Oubli
Psychologie cognitive Oubli2 Généralités La mémoire a des ratés. Les souvenirs ont-ils disparu ? Pas toujours Il y a des situations intermédiaires: Rappel pas possible, mais reconnaissance immédiate Exemples: Histoires / Visages / etc. / Mot sur le bout de la langue Aspect positif: L'oubli permet de ne pas encombrer la mémoire de faits peu importants
Psychologie cognitive Oubli3 Explications de l'oubli 3 grandes familles d’explications de l’oubli : –Dégradation des traces avec le temps –Interférence –Autres explications Lindsay & Norman (1980) retiennent essentiellement Temps et Interférence Des recherches ultérieures ont considéré d'autres explications [Loftus ch 4] L'oubli n'est pas une fonction directe du temps Simple déclin des traces pas plausible On ne peut inférer l'oubli de l'absence d'évocation "Mot sur le bout de la langue"
Psychologie cognitive Oubli4 Dégradation des traces avec le temps Courbe de l’oubli d’Ebbinghaus Déclin de l'efficacité de la mémoire avec le temps Déclin très rapide au début / Puis plus lent Un surapprentissage par répétition peut diminuer cet effet Interprétation retenue: Dégradation des traces avec le temps Synonymes: Déclin / Extinction / Effacement / Estompage Phénomène physiologique On oublie parce que l'information a disparu de la mémoire Lemaire (p. 80): Théorie infalsifiable
Psychologie cognitive Oubli5 Interférence Ce qui se passe durant l'intervalle de rétention (activités interférentes) joue un rôle dans l'oubli 2 paradigmes expérimentaux: 1.Interférence rétro-active Un matériel nouveau perturbe le rappel ou le stockage d'un matériel ancien 2.Interférence pro-active Un matériel ancien perturbe le rappel ou le stockage d'un matériel nouveau Résultats: Dans les 2 cas, le groupe expérimental obtient des performances inférieures à celles du groupe contrôle
Psychologie cognitive Oubli6 Schémas d'expérience GroupeEtape 1Etape 2Etape 3 Expérimental Appr. Couples A-B (chien-carte) Appr. Couples A-C (chien-chaise) Rappel Couples A-B (chien-carte) Contrôle Appr. Couples A-B (chien-carte) Appr. Couples D-C (livre-chaise) Rappel Couples A-B (chien-carte) GroupeEtape 1Etape 2Etape 3 Expérimental Appr. Couples A-C (chien-chaise) Appr. Couples A-B (chien-carte) Rappel Couples A-B (chien-carte) Contrôle Appr. Couples D-C (livre-chaise) Appr. Couples A-B (chien-carte) Rappel Couples A-B (chien-carte) Interférence rétro-active: Interférence pro-active:
Psychologie cognitive Oubli7 Jenkins & Dallenbach (1924) Comparaison entre 2 conditions: sommeil - veille SommeilInterférence rétro-active minimale VeilleInterférence rétro-active maximale 2 sujets ont été testés à plusieurs reprises Apprentissage d'une liste de 10 syllabes sans signification 8 listes différentes testées pour chaque intervalle Rappel après un intervalle variable (1, 2, 4 ou 8 heures) Résultats: Sommeil: Plus de 50 % de syllabes retenues Veille:Seulement 10 % après 8 heures
Psychologie cognitive Oubli8 Autres expériences McGeoch & McDonald (1931) Rétention nettement amoindrie par l'activité interférente, et ce d'autant plus que la similarité est grande Slamecka (1960) Apprentissage par cœur de textes en prose Items présentés 2, 4 ou 8 fois 3 conditions : Repos / 4 essais avec phrase différente / 8 essais avec phrase différente Résultats: Effet net de l'interférence et du degré initial d'apprentissage Waugh & Norman (1965) La vitesse de présentation a très peu d'effet Le nombre d'items interférents joue un rôle important
Psychologie cognitive Oubli9 Loftus: Témoignage oculaire Le témoignage oculaire est sensible à l'interférence causée par les interrogatoires Loftus montre un film d'un accident de la circulation puis pose des questions notamment sur la vitesse des véhicules Dans la question sur la vitesse le mot "heurter" (hit) était remplacé par divers synonymes plus ou moins violents Résultats: Le choix du mot a une influence sur l'évaluation de la vitesse Verbesv.o.Vitesse estimée moyenne (km / h) Fracassersmash65.6 Entrer en collisioncollide63.2 Emboutirbump61.3 Heurterhit54.7 Entrer en contactcontact51.2
Psychologie cognitive Oubli10 Interférence pro-active Démonstration classique: Underwood (1957) Réinterprétation de données recueillies sur ses propres étudiants Constat initial: Oubli considérable chez certains de ces étudiants Forte variabilité des performances Etudiants soumis à de multiples expériences de mémorisation Hypothèse: Oubli causé par l'interférence proactive créée par les expériences précédentes Résultats (Figure 10.9 in Baddeley): Lien très clair Plus le nombre de listes apprises précédemment augmente, plus l'oubli est important.
Psychologie cognitive Oubli11 Relâchement de l'interférence proactive Tâches de type Brown-Peterson: Présentation de 3 consonnes durant 1 seconde / Rappel après 1 à 30 sec. Tâche de distraction durant ce délai, pour éliminer l'autorépétition Par ex.: Compter à rebours à partir d'un nombre donné Résultats: Diminution très rapide des preformances; après 18 s, résultat nul Keppel et Underwood (1962): Pas d'oubli lors du premier essai. Ce n'est qu'après 5 ou 6 essais que l'effet classique est observé. Les premiers essais provoqueraient une interférence proactive (matériel similaire, d'où confusions possibles) Wickens, Born & Allen (1963) Mémorisation de trigrammes de consonnes Après 4 essais, on présente au groupe expérimental des trigrammes de chiffres Il y a relâchement de l'interférence proactive des anciens essais (RIP): Groupe expérimental: niveau du premier essai / Groupe contrôle: baisse de performance continue Donc la cause première de l'interférence est la similarité du matériel Interprétation confirmée par Wickens, Dalezman & Eggmaier (1976)
Psychologie cognitive Oubli12 Autres explications de l'oubli Des résultats de plus en plus nombreux vont dans le sens d'une interprétation reposant sur le fait que les souvenirs oubliés n'ont pas complètement disparus, mais que l'accès à cette information est difficile: –Possibilité de récupération au cours d'une psychanalyse –Penfield (1959): Excitation directe de certaines zones du cerveau. Les patients ont pu rappeler des souvenirs inaccessibles en rappel normal –Mot sur le bout de la langue (Loftus p ) Reconstruction possible si on y passe du temps et si on se concentre
Psychologie cognitive Oubli13 Autres explications de l'oubli Impossibilité de retrouver Mot sur le bout de la langue Oubli motivé On oublie parce qu'on veut oublier / On garde les meilleurs souvenirs Souvenir jamais emmagasiné Durée insuffisante / Elément pas remarqué Attention insuffisante (Ex: Détails d'une pièce de monnaie) Facteurs affectifs Meilleure mémoire des situations émotionnellement chargées que des situations neutres Emotions fortes meilleure rétention / Panique mauvaise rétention Refoulement: Accès au souvenir activement bloqué (le souvenir existe toujours)
Psychologie cognitive Oubli14 Mot sur le bout de la langue (abrégé TOT: Tip of the tongue) Echec au rappel d'un mot qu'on connaît, accompagné du sentiment qu'on peut presque le rappeler, du sentiment de le savoir (feeling of knowing) Expérience de Brown & McNeill (1966): Induction de l'état TOT chez des sujets en laboratoire Présentation de la définition d'un mot peu courant Exemple:"Petite embarcation chinoise à voile unique" [sampan] [Autres ex. de mots: Sextant, disculper, zélateur, etc.] Le sujet est prié d'indiquer le mot Dans le courant de sa recherche on lui demande d'indiquer tous les mots qui lui viennent à l'esprit
Psychologie cognitive Oubli15 Résultats En situation TOT, connaissance partielle L'expérimentateur pose 2 questions: Combien de syllabes ? Réponse juste à 47% Quelle est la première lettre ? Réponse juste à 51% Mots évoqués pas quelconques: Pour sampan Mots réels: saipan, siam, sarong ou mots fabriqués: sanchin, symphon Les sujets pouvaient très souvent dire la première lettre Ils avaient une idée de la dernière lettre Sorte d'effet de position sérielle ! Donc récupération progressive. Le recouvrement d'un souvenir est un phénomène complexe. Un mot, un nom ne sont pas emmagasinés seuls, mais en association ou en connexion avec d'autres.