Vous avez dit évaluation ?
Évaluation Notation Sanction ?
Très (trop?) souvent l’évaluation scolaire ne se distingue pas de la notation Les notes doivent tout faire: Répondre à la demande de l’administration, des parents, … des élèves (?) Guider les apprentissages Certifier les acquis Sélectionner les élites
Or, la note est : relative, peu fidèle, peu explicite, « Oui, mais les notes, ça encourage les élèves à travailler… »
« La notation stimule les élèves, les encourage et distingue les meilleurs. À l’inverse, elle décourage, dégoûte de la matière dans laquelle les résultats sont mauvais et fait perdre l’estime de soi. Elle touche bien souvent la personne plus que ses acquis. Autre faiblesse, elle rend compte d’un état plus qu’elle n’indique un but ou un chemin. La note sert peu les progrès de l’élève ». « Dans le secondaire, on observe une prédominance des bilans et des contrôles. Lorsque la progression de l’enseignant est linéaire, ceux-ci rétroagissent assez peu sur l’enseignement : une fois le chapitre terminé, le professeur n’y revient plus ».
Malgré ces défauts, on est entré dans un « état de sacralisation des notes pire qu’au XIX e siècle » Les notes sont: innombrables ( pour une classe de Sixième en un an !) ; hétérogènes ; rituelles (relevés de notes, bulletins) « Les " relevés de notes à mi -trimestre ", c'est extraordinaire : vous avez des successions de notes, que vous recevez chez vous, vous ne savez absolument pas ce que cela signifie, vous avez des chiffres dont on ne sait absolument pas ce que cela recouvre ! Cela me pose d'ailleurs problème, en tant que citoyen, de recevoir de la part de l'institution du non-sens. Ne trouvez-vous pas ? »
Mais il y a plus grave : « La moyenne dans une discipline : vous avez 36 notes, chacune correspond à l'évaluation de tel ou tel type de compétence, mais dans le retour qui en est fait par exemple au conseil de classe, ou sur les bulletins... tout cela est « moyenné ». Quel est l'intérêt de cette moyenne ? Il n'y en a aucun au plan pédagogique… Mais ça ne suffit pas : ensuite on fait une moyenne entre les disciplines ! Interrogez-vous sur ce que signifie ce chiffre ! Il est lui-même la résultante de moyennes entre des objets extrêmement disparates dont on ne connaît pas le sens ! » On nous oblige même, cette année, à y ajouter une « note de vie scolaire »…
C’est la « dictature invraisemblable de la moyenne » « Avoir la moyenne a pris le pas sur l'acquisition des connaissances, des compétences, des comportements et de la culture » Les logiciels de notation ont renforcé cet état de fait puisque d’un « clic » … … on a tous les calculs, classements et graphiques que l’on veut
Toute cette frénésie de notes et de moyennes « renvoie dans l’ombre l’évaluation des compétences ». Quid du socle commun qui s’organise en 7 compétences ?
Tu l’as ou... tu l’as pas ? « Une compétence, on l'a ou on ne l'a pas, mais on ne fait pas la moyenne entre une compétence qu'on a et une compétence qu'on n'a pas : quand je vais chez le médecin, j'espère qu'il n'a pas eu son doctorat en médecine par « compensation » entre des connaissances en hématologie et une ignorance crasse en neurologie. On espère tous cela, sinon on n'irait plus chez le médecin ! »
Comment rendre l’évaluation plus utile ? 1.Multiplier les évaluations formatives s’appuyant sur des critères définis (ou négociés): - opérations à réaliser - critères de réussite évaluant les compétences: A acquise ECA en cours d’acquisition NA non acquise Pas forcément notées
1.Modifier notre façon de corriger les copies
1.Rendre les annotations plus utiles à l’apprentissage Les annotations se réfèrent toutes à une liste de critères Ces annotations sont de deux types: - Les unes portent sur le résultat de l'action de l'élève, elles le renseignent sur ses essais : action réussie action non faite action faite mais non réussie - Les autres renvoient l'élève à sa façon de procéder : « comment as ‑ tu fait pour... » « as ‑ tu décidé que... » « as ‑ tu repéré ceci... », etc. On ne juge plus la personne, on évalue ses acquis On engage le dialogue
Il y a forcément une suite… « L'évaluation scolaire peut être conçue […] comme un échange d'informations entre le maître et l'élève.[…] Même en supposant que l'enseignant ait présenté aux élèves, au départ, l'objectif à atteindre en fin d'étude, il n'est pas sûr que ces derniers l'aient assimilé. C'est grâce aux corrections que le maître leur demande d'apporter à leurs travaux qu'ils peuvent découvrir ce qu'il exige et par là, la signification concrète de l'objectif qu'il a formulé. L'évaluation est donc le moyen essentiel dont dispose l'enseignant pour se faire comprendre. […] L'évaluation est ainsi à concevoir moins comme une activité de mesure que comme un effort de communication. » Après une évaluation, des exercices de remédiation seront plus utiles qu’un corrigé collectif
En somme, parti de « Cela vaut tant », en traitant tout comme un contrôle sommatif, on est passé à une distinction entre les contrôles sommatifs où l'on repère tout ce qui est réussi et raté et l'évaluation pour apprendre, où l'on choisit de pointer : « Tu as raté ceci et réussi cela », on arrive à : « Que reconnais ‑ tu comme réussites et erreurs dans ce que j’ai pointé?» et on va vers : « Dis ‑ moi ce que tu essaies de faire, je te dirai si c'est réussi ou non ». […] On pourrait ainsi dire qu'on est passé du monologue de l'enseignant à un dialogue avec l'élève pour mieux stimuler un monologue de l'élève. En guise de conclusion …