DUNION Odile- BEN HAMOUDA Nora IFSI C.FOIX Examens des selles DUNION Odile- BEN HAMOUDA Nora IFSI C.FOIX
I/ Généralités Les selles sont les résidus de la digestion expulsé par l’anus au cours de la défécation (de 150 à200g par jour) Leur composition est fonction de l’alimentation. Les selles dites normales contiennent 75 à 85 % d'eau et 18 à 22 % de matières sèches.
Ces matières sèches sont elles-mêmes constituées essentiellement de : 85 à 90 % de composés organiques (fibres de cellulose, constituant essentiel des végétaux et des fibres musculaires non-digérables), 5 à 7 % d‘azote 3 à 5 % de phosphore 1 à 2,5 % de potassium. et les habituels germes saprophytes (non dangereux pour la santé) constituant la flore intestinale. Les pigments biliaires( stercobiline et urobiline) donnent une coloration brune
Selles anormales = quand sa forme, sa couleur ou sa consistance est inhabituelle quantité anormale (ex : son poids dépasse 200 g par jour chez l'Homme) diarrhée Stéathorrhée sa fréquence augmentée(plus de trois fois par 24 heures) elle contient du sang rouge (doit toujours alarmer, même s'il ne s'agit que de traces) ou du sang « digéré » (méléna). Présence de parasites(visibles ou suspectés) elle s'accompagne de douleurs au ventre anales. Selles dures=constipation
L’aspect des selles = renseigne sur d’éventuelles pathologies dans le cancer pancréatique : les selles deviennent blanchâtres par l'absence de sels biliaires qui sont déviés vers les urines qui, elles, prennent l'aspect de la « bière brune ». dans la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique elles sont glaireuses et sanglantes.
en cas d'occlusion intestinale : choc + absence totale et prolongée de matières et de gaz Le fécalome (accumulation de matières fécales dans l'intestin formant obstacle à la progression des selles, trouble du transit fréquent chez les personnes âgées), souvent secondaire à une déshydratation dans les syndromes de malabsorption (intolérance au gluten) elle deviennent hyper abondantes et graisseuses.
II/ Généralités sur votre rôle Information et accompagnement du patient. Précautions standards pour le soignant. Recueil de selles sans urine ni papier. Recueil de l’échantillon dans récipient sec et étanche Stérile pour une coproculture Recueil avant tout traitement à visée digestive (antibiotiques, désinfectants, pansements intestinaux…) S’assurer que la selle est spontanée : pas d’utilisation de modificateur du transit. Etiquetage et Acheminement rapide aux laboratoires Indications : Troubles du transit intestinal, les modifications macroscopiques et microscopiques des selles, ainsi que les maladies et syndromes infectieux digestifs. Renseignements cliniques à fournir au laboratoire : Âge du sujet Type de diarrhée Signes cliniques associés (amaigrissement, prurit anal..) Signes biologiques associés (hyperéosinophilie…) Origine géographique de la résidence du sujet Notion de voyage récent Traitement antérieur Contexte épidémique
III/ Les différents examens I/ Analyse chimique Les prélèvements de selles doivent être réalisés à distance des examens radiologiques (lavements baryté, TOGD et du grêle) et d’une coloscopie. 1.1/ Le fécalogramme (peu prescrit) Déf. :Analyse qualitative sur les selles des 24h. Dosage de : (adulte) Eau (N = 22%) pH (N = 6.8 à 7) Acides organiques (N = 13 à 16 mmol/100g) Amoniac (N = 3 ml /100g) Lipides (N 5 g) Azote Résidus alimentaires (protidiques, glucidiques) Stercobiline (N = 40 à 200 mg) La baryte que l’on ne voit plus dans les selles est retrouvée en microscopie. Fécalogramme = examen coprologique fonctionnel (GOIFON)
1.2/ La stéatorrhée 121 Déf. : dosage des lipides fécaux (N 5 g/24h), à la recherche d’une diarrhée graisseuse par : Maldigestion : origine pancréatique Pancréatite chronique et altération de la fonction exocrine. Malabsorption : origine grêlique Maladie de Chron Résection iléales
123 Réalisation Régime normo-lipidique 3 jours avant et pendant l’examen.. Recueil sur 3 jours consécutifs pour compenser les éventuelles variations quotidiennes (étiquetage précis des récipients) Envoi des 3 récipients (un échantillon par jour en notant le poids des trois jours ou bien, la totalité des selles des 3 jours) au laboratoire, le 3ème jour.
1.3/ Clairance de l’alpha I – anti-trypsine Permet d’explorer le syndrome d’entéropathie exudative. Sa valeur > 10 ml/24h signe une fuite protéique digestive. Recueil des selles idem stéatorrhée, avant tout traitement par laxatif ou colchicine.. Envoi quotidien des récipients au laboratoire pour conservation au frais. Nécessité de joindre un échantillon de sang du patient (pour dosage sanguin simultané)
1.4/ Dosage de la stercobiline. Rappel : la bilirubine, déversée dans l’intestin grêle, est dégradée en urobiline et stercobiline. Adulte : N = 40 à 200 mg/24h Enfant de 10 mois à 10 ans : N = 5 à 20 mg/24h Si dosage > N : syndrome hémolytique Si dosage < N : ictère par obstruction
2/ Recherche de sang Devant toute suspicion d’un saignement digestif occulte (non visible à l’œil nu) Nécessite un régime blanc, les trois jours précédents sans : Viande rouge Boudin noir épinards Médicament contenant du Fer
Possibilité de faux-positif ou faux-négatif Test rapide en salle : Hémocult II® : contact d’un fragment de selles avec un papier imprégné de résine de gaïac. Au laboratoire : Envoyer un échantillon de selles dans un récipient spécial Indiquer si le patient présente un saignement naso-buccal, respiratoire ou ano-rectal. Possibilité de faux-positif ou faux-négatif ne dispense pas des examens paracliniques. Hemocult : + 2 à 3 gouttes d’eau oxygénée provoque l’apparition rapide d’une couleur bleue, si la réaction est positive.
3/La coproculture (et examen mycologique) Déf. :examen bactériologique recherchant le ou les germes responsables d’une diarrhée ou d’un déséquilibre de la flore saprophyte. Seules certaines espèces sont pathogènes. Délai de culture +/- 3 jours Deux temps dans l’examen Direct : Salmonelles ? Vibrion cholérique ? Shigelles ? Culture systématique en cas de germes.(salmonelle, staphyloccoque, B de Koch, colibacille)
Prélèvement de selles. Ecouvillonnage rectal des selles, des émission glaireuses ou sanglantes possible et de même intérêt. Prélèvements réalisés trois fois, à des jours différents, les bactéries s’éliminant par décharge. Acheminement dans l’heure au laboratoire. Recherche possible de la toxine de Clostridium Difficile. - dans le cadre de la recherche d’une colite induite par l’antibiothérapie. Prélèvements répétés afin d’avoir plus de chance d’isoler des bactéries. 3 coprocultures négatives sont nécessaires pour affirmer que le patient n’est pas devenu porteur sain.
4/ Recherche parasitologique Même procédé de recueil que pour la coproculture mais acheminement immédiat au laboratoire : La culture doit être rapide car les parasites meurent et l’identification est plus difficile.
Examen macroscopique direct : Examen microscopique : Trois temps : Examen macroscopique direct : Amibes, douves, oxyures, ascaris,anneaux de ténia… Examen microscopique : Œufs et larves d’helminthes Kystes et formes végétatives de protozoaires Spores de microspiridies Culture Larves d’anguillules
cas du diagnostic d’une oxyurose : Recherche du parasite Pas sur les selles Mais sur un prélèvement de la marge anale : « Scotch-test » Un papier cellophane adhésif placé sur l’anus, le soir au coucher, permet de recueillir les œufs des parasites émis pendant la nuit. Le lendemain matin, l’infirmier décolle délicatement l’adhésif et l’applique sur une lame. Acheminement rapide au laboratoire. Le patient bénéficiera d’une explication du soin et d’un accompagnement adaptés.
Ouvrages Guy Bellaïche, pratique soignante en digestif, coll.étudiants IFSI, éd.Lamarre, juin 2002, 155 p. A & n Blacque-Bélaire, l’infirmière et les examens biologiques cliniques, éd. Maloine, 2002, 479 p.