III- Didactique du FLE en question

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Transcription de la présentation:

III- Didactique du FLE en question Les déclinaisons d’une didactique du français à géométrie variable: FLM; FLS & FLE

De la didactique à la didactique des langues Point d’appui: Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, (2004) J.-P. CUQ (dir.). On parle de « didactiques des disciplines » pour faire référence à des discours sur des corps de pratiques et à un travail de réflexion sur l’ensemble des disciplines scolaires, y compris les langues vivantes. Toutefois, la didactique des langues se distingue des didactiques des autres disciplines par 2 traits principaux : 1 la DDL n’a pas de discipline objet:  son objet n’est pas l’appropriation par l’apprenant de savoirs construits par des disciplines comme la linguistique ou les études littéraires, 2 le mode d’appropriation d’une langue est double :  l’apprentissage et l’enseignement des langues sont en concurrence avec un mode d’appropriation naturel, l’acquisition, ce qui n’est le cas d’aucune autre discipline.

Historiquement, l’enseignement/ apprentissage des langues est issu de la pédagogie. Mais dans les années 70, la didactique générale & disciplinaire s’approprie les question d’enseignement/ apprentissage des langues. Aujourd’hui, l’accord est loin d’être fait entre chercheurs sur l’appartenance épistémologique de la DDL et, par conséquent, de celle de la didactique du français langue étrangère et seconde:  Fait-elle partie des sciences de l’éducation ou des sciences du langage ?  Dans ce cas, peut-elle être autre chose qu’une linguistique appliquée ?  Peut-elle enfin être une discipline autonome au sein des sciences humaines ?

Toutes les langues enseignées (notamment le français) peuvent faire l’objet d’une didactique spécifique. Mais l’enseignement du français ne saurait lui-même être saisi comme un ensemble homogène. Et la 1ère distinction utilisée est fondée, non pas sur la langue, mais sur l’apprenant : si l’apprenant s’est approprié cette langue de façon naturelle au cours de sa 1ère socialisation  on le dira locuteur de langue maternelle (LM) ; si au contraire le français n’est pas pour lui une langue 1ère  on le dira locuteur de langue étrangère ou seconde (LS).

Cette différence est prise en compte par 2 sous-ensembles de la didactique du français : la didactique du français langue maternelle (DFLM); et la didactique du français langue seconde (DFLS). Mais la DFLM entretient des liens de nature didactique et non pas linguistique avec la didactique des autres langues maternelles et il en va de même de la DFLS avec la didactique des autres langues étrangères. C’est pourquoi la DFLS est aujourd’hui plutôt conçue comme un sous-ensemble de la didactique des langues étrangères et secondes que comme un sous-ensemble d’une hypothétique didactique du français.

Le Dictionnaire de DFLES précise les différentes déclinaisons de la langue : langue cible & langue de départ, langue de référence & langue de scolarisation, langue dominante & langue dominée, langue étrangère & langue maternelle, langue minoritaire & langue mixte, langue nationale & langue officielle, langue partenaire & langue première, langue privilégiée & langue seconde, langue source & langue standard, langue véhiculaire & langue vernaculaire, langues et cultures d’origine & langues et cultures régionales, langue voisine.

Les définitions du français langue seconde (FLS) Toutes les définitions se rejoignent pour qualifier le FLS de langue de la scolarité. J.-P. Cuq définit le FLS comme le français parlé à l’étranger avec un statut particulier  cela renvoie à l’usage du français dans les anciennes colonies françaises (l’histoire). Le français n’y est pas la langue maternelle, ni même une simple langue étrangère comme le français l’est aux États-Unis par exemple. Le FLS est utilisé comme langue d’enseignement à partir d’un certain niveau et permet l’accession à un niveau social plus élevé. L’éducation nationale (France) définit le FLS comme la langue qui permet à l’élève d’accéder à une qualification  dans ce cas, FLS devient « français langue de scolarisation. »

Dans les 2 définitions, le FLS est pratiqué par des étrangers dont la langue maternelle n’est pas le français mais auxquels le français doit permettre, non seulement de communiquer avec autrui, mais aussi de suivre des cours. Pour les allophones (élèves nouvellement arrivés), le FLS devient une langue transitoire  il assure le passage du FLE au français langue maternelle: classe d’accueil ou d’intégration. Le FLS est donc une phase intermédiaire entre la simple communication et la maîtrise de la langue et du métalangage. Le FLS est une langue spécifique à l’école, celle qui permet de suivre une scolarité avec une prépondérance de l’écrit.

Problèmes & problématique du FLS Le FLS s’inscrit dans la conception et dans la logique des programmes de français dans les collèges. Le français est une discipline marquée par une hétérogénéité complexe, liée au public et à la diversité de sa matière. J.-L. Chiss, Enseigner le français en classes hétérogènes Cette hétérogénéité est appréhendée à travers l’enseignement du français aux élèves allophones.  Il s’agit d’intégrer dans les meilleurs délais ces enfants venus des 4 continents, culturellement et/ou socialement démunis, à l’école et à l’enseignement commun en français de toutes les disciplines.

Le français enseigné est qualifié uniquement par son public, lui-même envisagé en fonction de son déplacement d’un pays à un autre : « L’appellation FFS convient à cette langue enseignée à des apprenants plongés dans la communauté linguistique française, en prenant en compte les spécificités de l’enseignement en contexte scolaire ; la langue française n’y est pas seulement objet d’étude mais aussi outil d’apprentissage d’autres objets d’étude. » (Brochure du MEN)

Le français étant langue de scolarisation, il convient : Les choix pédagogiques induits par le contexte d’apprentissage diffèrent de ceux du FLE: d’une part, le français est appris par les élèves en qualité de langue seconde dans le contexte de la langue du pays d’accueil, pour devenir plus tard composante d’un plurilinguisme, voire langue principale ; d’autre part, le français est langue d’apprentissage et de scolarisation. Le français étant langue de scolarisation, il convient : d’enseigner à communiquer à l’école, comprendre les consignes, intervenir en cours, fournir des textes écrits, maîtriser les instruments métalinguistiques selon des modes de formulation adaptés aux situations et aux usages ; d’aborder les contenus de l’enseignement du FLM: les textes littéraires sont une des voies d’accès à la connaissance d’une civilisation, de ses réalités, de ses systèmes de valeurs… ; leur lecture permet le dialogue entre les cultures en même temps que l’initiation aux exercices de l’analyse de texte.

Le FLS recouvre des domaines d’usage et d’enseignement largement partagés dans d’autres pays (Maghreb, Afrique noire, océan Indien), où le français sert moins à communiquer dans les situations de la vie courante qu’à participer à l’acquisition des connaissances à l’école. La différence avec la France réside dans le fait que les langues nationales restent dominantes dans les usages ordinaires de la vie, comme elles peuvent l’être dans la vie officielle des pays. En France, cet enseignement a pour caractéristique de s’effectuer en milieu francophone dense.

Le FLE en question: de l’institution aux méthodes Le FLE renvoie à l’enseignement du français à des apprenants étrangers C’est un champ vaste qui inclut le français enseigné en France et dans nombre de pays étrangers Contrairement au FLM et au FLS, le FLE a acquis, avec les années, une existence autonome à ses statuts (certification), ses situations d’apprentissage et ses publics d’apprenants. L’enseignement du FLE a développé des stratégies et des choix différents de ceux du FLM, relatifs :

à la sélection de notions et d’actes de parole ciblés sur les besoins spécifiques des apprenants ; à la priorité (et non à la primauté) donnée à l’oral ; à la mise en scène de situations de communication simulées ; à la prise en compte des phénomènes d’interférences entre français et langue source ; au respect des spécificités culturelles locales ; à l’enseignement des comportements des usagers de la langue cible ; à la conception d’un enseignement dans une perspective plurilingue et pluriculturelle, etc.

C’est dans les années 60 que l’on commence à parler de « français langue étrangère » et les initiales « Fle » ne se sont généralisées qu’au cours des années 80 et 90. Le FLE n’a en fait conquis ses lettres de noblesse qu’à partir du célèbre rapport Auba – établi à la demande du ministère de l’Education nationale – qui date de 1982 et recommande, pour le FLE, la création de filières universitaires spécifiques de formation d’enseignants, de diplômes adaptés et de postes d’inspecteurs généraux. L’application de ces recommandations permet au FLE de devenir en quelques années une discipline à part entière:

1983 : création de la licence ès lettres (avec mention FLE) & 2 postes d’inspecteurs généraux. 1985 : création, par arrêté ministériel, du DELF (Diplôme d’Études en Langue Française) et du DALF (Diplôme Approfondi de Langue Française). 1988 : décret qui dispense les titulaires du DALF du test linguistique exigé des étudiants étrangers qui désirent s’inscrire dans une université française. 2006 : création, par arrêté ministériel, du DILF (Diplôme Initial de Langue Française).

Le FLE s’appuie sur des institutions, des enseignants et des associations, des méthodes, des manuels et des revues Le FLE, c’est aussi un enseignement spécifique qui a évolué au fil des différentes méthodes qui se sont succédé, notamment : la méthode traditionnelle (jusqu’au début du XXe siècle) ; la méthode directe (début du XXe siècle) ; les méthodes audio-orale et audiovisuelle (vers 1950); les méthodes fondées sur l’approche communicative (dans les années 1970) ; les méthodes fondées sur l’approche actionnelle (depuis les années 2000).

Références bibliographiques J.-L. Chiss (1989), « La didactique du français : perspectives disciplinaires et enjeux intellectuels », Repères, n° 78, pp. 95-100. J.-L. Chiss, D. Boyzon-Fradet, (éd.) (1997), Enseigner le français en classes hétérogènes. École et immigration. Paris, Nathan. Dictionnaire pratique de didactique du Fle, J.-P. Robert (dir.) (2008), Paris, Ophrys. D. Gaonac’h (coord.) (1990), Acquisition et utilisation d'une langue étrangère. L'approche cognitive. Paris : Hachette. Gaonac’h, D. (1990). « Lire dans une langue étrangère : approche cognitive ». In Revue française de pédagogie, n°93, p75-100. D. Rolland (2000), « Français langue étrangère ou français langue seconde : le grand écart », in Le français dans le monde, Juillet-août - N°311. Webographie http://www.christianpuren.com http://eurofle.wordpress.com http://didapro.wordpress.com