Les concurrences mémorielles revisitées -Stéphane Di Matteo (professeur en collège à Marseille) -Mohand-Kamel Chabane (professeur en collège à Paris) -Fabien Pontagnier (professeur en collège à Stains) -Jean-Pierre Aurières (professeur en lycée à Saint-Denis) -Philippe Joutard (recteur, et historien)
Revisiter les concurrences mémorielles Enseigner les sujets sensibles de l’histoire nationale ce n’est pas dispenser une « histoire repentante » c’est: respecter les programmes scolaires adossés aux avancées de la recherche historique aborder ces épisodes historiques dans leur complexité pour affronter ce qui relève de notre passé commun Objectifs: comprendre, connaître (donc reconnaître) et non juger : les sociétés humaines, les jeux d’acteurs, et les événements. intégrer les différentes mémoires pour une histoire commune et partagée (« leur histoire » = « notre histoire »)
Revisiter les concurrences mémorielles Stratégies pédagogiques: faire émerger la pluralité des mémoires pour éduquer à la complexité (étudier la concurrence mémorielle) et construire un récit commun confronter les points de vue pour déconstruire les représentations, construire sa pensée et éduquer à la tolérance car seul on a toujours raison (exemple de l’attentat contre Charlie Hebdo) (débat : apprentissage de la démocratie) déconstruire les représentations hâtives, les discours simplistes ou provocateurs, en confrontant au factuel, en contextualisant et en questionnant (exemples: image du Harki, moteurs de la traite négrière, laïcité, juif, la vision de l’immigration n’est pas propre à notre époque…) associer l’élève à la construction de l’histoire ( exemple: étudier les commémorations comme éléments de transmission d’une mémoire collective, faire classe aux Archives nationale pour partager plus que transmettre, démarches interdisciplinaires ) construire des références positives pour faciliter une identification au passé et le vivre-ensemble ( exemple: le rôle de l’immigré dans le développement économique, le rôle de l’esclave dans le processus d’émancipation) enseigner des savoirs et non des croyances
Revisiter les concurrences mémorielles Ecueils, conseils, préjugés à dépasser: maîtriser ses contenus, pour mener à bien une controverse, pour affronter un débat. entendre toutes les mémoires pour ne pas favoriser la marginalisation mais l’intégration à la communauté citoyenne. ne rien cacher, laisser venir les questions, les remarques, les indignations, voire les provocations. Nécessité d’une patience pédagogique pour mener une déconstruction intelligente pour privilégier la réflexion à la passion. changement du profil des élèves: mixité est moindre, désaffection civique, engagement politique a pratiquement disparu et la connaissance des problèmes géopolitiques également, substrat vaguement religieux plus présent. Les élèves consomment une information non contextualisée et non hiérarchisée. Les arguments politiques construits se font rares. Tout cela rend le rôle de l’enseignant encore plus essentiel. nous devons déconstruire les discours des élèves avec eux et pas en surplomb dans une posture de professeur moralisateur et omniscient. L’opinion, les médias sont beaucoup plus sensibles aux échecs et ratés du système. Cependant, il n’existe pas de territoires dans lesquels des pans entiers des programmes ne pourraient pas être traités à cause de résistances virulentes de la part des élèves, et derrière eux des parent et de diverses associations culturelles ou cultuelles.