Du récit au récit médiatique Séance du 16 mars 2012

Introduction Le récit contient une part inévitable de subjectivité dans la vision comme dans la narration. Dans la filiation du mythe, la littérature joue un rôle dans la société : tout récit a des fonctions axiologiques de connaissance du monde et de nous-mêmes.  En est-il de même dans les « récits de réel » ?

Introduction Pour aborder la question de la frontière, il faut prendre en compte trois aspects : Le mythe est toujours présent dans nos sociétés contemporaines ; Si l’information est le lieu de mis en récit du réel, le mythe y est présent ; La frontière entre réalité, mise en récit de la réalité et fiction est mise en question par les productions littéraires et médiatiques.  Le mythe a une valeur idéologique (ex. Le mythe fondateur des Baruyas).

Introduction Le mythe est un système sémiologique destiné à transformer la réalité.  C’est une parole volée qui veut faire passer du culturel, de l’idéologique, pour du naturel. (R. Barthes, M. Lits) Le mythe est un récit imaginaire organisé et cohérent qui prétend se fonder en réalité et en vérité.  Ex. La rumeur d’Orléans étudiée par E. Morin.

Introduction Tout récit est porteur de mythe, les histoires les plus populaires renvoient à des archétypes universels. Littérature Séries Films Publicité  Michel de Certeau évoque « les fables de nos publicités et de nos informations » (de Certeau, 1990).

Introduction La presse, qui est censée rendre compte du réel de manière objective, est elle-même une usine de mythes. Le fait d’être cité dans un journal confère une certaine « aura » à un événement, un individu. C’est encore plus vrai pour certains thèmes (l’amour, la mort, la transgression, etc.)

Le récit, du mythe aux médias de masse

Le récit, du mythe aux médias de masse Le propre du langage est de permettre un transfert du discours au récit et vice-versa (Benvéniste, 1966). Ex. Dans le récit historique, un historien peut être amené à reproduire les paroles d’un personnage ou intervenir pour juger les éléments rapportés.

Le récit, du mythe aux médias de masse La frontière entre journalisme et littérature est mince. Ex. Le roman du XIXe, les écrivains journalistes et les journalistes écrivains. La frontière entre réalité et fiction n’est pas toujours nette : la réalité apparaît bien souvent construite comme une histoire fictionnelle. Ex. Les procès en assises La représentation peut apparaître plus vraisemblable que l’événement lui-même. Ex. Les attentats du 11 septembre.

L’écriture journalistique s’inscrit dans une logique communicationnelle :  la lisibilité du propos prime sur les choix stylistiques,  La structure narrative peut augmenter la compréhension de l’information et la rendre plus agréable à saisir. Ex. Recours à la métaphore ou à l’hypotypose Le récit, du mythe aux médias de masse

L’approche pragmatique du récit se fonde sur les principes d’échange dialogique et de mise en situation : Langages ordinaires Orientation argumentative  Dépasser la clôture structurale pour aller vers l’interaction langagières en situation. (Lits, 2008)

L'insertion sociale des récits Les médias, intermédiaires symboliques collectifs " Le discours n'est pas seulement un objet verbal, mais essentiellement une forme d'interaction sociale ". Van Dijk.  Connaissance des conditions de production  Compréhension des interactions qui s'opèrent entre médias et publics.

L’insertion sociale des récits Dans les sociétés modernes, les récits ont deux fonctions : Il fait partie de la vie quotidienne, il impose rôles et décision aux individus, il détermine les comportements ; Il a une fonction mythique en corroborant les croyances du groupe, et en rassurant les individus. Ricœur

L’activité narrative des médias

Discours médiatique et récit Les caractéristiques du discours médiatique… Révélation, Force de l’exemple, Dramatisation, Schématisation, Scénarisation (Charaudeau, 1997) …Témoignent de l’activité narrative des médias.

L’activité narrative des médias Le pôle médiatique est central dans le système social et ce pôle est essentiellement construit selon une logique narrative (Lits, 2008). L’information se présente sous un patron narratif ; Le modèle narratif est tellement prégnant qu’il s’impose comme une structure d’écriture des informations ; Le modèle narratif est tellement prégnant qu’il amène le récepteur à consommer sur ce mode narratif ce qui ne relève pas, a priori, du récit stricto sensu. « L’horizon d’attente » (Jauss, 1978).

L’activité narrative des médias La télévision La rhétorique télévisuelle n’est jamais plus performante que dans la personnalisation et dramatisation. La télévision privilégie l’approche narrative ( muthos ), le discours narratif invérifiable. Les faits divers  Ex. « Accident de car », JT, 14 et 15 mars 2012.

L’activité narrative des médias La campagne présidentielle Temps forts et rendez-vous (déclaration de candidature, dépôts des candidatures, 1 er tour, débat de l’entre-deux tours, 2 e tour…) Affrontement de protagonistes  duel Coulomb-Gully

La délocalisation d’un concept

Le « récit » médiatique ? Le récit médiatique se manifeste : Dans une multiplicité de supports Dans des réseaux de récits Selon des contrainte externes (ex : l’agenda)  Saisie partielle et a posteriori par le public.

Le « récit » médiatique ? Légitimité de l’appellation « récit » contestée dans le champ médiatique Hybridité (vs. Un système de signes) Extension (vs. Clôture) Ténuité de la frontière entre factuel et fictionnel Polyphonie du discours d’information (vs. Auteur)

Les délimitations du récit médiatique Macro-récit récit médiatique général récit issu d'un groupe de médias récit issu d'un média spécifique récit issu d'un titre spécifique Méso-récit Le récit d'un fragment, d'une séquence Micro-récit Le récit d'un événement Dubied, Lits