Analyser l’activité professionnelle des enseignants -Pourquoi l’expression « analyse de l’activité (et évaluation) » est-elle si répandue aujourd’hui? -s’inscrit dans un nouveau paradigme social valorisant l’action, le sujet et son développement: « figures » sociales de l’«individu acteur et auteur de sa propre vie », de l’ « efficacité immédiate de l’action concrète » (professionnelle, sociale, voire privée) -s’inscrit également dans un nouveau paradigme scientifique visant, en lien avec ce paradigme social, à rendre le plus visible possible ce que font les individus mais aussi à mieux comprendre la façon dont l’activité est occasion d’apprentissage et de développement (en lien avec une nouvelle conception de la formation et des liens travail-formation) -Pour ce qui nous concerne ici, l’analyse comme préalable à l’évaluation -Quelques propositions de définition: -analyser: décrire/ décomposer une réalité en éléments et convoquer un « cadre de référence » (interne ou externe) pour « faire parler » cette réalité (visée compréhensive) -activité: ce que l’individu fait (pour certains: le point de vue d’un tiers à propos de ce que fait un individu) -analyse de l’activité: choisir un modèle d’analyse et un mode d’accès pour « faire parler » le matériau recueilli à propos de l’activité en question

-La nécessité d’« outiller » l’analyse: 1-des modèles d’analyse différents reposant sur des épistémologies différentes (épistémologie constructiviste phénoménologique ou épistémologie constructiviste structuraliste, pour l’essentiel): -(ECP) quelques exemples: *clinique de l’activité (l’activité est dirigée (genre), elle est adressée, distinguer réel de l’activité et activité réalisée, analyser l’activité c’est la développer (la faire exister autrement et ouvrir des possibles): autoconfrontation, instruction au sosie…): Y Clot… *ergologie (la rencontre entre l’individu (patrimoine) et la situation (protocole), savoirs « investis » très attachés aux situation…): Y Schwartz… *courants interdisciplinaire de l’action située (d’inspiration ethnométhodo- logique: l’activité est le produit contingent et momentané de l’échange entre des individus dans un contexte, c’est une configuration singulière (couplage structurel) acteur-situation; arena et setting (Lave)): Hutchins, Cicourel, Theureau…

*courant de la science action (dans le prolongement du courant de l’apprentissage expérientiel: J Dewey, D Kolb): des rapports de co- détermination entre action et pensée (notions de pensée rétrospective et anticipatrice, de « cadre de perception », de « modèle d’action », de « recadrage »…) : C Argyris, D Schön, Y Saint Arnaud… (ECS) quelques exemples: *approches « classiques » en analyse du travail: l’activité est le siège du développement de compétences qui s’incorporent de façon croissante à l’action et font l’objet d’une hiérarchisation: J Leplat, Anderson… *didactique professionnelle : l’activité est le support d’une conceptualisation, elle est composée d’invariants (notions de schème, concept pragmatique), G Vergnaud, P Pastré…

2-des modes d’accès différents à l’activité (selon les modèles convoqués) donc des données recueillies différentes: -Matériau: discours sur (qui est une activité à part entière)/ activité « en contexte »/ traces de l’activité/ combinaison traces-activité-discours sur (dans le même espace/temps ou successivement)…? -Point de vue du chercheur et/ou du sujet? 3-quelques questions naîves mais embarassantes: -Doit-on se méfier de la subjectivité du sujet? -Doit-on se méfier de la subjectivité de celui qui analyse? -Lit-on les mêmes choses selon le modèle d’analyse et le mode d’accès à l’activité choisis? -…