ESH ECE 1 Camille Vernet (Valence) Nicolas Danglade Chapitre 1 – Les acteurs et les grandes fonctions économiques Une première approche de la construction d’un modèle en science économique ESH ECE 1 Camille Vernet (Valence) Nicolas Danglade
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Plan 1. L’utilisation d’un modèle descriptif de la réalité économique 2. Les acteurs du circuit économique et leurs fonctions dans le modèle de la Comptabilité nationale 3. Les modèles macroéconomiques permettent d’obtenir de nombreuses informations : portée et limites
1. L’utilisation d’un modèle descriptif de la réalité économique Pourquoi utiliser un modèle ? Un modèle descriptif simple : le circuit économique par la Comptabilité nationale
1.1 Pourquoi utiliser un modèle scientifique ? Source: Dani Rodrik (2017) « Peut-on faire confiance aux économistes ? Réussites et échec de la science économique »
Qu’est-ce qu’une approche scientifique ? La réalité (physique, sociale …) Simple / Complexe ?
Qu’est-ce qu’une approche scientifique ? La réalité (physique, sociale …) Pour en rendre compte Simplifier Complexe Construire un « modèle »
Qu’est-ce qu’une approche scientifique ? Rendre compte de la réalité (physique, sociale …) Construire un « modèle »
Qu’est-ce qu’une approche scientifique ? Rendre compte de la réalité (physique, sociale …) Construire un « modèle » Rendre compte de la réalité sociale Les modèles des sciences sociales
Qu’est-ce qu’une approche scientifique ? Un modèle ? Construction intellectuelle : Retenir certains éléments de la réalité / en abandonner d’autres = simplifier la réalité
Qu’est-ce qu’une approche scientifique ? Un modèle (théorique) : une simplification de la réalité Il faut le tester empiriquement pour en mesurer sa portée heuristique : sa capacité à rendre compte de la réalité (portée descriptive, portée explicative, portée prédictive)
Qu’est-ce qu’une approche scientifique ? Les modèles des sciences sociales Rendre compte de la réalité sociale Description Prédiction Explication
Distinguer description, explication et prédiction
Décrire
Expliquer
Prédire
Qu’est-ce qu’une approche scientifique ? Dani Rodrik « Peut-on faire confiance aux économistes ? » (2017) « Les modèles ne sont jamais vrais mais il y a de la vérité en eux » « On ne peut comprendre le monde qu’en le simplifiant »
Qu’est-ce qu’une approche scientifique ? Construire un modèle théorique qui est une simplification de la réalité Le tester empiriquement
1.2 Un modèle descriptif simple de la réalité économique : le circuit économique de la Comptabilité nationale
2. Les acteurs du circuit économique et leurs fonctions dans le modèle de la CN Les ménages Les SNF Les SF Les APU Les ISBLSM Le RDM
Les ménages Individus habitants sous le même toit Fournissent des facteurs de production (travail / capital) Utilisent les revenus tirés de ces facteurs pour consommer
Les sociétés non financières Les organisations qui utilisent des facteurs de production Pour produire des biens ou services vendus sur les marchés Versent des revenus aux détenteurs des facteurs de production
Les sociétés financières Organisations qui produisent des services financiers et d’assurance Rôle d’intermédiaire financier entre agents à besoin de financement et agents à capacité de financement Pour les banques uniquement : création de monnaie
Les APU Etat central, administrations locales, administrations de sécurité sociale Organisations qui produisent des services non marchands Organisations qui redistribuent une partie de la richesse nationale Leur financement est assuré par les prélèvements obligatoires
Les ISBLSM Organisations privées qui fournissent des services non marchands (associations, partis politiques, syndicats, églises …) Financement par les dons et cotisations volontaires
Le reste du monde Échanges biens, services, revenus et capitaux entre agents résidents et agents non résidents
Quelques précisions Produire Entreprises
Quelques précisions Produire: une unité institutionnelle combine travail, capital, biens et services (consommations intermédiaires) pour fournir des biens ou services Quelles différences entre la production des entreprises (SF et SNF), administrations et associations ?
Marchés des facteurs de production Vendre B&S sur marchés (prix économiquement significatif) Utilisation profit travail capital Entreprises à but lucratif Entreprises de l’ESS ( à but non lucratif) Entreprises publiques APU ISBLSM
Marchés des facteurs de production Vendre B&S sur marchés (prix économiquement significatif) Utilisation profit ? travail capital Entreprises à but lucratif O Actionnaires / Epargne Entreprises de l’ESS ( à but non lucratif) Reste dans l’entreprise (Epargne) Entreprises publiques APU N ISBLSM Pas toujours
La diversité des organisations productives
2.2 Les grandes opérations économiques La production La répartition des revenus
La production « marchande » La production « non marchande » Production qui n’est pas écoulée sur un marché à un prix économiquement significatif : environ 12% (APU ou ISBLSM) Production pour emploi final propre (exemple service de logement) : environ 6% Production écoulée sur le marché à un prix économiquement significatif (au moins supérieur à 50% du coût de revient) : Plus de 80%
Mesurer l’activité productive : le Produit intérieur brut (PIB) Production Consommation investissement Revenu Mesurer la valeur qui apparaît dans le circuit économique ?
Pour simplifier (très fortement !) Pour produire, il faut des inputs qui sont rémunérés Cette rémunération est la conséquence de la vente de la production La production est vendue car la rémunération des inputs est utilisée pour consommer et investir
Mesurer l’activité productive : le Produit intérieur brut (PIB) Première méthode : la somme des ventes finales Les consommateurs et les administrations sont les consommateurs (ultimes) de la production Les entreprises « consomment » des instruments de production en investissant Exclure les ventes intermédiaires (le boulanger qui achète sa farine pour faire du pain)
Deuxième méthode : la somme des valeurs ajoutées La valeur ajoutée = Chiffre d’affaires - consommations intermédiaires Différentes étapes du processus de production + vente sur un marché = faire apparaître les valeurs ajoutées par les différentes étapes de transformation
Troisième méthode : la somme des revenus Toute dépense d’un agent constitue un revenu pour un autre La contrepartie des flux réels = flux monétaires Salaires et EBE
PIB : ventes finales, VA et revenus ?
Rappel PIB par la somme des VA PIB par la somme des ventes finales PIB par la somme des revenus
La répartition des revenus : du revenu primaire au revenu disponible brut ajusté Distinguer la distribution de la redistribution des revenus
Les étapes de la redistribution (le cas des ménages) Revenus d’activité + revenus de la propriété = a) Revenus primaires des ménages cotisations sociales Impôts directs + prestations sociales en espèces b) Revenus disponible brut des ménages + transferts sociaux en nature c) Revenu disponible brut ajusté des ménages
2.3 L’équilibre comptable Emplois-Ressources (ressources – emplois) Distinguer économie fermée et ouverte En économie fermée ?
Equilibre emplois/ressources En termes de ventes finales Les ressources Y : le produit en termes de ventes finales Les emplois des ressources C : consommation des ménages I : investissement et variations de stocks des entreprises G : consommation des administrations Equilibre emplois/ressources Y = C+I+G
Equilibre emplois/ressources En termes de revenus Les ressources Y : le produit en termes de revenus Les emplois C : Consommation des ménages S : Epargne T : Prélèvements nets (Impôts – revenus de transfert) Equilibre emplois/ressources Y = C+S+T
Le produit en termes de ventes finales = le produit en termes de revenus Y = C+I+G = C+S+T C+S+T = C+I+G C-C+S-I+T-G= 0 (S-I) + (T-G) = 0
(S-I) + (T-G) = 0 Besoin ou capacité de financement de l’Etat ?
(S-I) + (T-G) = 0 Besoin ou capacité de financement de l’Etat ? Si G > T (dépenses publiques > recettes publiques) : Etat en situation de Besoin de financement (T - G) < 0
(S-I) + (T-G) = 0 Besoin ou capacité de financement de l’Etat ? Agents privés en situation de capacité de financement S > I ou S < I ? Etat en situation de Besoin de financement
Cas d’une économie fermée G – T = S – I Si S>I cela signifie que l’économie est en capacité de financement et que son excès d’épargne sert à financer l’excès de dépense publique
Cas d’une économie ouverte : Il est désormais possible d’échanger avec l’extérieur des biens ou services (mais aussi des capitaux) (S-I) + (T-G) = (X-Z)
Importations > Exportations Quelle signification? Cas d’une économie ouverte si X – Z < 0 X < Z Importations > Exportations L’économie consomme-t-elle plus ou moins que ce qu’elle produit ?
Quelle signification? Cas d’une économie ouverte si X – Z < 0 Si elle consomme plus que ce qu’elle produit, peut-elle le faire avec les revenus issus de sa production ?
L’économie est en situation de besoin de financement Quelle signification? Cas d’une économie ouverte Lorsqu’une économie est en situation de déficit extérieur = une partie de sa consommation est financée par des entrées de capitaux L’économie est en situation de besoin de financement
L’économie consomme plus de B&S qu’elle n’en produit X < Z Déficit commercial Économie en situation de besoin de financement : La dépense globale > revenus Entrées nettes de capitaux (entrées > sorties) Endettement externe
Remarques Fiches « Faire le point » Modèle prédictif et prise en compte du passé Équilibre emplois/ressources et financement des agents (éco fermée) : la valeur de l’ensemble des dépenses est égale à la valeur de l’ensemble de la production : Total dépenses = Total revenus
mais il existe des agents avec des besoins/capacités de financement différents Certains agents vont consommer plus qu’ils n’ont obtenu de revenus et d’autres moins (et ils prêtent leur épargne)
Distinguer revenu disponible brut et niveau de vie ? Importance des transferts en nature
Le circuit économique
En résumé : le modèle macroéconomique de la CN Utiliser des conventions pour : Définir des acteurs économiques (les secteurs institutionnels Définir des fonctions économiques (produire, …) Construire des grandeurs macroéconomiques Faire apparaître des identités comptables (distinguer les activités de production, les ventes finales et les flux de revenus)
ESH : comment s’organiser ?
Avant le cours Durant le week-end je prends du temps pour lire les chapitres de la plaquette qui seront traités durant la semaine (suivant les indications) : 30 mn Durant cette lecture, je repère ce qui me pose problème (un graphique, un schéma, un extrait de texte …) : être attentif à ce qui risque de vous poser problème La veille du cours, je fais un exercice de mémoire pour me souvenir du cours précédent (5mn)
Après le cours Je réponds à ma fiche « faire le point » ; je peux répondre par écrit et conserver ces fiches dans une pochette Je pose une question (en cours/par mail) quand je n’y arrive pas ; j’essaie, en priorité, de trouver une réponse en discutant avec d’autres camarades je fais les fiches au plus tard 2 à 3 jours après un cours (entre lundi et jeudi)
Après le cours J’utilise ensuite ma « fiche de synthèse » pour « ficher » mon cours (le samedi ou dimanche) : définitions, auteurs, citations, mécanismes, théories, … et surtout problématiques
A partir des vacances de la Toussaint Je prépare mes khôlles si le sujet est donné à l’avance Je m’entraîne à faire des sujets de concours Je planifie mon organisation en fonction des dates de DS
3. Les modèles macroéconomiques permettent d’obtenir de nombreuses informations 3.1 Les informations données par le modèle de la CN 3.1.1 La décomposition de la demande 3.1.2 La situation du financement en économie ouverte 3.1.3 L’évolution du produit global sur le long terme 3.1.4 Construire des modèles explicatifs
3.1.1 La décomposition de la demande
Conso Ménages APU Inves. Co Ext
3.1.2 La situation du financement en économie ouverte
3.1.2 La situation du financement en économie ouverte
3.1.3 L’évolution du produit global sur le long terme
3.1.3 L’évolution du produit global sur le long terme
Japon USA Fr ZE GB
3.1.4 Construire des modèles explicatifs: relier produit, inflation et chômage
La relation de Phillips (variations taux de salaire/taux de chômage)
La courbe de Phillips : relation causale taux de chômage/inflation
La courbe de Phillips : relation causale taux de chômage/inflation
La loi d’Okun : relier taux de croissance et taux de chômage
La loi d’Okun : relier taux de croissance et taux de chômage
Quand la courbe de Phillips ne marche plus
Quand la courbe de Phillips ne marche plus
3.2 Faire évoluer les modèles macroéconomiques descriptifs 3.2.1 L’exemple de la production industrielle Assiste-t-on réellement à une disparition progressive de l’activité industrielle ?
Indicateurs de recul de l’activité industrielle
Indicateurs de recul de l’activité industrielle
Pourtant …
Pourtant …
Une désindustrialisation en trompe l’œil ? Comment expliquer le recul de l’emploi industriel, le recul de la part de l’industrie dans le PIB en valeur et en même temps, l’absence de baisse de la production industrielle en volume sur 20 ans ?
Comprendre la baisse de la part de la production industrielle dans la production totale (en valeur) ? - Baisse des prix relatifs des biens industriels (par rapport aux services) - Hausse de la demande de biens industriels moins rapide que celle des services
Comprendre la baisse de l’emploi industriel ? Source: Lisa Demmou (2010) « Le recul de l’emploi industriel en France entre 1980 et 2007 » revue Economie et Statistiques
La baisse de l’emploi industriels ? Plusieurs explications Période 1980-2000 Stratégies d’externalisation vers des entreprises de services (> gains de productivité > concurrence étrangère) Après 2000 Essentiellement les gains de productivité
Hausse des gains de productivité (Pté = Production / facteurs) Baisse des prix / hausse pouvoir d’achat Impact > 0 sur la demande de biens industriels ? Si oui : Hausse de la demande compense gains de productivité = hausse emploi Si non : Hausse de la demande ne compense pas gains de productivité = baisse emploi Tertiarisation de la demande et de l’emploi
Une désindustrialisation en trompe l’œil : résumé hausse production industrielle en volume jusqu’en 2008, depuis chute (au niveau milieu années 1990); la production reste nettement supérieure à ce qu’elle était dans les années 1970/1980 = hausse de la demande Mais des gains de productivité qui augmentent plus vite que que la demande de biens industrielles = baisse emploi Des gains de productivité qui permettent une baisse des prix = baisse de la part du PIB en valeur
Mais la définition de la production industrielle pose problème aujourd’hui Sources : Lionel Fontagné, Pierre Mohnen et Guntram Wolff « Pas d’industrie, pas d’avenir ? » (Rapport du CAE nー13, juin 2014) Pierre Velz « La société hyperindustrielle » (2017)
Un « angle mort » statistique ? La définition de la production industrielle aujourd’hui par l’Insee : « relève de l’activité de l’industrie les activités économiques qui combinent des facteurs de production pour produire des biens matériels destinés au marché »
Or, constat : transformations des activités productives Une industrie qui se tertiarise En 2007: 87% des entreprises industrielles installées en France vendent aussi des services; 25% des entreprises manufacturières ne vendent que des services
Les transformations des activités productives Une organisation industrielle qui se tertiarise Conséquence du découpage de la chaîne de valeur : externaliser les activités « purement » manufacturières et ne conserver que des activités de conception, design, marketing …
Première conclusion de Fontagné ou Velz : La frontière entre les producteurs industrielles et les producteurs de services s’efface car l’activité principale des producteurs « manufacturiers » consiste de moins en moins à fabriquer des biens
Les transformations des activités productives Des entreprises de services qui s’appuient sur des investissements croissants L’investissement matériel des entreprises de services (Google, Microsoft, Facebook …) équivalent à celui des entreprises manufacturières = même problématique d’économie d’échelle = même forme des fonctions de coût
Deuxième conclusion : Des entreprises de services dont les stratégies ressemblent de plus en plus à des entreprises « manufacturières »
Les transformations des activités productives Conclusions de Fontagné / Velz : L’industrie se transforme et ne fait plus qu’un avec les services Les métiers industriels s’éloignent de la figure de l’ouvrier d’usine Il faut une nouvelle convention pour définir l’industrie : production de masse, économie d’échelle, gains de productivité et application du progrès technique
Les transformations des activités productives Critique des conventions utilisées par la comptabilité nationale pour mesurer les activités productives : Il faut une nouvelle convention pour définir l’industrie : production de masse, économie d’échelle, gains de productivité et application du progrès technique
Les conventions qui encadrent la définition de l’activité industrielle pose problème pour « décrire » la réalité = remise en question du modèle descriptif de la CN
3.2.2 Le regard que l’on souhaite porter sur la réalité change Jusqu’aux années 1980 Le progrès technique = faire plus avec moins indicateur pertinent de l’activité productive : mesurer la hausse de la quantité produite Logique de mesure quantitative de l’activité
A partir des années 1990 : nouvelle préoccupation le progrès technique = faire mieux avec moins Adopter une logique plus qualitative de la mesure de la valeur valeur économique
Une voiture vendue au même prix mais contenant davantage de technologie = pas d’impact sur le PIB = où est la nouvelle valeur créée? Idem pour tous les services qui s’appuient sur des échanges d’info/services entre « utilisateurs » : wikipedia, Blablacar, Airbnb
Appréhender la réalité : mesurer la valeur créée par la production ? Dans une logique quantitative Évaluer la quantité produite Mesurer la variation de cette quantité produite Ce que fait le PIB Dans une logique qualitative Évaluer la qualité de la production et gains de satisfaction retirés par les utilisateurs Quel indicateur utilisé pour mesurer ces variations de qualité ?
Conclusion : Le progrès technique transforme la nature des activités productives = nécessiter de repenser/faire évoluer certains modèles descriptifs (notamment celui utilisé par la CN)