La conscience est-elle une substance pensante ou un acte?
Dans les cours précédents : Conscience abusée par les sens ou les passions Conscience trompée par notre faculté de connaître Conscience du monde et de soi interdite par notre impossibilité de sortir de nous-mêmes.
Si la conscience est une substance pensante, une matière, nous pourrions l’améliorer, la soigner, la guérir par des techniques ou une technologie particulière. Si c’est un acte, nous pouvons apprendre à agir du mieux possible pour la rendre la plus efficace.
Une substance pensante La conscience est étudiée comme une substance par les neurologues, à l’image du cerveau et des connexions de neurones. Les chercheurs en informatique travaillent sur ces connexions pour essayer de réaliser des systèmes d’intelligence artificielle. On essaie de faire en sorte qu’un ordinateur puisse penser par lui-même.
Un acte Les psychanalystes s’intéressent aux symptômes, à ces comportements qui dévoilent ce qui échappe à notre conscience et considèrent la conscience comme un acte, c’est-à-dire comme un phénomène qui existe effectivement et dont il faut comprendre le mécanisme. Les anthropologues étudient la conscience comme liée à un système de représentations mentales (un imaginaire) propres à une société, à une époque. Les philosophes étudient aussi la conscience en fonction de ses manifestations. De fait, quand elle ne se manifeste pas (dans la petite enfance, par exemple), on ne sait plus quoi dire. Ou alors, on explique qu’elle ne commence qu’avec le stade du miroir. Le plus sûr est de suivre le conseil de Wittgenstein : « Sur ce dont on peut parler, il faut garder le silence. »
On retiendra que la conscience peut être : Conscience de soi, ou conscience réflexive, approche que le sujet a de lui-même et de son monde, de ses représentations du monde ou de lui-même, Une intention. « Toute conscience est conscience de quelque chose » Notre faculté de conceptualiser La conscience phénoménale qui structure notre approche du monde par notre expérience sensible des choses, notre perception. Une voix intérieure, le souci d’autrui, conscience morale.
La conscience transcendantale Puisqu’il nous est impossible, dans l’état actuel de nos connaissances, de déterminer si, oui ou non, la conscience est une substance, nous devons nous contenter de la considérer en acte (c’est-à-dire comme un phénomène sensible, qui existe), de l’observer pour tenter de mieux en connaître le fonctionnement afin de savoir l’employer du mieux possible, selon un souci éthique. Si l’on considère la conscience comme une substance, le risque est grand de l’envisager comme un objet qui comprendrait des images, des idées, une représentation du monde, des rêves). Il convient de penser la conscience différemment, comme une ouverture au monde.
Notre conscience psychologique ou morale se développe dans notre expérience des choses. Elle est empirique (elle dérive de l’expérience). Mais Kant, étudiant le phénomène de la naissance des idées, souligne l’importance des conditions a priori des possibilités de l’expérience. Ce que nous connaissons vient le plus souvent de notre expérience sensible ; mais notre perception, notre sensibilité, ont-elles-mêmes une origine en l’être humain, dans ses facultés qui peuvent être innées (c’est-à-dire qui ne viennent pas de notre expérience). Ces conditions a priori de l’expérience sont dites « transcendantales » dans la langue de Kant. Elles sont très difficiles à déterminer précisément.