’elle rencontre. Face à cela, quels sentiments éprouve-t-elle ? Pourquoi ? Identifiez cette œuvre. Dans quel contexte a-t-elle été peint e ? Décrivez la scène représentée. Que semble ressentir le personnage ? Pourquoi ? Dans quelle situation le peintre a-t-il voulu placer l’observateur du tableau ? Croisement et analyse En vous aidant de votre livre d’histoire, expliquez pourquoi les Juifs étaient contraints de porter une étoile jaune sur leurs vêtements pendant la Seconde Guerre mondiale. En quoi cela était-il discriminatoire et constituait-il une atteinte grave à la dignité de ces personnes ? Définissez le mot « antisémitisme » et retrouvez dans votre manuel d’autres documents qui évoquent l’antisémitisme du régime de Vichy. F. Nussbaum, Autoportrait au passeport juif, 1943
Quelle valeur républicaine cela remet-il en cause ? Expliquez. Elargissement À partir du site internet du Défenseur des droits, répondez aux questions suivantes : Quelles formes de discriminations peut-on rencontrer dans notre société ? Choisissez-en une et présentez-la de façon détaillée en donnant des exemples qui l’illustrent. Quelle valeur républicaine cela remet-il en cause ? Expliquez. De quel moyens dispose un Etat de droit pour lutter contre les discriminations ? Engagement Avez-vous pu déjà observer des actes discriminatoires ? Comment vous semble-t-il possible de réagir à cela à votre niveau ? Donnez un exemple. Connaissances La dignité est une valeur inconditionnelle et incomparable donnée à la personne humaine. En effet, la dignité d’une personne est indépendante de son statut social ou de son utilité pour les autres. Une personne n’a pas plus de dignité humaine qu’une autre. Alors que toute chose peut être échangée contre une autre ou son équivalent en argent, la personne humaine est unique et insubstituable. Discriminer signifie d’abord distinguer par application d’un ou plusieurs critères. Par extension, cela signifie exclure une personne ou un groupe social, et le traiter de manière moins favorable dans des conditions similaires. La discrimination est le contraire de l’égalité. Liens avec les objets d’enseignement listés pour le DNB 2016 : la citoyenneté : principes et valeurs les différentes Déclarations des Droits de l’Homme...