Travailler l’argumentation en cours de français (cycle 4, lycée) Budapest, 16 et 17 novembre 2017 Travailler l’argumentation en cours de français (cycle 4, lycée)
Argumenter, c’est facile !
Un objectif : Discours par lequel on s'efforce de modifier la perception initiale du destinataire sur un sujet, de lui faire adopter, accepter une pensée, une façon d'agir.
Une démarche : Prendre appui sur une énoncé assuré (ou acceptable), l'argument, pour atteindre un énoncé moins assuré (ou moins acceptable).
Des techniques : Logos (message) Ethos Pathos (orateur) (auditoire)
... Et pourtant ! Caractère scolaire Caractère multiforme Notion difficile à appréhender : où est la vérité ?
Argumenter en français, ce n’est pas démontrer. Statut de la vérité … une vérité vérifiable … avec des preuves indiscutables … à partir d’une vérité initiale admise comme vraie … une vérité discutable … avec des arguments qui concernent le monde des opinions … sur tout ce qui peut être objet de discussion : jugement de valeur, bien-fondé d’une position, décision… Place accordée aux partenaires dans la communication Peu de liberté : une vérité admise par tous, indépendante des personnes Justifier sa préférence : mise en jeu des sujets parlants Tenir compte des opinions et des valeurs de l’autre. Exemple Texte scientifique Raisonnement sur le bien ou le mal, la justice ou l’injustice, la liberté ou la contrainte…
Place de l’argumentation dans les programmes – cycle 4 Expression orale Défendre un point du vue de façon argumentée (intervention de 5 à 10 minutes). Compréhension écrite Lire et comprendre des documents variés (textes littéraires et non littéraires, images...). Expression écrite Communiquer un jugement argumenté. Passer d’un recours intuitif de l’argumentation à un usage plus maîtrisé. Etude de la langue Mobiliser les connaissances linguistiques permettant de construire le sens d'un texte, son rapport à un genre littéraire ou à un genre de discours.
Place de l’argumentation dans les programmes – cycle 4 Culture humaniste et littéraire 5e : chaque entrée peut susciter un questionnement auquel on répond en argumentant. Pourquoi Yvain est-il bien un héros chevaleresque ? Pourquoi a-t-on envie de lire les aventure d’un personnage héroïque ? Pourquoi le lai du Bisclavret relève-t-il du merveilleux ? Pensez-vous que les enfants d’Harpagon ont raison de s’opposer à lui ? Pourquoi Molière a-t-il décidé d’écrire une pièce de théâtre pour critiquer l’avarice ? 4e et 3e : entrées « Vivre en société, participer à la société » et « Agir sur le monde » Pourquoi est-il important de s’assurer de l’origine d’une information avant de la rediffuser ? Etudier la façon dont un article rend compte d’un événement Pourquoi la satire constitue-t-elle un moyen efficace de critiquer sa société ? Pensez-vous que le rôle d’un auteur est de prendre position sur le monde dans lequel il vit ?
Place de l’argumentation dans les programmes – lycée Objet d’étude: genres et formes de l’argumentation aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ancrage chronologique fort (repères culturels essentiels pour la compréhension des XVIIe et XVIIIe siècles) Développement de l’argumentation directe et indirecte, ressources des divers genres, inscription de la littérature dans les débats du siècle. 1e Objet d’étude : La question de l’homme dans les genres de l’argumentation du XVIe siècle à nos jours. Question des genres de l’argumentation est supposée maîtrisée Perspective thématique et diachronique. Amener les élèves à réfléchir sur leur propre condition Lien idées / formes / contexte
Produire des textes argumentatifs à l’écrit Écrits d’invention à visée argumentative Devoirs argumentés
Le modèle argumentatif (S. Toulmin)
G. Vignier, « L’Argumentation »
G. Vignier, « L’Argumentation »
Sur une barricade, au milieu des pavés Souillés d’un sang coupable et d’un sang pur lavés, Un enfant de douze ans est pris avec des hommes. — Es-tu de ceux-là, toi ? — L’enfant dit : Nous en sommes. — C’est bon, dit l’officier, on va te fusiller. Attends ton tour. — L’enfant voit des éclairs briller, Et tous ses compagnons tomber sous la muraille. Il dit à l’officier : Permettez-vous que j’aille Rapporter cette montre à ma mère chez nous ? — Tu veux t’enfuir ? — Je vais revenir. — Ces voyous Ont peur ! Où loges-tu ? — Là, près de la fontaine. Et je vais revenir, monsieur le capitaine. — Va-t’en, drôle ! — L’enfant s’en va. — Piège grossier ! Et les soldats riaient avec leur officier, Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ; Mais le rire cessa, car soudain l’enfant pâle, Brusquement reparu, fier comme Viala, Vint s’adosser au mur et leur dit : Me voilà. La mort stupide eut honte, et l’officier fit grâce. Victor Hugo, L’Année terrible, 1871