Un chant betsileo comme support en classe de langue Quelle médiation culturelle ? Louise Ouvrard Inalco - PLIDAM
Les trois tomes du Lovantsaina
« … pour que les successeurs puissent connaître leur héritage et qu’ils puissent mesurer l’évolution qu’il y a depuis. » Rainihifina, Tantara betsileo, 1975 : 7)
Première lecture, incompréhension Éléments d’explications Richesse sémantique, vecteur culturel
1. Première lecture, incompréhension
Vorogna agnagn’ala tsa mitovy eno Mitsiake ny fody sy agnan-tsongon’ala Magneno ny hindry sy agnan-kazo avo Mitsiake ny fody mangaike ny namane Magneno ny hindry manao tagnin-jaza Ny gàgà agn’ambonen’ny lomondo Ny takatse tagn’ambonevato Ny vorondolo tagn’andohasaha Ny gàgà manao akanjo-tratra Ny takatse manao sanga afara Ny vorondolo manao bango volo
Les oiseaux dans la forêt n’ont pas tous le même chant Le cardinal siffle lorsqu’il est dans le petit bois Le chant de la buse résonne lorsqu’elle est dans un arbre élevé Le cardinal siffle, appelant ses amis Le chant de la buse résonne, imitant les pleurs des enfants Le corbeau est sur le tas d’épis de riz L’ombrette était sur le grand rocher Le hibou était dans la vallée Le corbeau porte un corsage L’ombrette porte une mèche dans le cou Le hibou porte une belle coiffure
Ce texte nous offre l’occasion d’une « mise en relation de deux systèmes linguistiques et donc de deux systèmes culturels « distants » ». (Szende T., 2010 : 5)
2. Eléments d’explication
Vorogna agnagn’ala tsa mitovy eno Les oiseaux dans la forêt n’ont pas tous le même chant => « double entendre » (Calame Griaule, 1970 : 34)
1 ère strophe Schéma aabb Le cardinal siffle lorsqu’il est dans le petit bois Le chant de la buse résonne lorsqu’elle est dans un arbre élevé Le cardinal siffle, appelant ses amis Le chant de la buse résonne, imitant les pleurs des enfants
1 ère strophe Schéma ab(c)ab(c) Le cardinal siffle lorsqu’il est dans le petit bois Le chant de la buse résonne lorsqu’elle est dans un arbre élevé Le cardinal siffle, appelant ses amis Le chant de la buse résonne, imitant les pleurs des enfants
2 ème strophe Schéma aaabbb Le corbeau est sur le tas d’épis de riz L’ombrette était sur le grand rocher Le hibou était dans la vallée Le corbeau porte un corsage L’ombrette porte une mèche dans le cou Le hibou porte une belle coiffure
2 ème strophe Schéma abcabc Le corbeau est sur le tas d’épis de riz L’ombrette était sur le grand rocher Le hibou était dans la vallée Le corbeau porte un corsage L’ombrette porte une mèche dans le cou Le hibou porte une belle coiffure
« style haché » « unités discontinues successives » « prédilection marquée pour certaines formes et certaines constructions, dont la fréquence d’emploi contribue à donner au style littéraire une coloration particulière » Andrianarahinjaka, 1987, Le système littéraire betsileo,
3. Richesse sémantique, vecteur culturel
Le cardinal La buse Le corbeau L’ombrette Le hibou
« si le moineau peut être considéré comme un prototype, c’est parce qu’il correspond de près à l’image abstraite qu’on se fait de ce qu’est un oiseau. C’est cette représentation abstraite qui constitue le véritable prototype, lequel s’analyse en divers traits distinctifs, différents sèmes » (Maingueneau D., Chiss J.-L., Filliolet J., 2007)
Les oiseaux dans la forêt n’ont pas tous le même chant Le cardinal siffle lorsqu’il est dans le petit bois Le chant de la buse résonne lorsqu’elle est dans un arbre élevé Le cardinal siffle, appelant ses amis Le chant de la buse résonne, imitant les pleurs des enfants Le corbeau est sur le tas d’épis de riz L’ombrette était sur le grand rocher Le hibou était dans la vallée Le corbeau porte un corsage L’ombrette porte une mèche dans le cou Le hibou porte une belle coiffure
Vers 8 : Le corbeau porte un corsage Vers 9 : L’ombrette porte une mèche dans le cou Vers 10 : Le hibou porte une belle coiffure
Des oiseaux « humanisés »
Forte polysémie – Fonctions différentes Fonction poétique Fonction didactique Fonction philosophique
« ce qui pourrait n’être considéré que comme un « super- conte » change totalement de genre de par la compétence et l’intentionnalité de son producteur et de par le regard qu’y porte le destinataire : « conte fantastique » pour l’enfant, le naïf et l’ignorant, c’est-à-dire genre relevant de l’univers de la fiction, c’est au contraire, pour l’adulte avisé ou le vieillard instruit et rompu à l’exercice du langage symbolique, un récit « véridique », c’est-à-dire éminemment porteur de vérités et d’un sens profond qui transcende les mots et les images qui tissent le texte. » Seydou, C., 2008 : 136
Conclusion Sur le plan formel : subjectivité du beau prise de conscience de NOS canons littéraires et du fait qu’ils ne sont pas universels Sur le plan sémantique : une traduction ne suffit pas la culture est indissociable de la langue