Ressenti des enseignants et membres du RASED à propos du projet de stimulation langagière dans le cadre de lécole Equipe enseignante de Lille2- Lomme
Le ressenti des enseignants Des « a priori » au départ… –Un certain scepticisme quant à linfluence du projet sur la pratique de classe : « Je fais déjà du langage avec mes élèves… » « Il y a déjà des albums dans la BCD… » -La crainte de ne pas savoir faire : travailler à plusieurs…animer un groupe devant des parents… organiser le projet…dire la difficulté aux parents… -La peur de perdre sa place dans une équipe pluridisciplinaire : « Jaide déjà mes élèves en difficulté… » « Lélève en difficulté, cest laffaire du RASED… » -Autres réticences : -Les séances de stimulation : « Un luxe : 3 adultes pour 6 enfants pendant ½ journée !!!… » -lappréhension dêtre filmé…de se voir, de sentendre…dêtre écouté…dêtre regardé… Un changement de « regard » par la suite…
Le ressenti des membres du RASED La perspective de travailler ensemble : de la conviction et de limpatience… Conviction que: – L apprentissage de la langue et sa maîtrise sont une mission prioritaire de lécole… –La réussite scolaire et sociale dépendent de la réussite de lapprentissage de la langue orale et écrite … –La prévention des difficultés sinscrit dans la lutte contre léchec scolaire… –Ensemble, on réussit mieux que tout seul : intérêt et nécessité de réunir dans un même projet les différents partenaires autour de lenfant, de lélève et du langage… Impatience de : -Se rencontrer et davoir du temps pour échanger, se former, construire, analyser.. -Sengager dans un projet « inédit », de créer ensemble un projet innovant et donc stimulant…
Le ressenti des parents Un changement de regard tout au long de lannée : –Au départ : De linquiétude : leur enfant « étiqueté » élève en difficulté, surtout au regard des autres parents délèves et dadulte extérieur à lécole… Un grand « flou » : de lorthophonie à lécole?????? Des a priori plutôt négatifs sur leur enfant et sur eux-même aussi: il ne sait pas parler, il parle mal…je ne sais pas raconter dhistoire…quest -ce quon va me demander?? –Puis : Le dispositif expliqué aux parents a été vécu comme une « chance » pour leur enfant, un moyen daide pour lui et pour eux aussi et non pas une stigmatisation supplémentaire des difficultés… Un regard positif sur leur enfant : déstabilisés au début par lanalyse positive des productions de leur enfant lors des séances, ils ont pu avoir une parole beaucoup plus optimiste sur les progrès de leur enfant… Une relation plus aisée avec les partenaires dans lécole: des demandes, de la curiosité, des échanges spontanés, de limplication effective, plus de confiance en lécole et…du plaisir !
Le partenariat Le partenariat : –Limplication de plusieurs métiers: le métier denseignant, le métier de rééducateur et le métier de parents… –Des points communs et des différences professionnelles, la mutualisation autour dun projet… –Une aide pour les adultes impliqués mais surtout une aide pour les enfants… –Une place à part entière pour chaque partenaire, selon son expertise… –Une vision enrichie de lélève en difficulté, selon le point de vue et la spécificité de chacun… –Loccasion déchanges, de moments partagés autour de questionnements, dessais de réponses, dinformations partagées sur le langage et son développement, sur la difficulté, les troubles, les moyens de mises en œuvre…
Formation / Information concernant le langage Le langage, laffaire de tous ! Oui, mais…. – Lobservation fine des difficultés langagières : la nécessité de critères observables précis : observation, repérage dépistage… lélaboration dune grille dobservation… –La connaissance du développement du langage oral : Lapport des orthophonistes concernant la difficulté, les troubles du langage et de la parole…
Parler ou faire parler ? : Telle est la question… Lenseignant est un grand bavard ! –Dans le souci davancer, de vouloir faire acquérir les mots, les phrases…, lenseignant pose des questions….et fait les réponses! –Le silence de lenfant est difficile à gérer, celui de ladulte aussi! Une question de confiance, pour gérer le groupe de stimulation… - Donner à lenfant le sentiment dêtre en sécurité pour oser parler… - Créer un contexte, donner des repères, un cadre qui favorisent lémergence de la parole… - Concevoir ces activités propices aux interventions verbales des enfants et aux interactions langagières…
Album, cher album… Lactivité autour de lalbum : Un choix ciblé –Des œuvres de qualité : texte, illustrations, mise en page, couleurs, contenu signifiant… –Des choix ambitieux mais aussi une « guidance bienveillante » : ni réducteurs, ni inaccessibles, dans la « zone proximale de développement »… –Des approches différentes selon les praticiens (enseignant, orthophoniste) mais toujours enrichissantes… –Lalbum peut avoir plusieurs vies durant le projet : lors des séances de stimulation, lors de la restitution dans la classe, plus tard dans lannée… –Peu à peu, il y a constitution dun patrimoine culturel partagé et partageable, une littérature de référence et même une mise en réseau des albums, dans la classe, dans lécole, dune année à lautre, dun cycle à lautre…
Se sentir invité à… Des enfants qui se sentent oubliés, qui se font oublier : –Les faibles parleurs, les non parleurs, ceux qui pensent quils nont rien à dire, ceux qui ne se sentent pas concernés, ceux qui attendent que dautres répondent à leur place, ceux qui voudraient bien mais qui nosent pas, ceux qui savent quils ne vont pas y arriver et qui préfèrent se taire, ceux qui « parlent avec leurs yeux » et quon ne voit pas, ceux qui répondent dans un souffle et quon nentend pas…. Ce sont ceux-là quil faut inviter dans les groupes de stimulation langagière, à qui il faut donner du temps, de lintérêt, quil faut rendre acteurs…dont lenseignant de la classe doit soccuper en priorité… –Lanticipation positive, la confiance, le cadre structurant et rassurant, la régularité des séances, la même bienveillance, labsence de jugement ….changent le regard : »Enfant / Enfants »Enfant / Enseignant »Enfant / lui-même »Enfant / Parents