Difficulté thérapeutique liée à la personne âgée… Dr Aurélie TERMINET Journée PEC personne âgée aux urgences, Narbonnes
Relation entre l'âge du patient et l’incidence des effets secondaires % de patients 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Smith & McQueen Hurwitz Klein et al. - Male Klein et al. - Female Seidl et al. Levy et al. Adapté de Levy et al., JAGS, Feb.1988, vol.36, n°2, 145
Relation entre le nombre de médicaments et l’incidence des effets secondaires % de patients 100 10 1 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Nbre de médicaments Smith et al. Williamson & Chopin Kellaway & McCrae
Difficultés thérapeutiques liées à la personne âgée… Fragilité neurologique, SNA, vessie Polypathologie polymédication Sujet âgé absorption gastrique Élimination rénale Modification volume de distribution Élimination hépatique hypoalbuminémie Pharmacocinétique pharmacodynamie
Fragilité, polypathologie Difficulté diagnostique Polypathologie : intrication pathologie chronique et aigue Polymédication : intéractions médicamenteuses Trouble déglutition Adhésion, observance (nb, galénique, conditionnement) Automédication
« Toute symptomatologie chez le sujet âgé doit faire évoquer une cause médicamenteuse » (malaise, chute, confusion, vomissements…)
Difficultés thérapeutiques liées à la personne âgée… Fragilité neurologique, SNA, vessie Polypathologie polymédication Sujet âgé absorption gastrique Élimination rénale Modification volume de distribution Élimination hépatique hypoalbuminémie Pharmacocinétique pharmacodynamie
Absorption Diminution vitesse vidange gastrique Augmentation PH gastrique Retard résorption Diminution motilité gastrique → absorption ralentie et augmentation biodisponibilité
Exemple des IPP Selon les études, jusqu’à 70%de prescriptions non conformes Non indications : Prévention ulcère peptique sous AINS sans FDR Prévention ulcère peptique sous anticoagulant ou corticothérapie Prévention secondaire d’un UGD Anémie sans symptôme digestif FDR : patients > 60ans, prise concomittante AINS, AVK ou corticoth, ATCD ulcère, maladie cardiovasculaire sévère CAPP-info n°51.oct 2008
Effets indésirables IPP Diarrhée, infection GI (CD) Confusion, agitation hallucination SA Fracture ostéoporotique (diminution absorption CA…) Pneumopathies communautaires (↑ pH favorisant colonisation estomac et cavité buccale) Inhibition cyt2C19 : ↑ taux médicaments métabolisés par ce cyt (coumadine, phénytoine, citalopram, valium..) Diminution absorption méd pH acide dépendant (itraconazole, digoxine..) Diminution absorption vit B12, L thyroxine
Modification volume distribution Diminution surface corporelle Diminution eau libre Augmentation masse grasse → augmentation du vol distribution molécules lipophiles : accumulation, relargage prolongé (paroxétine, codéine et opiacés, benzodiazépine, amiodarone..) → diminution vol distribution molécules hydrophiles : surdosage (digoxine, aspirine, aminosides…)
Benzodiazépines à demi-vie courte
hypoalbuminémie Augmentation fraction libre des médicaments : toxicité Médicaments fortement liés à l’albumine: Antidépresseurs tricycliques AINS AVK Sulfamides hypoglycémiants Fibrates phénytoine
Élimination hépatique Diminution du métabolisme hépatique Diminution clairance hépatique → diminution action cyt P450 augmentation biodisponibilité du médicament et de sa toxicité
Molécules inductrices enzymatiques Rifampicine Antiépileptiques OH → diminution effet médicament métabolisé par cyt p 450 et augmentation des métabolites toxiques
Molécules inhibitrices enzymatiques Macrolides Allopurinol Quinidine IMAO → augmentation effet thérapeutique
Molécules métabolisées par cyt P450 : Classes de médicaments métabolisées par le CYP3A4 Molécules métabolisées par le CYP3A4 Benzodiazépines Alprazolam, midazolam, diazépam, triazolam Antiarythmiques Amiodarone, quinidine, lidocaine Inhibiteurs de l’HMG CoA-Réductase simvastatine, lovastatine, atorvastatine Antibiotiques Erythromycine, clarythromycine, rifampicine, Inhibiteurs calciques Diltiazem, vérapamil, amlodipine, nifédipine, bépridil Anticancéreux Isofosfamide, imatinib, vinblastine, étoposide Antiprotéases Saquinavir, indinavir, nelfinavir, amprénavir immunosuppresseurs Ciclosporine, tacrolimus, rapamycine dexaméthasone, prednisolone Opiacés Ethylmorphine, méthadone Hormones Estradiol, éthynyl estradiol
Élimination rénale Diminution filtration glomérulaire Diminution sécrétion et réabsorption tubulaire Diminution flux sanguin rénal → augmentation de la demi-vie diminution de la clairance plasmatique des médicaments à élimination rénale
Fonction rénale et âge
Médicaments à forte élimination rénale Digoxine, Sulfamides hypoglycémiants, Béta Bloquants, Fluoroquinolones, Aminosides, Fluoxétine, Morphine → Adapter la posologie à la fonction rénale
Difficultés thérapeutiques liées à la personne âgée… Fragilité neurologique, SNA, vessie Polypathologie polymédication Sujet âgé absorption gastrique Élimination rénale Modification volume de distribution Élimination hépatique hypoalbuminémie Pharmacocinétique pharmacodynamie
Fragilité Pharmacodynamie = variation du nb de récepteurs d’un médicament, ou de l’effet au niveau du récepteur ou de l’effecteur… Sensibilité cérébrale aux neuroleptiques Sensibilité vésicale aux anticholinergiques Sensibilité SNA aux antihypertenseurs
DOULEUR SUJET ÂGÉ
Traitement de la douleur Principes généraux : Traitement étiologique, selon les mécanismes : * Nociceptive * Neuropathique * Psychogène Voie d’administration simple: * Orale, Sub-linguale * Percutanée, Sous-cutanée Débuter par de petites doses pour titration
Bien connaître le rapport Bénéfices/Risques : * Antalgiques * Co-analgésiques Prévenir la résurgence de la douleur : * Entredoses ou Interdoses +++ Prévenir les effets secondaires: * Constipation et Rétention Urinaire * Somnolence et Confusion Réévaluer la réponse au traitement Traiter l’Anxiété et la Dépression
Douleur par excès nociception
Pallier I Paracétamol 4g/j max..bonne tolérance, synergie avec dérivés morphinique. Surdosage AVK. Acupan 20mg IV ou IM jusqu’à 120mg/j..demi-vie 4-5h. effet anticholinergique particulièrement chez SA car affections chroniques prédisposantes ( tr cognitifs, maladie CV, HBP, constipation, glaucome, tr marche…)
Effet anticholinergique Soif, Hyperthermie Mydriase, flou visuel Troubles du comportement, Délire, Hallucinations Rétention urinaire Iléus intestinal Faiblesse musculaire, instabilité, vertiges, tremblements Tachycardie, arythmie
Pallier II Chlohydrate de Tramadol : dose maxi 400 mg/j, non recommandé chez les insuffisants rénaux et hépatiques sévères…risque tr neuropsy, convulsions, vomissements, vertiges, malaise, constipation. Débuter par doses faibles (37,5mg), attention chez patient vasculaire Équivalence 100mg tramadol = 10mg morphine
Codéine 10 à 50mg, en association avec paracétamol…agoniste-antagoniste morphinique (buprénorphine), constipation, vomissements, sédation, dépresseur respiratoire, convulsions.. Peu utilisés en gériatrie Équivalence 30mg codéine = 3mg morphine
Pallier III Chlorydrate de morphine. titration 0,03mg/kg/4h IV morphine sous cutané = PO/2 morphine IV = PO/3 Sulfate de morphine.LI ou LP. Oramorph 10mg/5ml (1,25mg/gte) Oxycodone Hydromorphone (sophidone) rapport 7,5
Fentanyl transdermique, métabolisé par cyt P450, métabolites inactifs, pas excrétion rénale, augmentation demi-vie chez SA (>30h), augmentation Cmax si fièvre Équivalence patch 12µg = 30mg morphine PO Fentanyl orale Équivalence 10mg morphine = 100µg fentanyl orale
Co-analgésiques CORTICOIDES - Anti-inflammatoire, anti-oedémateux : ½ à 1 mg/kg/j - Douleurs par compression ou infiltration d’organe, - Si occlusion tumorale jusqu’à 3 mg/kg/j pendant 3 jours AINS : - Risque digestif x 4 chez sujets > 60 ans - Risque digestif x 9 si ATCD d’Ulcère - Majoration Insuffisance Rénale, ins hépatique MYORELAXANTS - Sédatifs, aux doses efficaces ANTISPASMODIQUES
M.E.O.P.A. = MELANGE EQUIMOLAIRE D’OXYGENE ET DE PROTOXYDE D’AZOTE : KALINOX* MODE D’ACTION : - Action centrale sur les récepteurs morphiniques - Effet obtenu après 3 min d’inhalation et maintenu en plateau - Désaturation sanguine complète en 3 à 4 min après l’arrêt de l’inhalation EFFET THERAPEUTIQUE - Effet antalgique de surface - Effet anxiolytique Action équivalente à 10 mg de Morphine SC + 5mg hypnovel
Indications kalinox ACTES DOULOUREUX DE COURTE DUREE (< 60 min) : - Pansements d’escarres, d’ulcères ou de brûlures - Sondage vésical difficile - Extraction de fécalome - Toilette chez patients rétractés - Ponctions veineuses ou artérielles difficiles - Ponctions et biopsies - Soins dentaires
Effets secondaires Contre-indications - Nausées, Vomissements - Ébriété, hilarité - Paresthésies des extrémités et des lèvres - Ressenti désagréable (mais importante sensibilité inter-individuelle) Contre-indications Bulle emphysème HTIC Distension gazeuse abdominale
Douleur neuropathique
Anti-épileptiques Lyrica Neurontin Rivotril Tegretol Doses progressives, adaptation à la fonction rénale
Douleur d’origine psychogène ANXIOLYTIQUES - SERESTA*, XANAX*, à ½ vie courte - Confusion, - Prévient l’anticipation anxieuse des soins : HYPNOVEL* = MIDAZOLAM* - amp. 5 mg/mL, 50 mg/10 mL en SL, SC, IV ANTIDEPRESSEURS - ISRS APPROCHES COMPORTEMENTALES Difficiles quand sujet non communiquant
Anti-infectieux sujet agé
Particularités L’hôte : Fragilité (immunodépression, malnutrition) Polypathologie ATBth antérieures Dispositifs médicaux invasifs Lieu de vie, écologie
Fièvre est absente dans 20 à 30 % des cas. Manifestations aspécifiques : chutes, troubles du comportement, ralentissement psychomoteur, anorexie ou faiblesse générale, décompensation d’organe. Complications : déshydratation, MTE, escarre, dénutrition, chute , infections nosocomiales → Retard diagnostic 2 attitudes pratiques : Evoquer la possibilité d’une infection débutante ou en cours devant toute manifestation clinique atypique ou inhabituelle chez SA. Recourir rapidement aux examens paracliniques.
Les bactéries Résistances bactériennes : – E. Coli : 40 - 50 % de AAC-R, 8 % de FQ-R – Staph aureus : 60 - 50 % méthi-R – Entérocoque : 10-15 % ampi-R – Pneumocoque : Amoxicilline : 25% de sensibilité diminuée, 2 % de resistance, Macrolides : 45% de résistance, Quinolones : 2% de résistance, Cefotaxime : pas de résistance Flore peu différente de celle du sujet plus jeune : – Urines : prédominance des bacilles à Gram négatif – Septicémies : prédominance des bacilles à Gram négatif – Poumons : prédominance du pneumocoque – Infections digestives : prédominance des bacilles à Gram négatif et des anaérobies – Infections cutanées : colonisations?
• utilisation ATB : - Tous antibiotiques : – Potentialisation des AVK – Absorption diminuée par pansements gastriques - Aminosides : majoration néphrotoxicité - Rifampicine : induction enzymatique
Effets secondaires des ATB Tous : candidoses, clostridium Amoxiclavulanate : anorexie (+++), douleurs abdominales, diarrhées, allergie, adaptation fonction rénale Céphalosporines : orales peu efficaces, parentérales douloureuses, bonne diffusion sauf os, spectre large Macrolides : anorexie (+++), douleurs abdominales (+++), intéractions méd, hépatotoxicité
Fluoroquinolones : tendinopathies, effets neuropsychiques, thrombopénie, augmentation de QT, épilepsie, adaptation fonction rénale, résistances. Aminosides : toxicité rénale et auditive, bactéricidie Glycopeptides : toxicité rénale et auditive, taux sériques Cotrimoxazole : carence en folates, allergies cutanées. bonne diffusion
Facteurs mauvais pronostic Cliniques – Fièvre ≥ 39°C – Hypotension < 70 mmHg, Tachycardie ≥ 120 – Marbrures – Tachypnée – Frissons, sueurs abondantes – Oligurie +++, déshydratation – Retard au diagnostic Paracliniques – Leucocytose ≥ 20 000, CRP ≥ 150 – CIVD
Utilisation des anti-infectieux en gériatrie Diminution des doses (masse maigre) Évaluation de la fonction rénale, ralentissement ou diminution du métabolisme hépatique : taux sériques élevés et durée d’action plus longue Voie PO à privilégier (absorption non modifiée); voies IM et SC utiles Durée ATBth identique Amox-ac clav, C3G, métronidazole, aminosides
Exposition aux ATB en Europe
Principales interactions médicamenteuses
Association de plusieurs médicaments anti-hypertenseurs (risque d’hypotension orthostatique, d’insuffisance rénale) ou d’un anti-hypertenseur et d’un dérivé nitré (risque majeur d'hypotension orthostatique). Association d'AINS et d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou de diurétiques (insuffisance rénale grave chez le sujet âgé). Association de diurétiques hypokaliémiants ou d’anti-arythmiques avec des laxatifs eux-mêmes souvent pris en automédication (risque accru de déplétion potassique sévère avec trouble du rythme cardiaque). Association de plusieurs psychotropes ou de psychotropes et d’anti-hypertenseurs (risque de chute). Association d’anti-vitamine K et d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (accidents hémorragiques).
Principes généraux de prescription Choix médicament : ayant le moins d’effets secondaires et d’interactions, ayant la marge de sécurité la plus large, ayant la demi-vie la plus courte, le plus simple à prendre (1 prise/j si possible), ayant la voie d’administration et la forme galénique la plus adaptée aux handicaps du patient, adapter à la fonction rénale. Eviter le double emploi en repérant tous les médicaments qui appartiennent à la même classe thérapeutique, qui contiennent le même principe actif ou qui ont des propriétés pharmacologiques communes en relation ou non avec l'effet thérapeutique recherché
Conclusion : Fragilité du SA Privilégier les traitements antalgiques pallier I ou traitements locaux ATB large spectre, peu effet secondaire Adaptation fonction rénale Interactions médicamenteuses Dose minimale efficace