Introduction à la communication interculturelle : Les étapes de l’approche interculturelle Patricia Kottelat Université de Turin 1
Introduction à la communication interculturelle : Les étapes de l’approche interculturelle Qui dit interculturalité dit nécessairement interaction, échange, ouverture, réciprocité, solidarité objective. Mais aussi reconnaissance des valeurs, des modes de vie, des représentations symboliques auxquelles se réfèrent les êtres humains, dans leurs relations avec l’autre et dans la compréhension du monde, reconnaissance des diversités, reconnaissance des interactions qui interviennent entre les multiples registres d’une même culture et entre cultures différentes, dans le temps et dans l’espace. Définition de l’UNESCO, 1980.
Introduction Qu’est-ce que l’interculturel? Reconnaitre la culture de l’Autre et la respecter c’est avant tout connaitre et reconnaitre sa propre culture. En effet, la tolérance envers la culture d’Autrui nécessite la prise de conscience de sa propre culture : il s’agit d’en identifier les aspects caractéristiques et de les soumettre à un examen critique afin de s’éloigner de l’ethnocentrisme, à savoir le fait de considérer sa culture comme un paramètre universel de l’humanité, ce qui est une réaction naturelle et spontanée de tout individu confronté à la diversité culturelle. En analysant les attitudes et les comportements dictés par sa propre culture, on constate que l’identité culturelle est un système complexe. Il est donc nécessaire de procéder à une décentration pour prendre conscience des structures des grilles interprétatives (ou filtres culturels) de sa propre culture comme première étape de l’approche interculturelle. 3
Les étapes de l’approche interculturelle 1. Notion de culture et ethnocentrisme = situation de départ 2. Décentration = analyse de sa propre culture et identification des implicites culturels 3. Objectivation et relativisation = prise de conscience de ses propres filtres culturels, réflexion sur les stéréotypes et les préjugés 4. Empathie = Intériorisation de la culture d’Autrui 4
1. La notion de culture au sens anthropologique : un système complexe Le point de départ de toute approche interculturelle est une réflexion sur sa propre culture. La notion de culture est envisagée au sens anthropologique du terme. Culture = ensemble des aspects distinctifs d’une société qui inclut : La vie quotidienne : alimentation, travail, loisirs, etc. Les conditions de vie : richesse/pauvreté, train de vie, logement, etc. Les relations interpersonnelles : relations entre classes sociales, entre sexes, entre générations, relations familiales, etc. Les systèmes de valeurs et de croyances Le langage du corps : communication non verbale = kinésique/gestualité, proxémique/gestion de l’espace individuel (cf. E. T. Hall, La dimension cachée) Les conventions du savoir vivre : ponctualité, politesse, comportement, règles conversationnelles Les comportements rituels : pratiques religieuses, rapport à la naissance et à la mort. 5
1. La notion de culture au sens anthropologique : un système complexe En outre, toute culture possède une part de réalisations non visibles appelées implicites culturels. Les implicites culturels sont une ensemble d’évidences partagées par une même communauté qui possède les mêmes références, les mêmes valeurs et les mêmes règles implicites qui sont naturelles et n’ont donc pas besoin d’être explicitées. Les implicites culturels semblent évidents et universels MAIS ils se révèlent opaques à tout membre étranger à cette communauté et constituent alors un obstacle à la compréhension interculturelle. 6
2. La Décentration (contre l’ethnocentrisme) A travers la reconnaissance de la diversité des points de vue, on facilite la capacité à contextualiser des faits et des comportements, nôtres et d’Autrui, afin d’admettre et d’accepter la dimension multiple de la perception → conte chinois la grenouille au fond du puits, conte indien les six aveugles et l’éléphant. Exemples de décentration : réflexion sur la relativisation du temps (fêtes, calendriers), et de l’espace (cartes et planisphères, carte de Mercatore = vision eurocentrique de l’univers versus carte de Peters = redimensionnement réel, déséquilibre Sud/Nord du monde). La décentration permet d’avoir sur soi-même et son propre groupe culturel un regard extérieur pour prendre du recul par rapport à son propre système de références culturelles, et donc d’admettre l’existence d’autres points de vue et d’autres perspectives. 7
3. Objectivation et relativisation, réflexion sur les stéréotypes La relativisation qui découle de la décentration par rapport à sa propre culture permet alors de mettre en relation d’autres perspectives présentes dans les cultures autres, afin d’apprendre à ne pas généraliser. L’objectivation permet d’identifier ses propres implicites culturels considérés comme des évidences universelles allant de soi (scontate) et donc de pouvoir les relativiser. A ce stade, on peut commencer une réflexion sur les stéréotypes et les préjugés. Le stéréotype est le résultat de l’opération suivante : Catégorisation + schématisation = généralisation (= stéréotypes et préjugés raciaux) 8
3. Stéréotypes: On est toujours l’étranger de quelqu’un Réflexion sur les stéréotypes à partir du document I Nomignoli, tiré de l’ouvrage du journaliste G. A. Stella, L’Orda. Quando gli Albanesi eravamo noi 2002. Réflexion sur les phénomènes de catégorisation, de schématisation et de généralisation par rapport à un groupe national, phénomènes qui génèrent les stéréotypes. 9
4. Empathie : Intériorisation de la culture de l’Autre Travailler sur la décentration et la relativisation de sa propre culture signifie dépasser les préjugés et commencer l’approche des cultures autres, l’approche interculturelle. La dernière étape de la démarche interculturelle est l’empathie, c’est-à-dire se mettre à la place de (mettersi nei panni di). Cela signifie : se projeter dans une autre perspective, dépasser une vision parcellaire et fragmentaire, ne pas catégoriser, ne pas généraliser, apprendre à décoder les données culturelles provenant d’Autrui. L’empathie signifie aussi s’impliquer dans la découverte et l’approfondissement de la connaissance de l’Autre, se construire un système de références à partir des cultures en présence, et enfin se construire une compétence interculturelle = l’interaction entre la culture d’appartenance et la culture de l’Autre. 10
Bibliographie et sitographie disponibles sur photocopies La consultation régulière du site Gestion des risques interculturels est vivement conseillée, en particulier : http://gestion-des-risques-interculturels.com/risques/conseils-interculturels-fiches-de- sept-pays/ http://gestion-des-risques-interculturels.com/points-de-vue/petit-tour-du-monde-des- gaffes-culturelles/ http://gestion-des-risques-interculturels.com/risques/videos-interculturelles-de-lete-2- les-stereotypes/ http://gestion-des-risques-interculturels.com/pays/europe/les-videos-interculturelles- de-l%E2%80%99ete-3-le-langage-corporel/ http://gestion-des-risques-interculturels.com/etudes-de-cas/videos-interculturelles-de- l%E2%80%99ete-1-le-repas/ 11