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La légende noire des pirates

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Présentation au sujet: "La légende noire des pirates"— Transcription de la présentation:

1 La légende noire des pirates
A l'abordage ! La légende noire des pirates Fabrice Delsahut Université Inter âges

2 Conférence 6 : Les aventurières des mers

3 I. Le lest du diable   A l'exception des Vikings qui se font parfois accompagner par des femmes dans leurs expéditions, ces dernières sont interdites à bord des bateaux jusqu´au XVIIIème siècle. Tout juste tolérées comme passagères, elles ont la réputation de porter malheur - réputation créée sans doute pour éviter les conflits générés par la frustration d'une longue traversée entre hommes. Pour beaucoup, elles représentent le « lest du diable ». La piraterie est donc affaire d'hommes comme le rappelle cet extrait du règlement établi par le capitaine Bartholomew Roberts : « La présence de jeunes garçons ou de femmes est interdite. Celui que l'on trouvera en train de séduire une personne de l'autre sexe et de la faire naviguer déguisée sera puni de mort. » Même si la majorité des équipages pirates n'accepte pas les femmes à bord, quelques exceptions viennent contredire cette règle. Pour les femmes attirées par l'aventure en mer, il n'existe qu'une possibilité : prendre l'habit masculin des pirates ainsi que leurs manières. Ces femmes au caractère bien trempé, sont relativement rares et mènent une vie hors du commun. Ces personnages sont souvent utilisés dans les romans maritimes au point qu'aujourd'hui encore plane le doute quant à l'existence de certaines. Commence dés lors la légende des aventurières des mers qui, depuis des siècles, ne cessent de faire rêver les générations.

4 L'art de se dissimuler Se fondre dans la population masculine exige tout à la fois pour les jeunes femmes de dissimuler leurs formes et les fonctions corporelles. Les femmes pirates sont souvent de jeunes filles pré-pubères. Leur poitrine peut être aisément masquée par des bandages ou des vêtements amples comme ceux utilisés à bord. Comme elles ne se rasent pas, les hommes supposent simplement qu'elles n'ont pas traversé la puberté pour le moment. Pour uriner, certaines semblent utiliser un tube qu'elles apposent à l'intérieur de leurs culottes pour faire semblant d'uriner comme un homme quand elles vont à la tête du navire. Pour les menstruations, leur jeune âge ne les prédispose pas encore à cette manifestation cyclique. On pense aussi que ces dernières cessent à cause de la mauvaise alimentation et de l'exercice ardu de travailler à bord d'un navire. S'il n'en est rien, les nombreux cas de maladies vénériennes font que les saignements font partie de la vie quotidienne des marins et n'apparait donc pas comme quelque chose d'étrange. Il s'agit plutôt d'une plainte commune. Il est aussi possible de penser que l'amatelotage avec un marin permet une possible protection ou à défaut de minimiser les suspicions. La seule chose qui compte est la force et le courage développés pour assurer les tâches quotidiennes.

5 Les femmes vikings Certaines femmes accompagnent les Vikings dans leur périples guerriers et participent activement au combat quand elles ne sont pas elles-mêmes à la tête des navires. Quelques traces littéraires, mythologiques et archéologiques (tombes avec outils de filage et de tissage/armes) attestent de cette participation féminine à la grande geste viking. On doit cependant plutôt les classer parmi les guerrières que parmi les pirates. Leurs noms ont été couchés sur parchemin par Saxo Grammaticus, moine danois, à la toute fin du XIIème siècle, qui entreprend d'écrire l'histoire de son pays. Voici ce que dit Saxo en général sur ces femmes combattantes (Livre VII, Chapitre VI): « Et pour qu'on ne s'étonne pas que ce modèle du sexe ait vécu de combats, à la sueur de son corps, je me permettrai de faire une petite digression au sujet du caractère et de la conduite de telles créatures. Il y eut autrefois au Danemark des femmes qui se donnaient une apparence masculine et passaient presque tout leur temps en campagnes militaires, car elles craignaient que leurs muscles valeureux ne se ramollissent si elles profitaient des plaisirs de la vie. Elles ne supportaient pas de mener une existence indolente et affermissaient leur corps et leur âme en s'imposant des épreuves physiques et des exercices d'endurance. Elles rejetaient la délicatesse frivole de la féminine espèce et se forçaient à agir avec une mâle assurance. Elles couraient après la renommée militaire avec tant d'ardeur qu'on pouvaient croire qu'elles étaient devenues asexuées. C'était surtout celles qui avaient un tempérament passionné ou celles qui étaient bien découplées, qui embrassaient ce mode de vie. Comme si elles avaient oublié leur féminité native et avaient d'avantage de goût pour la rudesse que pour la câlinerie, elles recherchaient plus la guerre que les baisers, plus le sang que les lèvres, et préféraient le corps à corps des guerriers à celui des amants. De leurs mains qui étaient faites pour tirer l'aiguille, s'échappaient des lances, et elles aimaient mieux quitter la vie à jamais que passer par une petite mort, car il leur plaisait d'atteindre de leurs flèches ceux qu'elles eussent subjugués par les effets de leur aiguillonnante beauté. »

6 Alvida la terrible D'après une légende scandinave, Alvida dit « La Terrible » sévit vers l'an Mil dans les mers du nord. Fille de Synardus, roi de Gotland, elle est enfermée par ses parents dans sa chambre alors gardée par deux serpents venimeux censés éloigner les plus ardents prétendants. Alf, Prince du Danemark, tente sa chance et voit son courage récompensé. Mais devant l'indécision de ses parents à accorder sa main à l'intrépide danois, elle s'enfuit et prend la mer à la tête d'un équipage composé uniquement de femmes. Alors que sa réputation commence à croître en mer baltique, le hasard veut qu'elle croise un équipage qui vient de perdre son capitaine. Fort impressionné par le personnage et par ses compétences, ce dernier en fait son nouveau capitaine, à l'unanimité dit-on. La pirate suédoise et son équipage deviennent rapidement un problème pour les commerçants et le prince Alf porte l'affaire en justice afin d'y mettre fin. Il lui est confié la mission de rattraper cet intriguant pirate et de le ramener. Alf débusque le bateau pirate dans le golfe de Finlande et supprime l'équipage. Alvida, qui porte alors un casque couvrant son visage, est emprisonnée jusqu'au moment où, une fois ce dernier retiré, le prince réalise qui est ce fléau de la mer qu'il a si difficilement combattu. La façon dont le prince a manœuvré pendant l'abordage impressionne tant la jeune femme qu'elle succombe à l'homme qui a été quelques années auparavant éconduit. Ils se marient et partagent son butin en guise de dote. Elle devient Reine du Danemark et a une fille prénommée Guritha. Celle-ci se marie ensuite avec Haldan, qui devient roi du Danemark. Lors de la bataille entre Haldan et un rival, Guritha et leur fils Harald participent à la bataille.

7 Saxo Grammaticus (Livre VII, Chapitre VI)
« Et, troquant ses atours féminins contre des vêtements d'homme, elle abandonna son existence de demoiselle rangée pour vivre comme un farouche pirate. Suivie de beaucoup de jeunes filles qui, partageant ses goûts, s'étaient jointes à elle, … » Saxo Grammaticus (Livre VII, Chapitre VI)

8 Charlotte de Berry Malgré son nom, Charlotte de Berry nait en Angleterre vers 1636, ne rêvant que d'aventures en mer. Son nom vient des îles éponymes situées aux Bahamas. Vers 1650, elle suit son mari dans la marine de guerre, déguisée en homme. Ce dernier est tué suite à une punition. Charlotte se vengea en tuant à son tour le lieutenant du bord. Elle est capturée par un capitaine marchand qui part pour la Guinée. Face aux conditions de vie à bord, elle prend la tête d'une mutinerie, tranche d'un coup de couteau celle du capitaine, prend le commandement sous le nom de « capitaine Rodolphe » et capture par la suite avec ses pirates des bateaux chargés d'or. Elle vole surtout l'or initialement dérobé aux Africains ou issu de la traite des Noirs et meurt au combat. La seule réelle référence dont nous disposons est celle de 1836, soit deux siècles après la supposée date de naissance de Charlotte. Cette date correspond à la parution de History of the Pirates of all Nations d'Edward Lloyd, recueil d'histoires sanglantes et choquantes à destination du grand public. De nombreux faits correspondent à d'autres histoires courant alors en ce début de XIXème siècle. Malgré le talent littéraire de Lloyd, les faits évoqués et l'absence de références historiques crédibles semblent davantage destiner l'histoire de Charlotte à une population en mal d'aventures dans lesquelles souffle le vent du large.

9 Jeanne de Belleville, première femme corsaire ?
Jean de Montfort Charles de Blois

10 La Flotte de représailles de la Manche
Les petites histoires! La Flotte de représailles de la Manche La famille de Clisson joua au XIVème siècle un rôle important dans les histoires de Bretagne et de France. Durant la guerre de Succession de Bretagne ( ), Olivier III de Clisson, un des plus hauts barons de Bretagne, soutient ouvertement le parti de Jean de Montfort contre celui de Charles de Blois, proche du roi de France Philippe VI de Valois. Il est arrêté sur ordre du roi de France qui l'a convié à Paris sous prétexte d'un tournoi et au mépris d'une trêve signée peu de temps auparavant (Trêve de Malestroit). Jugé pour haute trahison en août 1343 pour avoir incendié à Nantes plusieurs galères françaises de l'amiral Grimaldi, il est « décollé (décapité) à Paris où il fut beaucoup plaint sans jamais pouvoir obtenir la grâce. » On expose pour l'exemple son corps au gibet de Montfaucon et sa tête est envoyée à Nantes pour y être exposée. Dans la foule qui contemple ce spectacle lugubre, se tient Jeanne de Belleville, sa veuve et ses deux enfants. Celle qui vit alors paisiblement dans l'ombre de son époux ne peut pardonner au roi sa cruauté, et à Charles de Blois d'avoir trempé dans cette mort qu'elle regarde comme un assassinat. Celle dont la beauté et la discrétion sont au combien appréciées, opère alors une impensable métamorphose. Décidée à venger l'honneur d'Olivier, la jeune veuve fraie son chemin d'infortune. Jeanne regagne l'intérieur du pays où elle devient chef de guerre, mettant la campagne à feu et à sang et pillant les châteaux appartenant aux alliés du roi de France. Protégée par les troupes de Montfort, elle évite les représailles de Philippe VI qui tente de la contraindre, en vain, à s'expliquer devant le Parlement. Forcée de s'exiler en mer, elle vend alors tous ses biens et ses bijoux pour armer les trois bateaux concédés par Edouard III, roi d'Angleterre. Ce dernier accepte d'autant plus la requête de la veuve d'un de ses alliés, qu'il vient de remporter en 1338 une importante victoire navale contre la flotte française au large des côtes de Zélande. L'artillerie utilisée pour la première fois contre des vaisseaux fait merveille. « La Flotte de représailles de la Manche », alliant les bannières herminées de la famille de Montfort aux léopards du royaume d'Angleterre, écume alors le commerce français en Manche. A la tête se son escadrille, la « Lionne sanglante », assouvit alors sa vengeance envers Philippe de Valois à travers les nefs et les galères de la marine royale. L'histoire de cette femme vivant avec ses deux enfants, sur le pont mouvant d'un bateau, se propage de part et d'autres des deux royaumes. Excédé, Philippe VI fait ratisser la Manche mais Jeanne reste insaisissable et continue à sévir. Un jour, toutefois, sa flotte est localisée et un combat perdu d'avance s'engage. A cette occasion, Jeanne abandonne son équipage et s'enfuit dans une chaloupe avec quelques hommes et ses fils. Pendant une semaine, les fuyards dérivent au grès des courants de la Manche, incapable de rejoindre l'Angleterre. Subissant les assauts de la faim et de la soif, son fils cadet meurt au bout du sixième jour et Jeanne lui donne la mer comme sépulture. Elle s'échoue finalement sur les côtes de Bretagne où elle est secourue par des partisans de Jean de Montfort, conservant ainsi sa liberté. Jeanne abandonne la mer et apaise sa colère à Hennebont dans le Morbihan. Elle épouse un gentilhomme anglais, Gauthier Bentley, et se retire de tout, oubliant l'écume et le sang. Son fils aîné, exilé en Angleterre en 1349, ne revient en Bretagne que dix ans plus tard. Devenu adulte et sans doute désireux de venger la mort de son père, Olivier IV de Clisson adopte d'abord le parti de Montfort avant de se rallier au roi Charles V et à Bertrand du Guesclin. Il succède à ce dernier à la charge de connétable en 1380. Comme le souligne Robert de La Croix, le parcours de Jeanne de Belleville est réellement singulier dans l'histoire de la piraterie. Au service de sa haine et de son ressentiment, Jeanne fait la guerre à Philippe VI de Valois et « ne cherchait aucun profit et n'avait aucune autre ambition. Et c'est là un cas unique dans l'historie de la piraterie. »

11 II. Mary Jane Read et Anne Bonny
Pendu comme un chien !  Le 18 novembre 1720, sur le chemin de la potence, le célèbre pirate Jack Rackham est autorisé à voir une dernière fois Adam Bonny. Il l'a rencontrée quelques années auparavant à New Providence, aux Bahamas. Les derniers mots de Bonny sont plein de mépris : « Si tu avais combattu comme un homme, tu ne serais pas maintenant pendu comme un chien ! ». Il a aussi certainement souhaité revoir Mark Read, un autre de ses équipiers. Avec Adam, ce sont les deux seuls à réellement se battre face aux troupes du capitaine Barnett, l'équipage et Jack étant, dit-on, trop saoul pour livrer bataille. Du haut du gibet, Jack emporte avec lui l'étonnante aventure menée avec ses deux coéquipiers.

12 Adam et Mark Des années durant, cette histoire commune interroge bien des historiens et alimente les légendes populaires. Car Adam et Mark sont en fait deux femmes se prénommant respectivement Anne et Mary. Le cas de ces femmes est exceptionnel et unique. Comment ont-elles réussi à braver l'interdit relatif aux femmes à bord car il est improbable que leur sexe ait pu rester inconnu de l'équipage aussi longtemps ? Ainsi, en dépit du fait que Read et Bonny portent des vêtements d'hommes, une de leurs prisonnières nommée Dorothy Thomas, ne s'y trompe pas et déclare le jour de leur procès que « la raison pour laquelle elle sut qu'il s'agissait de femmes c'était la grosseur de leurs seins. » Reste que leur existence est connue de tous et la preuve officielle de leur carrière de femmes-pirates se trouve dans les Archives Coloniales de l'Amirauté Britannique de la Jamaïque. Ces indomptables aventurières ont réussi, pistolet à la main et sabre à la ceinture, à s'imposer avec fougue, audace et courage aux plus rudes écumeurs des mers.

13 Anne Bonny Anne Bonny, à l'origine Anne Cormac, nait vers 1697 en Irlande. Elle est la fille illégitime du procureur William Cormac et de sa domestique Mary. Lorsque cette affaire est exposée au public, William Cormac quitte l'île avec sa fille et s'installe à Charleston en Caroline du Sud où il fait fortune dans la plantation. A seize ans, elle épouse un pirate de petite envergure nommé James Bonny. Ce dernier projette de récupérer l'imposant héritage de sa femme. La chose est vaine car son père la déshérite eu égard à son choix de vie. James la fait suivre à New Providence où il devient informateur auprès du Gouverneur Woods Rogers, dénonçant les marins soupçonnés d'exercer des activités de contrebande ou de piraterie en échange d'une grâce royale. Dégoûtée par la trahison de son époux envers les siens, Anne décide de ne plus vivre avec lui et commence à accorder ses faveurs à des pirates. N'étant pas si délicate en matière de chasteté, Anne gagne la confiance de plusieurs capitaines avant de se retrouver dans les bras d'un certain Calico Jack, autrement dit Jack Rackham. Bien qu'étant la maîtresse du capitaine, Anne continue de dissimuler ses formes sous d'amples chemises de marins et manie le sabre d'abordage avec la même ardeur et la même efficacité que ses compagnons.

14 Mary Jane Read Mary Jane Read voit le jour dans le comté de Devon en Angleterre vers1690. À la mort de son frère Willy, sa mère, veuve d'un capitaine de la marine, la travestit en garçon pour continuer à percevoir le soutien financier destiné à l'aîné de la part de la grand-mère de Mary. Ce travestissement masculin lui est d'un grand secours puisqu'elle enchaîne divers métiers sous cette apparence, notamment celui de matelot sur un navire qui ne quitte guère de vue les côtes britanniques. Elle sert comme soldat dans un régiment d'infanterie lors d'une campagne dans les Flandres. Elle y rencontre un maréchal des Logis qu'elle épouse et avec lequel elle ouvre l'Auberge des Trois Fers à Cheval, à Breda en Hollande. L'auberge survit quatre années avant que son mari ne décède, obligeant Mary à reprendre les habits d'homme et le chemin maritime. Elle s'engage alors à bord d'un navire marchand hollandais sous le nom de Willy Read avant d'être capturée par des pirates anglais. Intégrant les rangs de ces pirates, elle rejoint New Providence aux Bahamas où elle rencontre Jack Rackham et sa compagne Anne Bonny.

15 La légende veut que Mary s'éprenne d'elle avant de découvrir sa condition féminine. Dés lors, les deux jeunes femmes scellent leur destin aventureux autour d'un secret que seul Rackham semble connaître. Mary tombe amoureuse à bord d'un jeune marin qui, une fois prisonnier, s'est rangé auprès des pirates. Un jour, ce jeune homme qui tranche avec la vulgarité des autres membres, se prend de querelle avec un des pirates. La violente dispute qui les oppose doit trouver, au regard du règlement interdisant tout duel à bord des bateaux, son issue à terre selon la tradition, c'est-à-dire « à l'épée et au pistolet ». Mary sait le manque de pratique en matière de combat de son élu. Elle s'arrange pour provoquer son adversaire en duel. Le duel est donc programmé sur le même lieu mais deux heures avant celui de son amant. Mary tue son adversaire en combat loyal, sauvant ainsi d'une mort certaine celui qu'elle aime.

16 Le dernier combat Le gouverneur de l'île de la Providence se résout à mettre fin aux méfaits des pirates. En octobre 1720, les troupes du Capitaine Jonathan Barnet qui travaille pour le Gouverneur de Jamaïque, attaquent Rackham et son équipage. L'ensemble de l'équipage est ivre et caché dans la cale. Seul un homme se joint à Mary et Anne pour se défendre. Ecœurée, Mary Read fait feu avec son pistolet en direction de la cale « tuant un homme d'équipage et en blessant plusieurs autres ». Il faut plus d'une heure de combat avant que les deux femmes ne rendent les armes, face aux troupes de Barnet. Les procès a lieu à Port Royal, en Jamaïque. Celui des deux femmes a lieu, semble t'il, à part. Certaines de leurs victimes, qui ont été faites prisonnières par les pirates, témoignent, racontant notamment les combats, et déclarent que « les deux femmes portaient des vestes d'homme, des pantalons, et un foulard noué sur leur tête. Et chacune d'elles avait en main une machette et un pistolet, et jurait et injuriait les hommes. »

17 La plaidoirie du ventre
Mary Read et Anne Bonny sont condamnées à mort. Mary Read ne semble pas prendre ombrage de la sentence, avançant que les gens de courage ne doivent point craindre la mort. Charles Johnson rapporte que selon elle, « si les pirates n'étaient punis d'une telle manière et que la peur ne retint beaucoup de poltrons, mille fripons qui paraissent honnêtes gens et qui néanmoins ne s'appliquent présentement qu'à tromper la veuve et l'orphelin, ou à chicaner et à supplanter leurs voisins se mettraient aussi en mer pour voler impunément, et l'océan ne serait couvert que de cette canaille ; ce qui causerait la perte totale du commerce. » Contrairement à leur capitaine, Les deux femmes échappent à la corde. À l'annonce de la sentence, alors que le juge demande s'il existe une éventuelle objection, les deux femmes déclarent : « My Lord, we plead our bellies (Nous plaidons notre ventre) », prétendant qu'elles sont enceintes. Cette pratique est courante à l'époque car personne n'ose tuer ce qui est considéré comme un être vivant pas encore né. Dès 1387, la « Pleading the Belly » ou « Plaidoirie du Ventre » est une possibilité offerte par le droit anglais de surseoir l'exécution à l'accouchement. La réclamation ne peut constituer une ligne de défense dans la mesure où elle peut être seulement portée après qu'un verdict de culpabilité ait été livré. Difficile de savoir si c'est bien le cas. On ne retrouve aucune trace d'enregistrement des enfants. Mary finit ses jours en prison, mourant vraisemblablement de la fièvre jaune en Certains historiens prétendent qu'Anne Bonny a échappé à la pendaison grâce à l'influence d'importants amis de son père. Elle disparait et nul ne retrouve sa trace. Ce formidable duo est à au cœur de nombreuses histoires romanesques. Anne fascine à ce point les Américains qu'Hollywood produit Anne des Antilles en 1951 dans une approche historique des plus fantaisistes.

18 Le travestissement Le changement d’identité est relativement aisé à une époque où l’état civil est flou. Le travestissement est souvent lié à un problème socio-économique. Il permet d’obtenir un moyen d’existence autonome sans tutelle économique masculine. La motivation du travestissement est parfois d’ordre affectif : suivre ou poursuivre un homme. Le travestissement permet aussi de garder prés d’eux un objet sexuel consentant ou non. Il est parfois source d’ambigüité (homosexualité féminine, polygamie). Par l’emprunt de l’habit d’homme, ces femmes réussissent à sortir du lieu féminin, c’est à dire d’une certaine clôture et à accéder à un lieu jusqu’alors interdit : le champ d’activité masculin. Il entraine ainsi une transgression : s’aventurer sur terrain réservé aux hommes : celui des champs de batailles, terrestres ou maritimes. La travestie révèle les interdits auxquels se heurtent les femmes, leurs frustrations et la disparité entre leurs capacités et la zone d’activité qui leur est allouée. Trois types de comportement émergent alors : - Une fois l’homme aimé rejoint ou épousé, la femme reprend ses habits et ses habitudes. - Une fois l’histoire sentimentale terminée, la nécessité économique pousse la femme à conserver ou reprendre l’habit masculin. - Une fois l’histoire terminée, la femme se rend compte que la quête de l’homme n’est qu’un prétexte et qu’elle a pris gout au mode de vie masculin, incapable de mener une vie de femme au foyer. Cette 3e possibilité peut se superposer à la précédente. La passivité féminine est liée aux rôles sociaux et aux conventions, et non au tempérament. L’excursion dans le champ de l’activité masculine conforte ainsi parfois la femme dans son identité féminine mais le plus souvent elle lui révèle que ses compétences sont égales à celles des hommes. Elle lui fait prendre conscience de la distance entre ses possibilités réelles et le rôle qu’on lui a appris à jouer. Cette prise de conscience fait d’elle une personne déplacée dans tous les sens du terme.

19 Les petites histoires! La Reine de Clew Bay Grâce O'Malley, de son nom irlandais Gráinne Ni Mháille, surnommée Granuaile, est la descendante d'une longue lignée de marins irlandais. Elle nait en 1530 à County Mayo et est la fille du capitaine Owen O'Malley. Sa famille est devenue riche principalement par la pêche et le commerce. La jeune Grâce revendique le droit de prendre le relais en mer mais, en tant que femme, cela parait inconcevable. Mariée deux fois et mère de quatre enfants, elle se construit au fil des années une solide réputation de pirate inflexible, surpassant de loin celle de ses deux maris. La légende veut que Grâce donne naissance à un de ses fils en mer. Le jour suivant la naissance du bébé, le bateau est attaqué par des pirates turcs. Bien qu'épuisée par la naissance, Grâce saisit une arme à feu et se rend sur le pont pour encourager ses hommes à lutter contre les Turcs, forçant leur retraite. Vers 1546, elle épouse Donal O'Flaherty, fils d'un chef de clan, avec lequel elle a trois enfants. Ce mariage plus politique que sentimental, permet d'asseoir l'autorité marchande de sa famille avec la protection du clan de son mari. À la mort de son mari, elle prend en charge la défense et la reconquête de ses châteaux : elle finit par contrôler complètement la Clew Bay, une baie océanique naturelle dans le comté de Mayo au nord-est de l'Irlande. Elle renforce son contrôle de la région en se mariant puis divorçant de Richard Burke. Le divorce lui permet de subtiliser le château de Rockfleet de son ex-époux. Granuaile utilise alors sa position avantageuse pour financer des activités diverses de commerce et de piraterie auxquelles elle prend régulièrement part. Elle commande ainsi plus de deux cents hommes et exerce son influence dans le domaine de la politique irlandaise où les batailles de clans font rage. Elle construit son petit empire incluant cinq châteaux et plusieurs îles irlandaises. Sa flotte s'attaque indifféremment aux bateaux turcs, espagnols ou anglais.  A l'âge de cinquante six ans, Grâce est capturée par Sir Richard Bingham, Gouverneur impitoyable nommé par la Reine pour régner sur les territoires cédés. A cette époque, l'Irlande subit l'autoritarisme anglais qui contraint, souvent par la force, les chefs de clan à donner leurs terres en échange d'un titre anglais. Quelques chefs se rendent, plusieurs se rebellent parmi lesquels se trouvait Grâce. Elle est appréhendée avec les membres de son clan et emprisonnée. Attendant dignement son exécution, la Reine de Clew Bay est graciée à la dernière minute. Son gendre s'offre en otage en échange de la promesse que Grâce reprenne des activités licites. Bien que libérée sur cette promesse, Bingham met tout en œuvre pour limiter son influence et se venger de son insolence. Le temps qu'il reste en poste, il s'évertue à l'appauvrir et complote même le meurtre de son fils aîné, Owen. En 1593, elle doit négocier la libération de son frère Donal-na-Piopa et de son fils Theobald capturés par un notable anglais. Las d'écrire en vain des lettres à la reine, elle se rend à Londres pour négocier leur liberté et récupérer ses biens légitimes. Nul ne sait avec certitude le contenu de son entretien avec Elizabeth 1ère. La rencontre a lieu au château de Greenwich comme l'attestent les paroles d'une vieille chanson qui parle de la présence de Grâce dans la cour de la Reine. Grâce obtient gain de cause, en échange de quoi elle s'engage à ne prendre pour cible que les ennemis de la Couronne d'Angleterre. Elle meurt à Rockfleet vers Il semble que durant ses années d'existence, les anglais ont petit à petit étendu leur influence en terre d'Irlande sauf dans le fief de Granuaile. A sa mort, aucun chef de clan n'est en mesure de préserver le vieux mode de vie Gaélique comme Grâce et sa famille l'ont fait leur vie durant.

20 Les petites histoires! Le dragon à six têtes Ching Shih ( ) est la femme la plus puissante de l'historie de la piraterie. Elle règne sur les mers allant de Hong-Kong jusqu´aux côtes vietnamiennes. Ancienne esclave, elle épouse en 1801 le pirate Ching Yih à condition qu'il partage ses biens et le commandement. Depuis 1797, son redoutable mari a pris la tête de la piraterie chinoise alors regroupée en une vaste confédération qui organise des razzias dans les villages et villes de la côte. En 1807, un typhon vient à bout de son mari. Sa veuve prend alors la tête de la confédération accompagnée de son fils adoptif Chang Pao. La flotte comprend plusieurs dizaines de milliers d'hommes et se compose de six escadres de dix à quarante jonques, reconnaissables respectivement à la couleur de leur pavillon (rouge, noir, blanc, bleu, vert et jaune). L'ensemble est surnommé « le dragon à six têtes ». L'escadre la plus importante regroupait trente-six jonques et mille quatre cents vingt deux hommes. La confédération a instauré un code régissant la conduite et la tactique en mer, les conflits, le partage du butin. L'habile et courageuse Mme Ching parvient à maintenir plus d'ordre et de morale que ne l'a institué le code de son défunt mari. Elle instaure donc de nouvelles règles parmi lesquelles le fait que les violences envers les femmes sont punies de mort. Les fautifs sont jetés à la mer, enchaînés par les pieds. Un déserteur a les oreilles coupées et est mis à mort en public en cas de récidive. Tout ce qui tombe au pouvoir des flottes unies est inscrit sur des registres et nul article, aussi petite que soit sa valeur, ne peut être distrait sous peine de mort. A chaque prise faite, les hommes de l'équipage capteur doivent lever les mains et jurer qu'ils n'ont rien dérobé. La confédération dispose alors de richesses importantes. Les fonds proviennent des navires marchands arraisonnés, qu'ils soient chinois ou européens. Les captifs sont alors revendus comme esclaves. Des rançons sont exigées pour récupérer les dignitaires. Le butin est équitablement réparti entre les hommes même si les huit dixièmes sont réservés au fond général, sorte de trésor de guerre de la Confédération. L'omniprésence des pirates de Mme Ching et la terreur qu'ils représentent sont telles que les marchands n'hésitent pas à souscrire une protection. A la fois crainte et courtisée, Madame Ching rallie les villages à sa cause en promettant de ne plus les piller en échange de victuailles. « Le vin le riz, les légumes, le thé étaient exactement soldés » écrivit Jules-Sébastien-César Dumont d'Urville. Le génie actif et prévoyant de Mme Ching fait qu'elle profite de chaque prise de navire européen pour apprendre d'eux le maniement des armes modernes qu'elle s'empresse d'adapter aux conditions de navigabilité de ses jonques. La flotte devient alors si puissante qu'elle surpasse l'armée chinoise ce qui menace sérieusement le gouvernement impérial. La présence pirate dans le commerce de l'opium exaspère aussi les commerçants européens et notamment anglais qui demandent une politique et des actes à l'endroit du dragon. L'ordre pirate vient ainsi contrebalancer la vénalité et la corruption opérant au niveau des Mandarins et de l'administration chinoise. En désespoir de cause, en échange de l'arrêt de tout acte de piraterie, l'empereur accorde l'amnistie aux pirates. En 1910, la flotte au pavillon noire se rend accompagnée quelques mois après par celle du pavillon rouge de Chang Pao. L'empereur cède honneurs et palais à cette redoutable négociatrice, qui garde également toute sa fortune. Trente quatre ans plus tard, Madame Ching meurt âgée d'une soixantaine d'année. Dumont d'Urville rapporte les propos bien optimistes d'un historien qui, suite à la fin du dragon à six têtes, écrit que « depuis lors, tout est calme sur le fleuve et sur les quatre mers; les populations vivent dans la joie et l'abondance de toute chose; le pays a commencé à prendre un nouvel aspect. » L'expiration de la Confédération ne met certainement pas un terme à la piraterie. Il faut attendre l'arrivée massive des Européens en Orient et la guerre de l'opium menée par les anglais entre 1839 et 1842 pour préserver leur commerce, pour voir l'élimination des pirates. Les français en font de même au Viêt-Nam.


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