À la découverte de l’abstraction... Proposition pour une classe de 3e
Plusieurs aspects de la thématique “Arts, ruptures, continuités”
À la découverte de l’abstraction... Objectifs : Définir le concept d’abstraction dans les arts plastiques, la musique et la littérature. Intéresser les élèves à des œuvres difficiles mais pourtant capitales dans l’évolution des arts au XXe siècle. Définir la modernité : prendre conscience de l’importance des années 1910-1920, le passage au “XXe siècle artistique”.
Matières concernées et ordre d’intervention 1) Éducation musicale 2) Arts plastiques 3) Français
Étape 1 : éducation musicale Découverte d’un corpus pictural composé de trois œuvres :
Wassili Kandinsky, Komposition VIII, 1923
Kasimir Malevitch, Suprématisme, 1915
Francis Picabia, Edtaonisl (ecclésiastique), 1913
Par la comparaison, les élèves trouvent des points communs : la présence d’un fond blanc (vide), la présence de cercles et de courbes, l’utilisation des couleurs primaires. Les élèves observent les différents contrastes entre le noir et le blanc, les couleurs vives et sombres, les courbes et les lignes, le vide et le plein. Les élèves réflechissent sur les titres des tableaux pour mieux comprendre la démarche des peintres Les élèves proposent leur définition de l’ABSTRACTION
Les élèves écoutent ensuite la pièce n°2 de l’opus 10 d’Anton Webern (1913). La consigne donnée avant l’écoute est de trouver à quel tableau cette œuvre musicale peut le mieux correspondre. ?
Dans leurs réponses, les élèves réutilisent le vocabulaire pictural Dans leurs réponses, les élèves réutilisent le vocabulaire pictural. On pourra définir les nombreux contrastes sonores et toucher à plusieurs domaines de compétence de l’écoute du programme d’éducation musicale. Les différences entre les sons des 21 instruments permettent d’approcher le concept de Klangfarbenmelodie (=mélodie de timbres), où les différences de sons instrumentaux se substituent à la construction mélodique. Par analogie avec le travail de déconstruction de la figure observé dans le domaine pictural, les élèves sont capables de définir ce qui constitue une forme d’abstraction musicale pour les compositeurs du début du XXe siècle.
Les élèves vont ensuite mettre en pratique ces analogies Étape 2 : arts plastiques Dans Du spirituel dans l’Art et dans la peinture en particulier (1911), Kandinsky associe la peinture à la musique : "Des couleurs AIGUËS font mieux ressentir leurs qualités dans une forme pointue." "La forme, même abstraite, géométrique, possède son propre SON INTERIEUR." Selon lui, le NOIR est égal au SILENCE. Il associe COULEUR et TIMBRE. Au JAUNE INTENSE correspond la TROMPETTE. Les élèves vont ensuite mettre en pratique ces analogies
PRÉPARATION du support : Le professeur présente aux élèves différents papiers pour le support : papier dessin, papier kraft, papier de soie, papier calque... Ils déchirent, découpent ou froissent le papier et découvrent qu’il est SONORE. Une fois que le matériel est exploré et préparé, les élèves sont prêts à travailler. Ils écoutent une première fois, sans rien faire, les cinq pièces pour orchestre d’Anton Webern. INCITATION : " Cinq minutes pour effectuer !" RÉALISATION : Occuper l’espace de plusieurs supports dans le temps précis d’écoute de l’oeuvre. Le travail se fait en musique, à l’encre, directement au pinceau ou à la brosse et ne doit pas chercher à représenter la réalité. VERBALISATION (semaine suivante): Analyse des travaux réalisés durant la séance précédente.
Et l’abstraction en littérature Étape 3 : français Et l’abstraction en littérature ?
Les élèves peuvent trouver eux-mêmes ce qui peut être détruit dans le langage propre de la littérature : - la grammaire et l’orthographe, la disparition des règles. - le sens donné aux mots et la convention du langage, la possibilité d’inverser, de substituer les mots pour arriver au non-sens. - l’arbitraire des signes La séance peut se poursuivre par la découverte des poètes surréalistes (un texte de Tristan Tzara par exemple). La lecture du texte peut entraîner un travail sur la voix : chaque élève lit une « phrase » en modifiant les paramètres du son de sa voix. L’exercice est reproduit en interprétant chacun un mot, puis chacun une syllabe, de manière à créer une sorte de Klangfarbenmelodie théâtrale. La production peut être enregistrée.
Prolongations... En éducation musicale : Écoute complémentaire : Pierrot lunaire d’Arnold Schönberg (1912), découverte du Sprechgesang, comme un moyen de faire disparaître la mélodie de la voix. En arts plastiques : Présentation aux élèves de la vidéo “Kandinsky Parcours d'exposition” (CNDP/ centre Georges Pompidou) En français : Travail sur les techniques d’écriture surréalistes (écriture automatique, cadavres exquis...) et ouverture sur l’Oulipo. D’autres disciplines peuvent aussi être impliquées...
En Histoire : Tant Malevitch que Kandinsky ont à voir avec la révolution russe. Le premier y a vu, à ses débuts, un espace s’ouvrant à la liberté de création. Promu à des postes de responsabilité par le régime naissant , il est rapidement mis à l’écart par Staline pour qui l’abstraction ne peut correspondre aux missions de “l’art socialiste”. Quant à Kandisnky, s’il revient en Russie aux premiers temps de la révolution pour enseigner et participer activement à la politique culturelle, il quitte à nouveau le pays en1921 pour ne plus y revenir....pour les mêmes raisons que Malevitch DEUX EXEMPLES DU MUSELLEMENT DE LA CRETAION ARTISTIQUE PAR UN REGIME TOTALITAIRE
ET LE CONTACT DIRECT AVEC LES OEUVRES? Une visite des collections permanentes du Centre Georges Pompidou… …ou mieux encore, l’utilisation des ressources académiques: une visite au MACVAL, Musée d’Art Contemporain du VAL de Marne.