APPORT DE LA TOMODENSITOMETRIE DANS LE POLYPE DE KILLIAN C. CHAMMAKHI, H. TLILI, W. SOLTANA, B. ENNAIFER, N. SADDOUD, MH. DAGHFOUS. Service de radiologie, hôpital Habib Thameur de Tunis, Tunisie.
INTRODUCTION Polype antrochanal ou polype de Killian. Lésion polypoïde bénigne. Atteint essentiellement les enfants et l’adulte jeune (âge moyen varie entre 13 et 36 ans). Le signe annonciateur est souvent l’obstruction nasale (jusqu’à 98% des cas). Son diagnostic est basé sur la rhinoscopie antérieure et la tomodensitométrie (TDM), confirmé par l’examen anatomopathologique.
OBJECTIFS Décrire l’aspect radiologique du polype antrochoanal et l’intérêt de de la TDM dans la prise ne charge de cette pathologie.
MATERIEL ET METHODES Etude rétrospective portant sur 5 cas de polype de Killian. Colligés au service d’imagerie médicale de l’hôpital Habib Thameur durant l’année 2011. Tous les patients ont bénéficié d’une TDM dans le mode séquentiel (on dispose d’un scanner monobarette).
RESULTATS Age: entre 17 et 55 ans. Sexe: 3 femmes, 2 hommes. Signes cliniques: Obstruction nasale (ON) unilatérale: 4 cas Rhinorrhée: 2 cas Epistaxis: 1 cas Sinusite maxillaire récidivante unilatérale: 1 cas.
RESULTATS Bilan radiologique: TDM du massif facial Acquisition séquentielle de 2mm d’épaisseur, en coupes fines, réalisée sans injection de produit de contraste. Plans d’étude: axial et coronal Fenêtre intérmédiaire.
RESULTATS La TDM a montré: Un polype de Killian dans tous les cas : 3 à droite et 2 à gauche. associé à: une sinusite maxillaire controlatérale: 2 cas une sinusite sphénoïdale: 1 cas des variantes anatomiques des sinus de la face dans les 5 cas: Procidence des canaux optiques: 4 cas, et carotidiens: 3 cas. Déviation de la cloison nasale: 4 cas. Concha bullosa droite: 2 cas. Cellule de Haller bilatérale: 1 cas.
Fille, 17 ans, ON avec rhinorrhée Fille, 17 ans, ON avec rhinorrhée. Endoscopie: Masse translucide provenant du méat moyen. TDM SPC: Comblement total hypodense et homogène du sinus maxillaire droit avec élargissement du carrefour ostio-méatique ( ) et issue d’un polype comblant le méat moyen, étendu vers la choane homolatérale, et faisant saillie dans le nasopharynx ( ). À noter un Comblement quasi-total des cellules ethmoïdales, un épaississement polypoïde muqueux du sinus maxillaire gauche, une procidence bilatérale des canaux carotidiens
manel ON gauche et épistaxis. Endoscopie: formation translucide de la fosse nasale gauche en dedans du cornet moyen. TDM SPC: Masse oblongue polypoïde hypodense et homogène dans le sinus maxillaire gauche , extériorisée à travers l’ostium élargi( ), comblant le méat moyen et se dirigeant vers la choane homolatérale. À noter un discret comblement des cellules ethmoïdales antérieures gauches, un épaississement de la muqueuse au niveau du sinus maxillaire droit, et une procidence bilatérale des canaux optiques.
ON et rhinorrhée. TDM SPC: Formation hypodense comblant le sinus maxillaire gauche , élargissant l’ostium et comblant le méat moyen homolatéral. À noter une cellule de Haller bilatérale et une concha bullosa droite.
Ridha Polype de la fosse nasale droite TDM SPC: Comblement polypoïde du sinus maxillaire droit et de son ostium ainsi que du méat moyen droit adossé au cornet inférieur homolatéral. À noter un comblement total des cellules ethmoïdales et du sinus sphénoïdal, et déclive du sinus maxillaire gauche, ainsi qu’une concha bullosa droite comblée et une déviation de la cloison nasale avec éperon osseux.
DISCUSSION EPIDÉMIOLOGIE Pseudotumeur bénigne. Rapporté pour la première fois en 1906 par Mr Killian. Représente 4 à 6 % des polypes de la population générale. Plus fréquente chez l’enfant et l’adulte jeune, mais peut toucher tous les âges. 33 % de la population pédiatrique. Pas de prédominance de sexe.
ÉTHIOPATHOGÉNIE Mal élucidée L’allergie est un facteur controversé. Une autre hypothèse selon Frosini suggère que le polype antrochoanal peut se développer à partir d’un kyste intramural dans le sinus maxillaire causant une obstruction d’un ostium créant ainsi une différence de pression, qui favoriserait la hernie du polype à travers un ostium et son extension vers les choanes.
Éthipathgénie d’après Frosini: La fermeture de l’ostium accessoire obstrué par un kyste antral pré-existant favorise l’augmentation de la pression dans le sinus maxillaire. L’air qui pénètre dans le sinus maxillaire à travers l’ostium naturel ne peut plus être évacué du fait d’une obstruction partielle de l’ostium du sinus Le kyste intramural fait hernie à travers l’ostium accessoire, donnant naissance à un polype antrochoanal
PHYSIOPATHOLOGIE Polype en bissac, prenant naissance dans la muqueuse du sinus maxillaire, et s’extériorisant à travers l’ostium principal ou plus souvent accessoire du sinus, dans le méat moyen; puis finalement protrus dans le nasopharynx à travers la choane homolatérale.
MACROSCOPIE: 4 portions: Base d’implantation ou pied: implanté sur une des parois du sinus ou sur la berge de l’orifice accessoire. Partie intra-sinusienne: souvent kystique. Pédicule: grêle et long. Partie nasale: libre œdémateuse, repose sur le plancher de la fosse nasale et représente la plus grande partie du polype.
HISTOLOGIE Épithélium type respiratoire pseudo-stratifié avec des glandes muqueuses éparses . Stroma myxoïde contentant des cellules inflammatoires concentrées à la surface. Contingent sinusien kystique et reposant sur un stroma oedémateux.
Le diagnostic est souvent clinique. Intérêt de l’imagerie double, diagnostique dans les formes frustres et atypiques, et préopératoire indispensable si exérèse endoscopique. Le traitement repose exclusivement sur l’exérèse chirurgicale complète. Le diagnostic de certitude est l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire.
CLINIQUE Typiquement, obstruction nasale unilatérale (jusqu’à 98%) associée à une rhinorrhée dans 50% des cas. Symptomatologie confuse dans 17 % des cas: Extension à la joue ou à la paroi inter-sinuso-nasale. Association clinique à des épistaxis ou à un hémotympan. Signes fonctionnels à type de dyspnée, dysphagie, syndrome d’apnée du sommeil. Signes généraux tel qu’une perte de poids voire une cachexie. Autoexplulsion du polype par la bouche. Nombre de polypes: doubles et unilatéraux provenant d’un même sinus ou bilatéralité.
ENDOSCOPIE: Formation polypoïde pâle, translucide, régulière et lisse, parsemé de veinosités. issue du méat moyen et reposant sur le plancher de la fosse nasale.
TDM: INDICATIONS Intérêt double: Diagnostique: dans les formes frustres et atypiques. Bilan pré-opératoire: la TDM est indispensable avant une exérèse endoscopique.
TDM: PROTOCOLE TDM multi-barette: TDM mono-barette: Acquisition hélicoïdale en coupes fines (1 à 5 mm) en basses doses avec fenêtrage osseux, acquise dans le plan du palais. Du bord inférieur des dents maxillaires jusqu’au bord supérieur des sinus frontaux. Reformatage multi-planaire axial, coronal et sagittal sans injection de produit de contraste. TDM mono-barette: Acquisition séquentielle, en coupes axiales parallèles au plan du palais osseux et coronales perpendiculaires au palais osseux.
TDM:ASPECT TOMODENSITOMÉTRIQUE Comblement homogène total ou subtotal polypoïde du sinus maxillaire traversant l’ostium accessoire ou principal prolongé par un comblement de la partie postéro-inférieure de la fosse nasale où elle occupe l’espace entre le cornet moyen et la paroi latérale des fosses nasales. éventuellement l’extrémité de la masse de forme arrondie fait saillie dans le nasopharynx Parfois, aspect élargi de l’orifice accessoire sur la paroi médiale du sinus, traduisant le passage en bissac de la masse.
TDM:ASPECT TOMODENSITOMÉTRIQUE Densité intermédiaire ou hypodense (20 à 30 UH) absence d'ostéolyse et d'envahissement des structures avoisinantes (apophyses ptérygoïdes, mur postérieur du sinus maxillaire, ethmoïde et sphénoïdal, fosse ptérygo-maxillaire). Parfois, le septum nasal est refoulé mais jamais détruit.
IRM: INDICATIONS IRM: Protocole N’es pas systématique Réservée aux formes scannographiques atypiques ou pseudo-malignes. IRM: Protocole Etude dans les 2 plans Espacement entre les coupes de 2 à 5 mm avec une moyenne de 3mm. Les séquences habituellement utilisées: T1 et T2 en spin écho.
IRM: ASPECT Signal intermédiaire T1 Hypersignal T2, permettant de différencier la lésion polypoïde du reste de la muqueuse nasale. Prise de contraste périphérique après injection de Gadolinium. Le pédicule rattaché à la paroi du sinus maxillaire constitue l’aspect caractéristique.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL: Toute masse polypoïde doit être méticuleusement évaluée cliniquement et radiologiquement. D’une façon générale et systématique, il convient d’éliminer: Mucocèle maxillaire Polype sphéno-choanal Papillome inversé Fibrome naso-pharyngien
ÉVOLUTION Récidive: 25 % en cas de polypectomie isolée Transformation carcinomateuse possible, rare. Nécessité d’une résection complète et d’une surveillance prolongée.
TRAITEMENT: Prise en charge thérapeutique exclusivement chirurgicale. La méthode vidéo-endoscopique endonasale est à privilégier en première intention. La biméatotomie maxillaire par voie endoscopique avec exérèse du pédicule constitue la technique de choix. La coagulation du pied d’implantation du polype peut y être associée.
REFERENCES Frosini P, Picarella G, De Campora E. ANTROCHOANAL POLYP: ANALYSIS OF 200 CASES. Acta Otorhinolaryngol Ital. 2009; 29(1):21-6. Yoda M, Tanon-anoh MJ, N'gattia K.V, Buraima F, Kouassi YM. LE POLYPE ANTRO-CHOANAL DE KILLIAN : ETUDE CLINIQUE A PARTIR DE 3 CAS ET REVUE DE LA LITTERATURE. Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°1, 2006, pp. 28-32 Facon F, Paris J, Dessi P. ANTROCHOANAL POLYPS: DIAGNOSIS AND MANAGEMENT; Ann Otolaryngol Chir Cervicofac. 2004 Dec;121(6):315-21. S.Ayache, D.Chatelain, F.Denimal , B.Deschepper, H.Deramond, T.Benhaïm, V.Strunski. UN CAS RARE D’OBSTRUCTION NASALE ET BUCCALE CHEZ L’ENFANT : LE POLYPE ANTROCHOANAL DE KILLIAN. Archives de pédiatrie 12 (2005) 1492–1495 X. Pruna, JM.Ibanez, G.Santamaria, X.Serres, L.Inaraja, F.Vilar. ANTROCHOANAL AUTOPOLYPECTOMY: CT FINDINGS. Eur. Radiol. 7, 571–572 (1997) Ó Springer-Verlag 1997 Huseyin Yaman, Suleyman Yilmaz, Elif Karali, Ender Guclu,Ozcan Ozturk. EVALUATION AND MANAGEMENT OF ANTROCHOANAL POLYPS. Clinical and Experimental Otorhinolaryngology Vol. 3, No. 2: 110-114, June 2010