ECONOMIE DE L’ENVIRONNEMENT ET RESSOURCES NATURELLES MS3 Guylaine Bourguignon Chargée d’enseignement I/V Guilenia Consulting 08/11/2014
PLAN DU COURS Guilenia Consulting I)- Introduction générale L’environnement dans la pensée économique I-1) Les grands paradigmes II) - Les facteurs de pression sur la biosphère II-1) La démographie II-2) L’énergie II-3) La croissance des richesses II-4) La valeur patrimoniale : services livrés par le patrimoines naturel et leur évolution II-5) Les facteurs de changement III) - Droits de propriétés, marchés incomplets III-1) Théorème de COASE III-2) Externalités Gestion de l’eau IV) – Gestion et exploitation des RN, de la production IV-1) Exploitation optimale IV-2) Coûts d’exploitation exogènes et endogènes IV-3) Théorie des contraintes, Coûts d’opportunité IV-4) Industries compétitives et monopolistiques IV-5) indicateur de raréfactions Gestion sols et sous-sols V) – Fonction de croissance, prélèvement maximum d’équilibre V-1) Récolte maximale V-2) Stratégie optimale d’investissement V-3) Gestion privée, gestion en accès libre Gestion de l’air VI) – Conférences : DD, types de valeurs, offre contingentée, coût-avantage : impacts environnementaux Guilenia Consulting
I) Introduction générale Economie présente une dimension physique, la transformation de la nature Activité économique puise dans la nature les matériaux qu’elle utilise, rejette les déchets double mouvement qui nous amène à l’économie des ressource naturelles , qui décrit les principes selon lesquels s’opèrent l’extraction des ressources qui vont donner, après transformation, les biens économiques (primaire, secondaire, tertiaire). L’économie de l’environnement décrit les modalités selon lesquelles peuvent être gérées, tempérées, les rejets, pollution ou nuisances qu’entraînent les activités économiques. L’environnement : notion plus large, le terme évoque l’entour, un ensemble de choses et de phénomènes localisés dans l’espace, un espace extérieur aux activités humaines, mais au sein duquel celles-ci se déroulent… Inclusion des activités économiques dans leur environnement n’est pas passive : elle implique l’existence de relation et d’interactions. L’environnement correspond à la sphère d’influence réciproque existant entre l’Homme et son milieu extérieur. L’écologie est la discipline scientifique qui étudie «les conditions d’existence des êtres vivants et les interactions de toutes natures qui existent entre ces êtres vivants et leur milieu». Guilenia Consulting
Biocénose : ensemble des espèces vivant en interdépendance Biotope : milieu physique renfermant ces espèces Ecosystème : réunion du biotope et de la biocénose Biosphère : sens large, non limité à la matière vivante et globale, à l’échelle de la planète, système complexe, autorégulé d’interdépendance, dans les ajustements duquel la vie joue un rôle considérable Guilenia Consulting
Introduction générale 2/3suite… Economie/nature : deux univers distincts, logique =/=, conditions de reproduction… Les économistes pouvaient s’intéresser aux règles gouvernant l’optimisation économique et aux conditions de reproduction économique, tout en ignorant la façon dont la nature assurait spontanément sa reproduction. Développement de la population, de la production et des techniques menace de détruire le milieu qui les porte. La reproduction de la biosphère ne peut plus se penser indépendamment de celle de l’économie, ni sans relation avec celle de la biosphère. Rapports mutuels : économie, ressources naturelles et environnement, constitution de ces rapports comme problème, apparition d’un risque d’épuisement des ressources naturelles et de l’aggravation des atteintes subies par l’environnement. Ressources naturelles : lien avec la population abordé depuis longtemps par les économistes (Malthus) Introduction générale 2/3suite… Guilenia Consulting
Dépendance de l’activité industrielle vis-à-vis des matières premières et de l’énergie reconnue depuis le XIXème siècle (The Coal Question, Stanley Jevons, 1865). élaboration de règles de bonne gestion pour les RN tant épuisables que renouvelables, que vers l’éducation des rapports entre ressources et développement. Années 1970, interrogation sur la capacité de la biosphère à fournir les ressources nécessaire à la poursuite du développement économique. Rapport du Club de Rome, 1972 Focus sur les ressources épuisables les plus « marchandes » -pétrole, gaz… et sur des ressources renouvelables beaucoup moins « marchandes » comme les grands animaux Ressource naturelle : face à la limite absolue du développement, stock à gérer (rythmes naturels de reproduction), perspectives d’épuisement et délais nécessaires aux prises de relais par de nouvelles ressources… Pollution classique de l’eau, l’air, le sol… non plus localisée, régionalisée… mais globalisée ! Guilenia Consulting
Introduction générale 3/3suite… Actualité de plus en plus récurrente, de plus en plus marquer… Atteintes à l’environnement nouveau seuil : mise en cause des régulations globales de la biosphère – pollution globale : couche d’ozone stratosphérique-effet de serre, fonte des glaciers, changement climatique… Pérennité du développement : interactions entre économie et environnement gérées de façon à répondre aux besoins actuels sans sacrifier la satisfaction de ceux des générations futures. La notion de développement durable est née –Sustainable development… Boîte vide ? Conditions, critères de gestion correspondante défi pour la théorie économique. Introduction générale 3/3suite… Guilenia Consulting
L’économie est confrontée aux problèmes suivants : La multidimensionnalité : problèmes à plusieurs dimensions, ressources polluées quel usage attendu ? extraction des ressources épuisables : pollution locale ou régionale, utilisation mise en cause, émission de CO², interactions sphère économique, sphère naturelle et sphère socio-culturelle approche systémique Guilenia Consulting
L’irréversibilité : niveau de la biosphère, régulation mises en cause (couche d’ozone, effet de serre), atmosphère terrestre sensible à de faibles changements de ses constituants minoritaires, durée de vie des polluants + délais de réaction de système complexe = changements climatiques globaux pour plusieurs siècles, l’échelle de la vie humaine, irréversible, extinctions d’espèces (changement climatique, pollution, prélèvements sur les stocks…). Perte de patrimoine génétique Guilenia Consulting
La présence de problème d’équité intra générationnels ou intergénérationnels : choix dans le temps, en jeu bien-être des individus actuel et futur. Inégalités Nord/Sud, exploitation des ressources, quelle sauvegarde pour les générations futures ? Guilenia Consulting
Quelles économie pour les RN et l’environnement ? L’incertitude : omniprésente dans tout le domaine des RN et de l’environnement… quelles réserves, quels progrès techniques, quelles conséquences exactes des pollutions globales, quelles préférences des générations futures. Combinaison de l’irréversibilité et de l’incertitude : principe de précaution… Ne pas courir le risque d’une évolution irréversible de la biosphère !!! Quelles économie pour les RN et l’environnement ? Guilenia Consulting
L’Environnement dans la pensée économique Dans leur recherche de scientificité et de technicité, les économistes se sont attachés à démontrer, au cours du temps, que l’économie était une science du même type que les sciences de la Nature. Les Physiocrates et la Terre, Dupont de Nemours (1767), exprime le « gouvernement de la nature », ou par le « pouvoir de la terre ». Ordre naturel et productivité exclusive de l’agriculture. F. QUESNAY, publie le 1er tableau économique, place au centre de sa vision l’idée de l’ordre naturel, dont découle celles de droit naturel et de lois naturelles donner à la terre, la statut de seul fournisseur de richesses. Fonction de production : Y = f(K, L, T), la combinaisons des facteurs K capital, L travail et T terre, permettant de produire Y. Hypothèses remises en cause par le développement de l’industrie et de l’urbanisation, le rôle octroyé à L travail, par rapport à T terre (qui disparaît chez les Classiques) Les Classiques et l’Etat stationnaire : idées d’une auto-régulation naturelle, de concurrence entre espèces animales/végétales et/ou humaines Référence constante à l’équilibre : mouvement cyclique immuable, vision statique Approche naturaliste, Adam Smith, 1776, main invisible, économie de l’Homme et de la Nature Débats sur la croissance, et ses liens avec l’environnement (Révolution Industrielle), Ricardo (1772-1823), Malthus (1766-1834), J. B. Say, J. S. Mill L’économie de l’environnement, objet de la théorie de la consommation des richesses Théorie de la croissance exogène, endogène (K capital, humain, financier, technique, travail…) Les racines du développement soutenable : la théorie de l’accumulation des richesses Choix d’accumuler du capital immatériel (nouveaux savoirs), mais épuisement des RN, répercussion en aval du processus économique industriel Guilenia Consulting
I-I) Les grands paradigmes A) L’Univers naturiciste L’Univers de la mécanique L’Univers de la thermodynamique L’Univers du vivant : la création destructrice/la destruction créatrice Le primat de la Nature et de l’Ethique, c’est une conception « métaphysique » de la nature qui domine (Aristote), et qui a inspiré certains physiocrates. Les Physiocrates, au milieu du XVIIIème siècle, reprennent la vision du monde en tentant de donner pour fondement à l’économie la réalité physique de la nature. Deux courants de l’économie de l’environnement vont retenir comme hypothèse la prééminence de la nature dans les activités humaines. 1 – L’hypothèse GAÏA (J. Lovelock, 1979) : vision « géocentrique » qui accorde la primauté de la nature sur l’Homme. 2 – « Deep Ecology » (Devall, Sessions, 1985) : approche non conflictuelle entre l’Homme et la Nature. Il s’agit de conférer des droits moraux aux espèces non humaines. Dans ces deux approches, toute considération économique et sociale est évacuée : les relations entre l’environnement, l’économie ou la société, sont appréhendées au regard des seuls critères écologiques Guilenia Consulting
I-I) Les grands paradigmes L’Univers naturiciste B) L’Univers de la mécanique L’Univers de la thermodynamique L’Univers du vivant : la création destructrice/la destruction créatrice Cette conception de la nature est à mettre en liaison avec la découverte de la mécanique (Galilée, Descartes, Newton…) à l’âge moderne. On passe d’une vision qualitative de la nature à une appréciation quantitative. Le paradigme mécaniste a influencé fortement les théories contemporaines de l’économie de l’environnement, en s’inscrivant dans une vision de l’économie comme un système autonome. On a un modèle statique qui suppose la réversibilité du temps, et donc une vision mécanique du temps. Rôle régulateur du marché (théorie des ressources épuisables) Affranchissement de toute préoccupation morale ou éthique Conception du temps à l’échelle de l’individu Rationalité substantielle Guilenia Consulting
I-I) Les grands paradigmes L’Univers naturiciste L’Univers de la mécanique C) L’Univers de la thermodynamique L’Univers du vivant : la création destructrice/la destruction créatrice La découverte des contraintes écologiques absolues avec la loi de l’Entropie, en 1824, par Sadi Carnot, est la plus grande rupture dans le domaine de l’économie de l’environnement. Il s’agit d’un renouvellement de la physique pour comprendre le fonctionnement des machines (apparition de la machine à vapeur). La loi de l’Entropie stipule que dans un système isolé, clos, toute l’énergie finit par se dissiper, c’est-à-dire qu’elle se transforme en énergie latente. Par conséquent, l’entropie d’un système augmente jusqu’à atteindre son maximum dans lequel toute évolution devient impossible. Valeur des ressources énergétiques Passage de relations linéaires, à des relations circulaires Interprétation minimaliste : 1er principe de la TD, bilan matière-énergie (Ayres, Kneese, 70…), analyses input-output (Léontief, 1970), modèle d’optimisation dynamique (Mäler, 1974) s’affranchir de la contrainte de la rareté de la ressource Interprétation maximaliste : 2ème principe de la TD, « tout est énergie » L’Ecole de Londres : D. Pearce, 1988, explique le caractère circulaire des liens entre économie et environnement : capacité d’assimilation des déchets, capacité de renouvellement de la Biosphère le capital naturel doit être distingué des autres formes de capitaux Etat stationnaire, pour ralentir l’ensemble du processus économique, donc d’épuisement du capital naturel Guilenia Consulting
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I-I) Les grands paradigmes L’Univers naturiciste L’Univers de la mécanique L’Univers de la thermodynamique D) L’Univers du vivant : la création destructrice/la destruction créatrice Cette approche de l’économie écologique insiste sur les caractéristiques propres du vivant qui permettent de penser de façon différente les rapports entre l’économie et la nature. Les systèmes sont ouverts, la grandeur décisive n’est plus l’Entropie, mais la production d’entropie. Les systèmes vivants sont des systèmes ouverts qui échangent énergie, matière et information avec leur environnement extérieur. Ces systèmes peuvent lutter contre l’entropie par un apport de «néguentropie», en adoptant un nouveau mode d’organisation. Auto-organisation du système : l’ordre peut naître du désordre Importance particulière à l’Homme, en tant qu’espèce Accent sur l’importance mutuelle de l’évolution des systèmes socio-économique et écologique : co évolution (Norgaard, 1988) L’Homme inventeur et constructeur, à la source de l’information et de la néguentropie L’irréversibilité est perçue comme créatrice : « destruction créatrice » (Schumpeter) Environnement source d’opportunités : nouvelles formes d’organisation, innovations, nouveaux modes de régulation, nouvelles formes de besoin Institutions jouent un rôle important : recherche-développement, législation, normes, règlements Droits des générations futures, niveau de pollution acceptable Guilenia Consulting
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