Jean-Marie Le Pen, 60 ans de controverse

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1 Jean-Marie Le Pen, 60 ans de controverse

2 Le fondateur du Front national, en retrait politiquement mais nommé "président d'honneur" du parti depuis 2011, continue d'alimenter les polémiques. Retour sur le parcours, la doctrine, les provocations, les coups durs et les coups d'éclat de ce personnage polémique qui a marqué notre époque.

3 Elu à 27 ans A 27 ans, Jean-Marie Le Pen est élu à l'Assemblée sur les listes de Pierre Poujade. Né Jean Le Pen à la Trinité-sur-Mer, pupille de la nation, il aurait changé son prénom en Jean-Marie pour des raisons restées floues. Un hommage sans doute à son père marin, Jean Louis Marie Le Pen, victime d'une mine en En 1956, il a déjà été vendeur de journaux (dont l'Action française) à la criée, mineur ou encore marin-pêcheur...

4 Clochers Côte d'Armor 26 Clochers Côte d'Armor 26
Duel à l'épée En 1958, deux ans après son élection, Jean-Marie Le Pen, benjamin de l'Assemblée, est déjà un ultra-conservateur haut en couleur. Il est témoin, le 30 mars, d'un duel d'honneur à l'épée entre le marquis Georges de las Cuevas et Serge Lifar. Une pratique désuète depuis la fin du XIXe siècle. Le danseur Serge Lifar avait accusé le marquis de las Cuevas, chorégraphe et directeur de ballet, de plagiat. Clochers Côte d'Armor 26 Clochers Côte d'Armor 26

5 L'Algérie En pleine décolonisation, Le Pen, ancien para d'Indochine révulsé par le FLN, crée le "Mouvement national d'action civique et sociale" puis le "Front national des combattants", ce qui lui vaut d'être exclu en 1957 de la poujadiste "Union et fraternité française". Il se porte alors volontaire pour combattre en Algérie. Lors de ces quelques mois sous les drapeaux, il aurait été peu apprécié de sa hiérarchie car jugé "trop remuant".

6 Vétéran Après quelques mois à Alger puis un bref passage par le canal de Suez, le statut d'ancien combattant devient la marque de fabrique de Jean-Marie Le Pen. A son retour à l'Assemblée, au début des années 1960, il intègre le groupe du Centre national des indépendants et paysans (CNIP). Défenseur acharné de l'Algérie française, il fait partie des sceptiques vis-à-vis du général de Gaulle.

7 Les accords d'Evian En 1960, Jean-Marie Le Pen est jugé pour avoir menacé de mort un policier venu l'interpeller chez lui. Le personnage est surveillé de très près dans une période où les partisans de l'Algérie française se radicalisent. Malgré ses appels à l'insurrection et plusieurs tentatives de voyages clandestins en Algérie, il obtient un non-lieu en Après le référendum de 1962 sur les accords d'Evian (photo), il doit reconnaître l'indépendance du pays.

8 La Serp, puis le FN Défait aux législatives de 1962, Jean-Marie Le Pen effectue sa traversée du désert jusqu'aux années Il fonde alors la Serp, une société phonographique spécialisée dans la musique militaire. Celle-ci sort en 1971 un disque baptisé "Le IIIe Reich. Voix et chants de la Révolution allemande" qui lui vaudra une condamnation pour "apologie de crimes de guerre". Le retour en politique sera pour 1972, et la création du Front national.

9 Pirate Issu du mouvement d'extrême droite "Ordre nouveau", composé d'anciens militants d'Occident et du Groupe union défense (le GUD), le FN trouve vite son leader. Jean-Marie Le Pen apparait alors avec l'œil gauche bandé. La perte de cet œil est d'abord décrite comme le résultat d'une blessure de guerre ou d'une bagarre. Mais c'est l'oeil droit qui était bandé en Le gauche aurait en réalité été touché par une cataracte.

10 En famille En avril 1974, Jean-Marie Le Pen se porte candidat à l'élection présidentielle. La campagne est un premier pas vers la mise en scène de la vie familiale des politiques. Jean-Marie Le Pen pose ici avec sa femme Pierrette et leurs trois filles dans leur appartement parisien : Yann, Marine et Marie-Caroline. C'est la première apparition de Marine Le Pen (au centre). Elle a alors 6 ans.

11 Présidentielle Jean-Marie Le Pen photographié lors du premier tour de l'élection présidentielle, le 5 mai Sans réelle assise médiatique et parasité par un second concurrent d'extrême droite, Bertrand Renouvin, il terminera loin derrière les favoris, François Mitterrand, Valery Giscard d'Estaing et Jacques Chaban Delmas, avec 0,75 % des voix. Sa réputation est alors à mille lieues de celle qu'il connaît aujourd'hui.

12 L'attentat de Le 2 novembre 1976, l'appartement parisien de Jean-Marie Le Pen, situé à la Villa Poirier, dans le XVe arrondissement de Paris, est la cible d'un attentat. L'un des pires qu'ait connu Paris depuis la guerre. Les vingt kilos d'explosifs ne feront heureusement aucune victime, mis à part quelques blessés légers. Jean-Marie Le Pen est clairement visé, mais la presse préfère titrer alors sur un bébé miraculé.

13 La radicalisation Après une candidature aux municipales de 1977 à Paris, Jean-Marie Le Pen affine ses liens avec la mouvance nationaliste et les catholiques traditionnels, ennemis de Vatican II. Ici, on le voit en 1979 avec Michel de Saint-Pierre, écrivain et journaliste d'extrême droite. Sur une liste commune PFN/FN, les deux hommes n'obtiendront que 1,31 % des voix aux toutes premières élections européennes de l'histoire.

14 1981, l'échec En 1981, Jean-Marie Le Pen veut se lancer dans une seconde campagne présidentielle (ici avec Philippe Marçais, ancien député d'Alger et président de son comité de soutien). Mais cette année là, il ne parvient pas à réunir les 500 signatures d'élus nécessaires pour être candidat. Convaincu d'un complot, Le Pen devient aussi un homme en colère. La persécution politique et médiatique sera l'un de ses leitmotive.

15 Jean-Pierre Stirbois Jean-Marie Le Pen aux côtés de Jean-Pierre Stirbois en Habitué jusqu'alors aux humiliations, le Front national réalise cette même année une forte poussée électorale aux municipales de Dreux avec 16,7 %. La renommée de ce "nouveau mouvement", jusqu'alors inconnu, est immédiate. Le Pen va vite devenir un animal médiatique. Jean-Pierre Stirbois est mort dans un accident de voiture le 5 novembre 1988.

16 Européennes Avec une militante, le 13 mai 1984, lors de la campagne des européennes à Paris. Les européennes de 1984 seront une autre étape importante pour le FN et un véritable choc politique en France. Avec 11 % des voix, le parti prendra 10 sièges au Parlement européen. La garantie d'une première assise politique et financière. Le Pen prédit alors une grande destinée à "un grand courant populaire qui ne va cesser de grandir".

17 Bagarreur Les années 1980 dévoilent aussi au grand jour la "peur" du FN et le rejet qu'il peut susciter. Ici, Jean-Marie Le Pen et Jean-Pierre Stirbois (au fond) se battent avec des manifestants, le 19 mai 1984 à Olivet. Une manifestation venait de réunir quelque 1500 personnes à Orléans pour dénoncer la venue du président du FN.

18 Un jeu ? Jean-Marie Le Pen montre aux journalistes sa veste déchirée après la bagarre. En venir aux mains n'a jamais semblé être un problème pour le leader du FN qui, en bon "para", en a souvent fait un jeu, voire une manière de monter sa poigne. Dans les années qui suivent, il sera poursuivi pour sa violence verbale, mais aussi physique.

19 Torture En 1985, la presse revient sur le rôle de Jean-Marie Le Pen en 1957 et l'accuse de torture sur des militants algériens. En 1962, il avait lui-même déclaré au journal Combat : "J'ai torturé parce qu'il fallait le faire". Puis atténué ses propos. Désormais, il dément. Jean-Marie Le Pen remportera plusieurs procès pour diffamation dans cette affaire, mais perdra les derniers, notamment contre Le Monde en 2005.

20 Marie-Caroline Le Pen En 1985, Marie-Caroline Le Pen, l'aînée des trois filles de Jean-Marie Le Pen, est candidate pour les cantonales à Neuilly. Elle est perçue à cette époque comme une future cadre du Front national. La cadette, Marine (à droite), 17 ans, ne fait alors qu'accompagner sa grande sœur dans sa campagne. C'est pourtant elle qui, 20 ans plus tard, va s'imposer dans le parti de son père.

21 Nouvelle Calédonie Jean-Marie Le Pen pratique la planche à voile à Nouméa, le 30 septembre 1985, en marge des élections régionales qui éliront le premier Congrès du Territoire. Après un an de violences autour des revendications indépendantistes de Nouvelle-Calédonie (auxquelles le FN local a participé) l'occasion est belle pour lui de rappeler sa thèse loyaliste... Et de faire quelques clichés savoureux.

22 35 députés Dans les années 1980, à la faveur de plusieurs passages à l'émission "L'Heure de Vérité", Jean-Marie Le Pen gagne en notoriété. Et en 1986, grâce à un scrutin proportionnel qui sera beaucoup reproché à François Mitterrand, le FN obtient 35 députés et un groupe à l'Assemblée. Jean-Marie Le Pen est élu à Paris. Ici, le président du FN s'exprime à la tribune du Palais Bourbon devant Jacques Chaban-Delmas.

23 Pierrette dans Playboy En 1987, Jean-Marie Le Pen s'apprête à être candidat à la présidence de la République. Mais une drôle d'affaire vient perturber sa précampagne. Son ex-épouse, Pierrette Lalanne, dont il vient de divorcer, se permet une interview confidence dans "Playboy", où elle évoque le leader du FN et pose dans des photos très dévêtue. Un livre bourré de révélations aurait été écrit mais jamais édité. Scandale.

24 « Les sidaïques » 1987 est aussi l'année des premiers grands dérapages
« Les sidaïques »  est aussi l'année des premiers grands dérapages. Au printemps, Jean-Marie Le Pen évoque les malades du sida et déclare : "Les sidaïques, en respirant du virus par tous les pores, mettent en cause l'équilibre de la Nation". Il les compare aussi d'une "espèce de lépreux". La maladie devient un enjeu politique. Ici, il écoute le docteur et député FN François Bachelot lors d'une conférence de presse sur cette question.

25 "Détail de l'histoire" En septembre 1987, Jean-Marie Le Pen lance sur RTL, à propos du négationnisme et au sujet des chambres à gaz : "Je n'ai pas étudié spécialement la question mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale". La phrase la plus polémique de sa carrière est lâchée (ici lors d'un débat avec Lionel Jospin quelques jours plus tard). Il la rééditera plusieurs fois jusqu'en 2008.

26 Puncheur En 1988, sur les plateaux de télévision, Jean-Marie Le Pen dénonce la sous-représentation du Front national dans les médias. Le traitement médiatique du personnage commence à faire débat avant la présidentielle. De nouveau candidat, ce dernier s'évertue, à 60 ans, à rajeunir son image de "rebelle" et de "puncheur". Ici, il s'entraîne à la boxe le 29 janvier 1988 dans la salle de gym de sa villa de Saint-Cloud.

27 Succès en En 1988, Jean-Marie Le Pen obtient 14 % des voix au premier tour de la présidentielle. Deux points de moins seulement que l'ancien Premier ministre Raymond Barre. Un score qui ressemble déjà à une consécration. Le leader frontiste s'affiche triomphant au balcon de sa résidence de Saint-Cloud avec ses filles. Le Front national est dès lors associé à une "menace" et devient un phénomène politique majeur.

28 « Durafour-crématoire »  En 1988, lors de l'université d'été du FN au Cap d'Agde, Jean-Marie Le Pen ironise sur les peurs qu'il suscite. Au ministre de la Fonction publique Michel Durafour, qui reconnaît son ascension (et s'en préoccupe), il répond : "M. Durafour-crématoire, merci de cet aveu". Le calembour ne passe pas. Le Pen est vilipendé en France, mais aussi à l'étranger. Dans son propre parti, certains notables rendent leurs cartes.

29 Face à Bernard Tapie Avant les européennes, les télévisions veulent organiser des débats entre chaque chef de parti. Mais personne ne veut affronter Jean-Marie Le Pen. Personne, sauf Bernard Tapie, nouveau champion de la gauche à Marseille et "grande gueule" du PS. L'échange est vif voire brutal. Un instant, on pense même que les deux hommes vont en venir aux mains. La séquence est restée dans l'histoire des débats télévisés.

30 Bête médiatique Séance de maquillage, le 15 janvier 1992, avant une émission de FR3 Marseille, dans le cadre des élections régionales. Les régionales de 1992 sont encore un succès pour le FN. En plus de Jean-Marie Le Pen en Paca, devenue sa terre d'élection, ce sont près de 240 élus locaux que parvient à obtenir le parti d'extrême droite dans toute la France.

31 Anciens combattants En raflant encore 11 sièges aux européennes de 1994, le FN semble en pleine forme avant la présidentielle de Ici, Jean-Marie le Pen essaie une vieille Harley-Davidson de l'armée américaine sous le regard des membres du Cercle National des anciens combattants du FN. Les anciens combattants sont encore un véritable vivier d'électeurs pour le FN dans les années 1990, mais un vivier déclinant.

32 Présidentielle En 1995, Jean-Marie Le Pen reprend ses habits de candidat. L'abstention commence à faire des ravages. Le FN lorgne alors vers un monde ouvrier de plus en plus "abandonné" par les élites. Une stratégie qui nécessite un nouveau dogme économique : très libéral à l'origine, le parti devient plus étatiste, plus protecteur. Et la stratégie paie : Jean-Marie Le Pen obtient 15 % au premier tour.

33 Avocate En 1995, Marine Le Pen, avocate, défend deux militants du FN (dont son beau frère Samuel Maréchal) impliqués dans des heurts avec des lycéens. Le FN est alors embourbé dans un marathon judiciaire fait de multiples affaires. Une véritable porte d'entrée médiatique pour la fille cadette de Jean-Marie Le Pen.

34 Jacques Peyrat Année présidentielle, 1995 est aussi l'année des municipales. Une élection qu'il affectionne peu. Ici, il est photographié avec Jacques Peyrat à Nice. Ce champion du Front national, ancien compagnon d'armes en Algérie, rejoindra le RPR après son élection à Nice, poussé à une alliance avec la droite républicaine. Le FN va connaître plusieurs autres défections de ce type après les municipales...

35 Bruno Mégret Les municipales de 1995 sont cependant un succès avec 3 maires élus : Jean-Marie Le Chevallier à Toulon, Daniel Simonpieri à Marignane, Jacques Bompard à Orange. Brunot Mégret perd de justesse à Vitrolles mais obtient l'annulation de l'élection. L'ascension fulgurante de ce dernier fascine les médias et empiète petit à petit sur l'assise médiatique de Le Pen.

36 Chez Saddam Hussein En 1996, Jean-Marie Le Pen fait une visite en Irak pour soutenir Saddam Hussein contre le blocus du pays. Sa seconde épouse, Jany Le Pen (devant à gauche), sera du voyage à Bagdad en Elle est, depuis les années 1990, la fondatrice et la présidente de l'association "SOS Enfants d'Irak". Jany Le Pen va vite prendre une place prépondérante dans l'activité politique de son mari.

37 Mantes-la-Jolie L'année 1997 est marquée au FN par la rivalité de plus en plus forte de Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret. Les législatives seront rudes. Lors de la campagne, Jean-Marie Le Pen se fait remarquer par ses coups de sang. Il sera notamment condamné pour avoir agressé la maire et candidate socialiste Annette Peulvast-Bergeal, qui avait tenté, avec plusieurs manifestants, de perturber sa visite à Mantes-la-Jolie (photo).

38 "Légitime défense" Jean-Marie Le Pen se voit refuser par la gendarmerie le passage qui mène au Mémorial de la Résistance de Morette, le 29 novembre A la fin des années 1990, chaque apparition ou presque du leader du Front national est accompagnée de blocages et de manifestations. Le FN joue de cette diabolisation. Tandis qu'il dispose de son propre "service d'ordre", il menace alors de prendre des "mesures de légitime défense".

39 Inéligible Après des régionales marquées par bien des alliances ratées, Jean-Marie Le Pen est rattrapé par l'agression de Vitrolles en Condamné d'abord à deux ans d'inéligibilité pour "violences en réunion" et "injures publiques", il n'hésite pas à organiser des manifestations devant la cour d'appel de Versailles en deuxième instance comme ici, le 28 septembre. Le but : voir sa peine réduite en vue des européennes de 1999.

40 Jany Le Pen à la rescousse Un temps, l'option Jany Le Pen a été évoquée pour remplacer Jean-Marie Le Pen lors des européennes de 1999 en cas d'inéligibilité de ce dernier. Ici, elle pose à son domicile de Rueil-Malmaison, en compagnie de son chien. Mais la peine de Jean-Marie Le Pen ayant été réduite à un an, il pourra finalement se présenter à nouveau au Parlement de Strasbourg. De justesse cette fois.

41 Bruno Gollnisch Régionales en demi-teintes, ennuis judiciaires, exaspération de toute une frange de la population... Le FN va mal à la fin de l'année C'est le moment que choisit Bruno Mégret pour tenter de prendre les rênes du parti. Mais il échoue. La scission entre lepénistes et mégrétistes est actée. Le MNR verra bientôt le jour. Bruno Gollnisch, un autre ponte du FN, devient le véritable bras droit de Jean-Marie Le Pen à partir de 1999.

42 Crise au FN La crise du FN n'est pas sans laisser de trace
Crise au FN La crise du FN n'est pas sans laisser de trace. En 1999, Jean-Marie Le Pen mène une campagne virulente lors des européennes. Mais le FN, moribond, n'obtient cette fois que 6 sièges. Ici, Jean-Marie Le Pen ajuste son tir, le 25 septembre 1999, dans un stand sur la pelouse de Reuilly à Paris, lors de la traditionnelle fête des "Bleu-Blanc-Rouge". Le FN doit se relever rapidement s'il veut être en ordre de marche pour 2002.

43 Le GUD Tous les 1er mai, les militants et sympathisants du FN défilent à Paris pour fêter Jeanne d'Arc. En 2000 des manifestants du GUD sont de la partie et encerclent la statue de la "pucelle", alors que les forces de l'ordre tentent de les bloquer. En plus de son service de sécurité musclé, plusieurs groupuscules d'extrême droite ont toujours entouré le FN et été accusés de dérapages violents, parfois mortels.

44 2002 : contre Chirac et Jospin En 2002, Jean-Marie Le Pen repart en campagne et continue à cogner sur ses adversaires qu'il met systématiquement dos-à-dos. Immigration et insécurité sont ses principaux thèmes de campagne. De nouveaux dérapages verbaux ont aussi lieu sur l'adoption homoparentale : "La loi [...] n'a pas à légiférer au profit de lobbies organisés [...] prétendant imposer leurs comportements déviants en modèle social normatif".

45 Protégé Le 2 avril 2002, Jean-Marie Le Pen vient déposer au Conseil constitutionnel les signatures des élus nécessaires pour devenir candidat officiel. Une fois encore, il doit être protégé par ses gardes du corps alors que des jeunes qui lui sont hostiles lancent de l'eau et des oeufs. La détestation du leader du FN et des sondages laissent à penser qu'il n'a aucune chance de se qualifier pour le second tour. La surprise sera de taille.

46 Le 21 avril Le 21 avril 2002 est souvent perçu comme l'un des plus gros séismes politiques de la Ve République. Avec 16,86 %, des voix, Jean-Marie Le Pen, poussé par l'abstention, devance d'une très courte tête Lionel Jospin. Le Premier ministre sortant en "tire les conséquences" et se "retire de la vie politique". Jean-Marie Le Pen jubile. C'est la première fois qu'un représentant de l'extrême droite est présent au second tour.

47 L'onde de choc Dès le 22 avril, l'onde de choc gagne la rue
L'onde de choc Dès le 22 avril, l'onde de choc gagne la rue. Des manifestations anti-Le Pen sont organisées dans plusieurs villes. Le 1er mai 2002, les manifestants se mêlent aux défilés de la fête du travail. A Paris, environ 400 000 personnes répondent à l'appel des syndicats et partis politiques de gauche. Forcé ou enthousiaste, le soutien à Jacques Chirac est unanime ou presque.

48 Saint Cloud Entre les deux tours, Jean-Marie Le Pen continue à faire campagne, notamment à la télévision ou lors d'une poignée de meeting où il réaffirme ses qualités de tribun (sans notes, il est alors capable de dérouler des discours sans pitié pour le reste de la classe politique). Mais il est contraint malgré tout à un minimum de discrétion. Ici, dans les jardins de sa maison de St-Cloud avec ses chiens, le 25 avril 2002.

49 Bientôt la fin A la sortie de l'isoloir, le 5 mai 2002, à Saint-Cloud
Bientôt la fin A la sortie de l'isoloir, le 5 mai 2002, à Saint-Cloud. Avec 17,9 % des voix contre 82,1 % à Jacques Chirac, la défaite est cuisante pour le chef du FN. A 74 ans en 2002, il ne s'en relèvera jamais vraiment. Les législatives qui suivent seront un fiasco électoral. Une frange du Front national comprend alors que la peur du parti lui a été fatale et qu'il faut désormais le dédiaboliser, le normaliser...

50 Bâillonné Nouveau coup dur en 2004 : la candidature de Jean-Marie Le Pen pour les régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur est rejetée par le préfet de région, faute de domiciliation. La résidence de Jean-Marie Le Pen se trouve en effet à Saint-Cloud. Considérant une fois de plus qu'on le bâillonne, le leader du Front national reprend son discours de victime. Les régionales seront globalement mitigées pour le FN.

51 Référendum de Jean-Marie Le Pen est réélu lors des européennes de 2004 au milieu de 7 élus du Front national. A la veille du référendum sur la constitution européenne, c'est avec d'autres souverainistes qu'il constitue un front pour le "Non". Ici, avec son grand rival Philippe de Villiers. On le sait, le "Non" arrivera en tête. Mais la victoire est un faux-semblant : le "Non" de 2005 est aussi largement un "Non" de gauche.

52 L'occupation allemande En janvier 2005, Jean-Marie Le Pen déclare dans le journal d'extrême droite Rivarol que "l'occupation allemande [n'avait] pas été particulièrement inhumaine". Le tollé est général et une information judiciaire est ouverte après une plainte de l'association des Fils et filles de déportés juifs de France et de la Ligue des Droits de l'Homme. Ici au tribunal avec Bruno Gollnisch.

53 Influente Marine Le Pen C'est en 2005, à deux ans d'une présidentielle, que la stratégie électorale du FN s'infléchit réellement. L'heure de la dédiabolisation a sonné. Marine Le Pen, censée incarner un lepénisme plus "soft", influencerait son père dans cette voie. Sa place est de plus en plus prépondérante auprès du patron du FN, notamment lors de ses interventions au sujet des émeutes dans les banlieues. Ce qui n'est pas du goût de tous les militants.

54 Provocateur En 2006, les polémiques continuent
Provocateur En 2006, les polémiques continuent. En Serbie, Jean-Marie Le Pen fustige l'indépendance du Kosovo et critique le tribunal pénal international qui juge les criminels de guerre. En France, profitant d'une série de faits divers sordides, il organise une manifestation pour le rétablissement de la peine de mort près de l'Assemblée nationale. Le leader frontiste promet alors un référendum sur la question s'il est élu en 2007.

55 Présidentielle La présidentielle de 2007 reprendra une partie des débats de Mais entre temps, Nicolas Sarkozy s'est imposé sur la sécurité et l'immigration. Et il prend l'avantage sur l'économie et notamment le travail avec des propositions qui dominent la campagne. La peur d'un "nouveau 21 avril" et les appels multiples au "vote utile" à gauche donnent en outre un handicap à Jean-Marie Le Pen.

56 L'Union patriotique Malgré de nombreux handicaps, Jean-Marie Le Pen se voit une nouvelle fois se qualifier pour le second tour en Il en est même persuadé. Pour éviter la dispersion des voix d'extrême droite, il lance "L'Union patriotique". Il y rallie plusieurs partis et extrémistes dont le MNR de Bruno Mégret, sur le départ. Immigration, insécurité, Europe... La campagne de 2007 est souvent menée sur le mode : "Je vous l'avais bien dit".

57 Affiches de campagne L'empreinte de Marine Le Pen est palpable dans la campagne de Jean-Marie Le Pen en Elle a notamment supervisé la création d'une série d'affiches qui marqueront les esprits. Cette image d'une jeune femme d'origine maghrébine, laissant apparaitre son nombril, ressemble par exemple à une petite révolution. Trop grossier, le cliché va vite se retourner contre le FN et provoquer d'autres débats.

58 L'immigration, encore Conférence de presse à Saint-Cloud, à quelques jours du scrutin de Le discours de Le Pen a aussi changé sur l'immigration. "Vous êtes les branches de l'arbre qui est la France", va-t-il dire aux Français d'origine étrangère dans les banlieues. Et ce derrière ce slogan : "Ni pote, ni black, ni blanc, ni beur... Français !"

59 Annus horribilis à 10,44 % des suffrages à la présidentielle, son FN est écrasé aux législatives (4,29 %). Un terrible échec qui aura des conséquences interminables puisqu'il ira jusqu'à peser sur les finances du parti dans les années suivantes. Nicolas Sarkozy a réussi à banaliser cet adversaire. Mais au prix, dit-on, de la "lepénisation des esprits".

60 "Le Paquebot" abandonné Croulant sous les dettes, le Front national connaît, à la fin des années 2000, de lourds problèmes financiers. Le parti doit abandonner "Le Paquebot", son siège historique à Saint-Cloud, pour des locaux plus petits à Nanterre. Ici, Jean-Marie Le Pen découvre son nouveau bureau lors de l'inauguration, le 14 décembre "Le Paquebot" n'a toujours pas été vendu à ce jour.

61 Européennes Au printemps 2009, Jean-Marie Le Pen se lance dans la bataille des européennes et est candidat dans la circonscription sud-est. Mais le FN tombe à 6,3 % et ne remporte que trois sièges à Strasbourg : Bruno Gollnisch, Marine et Jean-Marie Le Pen. A partir de 2009, l'avenir du parti sera suspendu à ces trois personnalités.

62 Régionales 2010 En 2010, Jean-Marie Le Pen prédit un "redressement éclatant" lors des régionales. Il se lance d'ailleurs lui-même dans la bataille, toujours en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ce sera donc son ultime baroud électoral. Mais le bilan est encore moyen. Si le FN stoppe l'hémorragie avec 11,42 % au premier tour et 6,42 % au deuxième, il ne remporte que 118 sièges et ne préside aucune des 22 régions françaises.

63 Affiche censurée La campagne d'affichage de 2010 revient à la provocation. Inspirée d'une affiche de l'extrême droite suisse lors d'un référendum sur la construction de minarets, elle montre une femme entièrement voilée, tournant le dos à une France recouverte du drapeau algérien et de plusieurs "clochers" musulmans. L'affiche sera censurée. Le Pen de nouveau condamné. La campagne doit être stoppée deux jours avant le scrutin.

64 Marion Maréchal-Le Pen Outre Marine Le Pen, le renouvellement au Front national, décidément très familial, passe par Marion Maréchal-Le Pen. La petite fille du patriarche frontiste est candidate en seconde position dans les Yvelines, sur la liste de Marie-Christine Arnautu. Elle est la fille de Yann Le Pen et de Samuel Maréchal, ancien cadre du parti.

65 Dernier 1er mai Le 1er mai 2010, Jean-Marie Le Pen donne son dernier discours en tant que président du Front national devant la statue de Jeanne d'Arc. Lors d'une très longue intervention, il continue son réquisitoire contre le pouvoir en place, l'Europe et ce qu'il appelle le "libre échangisme". Mais quelques phrases ressemblent à des épilogues. Le Pen dira par exemple : "A vous tous : salut et merci !"

66 Un nouveau FN ? Pour la succession, deux lignes s'affrontent au sein du FN en Bruno Gollnisch représente la frange la plus traditionnelle et radicale du FN. Il a le soutien d'une partie des cadres et de la base, ainsi que des journaux Minute et Rivarol. Mais pas celui de Jean-Marie Le Pen. Relookée et amaigrie, Marine Le Pen (ici à la Trinité-sur-Mer) est la grande favorite. Et elle reçoit le soutien de son père fin juin. Les jeux sont faits.

67 La succession Le 16 janvier 2011, Marine Le Pen est officiellement élue à la tête du Front national avec 67,5 % des voix contre 32,35 % à son rival Bruno Gollnisch. Passée l'émotion dans les bras de son père, son discours d'investiture sera offensif et clairement tourné vers Sa performance est l'une des grandes inconnues de cette élection.

68 Des chiffres impressionnants Après plus de 25 élections dont 5 présidentielles, des dizaines de controverses et près d'une trentaine de condamnations, Jean-Marie Le Pen continue de jouer un rôle au Front national en tant que président d'honneur à partir de juillet Sur la scène nationale, son retrait est désormais acté.

69 Marine Le Pen, "petite bourgeoise" Bien qu'il soit en retrait de la vie du parti depuis l'été 2011, Jean-Marie Le Pen se rappelle régulièrement au souvenir de sa fille. Dans un entretien au Times en juillet 2012, il lâche que Marine est "une petite bourgeoise", se présentant lui en revanche comme "un homme du peuple".

70 Ebola pour régler le problème des immigrés En mai 2014, Jean-Marie brigue le renouvellement de son mandat de député européen. Candidat dans le Sud-Est, il crée de nouveau la polémique en marge d'un meeting. Il évoque l'immigration africaine et confie au maire FN de Cogolin "Monseigneur Ebola pourrait régler ça en 3 mois". Des propos qui ne l'empêcheront pas cependant d'être largement réélu (il récolte 28,9 % des suffrages pour sa liste le 30 mai, soit 5 sièges au Parlement européen).

71 Patrick Bruel dans une "fournée" Dernier dérapage en date : sa petite phrase sur la "fournée". Réagissant au fait que des artistes (dont Patrick Bruel) critiquent le FN, il répond : "On fera une fournée la prochaine fois". Cette fois-ci, Marine Le Pen se désolidarise de son père, évoquant une "faute politique". Réelle distanciation ou colère de façade ?

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