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Histoire de la France Contemporaine

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1 Histoire de la France Contemporaine
Quatrième cours : La politique étrangère française ( ) et la Seconde Guerre mondiale ( )

2 Quatrième cours : 1 – La « sécurité collective » (1919-1932)
2 – De la « sécurité collective » à la réalité ( ) 3 – La marche à la guerre… encore 4 – La « drôle de guerre » et la débâcle 5 – La France occupée 6 – La libération

3 1 – La « sécurité collective » (1919-1932)
1.1 – Le poids de la guerre Si la situation intérieure de la France après la guerre est difficile, au plan international, elle est plutôt bonne. Reconnue principale victime de la guerre, elle est sans compétiteur en Europe continentale, l’Allemagne ayant été mise à genoux. Pour le moment. Mais l’affaiblissement interne du pays finira par se refléter sur sa position internationale. Et ce n’est qu’une question de temps avant que l’Allemagne ne se relève. D’autant que la présence à l’est d’un gouvernement révolutionnaire continue de faire peser une menace de guerre en Europe. 

4 La plupart des puissances alliées continuent en et 1920 à guerroyer aux côtés des blancs contre les bolchéviques. Pour la France, en 1919, l’aventure russe prend fin et le corps expéditionnaire quitte Odessa. Avec le retrait des Américains des affaires européennes, on retrouve la configuration habituelle, avec l’opposition franco-allemande et un Royaume-Uni désireux de maintenir un équilibre sur le continent. La France semble prête à tout pour assurer la pérennité d’une « sécurité collective », mais la réalité géopolitique de l’époque fait en sorte que Londres et Paris ne manquent pas de sujets de discorde. C’est le cas de la question turque, que l’on voulait voir réglée avec le traité de Sèvres, mais qui ressurgit à la faveur du mouvement kémaliste. Sous la conduite d’Atatürk, la Turquie se lance dans une guerre contre la Grèce, client de Londres, tout en cherchant l’appui de Paris.

5 Le traité de Lausanne de 1923 sera ressenti douloureusement au Royaume-Uni, ce qui se reflètera sur les relations franco-britanniques. Avec le refus de Washington de ratifier le traité de Versailles, la France reste seule face à l’Allemagne. La « politique d’exécution » devient la seule responsabilité de Paris. La priorité est donnée à l’exécution du traité de Versailles. Or, l’Allemagne fait preuve d’un manque de volonté à remplir ses obligations, d’autant qu’elle est elle-même aux prises avec de graves difficultés financières. À l’été 1922, incapable de payer, l’Allemagne réclame un moratoire sur les réparations. Devant l’échec des négociations, la Commission interalliée donne à Paris le droit de se dédommager en occupant la Rhénanie et le 11 janvier 1923, les troupes françaises entrent sur le territoire allemand.

6 Ne pouvant engager la lutte armée, Berlin se lance dans une politique de résistance passive qui tourne court, mais le rejet par Londres du projet d’indépendance rhénane présentée par Paris oblige ce dernier à faire preuve de modération. L’action de la France en Rhénanie aura une conséquence inattendue : en s’isolant, Paris se retrouve contrainte en 1924 d’accepter le plan Dawes de réductions des réparations et de renouer des relations plus cordiales avec Berlin. On renoue avec une politique de sécurité collective qui inclut Berlin (et Moscou, par la reconnaissance du gouvernement bolchévique) et qui va se développer grâce à la prospérité économique qui s’amorce. Aristide Briand est le grand artisan de ce changement. Le ministre socialiste des Affaires étrangères considère que la seule façon d’assurer la paix en Europe est de réconcilier la France et l’Allemagne.

7 En 1925, à Locarno, l’Allemagne reconnaît ses frontières occidentales et en échange, la France accepte que Berlin rejoigne la SDN, pavant la voie au retour de l’Allemagne dans la « communauté internationale ». Des relations normales étant rétablies, les discussions entre les deux États s’accélèrent. Un autre élément de l’entente franco-allemande est établi par l’Entente internationale de l’acier, qui fixe des quotas de production entre les signataires et en 1927, un accord commercial est signé entre les deux pays. La détente se manifeste au sein des opinions publiques, germanophobie française et revanchisme allemand reculant sur fond de développement économique. C’est dans ce contexte que sera signé le pacte Briand- Kellog par 15 États, qui condamnent le recours à la force armée et s’engagent à régler leurs différends par des moyens pacifiques, symbole par excellence de l’air du temps, malgré l’absence réelle d’utilité du texte.

8 La détente permet la signature du plan Young, qui réduit la dette allemande et permet l’évacuation anticipée de la Rhénanie. La France peut ainsi se préoccuper de ses colonies, qui ont contribué à la victoire et qui réclament des aménagements. Malgré certains troubles, il n’est pas question initialement d’indépendance, mais d’une plus grande participation des colonies à l’Empire. Devant le manque d’empressement du gouvernement, les premiers mouvements d’opposition à l’emprise française se développent à la fin des années 1920. C’est le cas en Indochine, (fondation du Parti national vietnamien), en Tunisie où le Néo-Destour rompt avec l’approche conciliatrice du Destour (Constitution), ou encore au Maroc, ou la France devra recourir à une armée de 100 000 hommes pour venir à bout du mouvement indépendantiste de Abd El-Krim.

9 En Syrie et au Liban, territoires attribués à la France, Paris fait face à des révoltes (1925 et 1927) qui réunissent les populations au-delà des critères religieux. Certains de ces conflits soulèvent la question de la menace communiste dans les colonies (comme en Indochine, ou est fondé en 1930 le PC Vietnamien par Nguyen Ai Quoc — Ho Chi Minh) et en métropole, alors que l’influence du Kominterm fluctue en fonction des luttes au Kremlin et des relations entre Moscou et les diverses capitales, l’URSS étant à la recherche d’une sécurité qui lui manque et la rend instable. Les relations sont difficiles avec l’Italie mussolinienne et si dans un premier temps on voit positivement le mouvement de Mussolini, les tensions se multiplient dans la seconde moitié des années 1920, entre autres à cause de la « politique de revers » menée par Paris dans l’Est européen, qui indispose le révisionnisme de Rome.

10 Jusqu’en 1929, les choses continuent de s’améliorer en Europe, mais les nuages s’amoncèlent néanmoins. Le chant du cygne de cette époque est représenté par l’échec du projet d’Union européenne développé et soutenu par Aristide Briand. Prévoyant la formation d’une assemblée internationale, le projet de Briand sera rejeté par la presque totalité des États européens, pour des raisons très diverses, au cours de l’année 1930, témoignage assez manifeste du fait que les contradictions et les oppositions en Europe ne permettent pas encore la venue cette ère pacifiste que le « pèlerin de la paix » appelait de ses vœux.

11 2 – De la « sécurité collective » à la réalité (1932-1938)
La dégradation du climat international commence en 1932, l’une des causes étant la crise économique, qui affecte grandement l’Allemagne, ce qui conduit à soulever à nouveau le problème des réparations. L’apparente bonne santé économique de la France joue contre elle, l’Allemagne faisant valoir que la France peut se passer des réparations pour un temps, d’autant que la situation favorise le NSDAP. Malgré le rejet de tout aménagement dans l’opinion française, Laval s’efforce de trouver un terrain d’entente, pour éviter une reddition de l’isolement français des années 1920 à cause de ce même problème.

12 Mais cela pose un grave problème budgétaire, qui a grand besoin des réparations allemandes pour faire face à ses obligations financières envers les États-Unis. On convoque à l’automne 1932 une conférence où est proposé l’abandon des réparations. La France parvient à faire dépendre le coup de balai sur les réparations à l’abandon des dettes par les Américains, ce qui devait être officialisé à Londres en 1933. Entre temps, l’arrivée d’Hitler rendit cette conférence inutile, celui-ci refusant de poursuivre le versement des réparations, première entorse aux traités. Pour les nazis, les limitations imposées aux forces armées du pays sont injustes, car elles n’imposent pas de limitations aux forces adverses. Sans encore dénoncer ces limitations, Hitler commence dès février une politique de réarmement intensive, même si en fait, le réarmement avait commencé dès 1932, suite à la conférence du désarmement de l’automne 1932.

13 Une proposition intéressante sera mise de l’avant en par Mussolini : un pacte des quatre grandes puissances s’engageant à limiter leurs forces armées et à régler les contentieux territoriaux à l’est de l’Europe. Enterrant les dispositions de Versailles concernant les frontières, l’accord était inacceptable pour Paris et Londres et l’idée ne se réalisa pas. Devant les volontés de Berlin de remettre en question l’ordre de l’après-guerre, la France devait réagir et de à 1934, la politique étrangère française vise à encercler diplomatiquement l’Allemagne. Ces tentatives resteront vaines : du côté de l’Italie, les contentieux territoriaux empêchent le rapprochement alors qu’à l’est, malgré la signature des différents accords avec l’URSS, la méfiance rend impossible la conclusion d’une véritable entente, d’autant que les Britanniques hésitent à s’y associer.

14 Laval, abandonnant le rapprochement avec l’URSS, va se concentrer sur l’Italie fasciste, afin d’éviter le rapprochement entre Rome et Berlin. Cette tentative se matérialise en avril 1935 à Stresa, par la signature d’une entente tripartite Italie-France-Royaume-Uni, qui fait suite à la décision d’Hitler de rétablir la conscription. Mais les signataires ont d’autres priorités et le « front de Stresa » ne tiendra pas, Hitler profitant de l’embargo imposé à l’Italie par la SDN suite à l’invasion de l’Éthiopie pour nouer des relations plus étroites avec Rome, lesquelles aboutiront en 1937 à la signature par Rome du pacte anti- Kominterm de 1936. Entre temps, la Sarre a été rattachée à l’Allemagne, conformément aux dispositions de Versailles et Berlin est prêt à aller plus loin, par sa politique des coups de force, au cours desquelles Paris, pas plus que Londres, ne tentent de freiner les ambitions allemandes.

15 La Rhénanie est réoccupée par Hitler en février 1936, puis devant l’absence de réaction, Hitler s’enhardit sur la question autrichienne, ce qui aboutit à l’Anschluss en Alors que la guerre civile fait rage en Espagne et qu’Italiens et Allemands aident les forces de Franco, Paris se montre très réticent, ce qui permettra à terme à Franco d’installer à la frontière sud de la France un régime favorable à Berlin. Cette apparente indifférence de la France s’explique par des raisons d’ordre intérieur et extérieur. Sur le plan extérieur, les dirigeants français considèrent qu’ils ont besoin de l’aide britannique. Or, ces derniers se sentent moins menacés que la France et hésitent à s’aventurer dans un chemin qui pourrait les conduire en guerre contre l’Allemagne. isolé, Paris préfère temporiser.

16 À l’intérieur, les gouvernements de Front populaire, très fragiles, ne sont pas en mesure de se manifester sur la scène internationale. Et les dirigeants de l’époque ont pour la plupart connu l’expérience de et veulent à tout prix éviter la répétition du carnage. Ils sont d’autant plus enclins à le faire que la population française l’appuie dans ce choix, le pacifisme étant l’un des courants idéologiques les plus puissants à l’époque. Il l’est d’autant plus que, à côté de ses gestes provocateurs, l’Allemagne fait de gros efforts pour convaincre les Français qu’elle ne cherche qu’à réparer les injustices dont elle aurait été victime en 1919. C’est aussi à cela qu’il faut attribuer les résultats de la Conférence de Munich. Le traité de Versailles a fait des Sudètes, majoritairement germanophone, un territoire relevant de Prague.

17 Après avoir tenté d’obtenir une certaine autonomie au sein de la Tchécoslovaquie, les dirigeants des Sudètes se tournent vers l’Allemagne. Jugeant intolérable la « persécution » de germanophones aux frontières de l’Allemagne, Hitler manifeste dès le printemps 1938 son désir de se porter à leurs défenses et menace d’intervenir militairement. Sur proposition de Mussolini, une conférence se réunit en septembre 1938 à Munich, afin d’éviter la guerre à tout prix. Ni les Tchécoslovaques, ni les Soviétiques (qui sont pourtant liés à la Tchécoslovaquie par un traité d’Assistance mutuelle) ne sont invités à cette conférence qui se solde par l’autorisation donnée à Hitler d’annexer les Sudètes en échange de sa promesse qu’il s’agit là de sa dernière revendication territoriale…

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19 3 – La marche à la guerre… encore
Pour nombre d’historiens, les accords de Munich ont constitué la limite de ce que les gouvernements occidentaux étaient prêts à faire pour éviter la guerre, toute demande supplémentaire de l’Allemagne devant les obliger à agir résolument contre celle-ci. Pour d’autres, il s’agit d’une vision idéalisée de la politique étrangère française et britannique a posteriori qui ne tient pas compte de la poursuite des atermoiements chez de nombreux dirigeants occidentaux tout au long de l’année 1939. Les deux points de vue sont exacts : Munich marque une rupture pour certains, qui semblent comprendre que la politique d’Hitler n’a que peu de choses à voir avec le traité de Versailles et que le thème de la révision de celui-ci n’est utilisé par Hitler que comme prétexte.

20 Après avoir obtenu les Sudètes, Hitler décide de régler le « problème tchécoslovaque » à son avantage, en incluant aussi dans l’opération la Hongrie et la Pologne. Le président Hacha assiste impuissant à la proclamation d’indépendance de la Slovaquie et est mis en demeure d’accepter un protectorat sur la Bohême-Moravie. Les armées allemandes entrent alors sur ces territoires, pendant que la Hongrie occupe le sud de la Slovaquie. Quant à la Pologne, elle s’était déjà emparée de Cieszyn en octobre La Tchécoslovaquie n’existe plus. Cette dernière outrance ouvre les yeux de nombreux responsables, d’autant qu’Hitler se tourne vers Dantzig, ville libre séparée de l’Allemagne par un corridor permettant à la Pologne d’accéder à la mer. Le colonel Beck avait jusqu’alors entretenu des relations cordiales, et même complices, avec l’Allemagne. Berlin réclame le rattachement de la ville au Reich et la construction de voies de communication avec Dantzig.

21 Beck refuse, d’autant qu’à Paris et Londres, on déclare le soutenir
Beck refuse, d’autant qu’à Paris et Londres, on déclare le soutenir. Même Chamberlain semble excédé, ce qui donne à Daladier plus de marge de manœuvre contre les pacifistes de son cabinet, l’alliance britannique étant la seule façon d’assurer la sécurité du pays. Quand Chamberlain annonce son intention d’offrir des garanties aux États de l’Est européen, Daladier peut lui emboîter le pas. Une alliance anglo-polonaise est négociée et conclue en août et des accords du même ordre sont signés avec la Roumanie et la Grèce. La France se rallie à ces gestes. Mussolini cesse d’hésiter et prend position en faveur de l’Allemagne contre la France. Le 22 mai 1939, Rome et Berlin signent le « pacte d’Acier », d’assistance mutuelle. Tenue à l’écart depuis Munich, Moscou est de nouveau courtisée par Paris et Londres, dans le but de réactiver une alliance de revers.

22 Staline demeure très méfiant, convaincu que l’objectif des Occidentaux est de pousser l’Allemagne à une guerre avec l’URSS, mais il est inquiet et donne son accord à la reprise de pourparlers. Mais si Paris est très insistant, le vieux fonds anticommuniste des Britanniques les fait hésiter. C’est pourquoi Staline a remplacé Litvinov par Molotov le 3 mai 1939, avec pour mission d’assurer coûte que coûte la sécurité de l’URSS. Devant le peu d’empressement des délégations occidentales, Staline donne son accord aux propositions de Ribbentrop, conclusion de contacts qui avaient été pris depuis avril, et le pacte de non-agression entre les deux puissances est signé le 23 août. Hitler croit pouvoir régler le problème polonais sans risquer une guerre. Il reprend sa tactique consistant à faire croire à ses interlocuteurs qu’il s’agit de ses dernières revendications.

23 Il propose de même, par l'intermédiaire de Mussolini, une conférence internationale sur la question polonaise. Malgré l’existence au sein du gouvernement français, d’une tendance pacifiste, lorsque le 1er septembre, les blindés allemands envahissent la Pologne, le gouvernement français décrète la mobilisation et envoie un ultimatum à l’Allemagne qui reste sans réponse. Conséquemment, le 3 septembre, la France est de nouveau en guerre. Le fait que le projet de loi votant les crédits nécessaires à la guerre ne mentionnait même pas le mot de « guerre » donne la mesure de l’enthousiasme du gouvernement devant ce conflit devenu inévitable.

24 4 – La « drôle de guerre » et la débâcle
Malgré la déclaration de guerre du 3 septembre, la France et le Royaume-Uni ne bougent pas. Les blindés allemands écrasent la petite armée polonaise et le 17 septembre, les troupes soviétiques la prennent à revers. La période qui va du 1er septembre au du 10 mai 1940 est qualifié de « drôle de guerre » : les hostilités sont déclarées, mais rien ne se passe sur le front occidental, sinon une brève incursion des troupes françaises en Sarre, lesquelles sont aussitôt évacuées, malgré l’absence de réaction allemande. Car l’État-major français entend ne pas se laisser entraîner loin de ses frontières et préfère attendre l’ennemi derrière la ligne Maginot.

25 Le haut commandement français croit que le temps joue en sa faveur : pendant que les forces allemandes s‘épuiseront à l’est, le potentiel des alliés ne fera que croître, avec la mobilisation des forces dans les colonies et l’éventuelle intervention des États-Unis. Bref, en 1939, les généraux français s’apprêtent à rejouer 1914. Les effets négatifs de cette stratégie sont nombreux. Dans la population, l’absence de combat donne l’impression qu’il n’y a pas de guerre, ce qui nuit à la mobilisation des forces et rend inacceptables les mesures de rationnement prises dès l’hiver 1940. Au sein de la classe politique, une Union Sacrée de type 1914 est rendue impensable et l’absence de combat encourage les pacifistes, qui réclament la fin de cette guerre qui n’a pas encore commencé. Ce climat fera de la popularité de Daladier, toujours président du Conseil, la première victime, puisqu’on lui reproche son « bellicisme attentiste ».

26 Le 19 mars 1940, Daladier est défait par une motion de censure et remplacé par Paul Reynaud, favorable à une action militaire plus résolue, mais qui se heurte au refus des généraux de se porter à l’offensive. Incapable de gouverner, Reynaud donne sa démission le 9 mai Mais le lendemain, 10 mai, il la reprend : l’offensive allemande vient de commencer. Les Allemands ne sont pas restés passifs pendant cette période, prenant le contrôle de la Norvège et assurant ainsi un meilleur approvisionnement en fer, charbon et pétrole. Ayant concentré ses forces près des frontières françaises, belges et néerlandaises, Hitler lance l’assaut. Pendant que des forces pénètrent aux Pays-Bas et en Belgique, les blindés de Guderian foncent à travers les Ardennes, débordant la ligne Maginot, encerclant des troupes alliées au Nord et contraignant les Britanniques à rembarquer leur corps expéditionnaire à Dunkerque.

27 Même si une partie des troupes françaises est aussi évacuée, l’essentiel de celles-ci est bientôt mis hors de combat. Le 5 juin, les Allemands bifurquent en direction sud et le 10 juin, l’Italie se joint à la curée. Paris est occupée le 14 juin, alors que les plus grandes difficultés auxquelles sont confrontées les Allemands tiennent à l’étirement de leur ligne de communication et à l’encombrement des routes, alors que 10 millions de Français et de Belges fuient en direction sud. Malgré cela, les forces allemandes avancent rapidement et dès le 20 juin, elles seront à Lyon, Clermont et Bordeaux. À cet effondrement militaire correspond un effondrement politique. Avant la prise de Paris, le gouvernement Reynaud, qui a tenté de stimuler le front en changeant de chef d’État-major, quitte la capitale pour se réfugier à Bordeaux.

28 Offensive de mai 1940

29 Deux attitudes se font jour : alors que Reynaud propose de continuer la lutte à partir des colonies, d’autres forces politiques, appuyées par une partie importante du corps des officiers, menée par le maréchal Pétain, proposent d’abandonner une lutte perdue d’avance Reynaud donne sa démission et est remplacé par son vice-président, le maréchal Pétain. Le 17 juin, Pétain ordonne de cesser le combat, tout en déclarant son intention de demeurer en France. Une partie des députés et ministres de la 3e république, ainsi que certains chefs militaires refusent la défaite et quittent le territoire de la métropole pour poursuivre la lutte. Les conditions de l’armistice imposées le 22 juin par l’Allemagne sont très sévères : limitation de l’armée à 100 000 hommes, occupation d’une large part du territoire aux frais de la France, annexion de l’Alsace et de la Lorraine. Mais le France n’a pas le choix, semble-t- il, et Pétain signe l’Armistice ce même 22 juin.

30 Mais la défaite doit être expiée et Pétain, conservateur nationaliste, considère que le premier responsable de la défaite, c’est le système politique, cette république qu’il n’a jamais aimé et que ce vieillard vénérable de 84 ans accuse d’avoir corrompu le peuple français. Le 1er juillet à Vichy, le gouvernement convoque députés et sénateurs qui, désemparés et accusés d’être responsables de la débâcle, remettent, par 569 voix sur 666, le destin du pays entre les mains de Pétain, autorisant l’instauration d’un régime dictatorial et permettant à celui-ci d’enterrer la 3e République le 11 juillet. Quant aux véritables causes de la débâcle, elles résident précisément dans un appareil militaire sclérosé, dominé par des hommes d’une autre époque et dont la fidélité à la république, depuis la fondation de celle-ci en 1870, a toujours été sujette à caution.

31 Car il n’est pas vrai que la France a été déclassée par l’Allemagne en mai-juin En fait, les forces alliées n’étaient surpassées par les Allemands, ni par le nombre, ni par la qualité. Le problème résidait surtout dans un état-major qui entendait conduire la guerre suivant des schémas que les généraux allemands avaient depuis longtemps jetés aux orties.

32 5 – La France occupée 5.1 – Vichy et la Révolution nationale
Le régime installé à Vichy, qui prend le nom « d’État français », fait de Pétain le seul chef du pouvoir exécutif et législatif, en plus d’être le seul dépositaire de la politique étrangère du pays. Le Sénat et la Chambre des députés ne sont pas abolis, mais suspendus indéfiniment. La nomination de Laval au poste de successeur achève de donner à ce système une allure monarchique d’autant plus évidente que le chef ne dispose d’aucune légitimité démocratique. Mais son autorité est d’autant plus réelle et incontestée que la France de l’été 1940 est complètement désemparée et abasourdie par l’effondrement national.

33 Au début, la population va vouer un véritable culte à Pétain, pendant que la reconnaissance de son pouvoir par de nombreux États contribue à asseoir son autorité. Mais l’absence d’institution représentative va à terme isoler le gouvernement de la population et, à cause de la situation internationale, le rapprocher de l’Allemagne, alors que la hargne antiallemande ne fait que croître. Un Conseil national sera créé en 1941, mais comme il ne sera formé que de personnalités non élues, il ne sera jamais considéré sérieusement par la population. De sorte que le pouvoir de Vichy est autocratique et la seule légitimité dont disposent les ministres est la confiance du maréchal… Le projet politique du régime de Vichy, présenté comme une Révolution nationale, est plutôt confus et évolue avec le temps. Il contient quelques lignes de force, comme le rejet du parlementarisme et de la société industrielle (du monde moderne, donc).

34 Son modèle politique et social s’inspire de la France d’ancien régime, où se mêlent nationalisme et cléricalisme. La devise du régime – Travail, famille, patrie – définit assez bien le concept de base. L’effondrement de la république ayant causé un vide, il a rendu possible des cohabitations politiques et idéologiques étonnantes, car si on situe Vichy à l’extrême droite, des hommes de gauche y ont participé, sans faire pencher le centre de gravité de ce côté. Les théories de Maurras ont imprégné la pensée politique du maréchal et le modèle autoritaire et centraliste suivi par Vichy le rapproche des dictatures de droite, comme celle de Salazar ou de Franco. Les militaires occupent une place fondamentale à Vichy. À côté de Pétain se tiennent d’autres grands noms de l’armée française, dont le général Weygand, chef de l’armée lors de la débâcle, ou l’amiral Darland, dont l’influence est très importante en 1941 et 1942.

35 Vichy peut être présenté comme la revanche des élites traditionnelles de la France sur la bourgeoise, classe dominante de la 3e république, mais même si l’Église de France accueille avec enthousiasme le nouveau régime, celui-ci ne lui fait que quelques concessions. L’expérience de Vichy s’inscrit dans son contexte temporel et se veut une réponse aux malaises de la société française. Certains éléments du régime l’apparentent aux régimes italiens et allemands. Parmi ces éléments, il faut citer le culte de la personnalité du chef et la prise en charge sociale, qui doit passer par le système scolaire, épuré de ses cadres « dangereux » et qui se voit confier la tâche d’éduquer la jeunesse dans l’esprit qu’il convient. On n’ira cependant pas jusqu’à créer une organisation de jeunesse unique, préférant un modèle plus pluraliste, tolérant plusieurs organisations, strictement contrôlées.

36 Au niveau de l’enseignement supérieur sont créées des institutions (comme l’école d’Uriage) chargées de former les cadres de demain. Mais d’autres éléments l’éloignent du modèle allemand, dont l’absence d’un parti unique et d’une idéologie officielle bien structurée. Ce n’est qu’avec le temps, suite à la perte du soutien de la population, que Vichy va dériver vers des formes plus centralisées et plus autoritaires, qui en feront dans une certaine mesure une forme française de fascisme. Cependant, dès le début du régime, Vichy va rompre avec la tolérance républicaine à l’endroit des minorités et se lancer dans une politique résolument raciste. Il faut ainsi constater que Vichy n’a pas attendu les ordres de Berlin pour s’aligner sur la conception raciale de l’extrême droite, même si à partir de 1942, les exigences de Berlin jouent un rôle plus important dans l’application de cette politique.

37 Dès l’été 1940, la « France aux Français » est mis en application : internement des étrangers, déportation vers l’Allemagne des immigrants antinazis, dénaturalisation de 15 000 Français et bien sûr, politique antisémite. En octobre 1940 et en juin 1941, Vichy promulgue deux « statuts des juifs », qui définissent qui est juif, avant de les exclure du corps social : ils ne peuvent exercer de fonction d’autorité ou d’influence (ce qui entraîne une purge des médias) et voient leur accès aux études fortement limité. En juillet 1941, on décide d’aryaniser (de nationaliser) les entreprises appartenant à des juifs. Dès mars 1941 est créé un Commissariat à la question juive, dirigé d’abord par Xavier Vallat, mais dont l’extrémisme apparaitra insuffisant aux yeux des Allemands et il sera remplacé par un homme docile et fanatique à partir de 1942, Darquier de Pellepoix.

38 Bien sûr, la politique d’exclusion ne se limite pas aux juifs et vise d’autres groupes jugés responsables de la décadence française, ce qui inclut aussi les francs- maçons, dont les loges sont dissoutes. Et il faut aussi ajouter aux victimes de persécutions les cadres républicains qui sont démis de leurs fonctions (comme de nombreux juges) ou plus simplement jetés en prisons, comme Reynaud, Daladier, Blum. En un premier temps, aucune accusation formelle n’est prononcée contre eux.

39 5.2 – La collaboration Il ne faudra pas beaucoup de temps pour qu’une partie de la population se détourne de Pétain, consacrant la faillite de la Révolution nationale et pavant la voie à une radicalisation du régime allant dans le sens de son seul « allié », l’Allemagne nazie. Les raisons de ce désamour sont multiples et les privations imposées à la population y sont pour beaucoup, de même que les arrestations arbitraires : début 1942, 50 000 Français sont emprisonnés et 30 000 internés dans des camps pour des motifs politiques. Les premiers attentats surviennent contre l’occupant ou ses supplétifs, entraînant des représailles qui suscitent la colère des habitants et donc, d’autres attentats.

40 La paix sociale un temps maintenue cède sous la pression et les grèves se multiplient. La résistance naît dans ce contexte et le pouvoir répond en se raidissant. Raidissement annoncé en août 1941, dans un discours de Pétain : suppression des partis politiques, augmentation des pouvoirs discrétionnaires des services de sécurité, création de tribunaux spéciaux (les Sections spéciales), obligation de prêter serment au maréchal. Le régime monte un procès-spectacle à Riom en contre les responsables politiques de la 3e République, emprisonnés depuis 1940, qui tourne à la farce, les accusés, Blum et Daladier en-tête, se transformant en accusateurs. Devant l’échec de ses projets, le régime se dévoile plus crûment et ne reste plus sous la phraséologie de la première période qu’un État devenant peu à peu policier, un simple supplétif de nazis sur le territoire français. La collaboration s’engage plus profondément.

41 Elle a commencé dès juin 1940, une partie des élites trouvant dès ce moment beaucoup d’aspects positifs au régime nazi. Si entre 1940 et 1942, la collaboration est vue comme une nécessité temporaire pour la France, à partir de 1942, avec l’éviction de Darland, l’imposition de Pierre Laval comme premier collaborateur de Pétain, elle devient une nécessité seulement pour le régime. Un autre élément pousse à la collaboration avec l’Allemagne : la certitude que l’avenir est de son côté, qu’elle va l’emporter et qu’il convient de trouver à la France une place dans l’Europe de demain. Le renversement de la situation sur le front à partir de survient alors que la France est trop profondément engagée de cette politique pour faire marche arrière. Mais de quelle collaboration peut-il être question entre un État vainqueur, qui occupe la moitié du territoire de l’État vaincu, et ce dernier État?

42 Cette fiction a des défenseurs, comme Laval, qui pousse Pétain, lors de sa rencontre à Montoire avec Hitler, à lancer officiellement une politique de collaboration. Malgré l’arrestation de Laval, son successeur, l’amiral Darlan, reprend le même refrain, avec des résultats semblables, ici la signature des Protocoles de Paris, mais qui resteront aussi sans impact réel. En fait, la seule chose que l’Allemagne désire alors, c’est que les colonies françaises cessent de combattre. Or, Vichy n’a qu’une influence limitée sur celles-ci. Le retour de Laval, imposé par les Allemands en marque une autre étape, la France se retrouvant soumise aux ordres de Berlin et devant accroître ses livraisons de matériels, en même temps que les pressions sur les juifs s’accentuent : le 16 et 17 juin 1942, plus de 13 000 juifs français sont arrêtés avant d’être déportés vers l’est.

43 En novembre 1942, alors que les Alliés s’emparent de l’Algérie et du Maroc, les Allemands entrent en zone libre et occupent l’ensemble du territoire. La fiction de la collaboration se révèle, d’autant qu’Hitler exige que Déat et Doriot, clairement fascistes, entrent au gouvernement. Vichy continue d’exister, mais pour Hitler, la France n’est plus qu’un réservoir de bras et de ressources qui dépend directement de son bon vouloir. Voilà en ce qui concerne la collaboration d’État. Mais il existe une collaboration individuelle, qui est d’abord économique, mais il est difficile de cerner ce qui relève de la contrainte ou de l’enthousiasme, car certaines entreprises, qui peuvent avoir eu avantage à commercer avec l’Allemagne nazie, peuvent aussi l’avoir fait pour autre chose, comme pour protéger leurs travailleurs des du service du travail. D’où le peu de procès pour collaboration économique à l’issue de la guerre.

44 C’est la raison pour laquelle la signification de l’expression « collaborateur » sera, lors de la libération, limitée à la caractérisation des personnalités ouvertement enthousiasmée par le nazisme, un Marcel Déat (Rassemblement National Populaire), un Jacques Doriot (Parti populaire français) ou un Robert Brasillach (éditorialiste à Je suis partout, quotidien d’extrême droite).

45 5.3 – La Résistance La résistance est une nébuleuse complexe, qui nait en plusieurs endroits dès l’armistice de 1940, mais qui demeure longtemps dépourvue d’unité, agissant de façon dispersée et constituée d’individus et de groupes aux intérêts divers et souvent opposés. Le premier geste de résistance est posé le 18 juin par le général de Gaulle, qui de retour en France, apprend la démission du gouvernement Reynaud et la volonté de Pétain de réclamer un armistice. Il rembarque pour Londres, où il obtient de Churchill de pouvoir s’adresser aux Français par le truchement de la BBC. De Gaulle restera longtemps isolé, alors que les Alliés ne lui accordent aucun crédit et se méfient de lui et que la majorité des Français le voit comme une marionnette des Anglais, envers qui, après Dunkerque, l’animosité est forte.

46 Certains territoires coloniaux se rallient à De Gaulle, (Tchad, Cameroun, Congo) permettant au Comité National Français, dirigé par de Gaulle et qui devient à partir de 1941 un gouvernement français en exil, de disposer de forces militaires coloniales (les Forces Françaises Libres), équipées par le Royaume-Uni De Gaulle n’a longtemps aucun allié fiable en France au sein de la résistance intérieure, qui nait elle aussi au cours de l’été 1940, alors que des opérations de sabotage sont menées contre les forces allemandes et que tracts et affiches appellent la population française à se soulever contre l’occupant. À partir de ces noyaux se mettent en place au cours de l’année 1941 des organisations structurées pour conduire la lutte, comme Combat, Libération, Franc- tireur et surtout Front national, l’organisation de résistance créée par le PCF après l’invasion de l’URSS.

47 Le début de la participation des communistes va changer le mouvement résistant et lui donner une structure efficace et une doctrine de lutte. Entrés dans la clandestinité dès 1940, les communistes disposent d’une expérience de la lutte qu’ils vont mettre à profit. Recrutés par le bouche à oreille, les résistants se lancent alors dans une action militaire plus résolue, basée sur les principes de la guérilla. Attentats, meurtres et sabotages se multiplient, entraînant la réaction de l’occupant, qui recourt aux prises d’otages, ce qui contribue à dresser la population contre les Allemands. À la fin de 1941, les premiers contacts sont établis entre la résistance de l’intérieur et celle en exil. Il faudra un du temps pour que des gens si différents idéologiquement s’entendent, mais dès janvier 1942, de Gaulle envoie Jean Moulin pour donner un coup de main à l’organisation.

48 À la fin de 1942, Moulin aura unifié toutes les forces (à l’exception des Francs tireurs et partisans, l’organisation paramilitaire du Front national) au sein d’une Armée secrète qui reconnait le général de Gaulle comme le chef de la Résistance. Mais pour les Alliés, Vichy demeure le gouvernement légal. Roosevelt se méfie de De Gaulle ne lui reconnait que le statut de chef d’un groupe combattant et ne lui accorde aucune légitimité politique. Cela sera source de conflits entre 1942 et 1944, surtout dans le contexte de la libération graduelle des territoires d’outre-mer, à la tête desquelles les Alliés préfèrent nommer l’ancien vichyste Darlan plutôt que le général. Contre les Alliés, de Gaulle devra s’appuyer sur la résistance intérieure, qui s’est ralliée à lui. Moulin constitue en France un Conseil National de la Résistance (CNR) qui réunit toutes les forces opposées à Vichy et reconnait de Gaulle comme son chef.

49 En juin 1943 est constitué à Alger un Comité Français de Libération Nationale (CFLN) qui réunit les deux mouvements de résistance, mais à la tête duquel de Gaulle finit par s’imposer, consacrant sa domination du mouvement résistant et s’imposant comme le seul interlocuteur légitime des Alliés. Pour accroître son influence, le CFLN crée une assemblée consultative, réunissant des représentants de la France libre, du CNR, mais aussi des hommes de la 3e République, afin d’asseoir sa prétention à être le gouvernement de substitution de la France. Doté d’un parlement, d’un quasi-gouvernement et de forces armées, le CFLN constitue en 1944 un véritable contre-pouvoir à celui de Vichy, prétention qui prendra toute sa pertinence en juin 1944, à la veille du débarquement, quand le CFLN changera de nom pour devenir le Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF).

50 5.4 – La France sous l’occupation
L’occupation concerne de différentes façons les différentes régions de France. Les deux départements alsaciens récupérés en 1919 et le département de la Moselle sont annexés au Reich et soumis à une germanisation intensive, au point où les hommes en âge de combattre sont intégrés dans la Wehrmacht. Au nord et au nord-est sont instaurées des zones interdites, où jusqu’en 1943 les Français exilés n’ont pas le droit de revenir et sur lesquelles on installe des colons. Une bande de 15 à 20 kilomètres le long des côtes est aussi déclarée zone interdite. Le territoire occupé à proprement parler inclut tout le territoire au nord de Vichy (dont Paris) et toute la zone côtière de l’Atlantique, le reste (le tiers sud-est) relevant de la France libre, donc du gouvernement de Vichy.

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52 En théorie, l’autorité du gouvernement français s’étend à l’ensemble de la France, y compris les zones interdites, mais, sur les territoires occupés, les décisions de Vichy sont soumises à un veto des autorités d’occupation. Les forces allemandes ne sont pas visibles en zone sud jusqu’en 1942, la police et l’armée de Vichy disposant d’un monopole théorique de la force. Le reste du territoire est soumis à une occupation militaire. Les conditions d’occupation stipulent que c’est au gouvernement français d’assumer les frais de celle- ci. D’abord fixée à 400 millions par jour, l’indemnité grimpera à 500 millions en 1942, puis à 700 millions en 1944, obligeant le gouvernement à recourir à la planche à billets, ce qui provoquera une inflation extraordinaire. Et il y a les réquisitions : produits agricoles (entre 15 et 20 % de la production), produits industriels (entre 55 % et 75 %), et main-d’œuvre, qui en 1944, impliquent 2,6 millions de Français dans la production allemande.

53 En 1944, la production industrielle de la France ne représente plus que 45 % de ce qu’elle était en 1940. Les coûts démographiques incluent les victimes des répressions menées par les Allemands ou leurs supplétifs français. Trois catégories sont particulièrement touchées : juifs, communistes et résistants. 250 000 seront arrêtées et déportées en Allemagne. À partir du moment où la résistance se développe, les Allemands auront souvent recours aux exécutions d’otages en représailles. 30 000 personnes mourront de cette façon, comme à Oradour-sur-Glane en juin 1944. Quant à la répression raciale, elle fera pendant la guerre 75 000 victimes, surtout des Juifs et des Tsiganes, qui seront déportés vers l’est. Au total, les répressions feront plus de 300 000 victimes entre 1940 et 1944. Pour le reste de la population, les réquisitions et le poids de l’entretien des forces d’occupation rendent les conditions économiques extrêmement difficiles.

54 Le rationnement est introduit dès l’été 1940 et peu à peu, tous les produits alimentaires sont rationnés, rationnement qui se fera de plus en plus sévère. En 1940, la ration est de 350 grammes de pain par jour par personne et de 360 grammes de viande par semaine, par personne; en avril 1941, ces chiffres sont de 275 et 250 grammes. En 1943, la ration de viande ne sera plus que de 120 grammes… Le rationnement touche aussi les vêtements, les chaussures, le chauffage et l’électricité. Les citadins sont particulièrement affectés, surtout ceux qui n’ont pas de famille ou d’amis dans les campagnes, lesquelles s’en sortent un peu mieux. Le marché noir se développe et bien sûr, la criminalité aussi. L’opinion française peut être divisée en trois groupes : 1 - une majorité, dont le nombre va tendre à se réduire d’année en année qui soutient le général, mais sans enthousiasme;

55 2 - une minorité de vichystes enthousiasmés;
3 - une minorité résistante, qui avant 1944 compte au maximum 200 000 personnes. La majorité éprouve des sentiments ambigus devant ces derniers, certaines personnes les soutenant, d’autres les condamnant à cause des conséquences que leurs actions entrainent sur la population. La politique est le dernier souci de cette majorité, occupée à survivre et cherchant à se changer les idées, à fuir une réalité matérielle difficile. D’où l’enthousiasme populaire pour le cinéma, le théâtre, la littérature, le sport. 220 millions de personnes avaient visité une salle de projection en 1938; ils sont plus de 310 millions à le faire en 1943. Les théâtres enregistrent plus de 800 000 visiteurs pas mois, alors que de grands noms de la scène débutent leur carrière, comme Jean-Paul Sartre.

56 6 – La libération Malgré la résolution des résistants, face à une armée régulière, seule des opérations de guerre asymétriques peuvent être couronnées de succès. La France ne pourra pas se libérer elle-même et devra compter sur ses alliés anglo-américains. La France participera symboliquement au débarquement du 6 juin 1944, par le biais de la division blindée Leclerc, mais là s’arrête la contribution directe des forces de la France Libre. Dans les jours qui suivent le débarquement, les Alliés consolident une tête de pont qui va en s’élargissant, sans grandes difficultés, en direction sud. Dès le 25 juillet, le front est percé, permettant aux Alliés de repousser les forces de l’Axe au-delà de Paris, dans le nord-est de la France.

57 Le 15 août, un débarquement survient en Provence, dans lequel les forces de la France Libre ont un rôle plus important. Ces troupes mettront un mois pour rejoindre les troupes débarquées en Normandie. Les forces de la résistance intérieure participent au travail de nettoyage du territoire national, mais de façon plus discrète. Les quelques tentatives d’opposition frontale s’étant soldées par des carnages, les résistants s’emploient à faciliter l’avance des troupes en harcelant les lignes ennemies et en poursuivant leurs opérations de sabotage. Sur les arrières des forces alliées, elles ont aussi la tâche de nettoyer les villages. Dans certaines régions où les forces de l’Axe sont plus faibles, les résistants devancent les Alliés et procèdent au nettoyage des poches de résistance, facilitant l’avancée des armées régulières. Ce sera le cas en Bretagne, notamment.

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59 À Paris, le rôle de la résistance fut important
À Paris, le rôle de la résistance fut important. Le 19 août commence l’insurrection de la ville, qui durera jusqu’au 25 août, les occupants préférant s’enfermer dans leurs casernes plutôt que de livrer combat. Ce même jour, De Gaulle fait son entrée dans la capitale et le lendemain, il obtient la reddition des forces allemandes. La résolution du problème politique fut plus difficile que celle du problème militaire, Roosevelt continuant à hésiter devant de Gaulle et préférant créer une administration militaire qui laisserait les autorités de Vichy en place, situation inacceptable pour la totalité des forces résistante. Dès la mi-juin, De Gaulle entreprend d’imposer son autorité sur le territoire, en nommant à Bayeux, première ville libérée, un sous-préfet auquel se rallie la population et, devant l’appui de celle-ci, les Américains choisissent eux aussi de reconnaitre cette nomination. Ainsi en sera-t-il dans toutes les villes libérées.

60 Paris aurait pu poser un problème parce qu’elle est libérée par les forces favorables aux communistes, mais De Gaulle fait preuve de résolution et le CNR, qui domine Paris, se rallie lui-aussi sans faire de vague. Quant aux représentants de Vichy, Pétain en tête, ils seront évacués vers Sigmarigen le 17 août, dans une tentative désespérée de Hitler de conserver une parcelle d’influence politique sur le territoire français. Néanmoins, et particulièrement dans les zones où les Alliés n’ont pas pénétré, Paris éprouve des difficultés à rétablir l'autorité, certaines forces de la résistance, surtout les communistes, se lançant dans une violente chasse aux collaborateurs, qui en quelques semaines entraîne l’exécution de 20 000 à 25 000 personnes. Pour mettre fin à ces excès et prendre le contrôle, de Gaulle multiplie les apparitions publiques et afin de faire taire les armes, il force l’intégration des résistants au sein des forces armées régulières.

61 Enfin, et puisqu’il est nécessaire de libérer la France de l’ennemi intérieur, de Gaulle met en place des cours de justice spéciales pour juger les responsables de Vichy. Pétain, capturé en avril 1945, sera condamné à mort, avant de voir sa peine commuée en prison à vie, « à cause de son grand âge ». Pierre Laval et Robert Brasillach feront partie des quelque 767 collaborateurs exécutés (sur 2 853 condamnations à mort), 38 000 autres personnes étant condamnées à diverses peines de prison. Enfin, des Chambres civiques condamneront à l’indignité nationale 40 000 autres personnes, les privant de leurs droits civils et politiques et les rendant inaptes à occuper des fonctions publiques. N’eût été de l’action résolue du général de Gaulle et du contexte politique de 1945, les « victimes » de lustration auraient été beaucoup plus nombreuses.


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