ASPECTS GENERAUX DE L’EVALUATION DU SPORTIF Georges CAZORLA Laboratoire Evaluation,Sport, Santé Faculté des Sciences du Sport et de l’Education Physique Université Victor Segalen Bordeaux 2
PROGRAMME I - FONDEMENTS THEORIQUES 1-1 Définitions 1-2 A qui peut servir l’évaluation ? 1-3 Quand évaluer ? 1-4 La démarche évaluative. II - APPLICATIONS PRATIQUES 2-1 La détection des talents et la sélection 2-2 L’orientation, le contrôle et le suivi de l’entraînement
1-1 DEFINITIONS
DES DEFINITIONS... MACARIO (1982) : “ Acte qui consiste à émettre un jugement de valeur à partir d’un recueil d’informations, sur l’évolution ou le résultat d’un sujet, en vue de prendre une décision ”. DE LANSHERE (1982) : “ Evaluer c’est estimer par une note la présence d’une modalité ou d’un critère considéré, dans un comportement ou un produit ”.
BARROW (1980) : “ L’évaluation est un processus d’éducation qui utilise des techniques de mesures qui, lorsqu’elles sont appliquées au produit ou au processus, fournissent des données à la fois qualitatives et quantitatives, exprimées d’une manière subjective et objective utilisée pour établir des comparaisons avec des critères préconçus”. GODBOUT (1990) : “Evaluer en activité physique, c’est vérifier la position respective de deux points sur un continuum en matière de développement physique, d’habileté motrice, de connaissances ou d’attitude”. “Evaluer est donner une valeur à une observation ou à une mesure portant sur un comportement, un critère, un résultat et/ou une performance, afin de prendre une décision s’inscrivant dans le contexte choisi par l’évaluateur ” Cazorla (1999)
1-3 QUAND EVALUER ?
1-3 QUAND EVALUER ? En début d’année scolaire ou sportive : EVALUATION INITIALE OU DIAGNOSTIQUE En cours d’apprentissage : EVALUATION INTER ACTIVE OU FORMATIVE En fin de cycle, de trimestre, d’année scolaire ou de scolarité (baccalauréat) : EVALUATION ITERATIVE OU SOMMATIVE
L’évaluation initiale ou diagnostique ou préactive A pour but de découvrir ou de mieux connaître les capacités d’un sujet ou d’un groupe de sujets afin d’envisager les contenus d’une programmation sportive les plus adaptés possible. Elle se situe en début de saison sportive ou en début de chaque nouveau cycle d’activités programmées. Elle permet de fixer des objectifs réalistes, des contenus adaptés et éventuellement, de constituer des groupes de travail.
En somme, l’évaluation initiale, diagnostique ou préactive, permet non seulement de faire “ l’état des lieux” des possibilités individuelles mais aussi de fixer les objectifs et d’élaborer les contenus d’entraînement les mieux adaptés aux capacités d’un sujet ou d’un groupe de sujets. En ce sens elle est l’outil privilégié de l’entraînement DIFFERENCIÉ ou INDIVIDUALISE.
L’évaluation interactive ou formative A pour but de certifier l’apprentissage et fait partie des “processus-inclus ” qui visent à l’améliorer. Elle a lieu PENDANT les activités d’apprentissage et permet un RETOUR EN ARRIERE si des corrections s’imposent. En somme, elle a pour but : - de vérifier si le sujet progresse ou non dans l’apprentissage d’une technique ou d’une activité sportive donnée et ce, conformément aux prévisions de l’entraîneur. - d’ajuster constamment le processus au produit qui se construit.
L’évaluation interactive ou formative (suite) Un autre avantage est l’information en retour (ou feed back) qu’elle fournit à l’apprenti, information indispensable à l’amélioration de l’apprentissage d’où le non d’évaluation INTER ACTIVE qui lui est souvent donné aussi. Elle constitue l’outil privilégié de tout apprentissage.
L’évaluation sommative (finale ou répétée = itérative) Peut être envisagée de deux façons : Soit comme bilan final mettant un terme à une activité, comme par exemple la performance à une compétition Soit tout le long d’un mésocycle d’entraînement en répétant à périodes régulières la prise d’une ou de plusieurs mesures, d’où le nom : “répétée ou itérative”
- Dans le premier des cas, elle peut donner lieu à un jugement définitif : la prise de performance consacrant la fin d’un programme en est un exemple. Elle réalise en une seule opération la synthèse des acquis tant au niveau des processus que des produits. - Dans le second, elle permet d’apprécier la rapidité du développement d’une capacité ou/et d’un apprentissage et d’agir ou de réagir en conséquence. - En ce sens, l’évaluation itérative peut s’apparenter à l’évaluation FORMATIVE et être aussi définie comme itérative !
DIFFERENCE “ Alors que l’évaluation formative revêt, en principe un caractère privé (sorte de dialogue particulier entre l’entraîneur et l’entraîné), l’évaluation sommative est publique ” ( BLOOM in De Landsheere, 1979 )
Illustration schématisée d’un système d’évaluation continue oui EI EIA EE EIA EIA EIA EF non EI : Evaluation initiale ou diagnostique ou préactive EIA : Evaluation inter active ou formative EE : Evaluation d’étape ou sommative ou itérative EF : Evaluation finale ou sommative
1-4 COMMENT EVALUER ? 5
1-4 LA DEMARCHE EVALUER C’EST D’ABORD : 1. Déterminer l’objet sur lequel va porter l’évaluation, c’est à dire définir l’objectif ou les objectifs précis. C’EST ENSUITE : 2. Analyser le comportement global ou bien telle séquence du comportement, ou encore tel critère de ce comportement à évaluer en fonction d’une tâche à réaliser. C’est ce qui est habituellement défini comme l’analyse des exigences ou de la tâche.
3. Choisir ou créer l’outil d’évaluation ( observation, mesures, tests, batterie de tests…) le mieux adapté. Notion de pertinence ou de congruence. 4. Prendre les mesures et recueillir les résultats. 5. Traiter et analyser ces résultats.
6. C’est enfin, accorder une VALEUR aux résultats obtenus en fonction de l’objectif préalablement fixé, d’où le concept “évaluer” issu du vieux français “value” qui signifiait porter un jugement sur la valeur.
CHOISIR OU CRÉER LE TEST OU L’OUTIL D’EVALUATION
Critères à respecter pour choisir ou élaborer un test ou une batterie de tests 1 La pertinence 2 La non redondance (batterie) 3 L’accessibilité 4 La validité 5 La reproductibilité 6 La fonctionnalité
6 LA FONCTIONNALITE : Un test est dit fonctionnel lorsque son ou ses résultats entrent dans le processus d ’apprentissage ou d’entraînement pour orienter, contrôler les contenus et en suivre les modifications
TRAITEMENT DES RESULTATS APPROCHE NORMATIVE APPROCHE CRITERIEE
TRAITEMENT DES RESULTATS : APPROCHE NORMATIVE : Se réfère à une échelle normée ( moyenne, écart type, barème…) pour interpréter les résultats individuels ou collectifs obtenus à un test, le plus souvent standardisé. Les normes les plus utilisées sont : la moyenne accompagnée de son écart type, les déciles (découpage en 10), les doubles déciles (découpage en 20), les centiles (découpage en 100). Les échelles les plus courantes sont les barêmes. Les barêmes permettent la réalisation de profils.
APPROCHE CRITERIEE Vise à déterminer si le résultat obtenu est satisfaisant par rapport à un critère fixé à l’avance pour juger du niveau atteint par un individu particulier.
APPROCHE MIXTE : NORMATIVO-CRITERIEE En utilisant des normes déjà établies, enregitrer où se situe un individu donné et établir des objectifs réalistes (ou critères) à atteindre, par exemple en fin de cycle, sans se préoccuper à ce moment de sa place sur l’échelle normative. Seul le progrés réalisé est alors pris en compte. Ce progrés peut lui-même être comparé à celui obtenu par l’ensemble des individus appartenant au même groupe
LES DIFFERENTES FONCTIONS QUI EVALUER ? OU… LES DIFFERENTES FONCTIONS DE L’EVALUATION
1- LES DIFFERENTES FONCTIONS DE L’EVALUATION 1-1 En milieu scolaire 1-2 En santé publique 1-3 En milieu sportif
1- 1 EN MILIEU SCOLAIRE (école, collège, lycée). Mieux connaître sa classe : évaluation préactive Former des groupes homogènes d’EPS : évaluation opérationnelle Orienter et adapter les contenus : évaluation formative Apprécier la qualité des progrès : évaluation sommative Avoir des rétro-contrôles sur les contenus des programmes proposés : autoévaluation pédagogique Apprendre au jeune à mieux gérer son capital moteur (la batterie France Eval)
1- 2 EN SANTE PUBLIQUE Prévenir les risques liés à l’hypokinésie Orienter les personnes à risques vers les centres médico-sportifs spécialisés Contrôler l’état de condition physique de l’adulte non compétiteur Doser les retours à l’activité physique Prescrire des programmes adaptés de remise en condition physique apprendre à mieux gérer son capital santé
1- 2 FACTEURS DE LA CONDITION PHYSIQUE LIEE A LA SANTE ENDURANCE CARDIO RESPIRATOIRE (capacité aérobie) COMPOSITION CORPORELLE (% de graisse et masse maigre) FORCE MUSCULAIRE (endurance et puissance musculaire) AMPLITUDE MUSCULO-ARTICULAIRE (souplesse) Amélioration de la capacité de travail Réduction de la fatigue Réduction des risques de maladie coronarienne Réduction des risques - d’hypertension - de maladie coronarienne - de diabète Amélioration de la capacité fonctionnelle musculaire de travail (levée et transport de charges) Renforcement du gainage dorso-abdominal Amélioration de la capacité fonctionnelle des articulations (flexions, torsions...) Réduction des risques de douleurs articulaires : épaules, dorso-lombaires... D’après Pate et Shephard, dans : Gisolfi et Lamb, 1989.
1- 3 EN MILIEU SPORTIF Aider le jeune à mieux choisir le ou les sports les mieux adaptés à ses capacités et ... à ses gôuts Détecter les jeunes talents Sélectionner les candidats aux structures d’entraînement Orienter et individualiser les contenus d’entraînement Contrôler et suivre les modifications liées à l’entraînement Apprendre au sportif à mieux gérer sa préparation physique