15/02/2013 Le poids du passé Recherche des origines, sentiment d’appartenance et discriminations Les adoptés présentent deux spécificités notables par.

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15/02/2013 Le poids du passé Recherche des origines, sentiment d’appartenance et discriminations Les adoptés présentent deux spécificités notables par rapport à la population française au sein de laquelle ils sont intégrés. D’une part, ils ont tous la caractéristique d’être des enfants adoptés. Ceci peut entraîner des réactions diverses de la part de l’entourage (jalousie des autres enfants, non-reconnaissance de leur filiation, surprotection, etc.). De plus, l’enfant lui-même se trouve dans une situation particulière puisqu’il ne grandit pas au sein de sa famille d’origine. La place à prendre au sein de leur famille adoptive ne va pas de soi et un certain nombre de questions et de désirs peuvent prendre corps vis-à-vis de leur famille d’origine. D’autre part, la plupart sont originaires de pays étrangers. Cette situation peut entrainer un rejet ou un attrait pour l’entourage. L’enfant lui-même peut se sentir plus ou moins bien intégré, appartenir plus ou moins à la société française. Être adopté, c’est vivre le plus souvent avec une double spécificité : celle de la filiation et celle de l’origine géographique. Comment les adoptés composent-ils avec ces particularités dans leur vie de tous les jours ? Souhaitent-ils nouer des contacts avec leur famille d’origine ou n’en éprouvent-ils pas le besoin ? Quelle place tient dans leur vie leur pays d’origine et sa culture ? Subissent-ils des discriminations du fait de leur origine ou de leur filiation ? Ce poids du passé sur la construction de l’identité sera analysé à partir de deux enquêtes, l’une réalisée auprès de jeunes adultes ayant été adoptés dans leur enfance et l’autre auprès de parents ayant récemment adopté. Département d’Études, de Recherches et d’Observation – CREAI de Picardie

Présentation des deux enquêtes utilisées 15/02/2013 Présentation des deux enquêtes utilisées Utilisation de deux recherches nationales sur l’adoption ayant des objectifs différents et n’étant pas centrées spécifiquement sur la thématique abordée aujourd’hui. Cependant, des parties de ces études permettent d’apporter un éclairage sur le poids du passé.

15/02/2013 Enquête Adoption Internationale et Insertion Sociale (AIIS), INED, 2000 Auprès de jeunes adultes ayant été adoptés  Évaluer leur insertion scolaire, professionnelle et résidentielle Non représentativité de l’enquête du fait des spécificités des jeunes adultes enquêtés : adoptés par le biais de l’OAA "Les Amis des Enfants du Monde" entre 1970 et 1990 tous d’origine étrangère, dont 88% de Corée du Sud entre 18 et 34 ans (la moitié a moins de 23 ans) Un très bon taux de retour (63%, soit 621 jeunes), mais des précautions à prendre : une sélection des jeunes ayant reçu le questionnaire peu d’adoptés ayant eux-mêmes des enfants (9%) Origine : 95% originaires d’Asie (Amis de Enfants du Viêt-Nam avant AEM). Une sélection des jeunes ayant reçu le questionnaire : Absence de coordonnées des parents + Participation des parents faible. Sur les 2 676 jeunes majeurs adoptés par le biais des AEM, nous avons obtenu les coordonnées de seulement 37% d’entre eux (990) et les réponses de seulement 23% d’entre eux (621). Sur les 1 873 couples adoptifs concernés, seules les coordonnées de 77% d’entre eux apparaissaient dans les fichiers des AEM – presque rien avant 1975 – (1 438) et, parmi eux, seuls 41% ont renvoyé les coordonnées de leurs enfants (588), soit 31% de l’ensemble des parents adoptifs. Quid des caractéristiques des familles ayant déménagé ? Quid des familles n’ayant plus de contact avec leurs enfants ? Quid des caractéristiques des jeunes ayant accepté de répondre et de ceux ne l’ayant pas fait ? Peu d’adoptés ayant eux-mêmes des enfants : Difficulté à observer l’impact d’une construction familiale personnelle sur le désir de rechercher ses origines.

Étude relative au devenir des enfants adoptés, Creai-DGCS, 2012 15/02/2013 Étude relative au devenir des enfants adoptés, Creai-DGCS, 2012 Auprès de parents ayant adopté récemment (2005, 2008, 2010)  Repérer les éventuelles difficultés rencontrées par les enfants et leurs familles  Identifier les éléments positifs et négatifs des dispositifs d’accompagnement Échantillon représentatif de l’ensemble des adoptions des 3 années étudiées : malgré un taux de retour relatif (deux-cinquièmes, soit 400 parents) Difficultés à appréhender le poids du passé : recueil de la perception des parents sur la situation de leurs enfants enfants très jeunes lors de l’enquête : 7,4 ans en moyenne (moins d’1/5 a 10 ans ou plus) Objectif global sur l’intégration familiale, sociale, scolaire de l’enfant et sur son développement. Représentativité en termes de : année d’adoption, âge et sexe de l’enfant, origine géographique + caractéristiques spécifiques liées à l’adoption nationale ou internationale. Questionnaire : 10 parties thématiques, dont : " Votre enfant et ses origines " " L’intégration familiale et sociale de votre enfant "

15/02/2013 Discriminations

Souffrance ressentie dans la vie de tous les jours (enquête Creai) 15/02/2013 Souffrance ressentie dans la vie de tous les jours (enquête Creai)  Un peu plus du quart des parents (27%) pense que leur enfant souffre ou a déjà souffert de sa différence dans les différents lieux de socialisation Au niveau social, les difficultés les plus prégnantes apparaissent à l’école et concernent la différence physique, les camarades de classe faisant des remarques sur la couleur de peau de l’enfant adopté. La question du racisme, car c’est alors le terme qui est employé, est évoquée par 14% des parents (rappel : 9/10 des enfants sont en primaire ou en maternelle). D’autre part, les liens de filiation entre l’enfant et ses parents adoptifs ont été remis en cause pour 4% des enfants adoptés. Les autres enfants parlent alors des parents adoptifs comme de "faux" parents et posent des questions sur les "vrais" parents. Cependant, ces remarques n’ont pas lieu que dans les cours d’école puisque les parents sont à peu près aussi nombreux à faire part de telles déclarations de la part d’adultes.   Mais pour plus d’un enfant sur dix (11%), ce qui semble difficile peut simplement provenir de remarques générales, de questions, de regards appuyés. Vis-à-vis de l’enfant, ces interventions sont rarement malveillantes, mais leur répétition fait qu’il est compliqué pour lui de s’intégrer tout à fait, de passer pour "un enfant comme un autre". Par ailleurs, ces remarques le renvoient à son passé, à son abandon, à une déchirure première, ce qui peut le fragiliser. Notons également que quelques enfants (2 %) se sentent différents des autres en termes d’histoire, de maturité, etc. ou souffrent du fait qu’on mette systématiquement une étiquette d’enfant adopté sur tous leurs agissements. Au sein de la famille, 8 % des parents adoptifs estiment que le statut particulier de leur enfant le fait souffrir ou a pu le faire souffrir à certains moments. Dans la grande majorité des cas (82 %), la difficulté est liée à la différence de ressemblance physique avec les autres membres de la famille : les enfants souhaitent ressembler à leurs parents, avoir la même couleur de peau que le reste de leur famille. On ne parle pas ici de racisme, mais de désir de l’enfant de ressembler à sa famille pour une bonne intégration. Les autres difficultés évoquées sont essentiellement liées à des problèmes relationnels avec les cousins (du fait de jalousies ou d’une trop grande différence d’âge) ou au comportement des grands-parents : - soit parce qu’ils surprotègent l’enfant, cela compliquant les relations entre ce dernier et ses parents : 5% des parents estiment que les membres de leur famille sont davantage protecteurs avec l’enfant adopté qu’avec les autres enfants, - soit parce qu’ils refusent de considérer l’enfant adopté comme un membre de la famille à part entière : c’est le cas de certains membres de la parenté dans 2% des familles. Ainsi, suite à l’adoption de leur enfant, des parents ont vu certaines personnes de leur famille s’éloigner d’eux, notamment s’ils ont accueilli un enfant né sur le continent africain (2,7% contre 0,9% pour un pupille et aucun en Amérique).

Sentiment de différence à l’école (enquête AIIS) 15/02/2013 Sentiment de différence à l’école (enquête AIIS)  Deux-tiers des jeunes ont observé, dans leur entourage scolaire, des différences d’attitude à leur égard Dans le primaire, la moitié des enquêtés a ressenti une différence d’attitude de leurs camarades vis-à-vis de leur origine étrangère. Ces réactions sont légèrement plus souvent négatives que positives. C’est également le cas dans le secondaire, bien que les adoptés soient moins nombreux à ressentir cette différence (31%). C’est la situation inverse pour ce qui est des attitudes particulières des camarades de classe dues à la situation d’enfant adopté de l’enquêté. Si un quart a ressenti des différences dans le primaire et 16% dans le secondaire, celles-ci ont légèrement plus souvent été jugées positives. Dans des proportions moindres, les enseignants réagissent quant à eux le plus souvent positivement, surtout vis-à-vis de l’adoption des enquêtés. Leur situation d’enfant adopté a été valorisée pour 14% des répondants dans le primaire et 5% dans le secondaire. De même, au primaire, il semble que l’origine étrangère des enfants soit un atout pour eux, dans leurs relations avec leurs professeurs (17% ont ressenti une différence, dont 13% positive). Bien que l’écart soit plus faible dans le secondaire, les attitudes des enseignants face à l’origine des adoptés sont rarement ressenties négativement (3% dans le primaire et 4% dans le secondaire). Étant donné que 95% des enquêtés sont originaires d’Asie, il est difficile de mettre ce résultat en lien avec l’origine géographique. Cependant, il est possible que ces réactions positives en lien avec l’origine soient à mettre en relation avec les idées préconçues d’une partie de la population sur les enfants asiatiques qui seraient plus sérieux, intelligents et travailleurs que les autres.

Sentiment d’appartenance 15/02/2013 Sentiment d’appartenance

Intérêt pour la langue d’origine (enquêtes Creai et AIIS) 15/02/2013 Intérêt pour la langue d’origine (enquêtes Creai et AIIS)  La majorité des adoptés n’éprouve pas d’intérêt particulier pour leur langue d’origine : 86% dans l’enfance mais deux fois moins à l’âge adulte Dans l’enfance (enquête CREAI), l’intérêt porté à la langue du pays de naissance est assez faible : seuls 14% des enfants d’origine étrangère s’intéressent à cette langue. Quelques-uns parlent cette langue avec des personnes de leur entourage (3%), d’autres prennent des cours ou souhaitent en prendre plus tard, quelques enfants ayant même cherché à prendre des cours, sans trouver de professeur à proximité de leur domicile (1%). Cependant, plus des trois quarts des enfants nés à l’étranger ne manifestent pas d’intérêt particulier pour leur langue d’origine. Par ailleurs, 8% des adoptés expriment un rejet pour leur langue d’origine, cette proportion étant très élevée chez les enfants nés en Europe (23%) et en Amérique (12%). Avec un âge moyen de 6 ans lors de leur arrivée en France, les enfants exprimant un rejet pour leur langue d’origine ont été adoptés plus tardivement que les autres (moyenne de 4,1 ans pour ceux qui s’y intéressent, 3,5 ans pour ceux qui ne manifestent pas d’intérêt particulier pour cette langue et de 1,6 an pour les enfants dont les parents estiment que leur première langue maternelle est le français). L’enquête Adoption Internationale et Insertion Sociale ne permet pas de connaitre la proportion d’adoptés rejetant leur langue d’origine. Mais, à l’âge adulte (enquête AIIS), l’intérêt pour la langue d’origine atteint 57%. Cependant, cet intérêt reste lointain pour plus des deux-tiers d’entre eux : seuls 4% parlent cette langue et 14% ont essayé de l’apprendre ou de la réapprendre.

Place du pays et de la culture d’origine (enquête Creai) 15/02/2013 Place du pays et de la culture d’origine (enquête Creai)  La moitié des enfants adoptés ne pose aucune question sur ses origines et son passé avant l’adoption mais 3/10 interrogent leurs parents sur leur famille biologique Demande d’informations de l’enfant adopté concernant ses origines et thématiques interrogées (%) Les questions surgissent différemment selon l’âge, aucun enfant ayant moins de trois ans lors de l’enquête ne posant encore de questions. Avec l’âge, la part d’enfants s’interrogeant sur leur passé augmente, pour atteindre 70% entre six et douze ans. Cette proportion diminue par la suite, les enfants plus âgés étant seulement 44% à poser des questions. Il semble donc qu’il y ait une tranche d’âge durant laquelle l’enfant adopté va souhaiter obtenir des réponses sur lesquelles il ne reviendra pas si les réponses obtenues lui suffisent. Le principal sujet abordé concerne la famille biologique (30,7%), mais le parcours des parents adoptifs ayant mené à leur adoption est également une thématique qui les intéresse et les questionne (24,2%). Un peu plus d’un enfant sur cinq pose également des questions sur ses conditions de vie avant l’adoption et ils sont autant à s’interroger sur les conditions liées à leur abandon. D’autres sujets peuvent être abordés portant essentiellement sur le devenir des frères et sœurs biologiques ou des copains de l’orphelinat, mais aussi sur la rencontre avec ses parents adoptifs ou encore des questions liées aux différences (couleur de peau, célibat du parent adoptif, etc.). Concernant la famille biologique, il faut préciser que 22 % des parents adoptifs rapportent n’être en possession d’aucun élément sur l’histoire de vie de leur enfant. C’est le cas de près de la moitié des personnes ayant adopté en Asie (47 %), 26 % en Afrique, 18 % en France, 12 % en Haïti et seulement 3 % en Amérique et 2 % en Europe. Par ailleurs, 17,5% des enfants adoptés posent des questions sur la culture de leur pays d’origine, soit plus d’un enfant sur cinq originaire d’un pays étranger (21%). Ils sont peu nombreux parmi les enfants originaires d’Europe (9%) tandis que 28% des enfants nés en Haïti et 25% de ceux nés en Afrique s’intéressent à cette culture. Ces questions sont également beaucoup plus fréquentes lorsque l’adoption fait suite au décès du ou des parents biologiques (enfants orphelins, 33%), notamment en comparaison des enfants pour lesquels une décision judiciaire a permis leur adoption (14 %) et de ceux ayant été remis par leurs parents biologiques aux services compétents (19%).

Place du pays et de la culture d’origine (enquête AIIS) 15/02/2013 Place du pays et de la culture d’origine (enquête AIIS) Intérêt ou curiosité pour le pays d’origine : 74% déclarent de l’intérêt, dont 39% beaucoup 8% pas du tout Retour dans le pays d’origine : 8% y sont retourné au moins une fois depuis leur adoption 60% ont le projet d’y retourner un jour 7% ne veulent pas y retourner  Le projet de retour dans le pays d’origine est fortement lié à l’attitude vis-à-vis de la langue d’origine A l’âge adulte, les trois quarts des enquêtés disent avoir de l’intérêt ou de la curiosité pour leur pays d’origine et seuls 8% n’en ont pas du tout. De même, si seulement 8% d’entre eux sont déjà retourné dans leur pays d’origine depuis leur adoption, 60% disent avoir le projet de se rendre là-bas – dans un avenir plus ou moins lointain – et 32% n’ont pas d’avis arrêté sur la question. Seuls 7% ne veulent pas y retourner. Le projet de retour dans le pays d’origine est fortement lié à l’attitude vis-à-vis de la langue d’origine. Ainsi, tous les individus ne souhaitant pas se rendre dans leur pays sont ceux qui disent ne pas s’intéresser à la langue, excepté une personne qui ne l’a jamais oubliée. Dans toutes les autres attitudes envers la langue d’origine, les individus sont environ 80% à vouloir retourner dans leur pays, ceux ayant réappris la langue étant les plus motivés (90%).

Place du pays et de la culture d’origine (enquête AIIS) 15/02/2013 Place du pays et de la culture d’origine (enquête AIIS) Échanges avec les parents sur : le pays d’origine : 29% souvent et 18% jamais l’adoption : 36% souvent et 14% jamais Contact en France avec des personnes de même origine : 77% rarement ou jamais 6% très souvent Prénom utilisé : 1/10 a comme prénom usuel son prénom de naissance  Pas de lien avec l’attitude vis-à-vis du pays d’origine Dans leur famille d’adoption, peu nombreux sont les individus qui parlent de leur adoption ou de leur pays d’origine avec leurs parents. Nous pouvons considérer qu’environ un tiers des personnes en parle « très souvent » ou « assez souvent ». Mais comme nous l’ont fait remarquer plusieurs enquêtés, ce n’est pas parce qu’on ne parle pas de son adoption ou de son pays d’origine que ces dernières sont un sujet tabou dans la famille d’adoption. Au contraire, le fait de ne pas avoir à en parler peut être le témoignage d’une réussite : tout ayant été dit au bon moment, il n’est pas nécessaire de relancer le sujet. Ceci peut aussi être le témoignage d’une insertion parfaite de l’individu dans sa famille qui se considère totalement comme l’enfant de ses parents biologiques. A l’inverse, cette attitude peut être la conséquence d’une absence de communication au sein de la famille. Comme nous ne pouvons pas distinguer ces différents cas, nous ne nous attarderons pas sur ce point. Ce qui, en revanche, est notable, c’est le nombre d’individus n’ayant aucun lien ou très peu de contacts avec des personnes vivant en France mais originaire du même pays qu’eux. Les trois quarts de la population sont dans ce cas. D’après les réactions que nous avons recueillies, cette situation semble liée à l’ambiguïté que procure le statut d’enfant adopté. En effet, celui-ci grandit dans une famille française et en acquiert les modes de vie. Il se sent donc étranger face à une population qui, si elle possède la même origine que lui, n’a pas du tout la même mentalité ni les mêmes habitudes. De plus, il arrive que l’enfant adopté d’origine étrangère se sente aussi exclu entouré de français qui le considèrent différemment à cause de son apparence physique. C’est cette ambivalence que nous n’avons malheureusement pas pu approfondir. Une autre variable très intéressante à prendre en considération est le prénom que les enfants adoptés utilisent pour se faire appeler par leur entourage. En effet, lors d’une adoption internationale, le prénom de l’enfant est pratiquement toujours changé ou francisé et son prénom d’origine mis en seconde position. Or, dans notre population, si 87% utilisent couramment le prénom qu’il leur a donné à l’adoption, il y a tout de même 10% des individus qui se font appeler par leur prénom d’origine. En revanche, ces personnes-là ont des attitudes très diverses quant à leur pays d’origine. Que ce soit par rapport au pays lui-même, à sa langue ou au fait de projeter d’y retourner, les avis sont très partagés.

Place de la famille biologique (enquête Creai) 15/02/2013 Place de la famille biologique (enquête Creai)  15% des parents adoptifs pensent que leur enfant considère qu’il a deux familles Dans cette enquête, les enfants adoptés sont encore jeunes et ils sont sans doute peu nombreux à avoir une position très tranchée par rapport à la recherche de leurs origines et à leurs liens avec leur famille biologique. En effet, les principaux acteurs de l’adoption s’accordent pour dire que c’est au moment de l’adolescence que se posent de manière concrète les questions relatives aux origines. Cependant, le point de vue de leurs parents lorsqu’ils sont plus jeunes nous donne déjà des informations intéressantes. Quatre parents adoptifs sur cinq pensent que leur enfant considère sa famille adoptive comme sa seule famille, 15% qu’il considère qu’il a deux familles et aucun n’estime que l’enfant considère que sa famille biologique est sa seule famille. En revanche, quelques-uns sont en rupture familiale et pensent que leur enfant ne sait pas ce qu’est une famille, qu’il ne se situe pas lui-même dans une notion de famille (0,4%). L’âge de l’enfant lors de l’enquête a un impact sur ce sentiment, aucun parent d’un enfant de moins de quatre ans évoquant la notion de double famille. Cependant, l’effet de l’âge lors l’adoption est bien plus important. Ainsi, lorsque l’enfant a été adopté avant l’âge de trois ans, la grande majorité des parents adoptifs pense que leur enfant considère leur famille comme sa seule famille (93%). Cette proportion diminue ensuite continuellement avec l’augmentation de l’âge de l’enfant lors de son adoption, pour concerner seulement 43% des personnes ayant adopté un enfant de huit ans ou plus. Parallèlement, seuls 7% des parents ayant adopté un enfant de moins de trois ans déclarent que celui-ci considère qu’il a deux familles, alors qu’ils sont 57% parmi ceux ayant adopté un enfant ayant atteint son dixième anniversaire.

Place de la famille biologique (enquête Creai) 15/02/2013 Place de la famille biologique (enquête Creai)  Les sentiments vis-à-vis de la famille biologique dépendent de différents facteurs, en lien avec les souvenirs que l’enfant adopté aurait de cette famille : Âge à l’adoption Lieu de vie avant l’adoption Existence d’une fratrie biologique, surtout si celle-ci a été adoptée dans une autre famille Plus l’enfant adopté a de souvenirs de sa famille biologique, plus il semble qu’il se construit avec cette famille biologique, dans sa famille adoptive. C’est le cas de l’âge à l’adoption. Mais c’est également le cas du lieu de vie avant l’adoption. Ainsi, lorsque les enfants vivaient, avant leur adoption, au sein de leur famille biologique, trois-quarts des parents adoptifs déclarent que celui-ci considère qu’il a deux familles. Cette proportion est seulement de 15% pour les enfants vivant en établissement social et de 10% pour ceux étant précédemment en famille d’accueil. L’existence d’une fratrie biologique a également un effet majeur sur le positionnement de l’enfant adopté par rapport à sa famille biologique. Seuls 6,5% des enfants n’ayant pas de fratrie biologique – ou ne sachant pas s’ils en ont une – estimeraient qu’ils ont deux familles contre 27,5% des enfants ayant des frères et sœurs biologiques. Cette proportion est surtout forte lorsqu’un ou plusieurs membres de la fratrie ont été adoptés dans une autre famille (41%), bien plus que lorsque des frères et sœurs n’ont pas été adoptés, restant le plus souvent dans le pays d’origine (29,6%). D’ailleurs, 11,5% des enfants adoptés conservent des liens avec au moins un membre de leur famille biologique, dont 4,3% spécifiquement avec frère ou une sœur, le plus souvent adopté dans une autre famille.

Recherche des origines 15/02/2013 Recherche des origines

Recherche des origines (enquête AIIS) 15/02/2013 Recherche des origines (enquête AIIS)  La moitié des adoptés ne souhaite pas rechercher leurs origines familiales dans leur pays d’origine   Fréquence % 1. N’a jamais eu de contact et ne souhaite pas en avoir 307 49,4 2. N’a jamais eu de contact mais pourrait envisager d’en avoir 244 39,3 3. A fait des recherches qui n’ont pas abouti 26 4,2 4. Fait actuellement des recherches 7 1,1 5. A eu des contacts depuis son arrivée en France et ils ont cessé 6. A actuellement des contacts 13 2,1 Non-réponse 17 2,7 A l’âge adulte, si trois enfants adoptés sur quatre gardent de l’intérêt pour leur pays d’origine et si 60% d’entre eux désirent vivement y retourner pour le visiter ou y retrouver des souvenirs, les positions vis-à-vis de la famille biologique sont beaucoup moins marquées. La moitié des enquêtés ne souhaite pas rechercher leurs origines familiales dans leur pays d’origine. Les autres sont dans les situations suivantes : - 4,2% ont déjà fait des recherches mais celles-ci n’ont pas abouti ; - 1,1% a eu des contacts qui ont cessé ; - 2,1% ont actuellement des contacts ; - 1,1% fait actuellement des recherches ; - 39,3% émettent l’hypothèse de faire un jour des recherches sur leurs origines. On voit la faible proportion d’individus ayant déjà cherché à retrouver leur famille biologique : ils ne sont que 8,5% à être dans cette situation (regroupement des modalités 3 à 6), la moitié d’entre eux ayant abandonné leurs recherches, celles-ci n’ayant pas abouti. Ceux qui envisagent de le faire représentent une part beaucoup plus importante de la population, mais la distance est grande entre le projet et la réalité. Par ailleurs, la moitié des enquêtés n’a aucune intention d’envisager des recherches afin d’établir des contacts avec leurs parents biologiques. Cette attitude peut s’expliquer de plusieurs façons différentes : - soit ces « enfants » sont totalement insérés dans la société française où ils ont trouvé une famille, un travail, des amis ; ils se considèrent comme totalement français ; - soit leur adoption a été un échec et ils en veulent autant à leur famille d’adoption qu’à leur famille biologique de les avoir mis dans cette situation ; - soit les souvenirs qu’ils gardent de leur famille biologique sont très négatifs (enfant battu ou autre) et ils ne souhaitent pas renouer avec celle-ci.

Recherche des origines (enquête AIIS) 15/02/2013 Recherche des origines (enquête AIIS)  Pour les jeunes adultes, les sentiments vis-à-vis de leur famille biologique dépendent également des facteurs en lien avec le passé avant l’adoption : Âge à l’adoption Lieu de vie avant l’adoption Existence d’une fratrie biologique, surtout si celle-ci est nombreuse L’âge à l’adoption est un facteur très important quant au désir éventuel de recherche des origines. Ainsi, 60% des enfants arrivés avant trois ans ne souhaitent pas de contacts avec leur famille d’origine ; ceux arrivés entre trois et cinq ans sont partagés entre l’absence de contacts et la recherche de leurs origines ; quant aux enfants arrivés après six ans, ils sont une grande majorité à désirer retrouver leurs racines. D’ailleurs, un adopté sur cinq arrivé après dix ans a déjà effectué des recherches sur ses parents biologiques. Dans cette tranche d’âge d’adoption, le nombre de personnes pour lesquelles les recherches ont abouti est beaucoup plus élevé que la moyenne, mais surtout, trois personnes sur sept ayant retrouvé leur famille biologique n’ont plus de contact avec elle. Soit la recherche a été faite uniquement dans le but de satisfaire une curiosité, soit la famille d’origine n’a pas accepté le retour de l’enfant adopté et celui-ci a alors été rejeté une seconde fois par ses parents biologiques. Ce sont les enfants se souvenant avoir été en contact avec leur famille biologique qui vont le plus désirer retrouver cette famille. Pour ceux qui ont été élevés par leurs deux parents biologiques, la moitié pourrait envisager d’effectuer des recherches et plus de 15% en ont déjà fait. Dans des proportions moins fortes, les enfants élevés par un seul de leurs parents ou par des membres de leur famille biologique sont dans la même situation. Au contraire, ceux ayant été abandonnés à la naissance ou recueillis par des personnes extérieures ou une institution sont les moins désireux d’établir des contacts : respectivement 61 et 55% ne souhaitent pas retrouver leur famille biologique. De même pour ceux qui ne se souviennent pas de leur situation familiale avant leur adoption qui sont un peu plus de la moitié dans ce cas. Le mode d’encadrement des enfants dans leur pays d’origine donne la même indication : ceux qui étaient encadrés par une structure familiale sont les plus nombreux à avoir fait ou à souhaiter effectuer des recherches ; ceux qui étaient livrés à eux-mêmes, les plus susceptibles d’envisager des contacts alors que ceux qui étaient encadrés par une autre structure (orphelinat, par exemple) ne désirent aucune relation avec leurs géniteurs. De la même façon, les 247 enquêtés qui se souviennent avoir des frères et/ou sœurs biologiques sont ceux qui désirent le plus retrouver leurs origines. Par contre, nous ne savons pas si ces frères et sœurs ont été adoptés en même temps et participent à la recherche ou s’ils sont restés dans le pays d’origine et seraient plutôt la motivation à une éventuelle recherche. Plus la famille d’origine était nombreuse et plus le désir de recherche se fait sentir : 45% de ceux qui ont au moins 4 frères et sœurs ont déjà fait des recherches et 40% l’envisagent. Ces proportions diminuent si l’enquêté ne vivait pas avec ses frères et sœurs ou s’il n’avait pas de responsabilités envers eux.

Recherche des origines (enquête AIIS) 15/02/2013 Recherche des origines (enquête AIIS)  Les sentiments vis-à-vis de la famille biologique dépendent également d’autres facteurs… en lien avec le pays d’origine : Intérêt pour le pays d’origine et retour dans celui-ci Intérêt pour la langue d’origine et l’apprentissage de celle-ci Contact avec des personnes de même origine Moins les adoptés ressentent d’intérêt pour leur pays d’origine et moins ils vont chercher à reprendre contact avec leur famille biologique. Ainsi, ceux qui gardent « beaucoup d’intérêt » pour leur pays et ceux ayant déjà eu l’occasion d’y retourner sont nombreux à avoir effectué des recherches. Il est d’ailleurs possible que le ou les voyages dans le pays avai(en)t pour but de faire des recherches directement sur place, voire de rencontrer la famille déjà contactée. Dans une moindre mesure, les personnes n’étant jamais retournées dans leur pays d’origine depuis leur adoption mais qui souhaitent le faire sont aussi celles qui pourraient un jour effectuer des recherches mais qui n’ont pas encore fait les démarches.   De la même façon, les individus ayant cherché à réapprendre leur langue d’origine ou ne l’ayant jamais oubliée sont aussi nombreux à avoir recherché leur famille. Parallèlement, ceux pour qui l’apprentissage de la langue d’origine n’est qu’un souhait pourraient éventuellement chercher à établir un contact avec leurs géniteurs mais ne l’ont pas encore fait. Parmi ceux que leur langue maternelle n’intéresse pas, 69% ne veulent pas de contacts avec leur famille biologique alors qu’ils ne sont que 27% à l’envisager et 4% à avoir déjà effectué des recherches ou être en contact avec elle. Ces proportions sont inversées si nous considérons ceux que leur langue d’origine intéresse. Dans l’autre sens, les personnes ayant déjà effectué des recherches sont 39% à avoir réappris leur langue maternelle alors que ceux qui ne veulent pas de contacts ne sont que 16% dans ce cas. Le même schéma se retrouve en ce qui concerne la fréquence des contacts avec des personnes natives du même pays d’origine. Si ces contacts ont souvent lieu, l’enfant adopté a déjà effectué des recherches pour retrouver sa famille. En revanche, si ces contacts sont inexistants, ils auront aussi plus de chances de l’être avec la famille d’origine.

Recherche des origines (enquête AIIS) 15/02/2013 Recherche des origines (enquête AIIS)  Les sentiments vis-à-vis de la famille biologique dépendent également d’autres facteurs… en lien avec la famille adoptive et la situation familiale actuelle : Taille de la fratrie Catégorie socio-professionnelle des parents Situation de couple des parents adoptifs Parentalité des adoptés Par ailleurs, si l’adoption a été une adoption multiple (adoption d’une même fratrie ou adoption simultanée de plusieurs enfants de même origine), les enfants vont s’entraîner les uns les autres dans leurs recherches. Ainsi, plus la fratrie ou le nombre d’enfants adoptés en même temps a été important, plus le désir de recherche s’est vu concrétisé. La profession des parents à l’adoption fait aussi apparaître des différences notables. Si la mère était au foyer ou occupait un poste de “cadre ou profession intellectuelle supérieure”, l’enfant adopté cherchera moins sa famille biologique ; de même si le père était “cadre ou profession intellectuelle supérieure” ou encore “artisan, commerçant ou chef d’entreprise”. En revanche, les enfants d’agriculteurs, d’employés ou d’ouvriers sont beaucoup plus nombreux à souhaiter retrouver leurs racines. La situation actuelle des parents en tant que couple est aussi déterminante : les enfants dont les parents ont divorcé ou se sont séparés souhaitent davantage rechercher leur famille d’origine. A l’inverse, ceux qui le désirent le moins sont ceux ayant été adoptés par une mère célibataire ou dont la mère adoptive est décédée. La situation matrimoniale n’a pas de grande influence sur le comportement lié aux origines. Par contre, les personnes sans enfants sont aussi celles qui envisagent le plus de faire des recherches. En ce qui concerne ceux qui ont des enfants soit ils ne veulent pas de contacts soit ils ont déjà effectué des recherches. Par ailleurs, ce sont les individus qui envisagent eux aussi d’adopter des enfants qui sont les plus nombreux à être partis à la recherche de leurs origines. En revanche, ceux qui ne souhaitent pas adopter ainsi que ceux qui ne désirent pas d’enfants biologiques sont aussi ceux ne voulant pas renouer de contact avec leurs parents biologiques.

Recherche des origines (enquête AIIS) 15/02/2013 Recherche des origines (enquête AIIS)  Les sentiments vis-à-vis de la famille biologique dépendent également d’autres facteurs… en lien avec la scolarité et l’insertion professionnelle : Difficultés d’apprentissage de la langue française Comportement de l’entourage scolaire Niveau scolaire Catégorie socio-professionnelle et stabilité de l’emploi Ceux pour qui l’apprentissage de la langue française n’a pas été évident envisagent d’effectuer des recherches. Un quart des enfants dont cet apprentissage a été « très difficile » ont déjà fait des recherches. Cela dénote d’une difficulté d’adaptation à la langue française et donc d’une insertion sociale mal débutée. De la même manière, les personnes ayant eu, au cours de leur scolarité, des problèmes psychologiques ayant fait l’objet d’un suivi ont pour beaucoup déjà effectué des recherches sur leur famille d’origine. Les différences de comportement de la part de l’entourage scolaire à l’égard des enquêtés sont aussi un facteur déterminant. Ceux n’ayant ressenti aucune différence sont aussi ceux qui ne veulent pas de contact avec leur famille biologique. Au contraire, lorsqu’une attitude particulière a été ressentie, que celle-ci soit positive ou négative, le désir de connaître ses origines se fait sentir. Les enfants désirant effectuer des recherches sont soit des personnes encore scolarisées en lycée technique, BTS ou IUT, soit des personnes ayant arrêté leurs études à un niveau inférieur au bac. La sortie du système scolaire est négative (désintéressement des études, problèmes de discipline, familiaux, de santé ou financier). A l’inverse, ceux qui ne veulent pas savoir sont soit scolarisés dans un lycée général, à l’université ou dans une grande école, soit ont arrêté leurs études avec un bac ou plus. Les raisons d’arrêt sont le plus souvent positives (obtention du diplôme souhaité, offre d’embauche, mise en couple ou naissance d'un enfant). D’une manière générale, quelqu’un qui souhaite rechercher ses origines est quelqu’un qui n’a pas réussi à faire les études désirées, dont l’orientation scolaire a été décidée par ses enseignants et qui a redoublé au moins une fois au cours de sa scolarité. D’ailleurs, plus les redoublements sont nombreux, plus la recherche de la famille biologique devient concrète. Parmi les enquêtés ayant un emploi, ceux appartenant aux catégories socioprofessionnelles “cadres et professions intellectuelles supérieures” et “professions intermédiaires” ainsi que les personnes au foyer sont celles qui recherchent le moins leurs origines. A l’inverse, les ouvriers et les chômeurs sont ceux qui recherchent le plus. La stabilité de l’emploi a également un impact : les titulaires de la fonction publique (87% ), ceux en CDI ainsi que les individus travaillant à temps plein ne sont pas très curieux de leurs origines. A l’inverse, les apprentis, les personnes en CDD, celles travaillant à temps partiel imposé ou pour lesquelles le nombre d’emplois se succèdent recherchent davantage leur famille biologique. L’intérêt que l’enquêté porte à son emploi est un autre facteur : s’il compte en changer rapidement, il sera aussi plus décidé à effectuer des recherches.

15/02/2013 Les points de vue relatifs au passé divergent et, en ce qui concerne la recherche des origines, il existe deux grands types d’attitudes, sans exclure évidemment des positions intermédiaires (personnes encore indécises ou n’ayant pas commencé les démarches) : Ceux qui ne veulent plus aucun contact avec leur famille biologique. Ce sont des enfants adoptés très jeunes : 60% de ceux arrivés avant trois ans se trouvent dans cette situation. La plupart n’ont que très peu de souvenirs de leur période pré-adoptive, les autres ayant été soit abandonnés à la naissance soit recueillis par des personnes extérieures ou une institution. Ils se souviennent rarement des personnes qui s’occupaient d’eux, de leur éventuelle famille ainsi que de leurs conditions de vie dans leur pays d’origine. Par ailleurs, l’intérêt qu’ils portent à leur langue maternelle se trouve restreint et, comme ils possèdent une culture plus française qu’étrangère, ils ont du mal à sympathiser avec des personnes de même origine qu’eux. En général, leurs parents adoptifs les ont adoptés assez jeunes et vivent toujours ensemble. Ils avaient à l’adoption de bonnes situations professionnelles et dans nombre de cas la mère ne travaillait pas. De plus, si l’enfant adopté n’est pas fils ou fille unique, la famille est nombreuse. La situation matrimoniale de ces personnes adoptées importe peu, mais ils ne souhaitent pas forcément avoir des enfants. Dans tous les cas, ils ne veulent pas en adopter. Leur scolarité a été plutôt réussie. Elle s’est déroulée dans le privé et l’apprentissage de la langue française n’a posé aucun problème. Ils ont effectué les études souhaitées sans jamais redoubler. Lorsqu’ils ont arrêté leurs études, c’était avec un niveau de bachelier ou un niveau supérieur et dans la perspective d’une offre d’embauche intéressante. Dans le cas contraire, ils font des études dans un lycée général ou dans le supérieur. Si l’individu travaille, sa situation professionnelle est bonne, son emploi stable et son travail l’intéresse.

15/02/2013 Les points de vue relatifs au passé divergent et, en ce qui concerne la recherche des origines, il existe deux grands types d’attitudes, sans exclure évidemment des positions intermédiaires (personnes encore indécises ou n’ayant pas commencé les démarches) : Ceux ayant déjà effectué des recherches pour retrouver leurs géniteurs. Ce sont des enfants adoptés à un âge déjà élevé : un enfant sur cinq arrivé après dix ans a déjà recherché ses parents biologiques. Le plus souvent, les personnes les ayant élevés avant leur adoption étaient leurs parents biologiques ou des personnes de leur famille et ils avaient des frères et sœurs dont ils devaient s’occuper. Ils sont très intéressés par leur pays d’origine et y sont parfois retournés le visiter depuis leur adoption. Certains ont même cherché à réapprendre leur langue d’origine dans le cas où ils l’avaient oubliée. De plus, ils prennent plaisir à fréquenter des personnes de même origine qu’eux. Leurs parents adoptifs avaient plus de quarante ans lors de l’adoption et ont souvent divorcé. Ils sont de situation modeste : agriculteurs, employés ou ouvriers et les familles constituées ont deux, trois ou quatre enfants. Ces adoptés désirent eux-mêmes adopter des enfants, mais sont surtout très désireux de construire une famille. Ils sont nombreux à avoir eu des difficultés à apprendre la langue française et leur niveau scolaire est assez faible. Ils n’ont pas fait les études souhaitées, ont redoublé au moins une fois et ne possèdent pas le baccalauréat. Durant leur scolarité ils ont ressenti des attitudes particulières – positives ou négatives – à leur égard qui les ont marquées et le soutien d’une aide psychologique a parfois été nécessaire. Actuellement ouvriers ou chômeurs, ils n’arrivent pas à trouver un emploi stable et en changent fréquemment.

Pour conclure sur le poids du passé 15/02/2013 Pour conclure sur le poids du passé  La recherche des origines est plus prégnante chez les adoptés les moins bien insérés socialement  Les discriminations ressenties lors de l’enfance vont avoir un impact sur leur comportement relatif au passé  Ce n’est pas tant leur famille que les adoptés recherchent que leur histoire  La position des adoptés vis-à-vis de leurs origines varie dans le temps  La recherche des origines ne préjuge pas d’une "réussite" ou d’un "échec" de l’adoption Les points de vue relatifs au passé divergent et, en ce qui concerne la recherche des origines, les caractéristiques des adoptés qui ne veulent plus aucun contact avec leur famille biologique sont très différentes des caractéristiques des adoptés ayant déjà effectué des recherches pour retrouver leurs géniteurs. Ainsi, la recherche des origines semble liée à des difficultés d’insertion plus ou moins prononcées. Nous avons recueilli le témoignage de plusieurs personnes pour qui la recherche des racines et de leurs parents biologiques semblait une façon de trouver une meilleure place dans la société d’accueil. Bien sûr, il s’agit là d’une indication provisoire qui nécessiterait d’être creusée car les motivations sont certainement complexes. Cependant, le fait de vouloir rechercher ses origines peut tout à fait être compatible avec le fait de considérer ses parents adoptifs comme ses vrais parents, le retour dans le passé venant plutôt combler un manque, assouvir une curiosité. Par ailleurs, ceux qui avaient plus de 25 ans à l’enquête sont les plus nombreux à avoir essayé de retrouver leurs parents biologiques – ce qui semble logique vis-à-vis de l’expérience et du temps que la concrétisation d’un tel projet demande –, mais ce sont aussi eux qui désirent en moins grand nombre ce contact. Il semblerait donc que, avec le temps, une partie des personnes qui, plus jeunes, souhaitaient renouer des contacts abandonne cette idée. Si l’intérêt pour le passé augmente lors de l’adolescence, il semblerait qu’il diminue lors de l’entrée à l’âge adulte. Le souhait des adoptés de connaître leurs origines reste l’un des sujets sensibles de l’adoption, autant du point de vue des enfants pour qui la loi n’est pas toujours appropriée et qui ont généralement du mal à se raccrocher à une piste, que du point de vue des parents adoptifs qui, des années après l’arrivée de leur enfant au sein de leur famille, peuvent craindre que celui-ci préfère retrouver ses parents biologiques plutôt que de vivre avec des gens qui ne sont pas ses géniteurs.

Merci de votre attention 15/02/2013 Merci de votre attention