Le cas des associations dans la zone d’Ambato Ambamiray François Griffon - stagiaire FIDA PROSPERER Sofia - 2012
Généralités Ambato-Boeny: Zone riche en baiboho Proche de Majunga Population: Sakalava, Betsileo, … Première région à produire du black eyes Considéré comme la référence qualité par les exportateurs L’étude sur les associations a été menée dans le district d’Ambato-Boeny, dans la ville d’Ambato Ambamiray, chef-lieu du district. Le district d’Ambato-Boeny a pour avantage d’être une zone riche en baiboho et proche de Majunga. Elle est aussi constituée d’une importante population migrante, venant des hauts plateaux ce qui a generé une importante source pour l’exploitation des très grandes surfaces de baiboho présentes dans la zone. L’intérêt d’étudier les associations dans la zone tient aussi du fait que ce district est le premier producteur de black eyes en terme de qualité, ce qui est indiqué par la préference des exportateurs pour le black eyes de cette zone.
Origine des associations et de l’union PSDR I et II montées autour d’un projet de culture statut associatif pour obtenir les financements et formations aspects de techniques agricoles en premier lieu Union: a posteriori, soutien du PSDR et d’autres organismes pour fédérer et structurer l’ensemble d’associations aspects commerciaux et relationnels Les associations ont été créées via l’intervention des deux PSDR qui se sont succedés dans la région de Boeny. Elles ont été montées autour d’un projet de culture que les membres des associations devait établir afin de pouvoir obtenir les aides techniques et financières octroyées par le PSDR. Ces associations ont avant tout sur les aspects de production agricole. L’union s’est formée a posteriori des associations afin de pouvoir fédérer la multitude d’associations et leurs producteurs adhérents. Le PSDR et d’autres organismes de développement ou étatiques ont appuyés la création de cette union dont la vocation est de gérer les aspects commerciaux des associations et assurer une interface homogène et de qualité avec l’environnement de services.
Organisation de l’environnement associatif Union Aspects commerciaux et relations extérieures 1 union Associations Aspects techniques et organisationnels 24 associations Le schéma ci-dessus résume la répartition des fonctions entre les trois niveaux d’organsiation que sont les producteurs, les associations et l’union. Agriculteurs Production 350 producteurs
Association (1) Objectif Activités production annuelle des cultures de l’association Activités discussion sur les productions de l’année à venir entraide pendant la campagne résolution des difficultés / formation stockage A l’heure actuelle sont recensées une trentaine d’associations de producteurs dans la zone d’Ambato Ambamiray. Leur objectif principal est d’assurer la production annuelle des cultures de chacun des membres. Pour parvenir à cela, l’association répartit ces activités entre discussions sur les projets et les difficultés rencontrées, des tours d’entraide aux champs et le stockage des récoltes.
Association (2) Organisation 4 réunions annuelles choix des cultures calendrier cultural et de l’entraide point mi-parcours évaluation fin de saison président trésorier adjoint secrétaire conseillers membres Comité Chaque association se réunit quatre fois par an. La première réunion a lieu avant la campagne pour discuter l’assolement et les dates de la mise en culture des productions de la saison et organiser le calendrier des travaux collectifs (ie, tour de labour, pépinières pour les produits maraîchers). Une deuxième réunion en début de saison permet aux membres de faire une première évaluation de la campagne, partager les difficultés et les solutions qui pourront être apportées. La troisième réunion se fait en fin de campagne, au cours de laquelle les membres de l'association font un premier bilan de la campagne pour considérer ce qui a été accompli et les difficultés de cette campagne. La dernière réunion a lieu en fin d'année, pendant la saison des pluies. Les membres se concertent et décident des cultures qui seront plantées par les membres de l’association l'année suivante. C’est aussi le moment pendant lequel se fait l’arrivée ou le départ de membres.
Association (3) Financement Utilisation des fonds cotisation selon réglement intérieur Utilisation des fonds formation / intervention consultant caisse assurance pour les membres Il y a une cotisation annuelle pour adhérer à l'association. Cette cotisation dépend du règlement intérieur établi lors de la création de l'association. Cette cotisation sert au fonctionnement de l'association mais peut aussi être utilisée pour faire venir un conseiller lorsqu'un problème survient. De plus, si l'association présente des excédents, l'argent est alors utilisée comme caisse commune, utile pour les membres de l'association ayant à réaliser des gros dépenses (maladies, décès) ou étant dans une situation financière précaire (pas d'argent pour acheter les produits phytosanitaires). L’argent de l’association sert à payer une formation si celle-ci est payante ou à défrayer le prestataire (essence, repas, logement) si celui-ci travaille bénévolement.
Union (1) Fivondronan'ny Firambany'ny Mpamboly Voanjo Objectif créée en 2002 Objectif interface avec l’extérieur Activités représentation des producteurs débouchés commerciaux relations avec l’environnement institutionnel et des services formation des associations, cahier des charges La mission de l’union est d’aider les producteurs adhérents dans leur activité, en facilitant l’accès à l’innovation, la formation et en faisant l’interface avec la marché pour une meilleure maîtrise de celui-ci. Les activités de l’union sont la représentation des producteurs, la recherche de débouchés commerciales, les relations avec l’environnement institutionnel public et les services, la formation et la mise en place de cahier des charges.
présidents associations Union (2) Organisation 2 réunions annuelles objectifs, activités évaluation des réalisations possibilité de réunions extra-ordinaires président trésorier adjoint secrétaire présidents associations membres associations Comité de pilotage Réunions annuelles L'organisation interne de l'union s'articule autour d'un comité de pilotage composé d'un président, son adjoint, un secrétaire et un trésorier, tous membres d'une des associations représentées. L'union se réunit deux fois par an (mars et novembre). Lors de ces réunions, tous les membres des associations sont invités à participer mais seule la présence des membres du comité de pilotage et des présidents d'associations est obligatoire. Les réunions permettent en premier lieu de gérer les affaires liées à l'organisation de l'union: nouvelles associations adhérentes, renouvellement des membres du comité - bien que le président soit le même depuis le début: Ensuite les réunions sont l'occasion de discuter les manières d'améliorer la mise en culture et l'environnement des producteurs en général. Par exemple, la dernière réunion portait sur les semences et comment faire pour obtenir des semences de bonne qualité. Ces réunions sont l'unique lien entre les associations de producteurs et l'union, hormis lorsqu'une association sollicite l'union pour lui trouver un consultant pour résoudre un problème.
Union (3) Financement cotisation des associations 10 000 Ar/an + support des organismes de développement PSDR programmes ciblant une production, etc Les associations se sont formées avec les financements du PSDR. A l’heure actuelle, l’union fonctionne à partir de la cotisation de 10000 MGA que donne chaque association de producteurs à la FFMVA et des financements extérieurs ponctuels comme ceux du FRDA, du PSDR, de la FAO ou encore du Projet National Maïs. Les coûts de l’union sont assez faibles puisque ils sont essentiellement liés au fonctionnement de la structure, les associations de producteurs payent eux-mêmes les services dont ils ont besoin. Il y a tout de même les activités liées à la commercialisation qui génèrent une part non négligeable des dépenses.
Activité de commercialisation (1) A l’origine, interface avec SopAgri négociation prix (black eyes: 600 Fr/kg) Union, avec l’aide du CSA: contrat (informel): grande quantité contrat entre associations et acheteur recherche d’acheteurs hors Ambato Ambamiray: cible les exportateurs = meilleur prix Estimation vente black eyes par union ~100 t chaque année Gain producteur estimé à + 50 MGA/kg L’union s’est structurée autour d’un besoin d’interface avec SopAgri, à l’époque principal acheteur de balck eyes dans la zone d’Ambato Ambamiray. L’union s’est imposé comme outil de dialogue avec la société d’exportation afin d’obtenir des prix de vente plus élévé pour les producteurs. Aujourd’hui l’union oriente une grande partie de ces activités sur la commercialisation notamment en recherchant des acheteurs hors des collecteurs travaillant dans la zone d’Ambato Ambamiray et en cherchant à établir des contrats entre associations de producteurs et exportateurs. Ces contrats sont essentiellement informels mais l’union cherche à mettre en place des contrats formels pour les grandes quantités (surement >50 t). L’union facilite la commercialisation d’environ 100t chaque année. Le gain par producteur affilié à l’union a été estimé à 50 MGA/kg vendu en comparaison aux producteurs non affiliés.
Activité de commercialisation (2) Estimation production black eyes par association +/- 400 t 100 t sur 400 t vendues via l’union? alors que obligation de passer par union pour vendre production sauf pour les petites quantités (< 500 kg) Cependant, bien que les activités de l’union et des associations soient pertinentes et importantes pour les acteurs, il faut tout de même noter que les réalisations sont toutefois limitées. La démarche est là mais implique au final que peu de producteurs. Si l’on prend par exemple les activités de commercialisation de la FFMVA, avoisinant les 100 tonnes de black eyes par an, il est évident qu’une grande partie de la récolte des producteurs adhérents est écoulée en parallèle sur le marché local. D’ailleurs les membres des associations adhérentes attendent encore que la FFMVA trouve des marchés à l’extérieur d’Ambato-Boeny, ce qui indique la portée limitée de l’action de commercialisation de l’union.
Activité de commercialisation (3) Raisons du peu de commercialisation Recherche acheteurs après et pendant la récolte incertitude de trouver acheteur pas assez d’acheteurs pour production contraintes financières des producteurs = besoin de vente rapide Déconnexion potentielle entre l’union et les membres de base La démarche de commercialisation de l’union devrait prendre en considération des facteurs importants en amont qui limitent la participation des producteurs adhérents. En effet, la vente du black eyes des producteurs adhérents sur le marché local est aussi liée à aux contraintes budgétaires fortes des agriculteurs : peu d’entre eux peut se permettre d’attendre la mise en place d’un contrat avec un marché extérieur à Ambato Ambamiray. Ceci permet aussi d’ajouter que la démarche de l’union qui consiste à chercher des marchés une fois la récolte réalisée n’est pas forcément la meilleure solution. La FFMVA devrait sans doute prospecter pour des potentiels acheteurs plutôt dans la campagne afin qu’une fois la récolte réalisée la transaction se fasse aussitôt. La FFMVA est ainsi pour l’instant encore soumise aux acheteurs et au marché, ce qui ne va pas dans l’intérêt des producteurs et entache la mission qu’elle s’est fixée.
Résumé un rôle structurant important accès aux services: formation et conseil homogénéisation des pratiques accès aux marché Réponse aux besoins des producteurs en terme de commercialisation encore restreinte Perception producteurs des enjeux de la maîtrise du marché? Le modèle associatif développé à Ambato Ambamiray semble tout à fait intéressant comme premier pas vers la structuration du monde agricole face aux filières dans lesquels il s’insère. Cependant, à la vue des conditions de mise en place de ces associations à Ambato Ambamiray (rôle des investisseurs privés et de l’environnement de services), la promotion d’association pour la commercialisation dans la zone de Port-Bergé paraît une tâche ardue. PROSPERER, contrairement au PSDR, n’a pas pour vocation directe de former des regroupements de producteurs et, d’après l’expérience d’Ambato Ambamiray, les associations se sont d’abord fait autour des questions techniques ou de projet de production plutôt que sur les aspects de commercialisation et de relation avec les acheteurs. Un levier possible pour le regroupement des producteurs de black eyes serait d’avoir une entrée technique qui soit en lien avec les attentes des acheteurs et non une entrée qui ne concerne seulement les producteurs (outillage). Par exemple, dans la filière black eyes, et surtout à Port-Bergé, la qualité du produit est une question centrale et un atout majeur pour les exportateurs. Sensibiliser, former et travailler sur des critères de qualité spécifiés par un exportateur par exemple peut être un moyen de regrouper quelques producteurs et les amener à travailler sur des aspects de commercialisation, tout en passant par des aspects connus des agriculteurs (ie, formation technique).