LA CONSTITUTION DU SENS PRAGMATIQUE. Logique de Port-Royal (Arnauld et Nicole, 1662) « Il arrive souvent qu’un mot, outre l’idée principale que l’on regarde.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Langue et communication
Advertisements

Le discours indirect.
Le Discours indirect.
Manières d’être M-C Dubus, orthophoniste, Lille
Nicolas Bourbaki.
La communication orale: stratégies d’écoute
Soyez Positif…pas Négatif 
LA VALEUR DES TEMPS.
ÉNONCIATION ET ÉNONCÉS
Les fonctions du langage
Petits anges par Mike Sharobim.
Lutilisation de la langue est liée à laction et donc à des capacités de faire.
Le passé composé.
Présentation du Cadre Européen Commun de Référence des Langues
LE DISCOURS PHILOSOPHIQUE
LA PERSPECTIVE ACTIONNELLE
COMMUNICATION INTERPERSONNELLE
Représentations des objectifs à atteindre dans l’apprentissage des langues: processus qualifiant et compétences plurilingues Patrick Chardenet Maître de.
© Nicole Charest — Aujourd'hui seulement... © Nicole Charest —
LE DISCOURS ARGUMENTATIF
LE DISCOURS PHILOSOPHIQUE
Maîtrise de la langue française
PHRASE INTERROGATIVE DIRECTE ou INDIRECTE.
Plan d’un texte argumentatif
Écoute active Empathie Reflet Message-je Lettre
La communication.
langue/langage Langue/parole/discours langue orale/langue écrite
Les règles AVANT MAINTENANT.
Université Paris Le dialogue Homme – Machine Iacob Andrea-Paula.
Énonciation.
Paradigme Constructivisme social
Problèmes liés à létude. La méthodologie Utilisation de 2 méthodes principales: observation non participante et entretien Les méthodes ne sont pas croisées.
Réalité et Théologie La Science de la Foi.
Les fonctions du langage
LA DIFFÉRENCE ENTRE L’ÉTUDE D’UNE PHRASE ET D’UN ENONCÉ
21/09/06 Catherine, Dominique, Sylvie, Laurence, Denis, Jean-baptiste Question de départ Incidences et répercussions de lIdentité sectorielle au sein de.
Discours Direct et Indirect
LANGUE ET COMMUNICATION
Le français dans tous les sens
Notions fondamentales en linguistique
Vocabulaire La polysémie
Le fran çais dans tous les sens La pragmatique. Un d étour par la sémantique.
Analyse des discours et transmission des savoirs
L’observation réfléchie de la langue
L’EVALUATION et LA VALORISATION DES ACQUIS
Pronoms personnels Par: shannon Harvie.
Sur le concept de “valeur pure” Estanislao Sofía – MoDyCo – Université de Paris X.
Sémiologie Pour comprendre les processus de construction du sens
L’autre nuit chérie, Alors que je dormais. Rêvant tu étais Dans mes bras.
Aujourd'hui ... Sergimage.
LA NÉGATION Ana López Ortega.
Les Pensées de Clara Volume 17.
0. Question Selon toi, qu’est-ce que le bilinguisme?
Lire, c’est traduire Séance 1
Les discours rapportés
Exercices de récapitulation
COURS D’HERMENEUTIQUE Secteur Sud-ouest Grande-Terre.
Sciences du langage et de la communication Responsable du pilier : Corinne Rossari Professeure de linguistique française Présentation : Tobias von Waldkirch.
DROIT DES CONTRATS ©.
Introduction à la préservation VIII Éthique Esthétique Ontologie Déontologie Épistémologie Histoire Diastole/systole Diachronique/synchroni que Axiologie.
Créateur et spectateur La linguistique élargi Cours: Théorie et pratique de la peinture HA L3.
L’adverbe et le syntagme adverbial. Adverbe  Classe résiduelle, difficile à définir par un ensemble de propriétés syntaxiques et morphologiques homogènes.
INTRODUCTION Claude Levi-Strauss, Anthropologie structurale : Les sciences structurales étudient les systèmes c’est-à-dire tout ensemble dont un élément.
Ewa Drab Marta Wieczorek La Traduction Interprétative.
{ L’analyse L'analyse doit mettre en évidence la nature et la fonction du mot.
{ L’analyse L'analyse doit mettre en évidence la nature et la fonction du mot.
L’écrit argumentatif État des recherches (très provisoire) Isabelle Delcambre LYPRARG - 24/01/20121.
Le dialogue Homme- Machine Amine EL Mrabet 2015/2016.
Ecole des sciences de l’information
Recevoir et donner VIVRE L’AUDACE DE LA FRATERNITE.
Transcription de la présentation:

LA CONSTITUTION DU SENS PRAGMATIQUE

Logique de Port-Royal (Arnauld et Nicole, 1662) « Il arrive souvent qu’un mot, outre l’idée principale que l’on regarde comme la signification propre de ce mot, excite plusieurs autres idées, qu’on peut appeler accessoires, auxquels on ne prend pas garde, quoique l’esprit en reçoive l’impression. Par exemple, si l’on dit à une personne `vous en avez menti`, et que l’on ne regarde que la signification principale de cette expression, c’est la même chose que si l’on disait `vous savez le contraire de ce que vous dites`. Mais outre cette signification principale, ces paroles emportent dans l’usage une idée de mépris et d’outrage, et elles font croire que celui qui nous les dit ne se soucie pas de nous faire l’injure, ce qui les rend injurieuses et offensantes ». « Il arrive souvent qu’un mot, outre l’idée principale que l’on regarde comme la signification propre de ce mot, excite plusieurs autres idées, qu’on peut appeler accessoires, auxquels on ne prend pas garde, quoique l’esprit en reçoive l’impression. Par exemple, si l’on dit à une personne `vous en avez menti`, et que l’on ne regarde que la signification principale de cette expression, c’est la même chose que si l’on disait `vous savez le contraire de ce que vous dites`. Mais outre cette signification principale, ces paroles emportent dans l’usage une idée de mépris et d’outrage, et elles font croire que celui qui nous les dit ne se soucie pas de nous faire l’injure, ce qui les rend injurieuses et offensantes ».

Charles Morris Foundation of the theory of signs, 1938 philosophe et sémioticien américain philosophe et sémioticien américain aboutit à une théorie générale de la `semiosis`, en divisant l’appréhension de tout langage en 3 domaines : la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. aboutit à une théorie générale de la `semiosis`, en divisant l’appréhension de tout langage en 3 domaines : la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. Ces 3 domaines correspondent aux 3 relations fondamentales qu’entretiennent les signes : les relations des signes avec d’autres signes (syntaxe), la relation des signes avec ce qu’ils désignent (la sémantique) et la relation des signes avec leurs usagers (la pragmatique). Ces 3 domaines correspondent aux 3 relations fondamentales qu’entretiennent les signes : les relations des signes avec d’autres signes (syntaxe), la relation des signes avec ce qu’ils désignent (la sémantique) et la relation des signes avec leurs usagers (la pragmatique). au sens de Morris, la pragmatique est la science qui traite de la relation des signes à leurs interprètes. au sens de Morris, la pragmatique est la science qui traite de la relation des signes à leurs interprètes. les mot-clés de la pragmatique sont, selon lui : interprète, interprétant, convention, vérifier, comprendre les mot-clés de la pragmatique sont, selon lui : interprète, interprétant, convention, vérifier, comprendre

Actes de naissance deux séries de conférences données à l’Université Harvard (Les William James Lectures) en 1955 par Austin et en 1967 par P. Grice. deux séries de conférences données à l’Université Harvard (Les William James Lectures) en 1955 par Austin et en 1967 par P. Grice. Austin – les actes de langage Austin – les actes de langage Grice - le rôle des relations d’implication et d’inférence dans la communication. Grice - le rôle des relations d’implication et d’inférence dans la communication.

Définitions « La pragmatique étudie l’utilisation de la langue dans le discours et les marques spécifiques qui, dans la langue, attestent sa vocation discursive » Anne Marie Diller et F Récanati (Langue française, La pragmatique, 1979) « La pragmatique étudie l’utilisation de la langue dans le discours et les marques spécifiques qui, dans la langue, attestent sa vocation discursive » Anne Marie Diller et F Récanati (Langue française, La pragmatique, 1979) le but des analyses pragmatiques est « de mettre au jour les règles auxquelles obéissent la conversation et, d’une manière générale, tout discours, selon les situations des interlocuteurs, les stratégies adoptées, les actes de langage qui sont exécutés et les diverses institutions qui sont reconnues comme ayant un effet sur les transactions linguistiques » (François Latraverse, dans La pragmatique. Histoire et critique, p. 185) le but des analyses pragmatiques est « de mettre au jour les règles auxquelles obéissent la conversation et, d’une manière générale, tout discours, selon les situations des interlocuteurs, les stratégies adoptées, les actes de langage qui sont exécutés et les diverses institutions qui sont reconnues comme ayant un effet sur les transactions linguistiques » (François Latraverse, dans La pragmatique. Histoire et critique, p. 185)

La pragmatique – “poubelle” de la linguistique ou discipline réparatrice? L’étude du langage comporte deux parties : l’une, essentielle, a pour objet la langue, qui est sociale et indépendante de l’individu ; cette étude est uniquement psychique ; l’autre, secondaire, a pour objet la partie individuelle du langage, c’est-à-dire la parole, y compris la phonation ; elle est psycho-physiologique (…) On peut, à la rigueur, conserver le nom de linguistique à chacune de ces deux disciplines et parler d’une linguistique de la parole. Mais il ne faudra pas la confondre avec la linguistique proprement-dite, celle dont la langue est l’unique objet » ; L’étude du langage comporte deux parties : l’une, essentielle, a pour objet la langue, qui est sociale et indépendante de l’individu ; cette étude est uniquement psychique ; l’autre, secondaire, a pour objet la partie individuelle du langage, c’est-à-dire la parole, y compris la phonation ; elle est psycho-physiologique (…) On peut, à la rigueur, conserver le nom de linguistique à chacune de ces deux disciplines et parler d’une linguistique de la parole. Mais il ne faudra pas la confondre avec la linguistique proprement-dite, celle dont la langue est l’unique objet » ; « La langue est la partie sociale du langage, extérieure à l’individu, qui ne peut, à lui seul, ni la créer, ni la modifier » (F. de Saussure, Cours de linguistique générale) « La langue est la partie sociale du langage, extérieure à l’individu, qui ne peut, à lui seul, ni la créer, ni la modifier » (F. de Saussure, Cours de linguistique générale) L’étude de l’usage de la langue était considéré non- pertinent pour une démarche scientifique L’étude de l’usage de la langue était considéré non- pertinent pour une démarche scientifique

Types de théories pragmatiques Les théories linéaires Les théories linéaires Les théories en “y” Les théories en “y” le rôle du composant rhétorique le rôle du composant rhétorique Je t’attends demain Place de la Révolution Je t’attends demain Place de la Révolution Il fait beau demain, mais tu es malade Il fait beau demain, mais tu es malade

Pragmatique, énonciation, communication Pragmatique, énonciation, communication verbes performatifs verbes performatifs 1) Je t’ordonne de partir, 1) Je t’ordonne de partir, 2) Je parie 10 E pour sa victoire. 2) Je parie 10 E pour sa victoire. 3) Je te promets toute mon attention 3) Je te promets toute mon attention

Pragmatique, énonciation, communication connecteurs pragmatiques connecteurs pragmatiques 1) Je me suis trompé, mais tais-toi. 1) Je me suis trompé, mais tais-toi. 2) Je te dirai tout, puisque tu me le demandes. 2) Je te dirai tout, puisque tu me le demandes. 3) Tu en es sûr ? D’ailleurs, je te crois sur parole ! 3) Tu en es sûr ? D’ailleurs, je te crois sur parole ! adverbes d’énonciation adverbes d’énonciation 1) Sincèrement, tu es un bon collègue. 1) Sincèrement, tu es un bon collègue. 2) Heureusement, il est venu hier soir. 2) Heureusement, il est venu hier soir.

Pragmatique, énonciation, communication Négation métalinguistique Négation métalinguistique 1) Il ne m’aime pas, il m’adore. 1) Il ne m’aime pas, il m’adore. 2) Elle n’a pas quatre enfants, elle en a cinq. 2) Elle n’a pas quatre enfants, elle en a cinq. Expressions déictiques Expressions déictiques Je viendrai demain te voir Je viendrai demain te voir

Enonciation et communication Enonciation et communication tout acte d’énonciation se réalise dans une situation de communication particulière, caractérisée par plusieurs éléments constitutifs - les « acteurs » de la communication, appelés, selon le cas, émetteurs ou destinataires, locuteurs ou allocutaires, énonciateurs ou énonciataires - qui évoluent dans un temps et un lieu spécifique, un certain contexte signifiant. tout acte d’énonciation se réalise dans une situation de communication particulière, caractérisée par plusieurs éléments constitutifs - les « acteurs » de la communication, appelés, selon le cas, émetteurs ou destinataires, locuteurs ou allocutaires, énonciateurs ou énonciataires - qui évoluent dans un temps et un lieu spécifique, un certain contexte signifiant.

Le problème du code – réévaluations F de Saussure F de Saussure R. Jakobson R. Jakobson O. Ducrot O. Ducrot C. Kerbrat-Orecchioni C. Kerbrat-Orecchioni Le professeur : Combien d’éléments déictiques y a-t-il dans cet énoncé ? Le professeur : Combien d’éléments déictiques y a-t-il dans cet énoncé ? L’étudiant : J’ai été malade la semaine passée. L’étudiant : J’ai été malade la semaine passée.

Conclusion « la langue comporte tout un catalogue de rapports interhumains, toute une panoplie de rôles que le locuteur peut se choisir pour lui- même et imposer au destinataire » (O. Ducrot, 1972 :17). « la langue comporte tout un catalogue de rapports interhumains, toute une panoplie de rôles que le locuteur peut se choisir pour lui- même et imposer au destinataire » (O. Ducrot, 1972 :17).

Conclusion énoncer signifie aussi se communiquer : l’énonciation est un commentaire qu’on fait de soi- même et de sa propre position, en tant que locuteur, dans le discours et, corrélativement, de la position du partenaire et de « objets » qui entourent l’interaction. énoncer signifie aussi se communiquer : l’énonciation est un commentaire qu’on fait de soi- même et de sa propre position, en tant que locuteur, dans le discours et, corrélativement, de la position du partenaire et de « objets » qui entourent l’interaction.