Arthur Schopenhauer: Le monde comme volonté et représentation (1819)

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Transcription de la présentation:

Arthur Schopenhauer: Le monde comme volonté et représentation (1819) Schopenhauer reconnait à Kant le mérite d’avoir fait la distinction entre phénomène et noumène, donc d’avoir saisi la différence entre l’apparence des choses (la manière dont l’objet est construit par le sujet) et les choses en soi (l’essence qu’on peut pas connaitre d’une manière objective, qu’on ne peut pas représenter). Contre Kant, et en accord avec Hegel, Schopenhauer soutient qu’il est possible d’accéder aux choses en soi, c’est-à-dire qu’il possible de dépasser la connaissance limité de la réalité phénoménale pour saisir la réalité ultime. Cette réalité ultime, nouménale, toutefois n’est pas essentiellement rationnelle , il ne s’agit pas de l’esprit hégélien qui se déploie selon un projet d’autoréalisation. Il s’agit de la volonté comme pulsion essentielle, force vitale, physique Le monde comme représentation est le monde des phénomènes que le sujet peut connaitre d’une manière objective: il est le produit de l’activité de détermination de l’intellect. Les objets sont considérés comme des moyens pour satisfaire des désirs. Tout phénomène, tout objet déterminé, est le produit d’une force absolue qui est l’essence et la raison (cause) de toute chose: la volonté. La volonté est l’essence irreprésentable de toute représentation. On la saisit par un acte de connaissance pur.

- Le monde dont on fait expérience n’est qu’une illusion - Le monde dont on fait expérience n’est qu’une illusion. La réalité à la quelle on donne forme en la connaissant est comme un rêve, une illusion, un voile derrière lequel se cache la vérité (perspective kantienne poussée à l’extrême). Or ce monde de représentations n’est que l’ensemble des formes dans lesquelles se manifeste l’absolu: la volonté comme force métaphysique qui prend la place de l’esprit hégélien. Toute choses est une objectivation de la volonté, donc aussi toute production humaine n’est qu’un produit de cette force. L’homme, comme toute chose, agit comme un moyen d’affirmation de la volonté métaphysique. Connaitre la volonté signifie avoir accès à une connaissance pure. Au contraire de l’esprit de Hegel, qui est essentiellement rationnel et il se développe selon une finalité précise, la volonté de Schopenhauer est irrationnelle, aveugle, dépourvue de finalité: elle ne veut que soi-même. La volonté vise à s’affirmer par des manifestations, des objectivations (phénomènes): le monde est donc l’ensemble des apparences de la volonté. Chaque objet exprime la volonté comme vouloir particulier. Toute manifestation de la volonté est un moyen permettant à la volonté de s’affirmer comme vouloir. La nature est donc l’espace d’affirmation de ce vouloir aveugle. Tout être naturel ne vise qu’à s’affirmer d’une manière violente.

- La conscience du fait que toute chose est manifestation de la volonté métaphysique engendre du pessimisme. Au contraire de la vision hégélienne (l’histoire est le déploiement optimiste de la raison) l’histoire pour Schopenhauer n’est qu’une suite d’actes violents dépourvus de raison: chaque manifestation particulière de la volonté veut s’imposer sur les autres manifestations particulières. Ainsi la volonté n’est jamais satisfaite et cette insatisfaction est la cause de la souffrance universelle. On est tous pris dans le jeu insensé de la volonté, on est de moyens par les quel la volonté s’affirme comme vouloir irrationnel. La volonté nous impose des désir que notre faculté intellectuelle trouve la manière de satisfaire. La connaissance n’a aucun autre objectif que de servir la volonté: la connaissance n’est pas un moyen de s’affranchir. Tout projet humain, toute action, n’est qu’expression de la volonté: ni la connaissance, ni les projets pour un monde meilleur sont exempté de l’essence violente et cruelle, du désir d’affirmation personnel. Nihilisme et pessimisme: aucune finalité, aucun sens pour l’existence. la seule solution envisagée par Schopenhauer est la renonciation à la volonté: le sage est celui qui ne veut plus, qui ne désire rien, qui n’agit pas. C’est la seule manière de se libérer de la soumission à la volonté.

l’art la compassion l’ascétisme le processus de libération consiste en trois étapes, trois degrés. l’art la compassion l’ascétisme L’art est le premier degré du processus qui amène à la complète émancipation de l’homme. Dans la contemplation de l’œuvre d’art la volonté individuelle est temporairement suspendue. La suspension de l’adhésion à la volonté cause du plaisir comme éloignement de la cause de la souffrance: le désir jamais satisfait. La compassion est le deuxième degré de libération: il consiste dans la conscience de la souffrance universelle, de la douleur fondamentale qui affecte tout être. Cette conscience de la souffrance universelle permet de ne concevoir pas les choses ou les autres comme des objets sur lesquels exercer sa propre volonté. On se libère de la volonté car on s’ empêche de considérer les autres (et les choses) comme des moyens pour satisfaire nos désirs. Ainsi l’adhésion à la volonté est suspendue. L’ascèse est le dernier degré de libération: le sage, sur le modèle bouddhiste, ne veut plus rien, il est complètement détaché du vouloir, complètement détaché de la vie. Le sage ne s’engage en aucune activité, il sait que toute action est cause de souffrance : le plaisir consiste dans la cessation de la douleur en quoi consiste l’existence.

Esthétique de Schopenhauer (livre III) L’art révèle une possibilité d’émancipation par rapport à la volonté. Pendant la contemplation de l’œuvre d’art on est exempté de la souffrance, on n’est pas asservi au vouloir (la contemplation esthétique est désintéressée, comme Kant disait). Le plaisir de l’art dépend du fait que pendant la contemplation on n’est pas affecté par la douleur car on n’est pas en train d’exercer le vouloir. L’art permet d’accéder à une connaissance supérieure. D’habitude on connait les phénomènes par rapport aux a priori de l’entendement: il s’agit de représentations, d’illusions. Les phénomènes sont des manifestation de la volonté sur lesquels on exerce notre volonté: les objets sont des moyens pour satisfaire nos désirs. Par contre l’art permet d’avoir conscience du fait que les choses sont essentiellement manifestation de la volonté. Les ouvres sont comme le miroir où la volonté contemple soi-même: en se contemplant elle suspend son activité.

L’art exprime la volonté comme contenu (pour Hegel l’art exprime l’Idée, l’esprit). La volonté est en soi irreprésentable et on sait que l’art produit des formes qui ressemblent les formes naturelles, qui ne sont que des illusions. Comment l’art peut montrer immédiatement la volonté? C’est parce que l’artiste saisit les idées: « les actes isolés et simples de la volonté », c’est-à-dire les archétypes de toute production phénoménale de la volonté. L’art amène à la contemplation des formes générales et éternelles sous lesquelles la volonté se manifeste. Pendant la contemplation le sujet ne saisit pas comme une individualité, mais comme idée de la volonté, comme manifestation de la force métaphysique qui est le vouloir. En se reconnaissant comme vouloir absolu il se détache de ses vouloirs particuliers, individuels. Dans la contemplation le sujet n’est pas asservi à la volonté.. - L’art produit du plaisir car elle permet au sujet de se soustraire au vouloir. Dans la contemplation le sujet n’est pas intéressé à l’œuvre comme à un moyen pour satisfaire son désir mais comme à un miroir de l’essence de toute chose. Le sujet se détache ainsi de son vouloir particulier et il ne saisit pas comme un individu: il s’identifie à la volonté.

Les degrés des idées et leur expression dans les arts: L’architecture laisse voir les idées de degré inférieur, celles de la nature brute: pesanteur, résistance, croissance des êtres organiques. La sculpture concerne l’idée de l’homme comme forme particulière du vouloir distincte de toute autre (chaque chose est une expression du vouloir). La peinture exprime l’idée de l’homme dans la spécificité de ses vouloirs . La littérature montre la volonté comme exercice de la pensée. La tragédie met en scène l’ échec de la volonté humaine, l’ écrasement de la volonté comme destin de tous les hommes. Dans la tragédie on est face au sublime. La musique met en contact avec la volonté pure plutôt qu’avec les idées de la volonté: (elle représente ce qui ne peut pas être représenté). La musique exprime les grands mouvements du vouloir, plutôt que des passions particulières.

Schopenhauer: le beau et le sublime Un objet beau favorise l’état de suspension de la volonté. Dans les objets beaux la volonté apparaît, se laisse contempler, plutôt que s’exercer. Le sujet, alors, ne se conçoit pas comme individualité, car il se détache de son vouloir individualisant. Entre le beau et le sublime il y a une différence de degré. Dans la nature belle la volonté semble exprimer le désir de sa propre suppression car dans l’homme la beauté produit un moment de suspension de la volonté. Dans le sublime on perçoit d’une manière plus claire cette sorte de désir d’anéantissement de la volonté. Sublime est un objet qui menace le vouloir individuel que le beau réduit simplement au silence.

Le sublime Un objet sublime est en contraste avec la volonté du sujet. Cette hostilité se manifeste d’abord contre le corps individuel: l’objet sublime est ainsi puissant qui peut détruire l’homme, l’objet sublime est une menace. Cette menace fait prendre conscience de la double nature du sujet : son être un individu comme manifestation spécifique de la volonté (son être phénoménale menacé), et son identité avec la volonté (non individuelle). Ainsi le sujet prend conscience de sa capacité de contempler la volonté en soi. La condition du sublime est la capacité du sujet de se soustraire de la relation avec l’objet. Le sujet peut faire abstraction de la relation entre le vouloir de cet objet menaçant et son propre vouloir: il peut se soustraire du rapport avec le vouloir de l’objet. Ainsi il peut connaitre soi-même comme un vouloir capable de se libérer du vouloir. L’objet sublime est une menace effrayante qui amène à la contemplation de l’idée de l’homme comme pouvant se soustraire au vouloir. Dans le sentiment du sublime on contemple la volonté de l’anéantissement de la volonté comme idée, comme universel.

La tragédie est un spectacle sublime La tragédie est au sommet de la hiérarchie des arts: elle nous fait contempler une idée élevée, celle de l’écrasement de la volonté, sa conversion et son suicide (la musique n’est pas de l’art car elle ne concerne pas les idées de la volonté mais la volonté en elle-même). Dans la tragédie le sujet a la possibilité de considérer l’objet menaçant comme une menace pour l’humanité en général plutôt que pour lui-même. Cette universalisation favorise la possibilité de se soustraire à la volonté absolue comme affirmation de la vie (la vie est douleur et souffrance) pour contempler l’idée de la volonté comme désir de sa propre suppression. La tragédie nous révèle le côté terrible de la vie, les douleurs infinis, la défaite irrémédiable des innocents et des justes. Ainsi, en regardant la volonté sous l’angles de ces idées, le spectateur est poussé à tourner le dos à la vie, à se soustraire du vouloir (et la soustraction au vouloir implique une diminution de la souffrance, donc du plaisir). - La tragédie nous donne un argument à faveur de l’ascèse, du renoncement. Ainsi elle nous ouvre la voie vers les deux étapes suivantes de la libération.

§38: conditions du plaisir esthétique Condition subjective du plaisir esthétique : le sujet se soustrait à la volonté et il n’est plus une individualité se caractérisant par son vouloir. Il a accès à une forme intuitive de connaissance pure (qui n’est pas la connaissance produisant les représentations) Objet de cette connaissance pure (condition objective) : le Idées, comme formes de manifestation de la volonté.

§ 39, conditions du plaisir esthétique: propriétés de l’objet Spécification des propriétés des objets qu’on juge beaux (objet qui nous poussent, obligent, à connaitre d’une manière pure)

Les conditions du sublime Conditions subjectives du sublime: la réaction subjective permettant de passer à la contemplation esthétique de l’objet hostile.

Différence entre le beau et le sublime Dans le cas du beau on passe à la contemplation sans effort Dans le cas du sublime on passe à la contemplation en nous arrachant avec force à la volonté. L’idée qu’on contemple est celle de la volonté humaine en général dans sa capacité d’emancipation

Principe de raison: ce que détermine la représentation, c’est-à-dire la connaissance de la réalité phénoménale illusoire.