Complications des chimiothérapies

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Transcription de la présentation:

Complications des chimiothérapies Par Catherine Girard Desbiens Hémato-Oncologue Hôpital Honoré Mercier

Conflits d’intérêts Aucun

Objectifs Connaître les principales complications aiguës des agents de chimiothérapies intraveineux et oraux Connaître les principales complications des agents ciblés en les regroupant par mécanisme d’action Connaître les complications des traitements de support utilisés en oncologie Reconnaître les complications tardives des traitements du cancer et comprendre comment elles influencent le plan de suivi

Plan Suivi après un cancer Complications aiguës Neutropénie fébrile, Cytopénies, Nausées et vomissements, Diarrhée, Iléus et constipation, Toxicité pulmonaire, Toxicité cardiaque aiguë, Réactions anaphylactiques/anaphylactoïdes Complications dues aux traitements de support Anti nauséeux, Stéroïdes, Biphosphonates Effets secondaires des chimiothérapies orales et des thérapies ciblées 5-Fu oral, autres chimio orales, Anti VEGF, Anti EGFR, Inhibiteurs de l’angiogenèse, Hormonothérapie Complications tardives Toxicité neurologique, Toxicité cardiaque, Cancer secondaires, Infertilité Suivi après un cancer

Complications aiguës des chimiothérapies intraveineuses

Neutropénie fébrile Définition (Infectious Diseases Society of America) Fièvre: T orale >38.3 ˚C ou T orale >38.0 ˚C soutenue durant plus d’une heure Attention! On ne doit pas utiliser la température rectale chez un patient neutropénique ou soupçonné de l’être (risque de bactériémie) Neutropénie: Décompte absolu de neutrophiles <1,5 x109 neutropénie légère <0,5 x109 neutropénie sévère

Facteurs de risques Lié au régime de chimiothérapie Selon la dose et les agents utilisés, chaque protocole de chimiothérapie est classé en fonction du risque de neutropénie fébrile Lié à la tumeur Certaines tumeurs sont associées à des risques accrus de translocation bactérienne Lié à l’hôte L’âge avancé et les comorbidités augmentent le risque de neutropénie fébrile

Prise en charge Pourquoi est-ce une urgence médicale? Ces patients sont à risque d’infection sévère La progression d’une infection chez un patient neutropénique est plus rapide Plusieurs facteurs confondants peuvent nuire à l’évaluation initiale de la sévérité de l’infection (symptômes liés au cancer lui-même, polymédication, prise de corticostéroïdes) Une initiation rapide du traitement sauve des vies

Fièvre neutropénique- Évaluation initiale Prise de signes vitaux (PAS de température rectale) Accès intraveineux Bilan septique: FSC, hémocultures (incluant une via voie centrale), créatinine, électrolytes, glucose, lactate Présence de critères de sepsis sévère? Si oui : réanimation adéquate et antibiothérapie large spectre, envisager prise en charge par USI

Fièvre neutropénique – Patient sans critère de sepsis sévère Initiation de l’antibiothérapie empirique (objectif <60 min après l’arrivée à l’urgence), réanimation liquidienne Évaluation médicale: recherche d’un foyer d’infection (incluant peau, bouche, région périanale, voie centrale), Analyses supplémentaires: bilan hépatique, analyse d’urine, Rx PMN, CT-Scan si nécessaire, Cultures des sites suspects (plaie, selles…) Évaluation du risque de complication

Évaluation du risque de complication Critères NCCN (National Comprehensive Cancer Network) Faible risque si (tous les critères) Durée attendue de la neutropénie <7 jours (à peu près toutes les néoplasies solides) Absence de critères de sepsis sévère Absence de symptômes sévères (diarrhée, mucosite…) Absence d’insuffisance rénale ou hépatique Absence de comorbidités nécessitant une hospitalisation Patient ambulatoire S’il y a un seul critère d’absent, le patient devient à haut risque

Facteurs influençant le choix d’antibiothérapie Caractéristiques du patient Infections récentes (résistance antérieure), allergies, contact infectieux documenté, patron local d’infection et de résistances Risque de complications Risques élevé : Antibiothérapie large spectre IV Risque faible: Antibio large spectre IV ou Antibiothérapie PO et suivi en externe (seulement si protocole en place dans le centre hospitalier) Présence d’un foyer infectieux Foyer clinique: Antibiothérapie large spectre avec couverture du foyer suspecté Foyer microbiologique: Traiter selon les résultats des cultures

Bénéfices du G-GSF (Neupogène) Étude par Carbonero- Garcia et al. (2001) de 210 patients atteint de tumeur solide et atteints de neutropénie fébrile induite par la chimio avec au moins un facteur de mauvais pronostic. GCSF vs placebo. Bénéfices: Diminution de la durée de la neutropénie grade 4 ( 2 vs 3 j p=0.0004) Diminution de la durée d’hospitalisation (5j vs 7j, p= 0.15) Pas de bénéfice de survie Méta analyse Cochrane par Clark et al. (2005): Accélération de la récupération des neutrophiles Diminution de la durée d’hospitalisation Pas de bénéfice sur la survie

Rôle du G-CSF (neupogène) Prophylaxie primaire: Si un patient est atteint d’une neutropénie fébrile malgré l’usage de facteurs de croissance, on les utilise ad neutro >1,0 Recommandations NCCN: considérer usage de facteurs de croissance pour les patients suivants Âge > 65 ans Critères de sepsis Neutropénie sévère (<0,1 x109) Pneumonie ou autre infection documentée Infection fongique invasive Épisode antérieur de neutropénie fébrile Patient hospitalisé avant l’épisode fébrile PS: Coût d’une dose de neupogène (à l’hôpital) = 280$

Cytopénies L’administration de chimiothérapie est associée à une myélosuppression transitoire qui peut se compliquer d’anémie ou de thrombopénie Seuils transfusionnels: Facteurs à prendre en compte Le nadir se situe généralement 7-10 jours Anémie: symptômes, comorbidités Plaquettes: saignement, procédure invasive prévue Usage d’érythropoïétine? Augmentation du risque thromboembolique et même de mortalité dans certaines études Recommandations du NCCN: Les transfusions sont préférées aux facteurs de croissance, on ne recommande l’usage de ces derniers que dans des circonstances exceptionnelles

Nausées et vomissements Définitions N/V aigus: dans les 24h suivant le traitement N/V retardés: plus que 24h suivant le traitement N/V anticipatoires: conditionnement engendré par des épisodes de N/V antérieurs

Incidence Avant l’arrivée des nouveaux antiémétiques: 80% des patients souffraient d’un épisode de nausée/vomissement suivant la chimiothérapie Maintenant le contrôle des nausées/vomissements est sous-optimal seulement chez une minorité de patient De nos jours, tous les patients reçoivent une prophylaxie antiémétique adaptée en fonction du risque individuel

Facteurs de risque Liés à l’agent de chimiothérapie utilisé Classification de Hesketh des agents de chimiothérapie selon le potentiel émétisant (haut potentiel: cisplatin) Autres facteurs: Dose, voie d’administration, radiothérapie concomitante Liés au patient Femme, jeune âge, histoire de N/V antérieurs (grossesse, mal des transports) Nausées secondaires à un traitement antérieur

Prise en charge Exclure autres causes de N/V (ex:sub-occlusion) Vérifier la compliance au plan de tx En fonction du protocole déjà administré, ajout d’un autre traitement antiémétique (avis de la pharmacie d’oncologie souvent apprécié) Pour les traitements ultérieurs, modifier la prophylaxie anti nauséeuse

Diarrhée Agents impliqués: FOLFIRI, FOLFOX (Côlon), 5-Fu en combinaison avec la radiothérapie (Rectum) Prise en charge: Exclure autre cause de diarrhée (ex: infection) Tx support (hydratation, électrolytes) Loperamide Autres agents: codéine, octréotide

Constipation/Iléus Agents impliqués: vincristine (CHOP, COP lymphome), vinblastine (ABVD, Hodgkin), Vinorelbine (sein, poumon) Autres agents impliqués: opiacés, anti nauséeux Prise en charge: Importance d’un traitement précoce, traitement avec laxatifs

Mucosite Inflammation des tissus de la cavité orale et de l’oropharynx pouvant progresser jusqu’à l’ulcération Agents impliqués: 5-Fu (FOLFOX, FOLFIRI), Radiation Prévention: Hygiène orale adéquate Traitement: Clef du succès: initiation rapide du traitement Eau sel + bicarbonate, Rince Bouche Magique, Xylocaïne visqueuse Tx support: Narcotiques, alimentation parentérale

Toxicité pulmonaire Agents impliqués: Bleomycine (ABVD, Lymphome Hodgkin, BEP, néoplasie testicule) (plus rarement: cyclophosphamide, melphalan, méthotrexate) Incidence jusqu’à 10%, peut survenir jusqu’à 6 mois après le traitement Clinique: toux, fièvre, dyspnée Radiologie: Infiltrat réticulaire, nodules pulmonaires TFR: Tableau restrictif avec diminution de la diffusion Mortalité 3% à 50%

Réactions anaphylactoïdes et anaphylactiques Réactions anaphylactiques Rapportées avec à peu près tous les agents de chimiothérapie (courants: sels platine et taxanes) Réaction anaphylactoïdes Agents impliqués: Taxol (néo sein, ovaire) Cremophor El (agent de suspension), Rituximab (lymphome) Activation directe des mastocytes avec relargage d’histamine Manifestations: Rash, urticaire, hypotension, dyspnée, bronchospasme

Toxicité cardiaque aigue Agents impliqués: Anthracyclines (FEC-D, CHOP) Myocardite, péricardite, arythmie, insuffisance cardiaque transitoire Agents impliqués: 5-Fu (FOLFIRI, FOLFOX, cancer GI et ORL) Incidence: 1-4% Mécanisme: vasospasme Présentation: douleur thoracique, arythmies, infarctus Prise en charge: cesser infusion, prise en charge de l’ischémie

Toxicité aigue: Cas clinique Homme de 28 ans, Néo testicule non séminomateux, 1er cycle de BEP (Bléomycine, Étoposide, Cisplatin) il y a 10 jours. Se présente à l’urgence pour asthénie et dyspnée au moindre effort Diagnostic différentiel?

Quelques possibilités Infectieuse: Pneumonie Toxicité pulmonaire à la bléomycine Anémie

Complications des thérapies de support

Stéroïdes en oncologie Anticancéreux: CHOP, COP (lymphome), CyBorD (Myélome multiple) Anti nauséeux: Presque tous les régimes de chimiothérapie IV (sauf si contre-indication) Prévention des réactions allergiques: Taxotère (sein), Pemetrexed (poumon, mésothéliome) Réduction des symptômes: œdème secondaire aux métastases cérébrales, douleur osseuses….

Biphosphonates Indications: Prévention des complications osseuses des tumeurs solides et du myélome multiple, diminution des douleur osseuses, traitement de l’hypercalcémie Ostéonécrose de la mâchoire Définition: douleur, infection et nécrose de la mâchoire Prévention primordiale (hygiène dentaire adéquate, examen dentaire avant de débuter le tx) Prise en charge: chirurgicale, cesser biphosphonates? Autres Toxicité rénale, hypocalcémie

Anti nauséeux Antipsychotiques, Prochloperazine (Stemetil) et métoclopramide (Maxeran) Sédation Syndrome extrapyramidaux (dystonie aiguë) Inhibiteur 5-HT3 Granisetron (Kytril) Odansetron (Zofran) Prolongation intervalle QT Syndrome sérotoninergique/Syndrome neuroleptique malin (si co-administré avec médication sérotoninergique ou neuroleptique)

Chimiothérapies Orales et ciblées

Capécitabine (Xéloda) Mécanisme d’action: pro-drogue du fluorouracile (5-FU) Indications: cancer du sein ou du côlon Diarrhée 30-40% (dont 10-20% sévère) Syndrome pied-mains Cytopénies Neutropénie fébrile

Autres chimiothérapies orales Cyclophosphamide (Procytox) : lymphome Chlorambucil (Leukeran): LLC Hydroxyurée (Hydrea): Syndrome myéloprolifératif, Leucémies Complications: Principalement cytopénies Bien que rare ces patients peuvent présenter une neutropénie fébrile

Chimiothérapies ciblées Le profil de toxicité est différent des chimiothérapies intraveineuses traditionnelles Certains des effets secondaires peuvent miner la qualité de vie des patients Les thérapies ciblées peuvent avoir des effets secondaires graves, voire mortels Profil d’interactions médicamenteuses plus grand Attention spéciale à la prolongation de l’intervalle QT

Anti-CD20 Rituximab (Rituxan) Lymphomes B, LLC, maladies auto-immunes Risque infectieux Réaction infusionnelles (certaines fatales) Réactivation virus hépatite B Leucoencéphalopathie multifocale progressive (PML): Virus JC

Anti-EGFR Intraveineux: Cetuximab et panitumumab (cancer colorectal Kras-) Oraux: Gefitinib (Iressa), erlotinib (tarceva), lapatinib (tykerb) (cancer du poumon EGFR+) Toxicité pulmonaire: incidence 1-5%, opacités en verre dépoli, dyspnée, fièvre, toux Toxicité cutanée: rash acnéiforme (peut être compliqué de douleur et de surinfection) Prise en charge: selon la sévérité: corticos topiques ou po, atb po, diminuer les doses de traitement

Anti-VEGF- Intraveineux Bevacizumab (Avastin) (cancer colorectal métastatique) Thromboses: Artérielles (risque triplé comparativement à chimio seule) et veineuses (risque moins clair) Hémorragies: Épistaxis, GI, Intracrânienne, hémoptysies (risque saignement majeur 3%) Déhiscence de plaie (si possible cesser 6 sem. avant chirurgie) Rénale: hypertension, protéinurie, syndrome néphrotique

Anti-VEGF oraux Sunitinib (Sutent), Pazopanib (Votrient), Sorafenib (Nexxavar) Indications: Cancer du rein, hépatocarcinome, thyroïde Même effets potentiels que le bevacizumab Autres effets: diarrhée, hypothyroïdie, myélosuppression, stomatite, syndrome pied-mains, toxicité hépatique, prolongation intervalle QT

Inhibiteurs de l’angiogenèse Thalidomide, Lenalidomide (Revlimid) (myélome multiple) Risque thromboembolique, surtout si combiné à la dexamethasone Risque de malformation fœtales (programme de surveillance)

Hormonothérapie: Tamoxifène Traitement adjuvant et métastatique du cancer du sein (non-ménopausée) Bouffées de chaleur (80%) Tx: ISRS (éviter paroxetine et fluoxetine Inhibiteur puissants CYP2D6) Irrégularités menstruelles, dysfonction sexuelle Maladie thromboembolique (surtout si autres facteurs de risques tel immobilisation ou mutation facteurV) Cancer de l’endomètre et sarcome utérin

Hormonothérapie: Inhibiteurs aromatase Exemestane (Aromasin), Anastrozole (Arimidex) Traitement adjuvant et métastatique du cancer du sein (ménopausée) Douleur musculosquelettique (entraîne abandon chez 10-20% des patientes) Prise en charge: exercice physique, changer de molécule, AINS, ISRS? Ostéoporose et fractures Dysfonction sexuelle

Toxicité aigue et thérapies ciblées: Cas clinique Patiente de 78 ans, Adénocarcinome du côlon métastatique, 6e cycle de FOLFOX-Avastin (5-Fu, Leucovorin, Oxaliplatin), débuté il y a 24h Conduite à l’urgence par sa famille pour altération de l’état de conscience. À l’admission, on constate un état de choc. Quelles toxicités de la médication pourraient expliquer la situation?

Quelques possibilités Embolie pulmonaire (contexte néoplasique et bevacizumab) Infarctus/angine (5-Fu et ), si événement cardiaque confirmé: cesser perfusion de 5-Fu Perforation intestinale (bevacizumab et néoplasie GI) Hémorragie aigue (bevacizumab) Choc septique (mais à 24h du traitement, cette patiente n’est pas neutropénique)

Complications tardives des traitements

Complications tardives: Survivre au cancer Au États-Unis 3% de la population a survécu a un cancer On estime à plus de 25 millions le nombre de survivants du cancer à travers le monde Le succès rencontré dans le traitement de certains cancer (notamment pédiatrique et jeunes adultes) entraîne une augmentation des complications tardives observées Dans une cohorte d’enfants traités pour un cancer (Childhood Cancer Survivor Study): 62% on expérimenté une toxicité tardive du traitement 28% une toxicité sévère

Toxicité cardiaque tardive: Insuffisance cardiaque Anthracyclines Facteurs de risque: âge du patient, dose cumulative, irradiation thoracique, maladie cardiaque préexistante, combinaison avec le trastuzumab (herceptin) Présentation: d’abord dysfonction diastolique gauche puis dysfonction systolique et éventuellement cardiomyopathie dilatée. Peut continuer d’évoluer même 5 ans après l’arrêt de la médication Prise en charge: dépistage par échographie chez les patients à risque ou symptomatiques. Arrêt définitif des anthracyclines si diminution de la FeVG. Traitement de l’insuffisance cardiaque.

Toxicités cardiaque – Insuffisance cardiaque Trastuzumab (Herceptin, Cancer sein Her2+) Cardiomyopathie réversible, indépendante de la dose reçue Prise en charge: Suivi systématique de la fraction d’éjection des patientes traitées, arrêt temporaire ou permanent du trastuzumab.

Toxicité cardiaque tardive: autres Maladie cardiovasculaire Plusieurs survivants du cancer ont un risque augmenté de MCAS Agents impliqués : Anthracyclines, sels de platine, radiothérapie Autres toxicités cardiaques observées à long terme (surtout avec la radiothérapie) arythmies, maladie valvulaire, maladie péricardique, cardiomyopathie dilatée

Neuropathies périphériques Agents les plus impliqués: sels de platine (cisplatin et oxaliplatin) et taxanes Présentation: Atteinte symétrique et distale, prédominance sensitive Évolution naturelle: progression jusqu’à quelques mois après la fin des traitements. Amélioration lente par la suite, réversibilité peut être partielle Traitement: duloxetine (bénéfice modeste en étude randomisée), gabapentin/pregabalin, antidépresseurs tricycliques (extrapolation à partir des traitements des neuropathies en général)

Effets neurocognitifs Chez les patients atteint d’une tumeur du SNC (primaire ou secondaire) Tumeur elle-même, Chirurgie, Radiothérapie (surtout irradiation pan-crânienne) Chez les patients sans atteinte du SNC Mécanisme non établi mais probablement multifactoriel Surtout étudié dans les néoplasies hématologiques et le cancer du sein Diminution mémoire, fonctions exécutives et attention Prévalence difficile à mesurer. Une étude suggère 30% d’atteinte cognitive un an après un traitement de cancer du sein

Cancer secondaires 3 éléments expliquent la plus grande incidence de cancer chez les survivants Étiologies partagées (ex: cigarette et néo pulmonaire et ORL) Syndromique (ex: BRCA et néo sein et ovaire) Effets secondaires des traitements: chimiothérapie et radiations ionisantes

Leucémie aiguë 10-20% des LMA sont secondaires à un traitement Agents impliqués: Agents alkylants (Cyclophosphamide, chlorambucil, sels de platine) Inhibiteur des topoisomérases (Anthracyclines, Étoposide) Radiothérapie Dépendamment de l’agent en cause, peuvent être précédées d’un SMD En général ont un très mauvais pronostic car souvent associées à une génétique défavorable

Tumeur solides Sauf pour de rares cas, le lien entre les tumeurs solides et la chimiothérapie est peu clair Il existe certainement des variations génétiques dans le métabolisme des médicaments qui jouent un rôle dans la sensibilité aux toxicités tardives

Tamoxifène et néoplasie utérine Cancer de l’endomètre (RR 3,2) Augmentation marginale du risque de sarcome utérin Suivi (American college of obstectricians and gynecologist) Pré-ménopausée: Pas d’augmentation du risque de cancer, suivi régulier Ménopausée: Examen gynécologique annuel et éducation des patientes à propos des symptômes de cancer de l’endomètre Un suivi systématique par des échographies ou biopsies n’est pas recommandé chez les patientes asymptomatiques

Cyclophosphamide et tumeurs vésicales Le cyclophosphamide comporte un métabolite toxique (acroléine) auquel le tissu vésical est exposé Risque de cystite hémorragique retardée et de tumeur vésicale Risque de néoplasie proportionnel à la dose et la durée d’exposition. Cas rapportés >15 ans après l’arrêt du traitement Prévention: hydratation adéquate. Administration de Mesna pour les protocoles à haute dose

Tumeurs radio-induites Sources: Radiothérapie, Imagerie médicale A de faibles doses, le risque de carcinogénèse est directement proportionnel à la dose Selon le tissu irradié risque augmenté de cancer du sein, de l’œsophage, du poumon, de l’estomac et de sarcome L’exposition au tabac multiplie le risque de cancer pulmonaire secondaire La radiothérapie en jeune âge augmente le risque de cancer du sein et de la thyroïde Les technique de radiothérapie ont grandement évolué et une diminution de l’incidence des cancers radio-induits est attendue dans les prochaines années.

Infertilité Touche autant les hommes que les femmes La meilleure stratégie est la prévention (collecte de sperme ou d’ovules, analogues GNRH) Agents impliqués: Cisplatin (BEP, cancer testicule), agents alkylants: cyclophophamide (CHOP, lymphome), régime d’auto ou allogreffe, traitement du sarcome Ménopause précoce: risque directement proportionnel à l’âge de la patiente et aux doses cumulatives de chimiothérapie

Suivi après un traitement de cancer

Suivi suggéré pour les survivants du cancer Objectifs Détecter la récidive de façon précoce, mais il faut qu’il y ait un bénéfice de survie associée Détecter et prendre à charge les complications tardives du traitement Intervenir au niveau des facteurs de risque modifiables

Suivi post traitement, quelques exemples Quelle prise en charge suggérez vous pour ces jeunes patients qui sont maintenant en rémission?

Cas 1 Femme de 29 ans, 1ere rencontre avec son nouveau médecin de famille ATCD: À l’âge de 15 ans, Lymphome de Hodgkin de Stade IIA, traitée avec chimiothérapie (ABVD) et une radiothérapie médiastinale. A quelles toxicités tardives peut-on s’attendre? Quels examens de dépistage sont suggérés?

Lymphome de Hodgkin – Toxicité tardive Thérapie Complications potentielles Suivi spécifique Radiothérapie médiastinale Cancer du sein (RR=17) Mammographie +- IRM seins Cancer du poumon Risque multiplié par 4 si tabagisme Sarcome, cancer de l’œsophage et de la thyroïde - Chimio (Adriamycine) Leucémie secondaire (risque 1%) Bléomycine et radiothérapie thoracique Pneumonite Anthracyclines et radiothérapie Insuffisance cardiaque, arythmies, maladie valvulaire, péricardite constrictive (RR=5-7) Néoplasie secondaire: Risque 2 à 18 fois celui de la population normale Incidence cumulative à 30 ans de 20-25%

Cas 2 Femme de 39 ans cancer du sein T2N2 RH+ Her2+ traitée avec mastectomie partielle et dissection axillaire, chimiothérapie (FEC-D et herceptin), hormonothérapie (tamoxifène) et radiothérapie Quelles sont les complications potentielles à long terme? Quel suivi est suggéré?

Cancer du sein – Toxicité tardive Thérapie Complications potentielles Suivi spécifique Tamoxifène Cancer de l’endomètre - Radiothérapie thoracique Cancer du poumon et œsophage, sarcome Chimio (Épirubicine et Cyclophosphamide) Leucémie secondaire (risque <1%) Chimiothérapie Ménopause précoce Ostéodensitométrie Épirubicine et herceptin Insuffisance cardiaque Évaluation périodique FeVG durant les tx Cause imprécise Dysfonction cognitive Facteurs génétiques? Persistance de facteurs de risque? Cancer du sein controlatéral Suivi clinique au 3-6 mois Mammographie annuelle

Cas 3 Homme de 32 ans, Cancer du testicule non séminomateux métastatique (pulmonaire) Traité avec 4 cycles de BEP (bléomycine, étoposide, cisplatin) Quelles sont les toxicités tardives anticipées?

Tumeur germinale – Toxicité tardive Thérapie Complications potentielles Suivi spécifique Chimiothérapie (Étoposide et Cisplatin) Leucémie secondaire (0,5 – 2%) - Cisplatin Neuropathies périphériques , baisse de l’acuité auditive Nephrotoxicité (diminution du DFGE et hypomagnésémie) Risque cardiovasculaire (augmenté 5-7x) Dépistage et traitement précoce Chimiothérapie Hypogonadisme et infertilité Bléomycine Toxicité pulmonaire (risque de décès 1-2%)

En conclusion…

Conclusions Complications aiguës Plusieurs patients souffrant d’une complication aiguë de traitement seront d’abord évalués par un omnipraticien Une meilleure connaissance des complications potentielle optimise la prise en charge des patients sous chimiothérapie

Conclusions Agents ciblés Chaque année un grand nombre de nouvelles thérapies ciblées font leur apparition sur le marché Les effets secondaires peuvent être regroupés en grande catégories, selon le mécanisme d’action On doit se méfier du potentiel d’interaction médicamenteux élevé de ces médicaments

Conclusions Complications tardives Les complications tardives des traitements peuvent se présenter tout au long de la vie du patient. Elles représentent un facteur majeur de morbidité et de mortalité pour les survivants du cancer Le médecin omnipraticien joue un rôle clef dans la détection et la prise en charge des effets secondaires tardifs des chimiothérapies

Apprivoiser la chimiothérapie…