LE COURANT NEO-CLASSIQUE
Carl Menger : Principes d'économie (1871) Apparition : années 1870 Carl Menger : Principes d'économie (1871) accent sur l'individualisme méthodologique Stanley Jevons : Théorie d'Economie Politique (1872) importance de l'utilité Léon Walras : Eléments d'économie politique pure (1874) 2
Racines du courant néo-classique : inscription dans la pensée économique (en particuliers classiques « français ») cf. origine du terme néo-classiques : Veblen pour souligner la continuité avec les classiques Structuration et formalisation du courant autour du principe d’équilibre (partiel et général) Développements de l’analyse
1. Les racines du courant néo-classique 1. 1. Le lien avec les pensées du 18ème siècle Condillac : référence à la valeur utilité « Je dis donc que, même sur les bords d’un fleuve, l’eau a une valeur, mais la plus petite possible, parce qu’elle y est infiniment surabondante à nos besoins. Dans un lieu aride, au contraire, elle a une grande valeur ; et on l’estime en raison de l’éloignement et de la difficulté de s’en procurer. En pareil cas un voyageur altéré donneroit cent louis d’un verre d’eau, et ce verre d’eau vaudroit cent louis. Car la valeur est moins dans la chose que dans l’estime que nous en faisons, et cette estime est relative à notre besoin : elle croît et diminue comme notre besoin croît et diminue lui-même. » Le commerce et le gouvernement considéré relativement l'un à l'autre - 1776
Bentham : la principe de l’utilitarisme « Par le principe d’utilité, on entend ce principe qui approuve ou désapprouve toute action quelle qu’elle soit, selon la tendance qu’elle semble présenter d’augmenter ou de diminuer le bonheur de celui ou de ceux dont l’intérêt est en jeu ; en d’autres termes qui reviennent au même, de promouvoir ce bonheur ou de s’y opposer. » Jeremy Bentham – Introduction aux principes de la morale et de la législation - 1789
La reprise de réflexions des classiques A. Smith : marché comme mode de régulation de l’économie J. B. Say : valeur utilité, réflexion sur les facteurs de production et le rôle de l’entrepreneur, marché comme facteur d’équilibre (loi de Say) N. B. : remise en cause de certaines dimensions de la pensée classique : principe de valeur travail + réflexion sur la croissance
1. 2. Les économistes « mathématiciens » du 19ème siècle introduction d’une conceptualisation et d’une formalisation mathématique Augustin Cournot (1841) : analyse de l'équilibre de marché - notion de coût marginal Jules Dupuit (1844) : première formulation de l'utilité marginale décroissante – notion de surplus du consommateur
Johan Heinrich Von Thunen (1818) : réflexion sur la productivité marginale Réflexion sur l’utilisation optimale des terres disponibles Heinrich Gossen (1854) : identification du principe d’utilité marginale décroissante
2 Le « modèle » néo-classique 2.1 L’individu et la modélisation de son comportement Individualisme méthodologique Pour comprendre et expliquer les phénomènes humains, il est nécessaire de “remonter à leurs véritables éléments, aux économies individuelles dans la collectivité, et de rechercher les lois selon lesquelles l'économie sociale provient de lois individuelles.” Carl Menger - 1871
Le « modèle » de l’homo oeconomicus Construction théorique : modélisation du comportement individuel (J. S. Mill) – cf. Robinson Rationalité : principe opératoire Préférences Transitivité Calcul (référence au coût d’opportunité) Formalisation logique et mathématique du comportement : maximisation sous contrainte
2.2 Le marché et l’équilibre De l’individuel au collectif : l’agrégation Raisonnement construit autour du choix individuel Définition de l’économie selon Lionel Robbins « l'économie est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usage alternatif » Processus d’agrégation : construction des courbes d’offre et de demande
L’hypothèse de base : un marché de concurrence Principe de concurrence La liberté générale d’acheter et de vendre est donc le seul moyen d’assurer, d’un côté, au vendeur, un prix capable d’encourager la production ; de l’autre, au consommateur, la meilleure marchandise au plus bas prix. Ce n’est pas que, dans des cas particuliers, il ne puisse y avoir un marchand fripon et un consommateur dupe ; mais le consommateur trompé s’instruira, et cessera de s’adresser au marchand fripon ; celui-ci sera décrédité et puni par là de sa fraude ; et cela n’arrivera jamais fréquemment, parce qu’en général les hommes seront toujours éclairés sur un intérêt évident et prochain. Turgot – Eloge de V. de Gournay (1751) Formalisation de la Concurrence Pure et Parfaite (Knight – 1921) : 5 conditions (atomicité, homogénéité, libre entrée – libre sortie, transparence, parfaite mobilité des facteurs)
l’équilibre marchand Jeu de l’économie débouche sur l’équilibre (principe d’équilibre partiel de marché – A. Marshall) « Le mécanisme de la hausse et de la baisse des prix sur le marché (…) n’est rien d’autre chose qu’un mode de résolution par tâtonnement des équations de ces problèmes » Léon Walras – Eléments d’économie Equilibre est stable et optimal (maximisation du surplus des participants à l’échange, allocation efficace des ressources grâce au prix comme indicateur de coût et de rareté)
Question des modalités d’accès à l’équilibre Walras : rôle de la variation des prix (ajustement de la demande nette) interrogations sur la cohérence du modèle de tâtonnement + rôle du « secrétaire de marché » Marshall : ajustement par les quantités distinction court terme – long terme avec ajustement progressif de l’offre
2. 3 A la recherche de l’équilibre général Walras et l’équilibre général Formulation mathématique du problème de la possibilité d’un équilibre simultané sur l’ensemble des marchés (effet de report)
Résolution du problème : Arrow et Debreu - 1954 Existence d’un vecteur de prix permettant l’ajustement des quantités sur l’ensemble des marchés Variation des prix est une procédure performante pour l’ajustement des marchés + efficacité de l’allocation des ressources
Équilibre et optimum Question du jugement porté sur le résultat de l’équilibre : optimum de Pareto Situation où la position d ‘un individu ne peut être améliorée sans détériorer celle d’au moins un autre (ensemble des échanges mutuellement avantageux ont été réalisés) Réflexion débouche sur les théorèmes de l’économie de bien être
Premier théorème : Tout équilibre général en concurrence pure et parfaite est un optimum de Pareto. Système de marché concurrentiel est un moyen efficace d’allouer les ressources Deuxième théorème : Sous certaines hypothèses, tout optimum de Pareto (distribution des ressources jugée optimale) est un équilibre général Question de la justice sociale : atteinte d’un objectif ne passe pas par la correction du jeu du marché mais par la modification des dotations initiales des agents
Le modèle de l’équilibre néo-classique : une économie normative ? Réflexion sur la nature des hypothèses de la CPP Modèle débouche sur le constat de l’efficacité du marché concurrentiel La supériorité de l'économie libérale est incontestable et mathématiquement démontrable, en utilisant des modèles informatiques, qui sont parfaitement maîtrisés. G. Debreu – Le Figaro Magazine - 1984 Mais interrogations : Paradoxes de la CPP (profit à long terme ?) Comment prendre en compte les « market failures » ? Stabilité de l’équilibre général (Sonnenschein) ? Principe du « Second Best » - Lancaster et Lipsey
3 Les développements du courant 3. 1. Le relâchement des hypothèses Concurrence imparfaite : adaptation ou remise en cause ? Premières analyses de la concurrence imparfaite : montrer leur efficacité moindre par rapport à la concurrence (analyse de Cournot : aller du monopole à la concurrence) Prise en compte d’hypothèses plus conformes à la réalité des structures productives (concurrence monopolistique – Chamberlin)
Tableau de Stackelberg
Point commun des analyses : perte d’efficacité de la concurrence imparfaite par rapport à la CPP Charge morte du monopole
Coût de la concurrence monopolistique Complexité de l’analyse des marchés d’oligopole
Information imparfaite Yoram Bauman & Grady Klein, The Cartoon Introduction to Economics Texte fondateur : the market for « lemons » – G. Akerlof (1972)
Deux processus de base Sélection adverse (antérieure au contrat) : Dans une relation "principal"-"agent", le principal fait face à de l’antisélection si l’agent détient de l’information privée au moment de l’écriture du contrat entre les deux parties. Aléa moral (postérieur au contrat) : Dans une relation "principal"-"agent", le principal fait face à de l’aléa moral lorsque l’agent peut prendre des décisions "non observables". Ces décisions, du fait de la divergence d’objectifs entre ces deux protagonistes, peuvent ne pas être dans l’intérêt du principal. Équilibres en information imparfaite ne débouchent pas sur l’optimum (cf. analyse du marché du travail)
Comportements stratégiques Prise en compte des choix stratégiques des acteurs Cadre de réflexion : théorie des jeux (Von Neumann – J. Nash) Application : concurrence imparfaite
3. 2. Une macroéconomie néo-classique ? Un modèle par défaut ? Passage de l’analyse microéconomique à l’analyse macroéconomique en conservant les hypothèses de base de la concurrence + loi de Say (équilibre macroéconomique global) + neutralité de la monnaie Vision macroéconomique autour de l’équilibre des marchés
La Nouvelle Macroéconomie Classique Tournant théorique : hypothèse des anticipations rationnelles (J. Muth – 1961) [elles sont] des prévisions informées des événements futurs, c’est-à-dire qu’elles sont essentiellement les mêmes que les prévisions de la théorie pertinente Reprise dans le cadre de la Nouvelle Macroéconomie Classique : Critique des politiques de relance keynésiennes (Lucas - Barro) Déséquilibres économiques sont liés à des chocs (monétaires – conséquence de choix de politiques économiques activistes par les gouvernements (Barro et Grosman) – ou réels (Théorie des Cycles Réels – Sargent et Wallace) Prescriptions de politique : mise en œuvre de politiques de règles
Le courant autrichien 3.3 Aux marges du modèle Le courant autrichien Conception de la concurrence comme un processus dynamique et non un état stable : La concurrence est par nature un processus dynamique, dont les caractères essentiels sont éliminés par les hypothèses de l’analyse statique – F. Hayek Importance des prix comme mode de création d’information dans une économie décentralisée Fondamentalement, dans un système où l'information sur les faits est dispersée entre de nombreux agents, les prix peuvent jouer de telle manière qu'ils coordonnent les actions séparées d'agents différents, de la même manière que les valeurs subjectives aident un individu à coordonner les différents aspects de son projet. (…) Nous devons considérer le système des prix comme un mécanisme de communication de l'information si nous voulons comprendre sa fonction réelle (…) L'aspect le plus significatif de ce système est l'économie de connaissance qu'il permet, ou, ce qui revient au même, le peu de connaissance dont les participants ont besoin pour pouvoir prendre la mesure qui s'impose. F. Hayek – l’utilisation de l’information dans la société
Gary Becker et l’extension du champ de l’économie Extension du modèle du choix du consommateur au delà du seul champ de l’économie : délinquance, mariage Le point de départ de mes recherches sur la famille est l'hypothèse que quand des hommes et des femmes décident de se marier, d'avoir des enfants ou de divorcer, ils cherchent à maximiser leurs utilités en comparant les avantages et les coûts. Donc, ils se marient s'ils espèrent vivre mieux qu'en restant célibataires, et ils divorcent s'ils espèrent améliorer leur bien-être. Gary Becker – Discours de réception du Prix Nobel 1992 Référence au principe du capital humain
Interrogations autour de l’hypothèse de rationalité Réflexion sur la rationalité limitée (H. Simon - 1959) Identification de « biais cognitifs » - Kahneman - Tversky Développement d’une économie comportementale autour des conditions de choix des individus (analyse des marchés financiers) avec impact sur les politiques (« Nudge ») Un petit jeu ? : http://www.vanityfair.com/business/features/2011/12/kahneman-quiz-201112