Les mosaïques paléochrétiennes Ce qui est représenté et comment c’est représenté…
Mini test: Expliquer ce qui se passe avec la peinture paléochrétienne après l’Édit de Milan. Quelle technique est choisie, quel est le matériel utilisé, quel aspect cela donne aux intérieurs d’églises, dans quel but?
San Apollinare Nuovo, Ravenne: détail des trois rois mages
San Apollinare Nuovo, 504, Ravenne, Intérieur
San Apollinare Nuovo, Ravenne, 504
Mausolée de Galla Placidia, 420, Ravenna
Dégager l’essentiel: les mosaïques dans l’art paléochrétien Le développement rapide de l’architecture chrétienne après l’Édit de Milan, a aussi révolutionné la peinture chrétienne primitive: jusque là œuvre d’humbles artistes, elle passe aux mains de maîtres recrutés sous auspices impériales. Pour décorer ces vastes édifices c’est la technique de la mosaïque qui est choisie. Utilisée déjà par les Romains, dans l’art chrétien, les mosaïques deviennent murales et de grande taille, les tesselles sont de verre coloré aux couleurs éclatantes et en or; Ces grandes surfaces brillantes et scintillantes contribuent au faste voulu des intérieurs des églises chrétiennes de l’époque, qui contraste fortement avec l’extérieur sobre (en brique): ce contraste est symbolique: nous laissons derrière nous le monde quotidien, pour retrouver la splendeur du royaume de Dieu!
Mais qu’est ce qui est représenté sur ces mosaïques, et comment? San Apollinaire in Classe, Ravenne, 549, intérieur
Sainte Marie-Majeure, Rome, L’arc triomphal, mosaïques Vème siècle Nous allons ici voir le plus ancien cycle de mosaïques chrétiennes subsistant, celui de l’arc triomphal de l’église Sainte-Marie-Majeure à Rome (Vème siècle). La décoration des églises du IVème siècle ne nous est pas parvenue. Nous pensons que les grands cycles picturaux décoraient les murs de la nef, l’arc triomphal et l’abside. Sainte Marie-Majeure, Rome, L’arc triomphal, mosaïques Vème siècle
Les mosaïques de l’arc triomphal, Église chrétienne primitive de Sainte Marie-Majeure, Rome, datant du Vème siècle après J.C.:
Un troupeau de brebis devant la Jérusalem céleste, Sainte Marie-Majeure, Rome, mosaïque, Vème siècle
« Ce qui est représenté… » Un troupeau de brebis devant la Jérusalem céleste, Sainte Marie-Majeure, Rome, Vème siècle Le Bon Pasteur, Catacombes de Priscilla, Rome, IIIè siècle après J.C.
Nous y trouvons repris les symboles de l’art chrétien primitif: le Chi-Ro et Agnus, Ste Marie Majeure, Vème siècle
Dans les mosaïques paléochretiennes, comme dans les peintures des catacombes, nous retrouvons les motifs plus anciens (mythologie grecque, motifs décoratifs romains…), mais avec une valeur symbolique chrétienne. Décoration, Motif des deux colombes, Santa Constance, Rome, 350 a.D. Mosaïque romaine, Pompei
San Apollonare in Classe, Ravenne, 549 La représentation symbolique comme dans l’art chrétien primitif: les brebis… San Apollonare in Classe, Ravenne, 549
« Comment est-ce représenté ? » Fresco wall painting in a cubiculum (bedroom) from the Villa of P. Fannius Synistor at Boscoreale, ca. 40–30 b.c.; Late Republican Un troupeau de brebis devant la Jérusalem céleste, Sainte Marie-Majeure, Rome, Vème siècle Fresque (peinture murale) dans une villa de Pompéi, avant 79.
La représentation de la ville de Jérusalem céleste nous rappelle la peinture gréco-romaine par son essaie de perspective linéaire, rendue de façon incohérente… Wall paintings from a cubiculum, 40-30 b.c.
« Ce qui est représenté »: un épisode de la Bible La séparation de Loth et d’Abraham, vers 430, Sainte-Marie Majeure, Rome.
Comment c’est représenté ?: le corps des personnages La séparation de Loth et d’Abraham, vers 430, Sainte-Marie Majeure, Rome. Hercule et son fils Télèphe, peinture murale d’Herculanum, vers 70 après J.C.
Dans la représentation des personnages, nous retrouvons le modelé de tons pour rendre le volume des corps de la peinture romaine… Le thème est toutefois un épisode de l’Ancien testament (la Bible). La séparation de Loth et d’Abraham, vers 430, Sainte-Marie Majeure, Rome. Hercule et son fils Télèphe, peinture murale d’Herculanum, vers 70 après J.C.
Ce qui est représenté reprend le symbolisme de l’art chrétien primitif, ou les épisodes de la Bible (comme l’art paléochrétien d’avant l’Édit de Milan). Mais la manière de représenter, par la tentative de rendre l’illusion de la profondeur et du volume nous rappellent la peinture gréco-romaine (perspective linéaire incohérente pour l’architecture, modelé de tons pour rendre le volume du corps). Wall paintings from a cubiculum, 40-30 b.c.
Annonciation, Prophète montrant l’étoile, Adoration des mages Autres influences: dans les mosaïques paléochrétiennes, nous trouvons, outre l’influence de l’art chrétien primitif des catacombes et de la peinture romaine, aussi d’autres influences relevant des procédés plus anciens: Annonciation, Prophète montrant l’étoile, Adoration des mages
Annonciation, Prophète montrant l’étoile, Adoration des mages Les événement successifs sont représentés dans une même scène, et nous pouvons aussi y retrouver la perspective d’importance … Annonciation, Prophète montrant l’étoile, Adoration des mages
Des premières représentations de Vierge avec l'Enfant Jésus sur ses genoux, face à un prophète qui indique une étoile à l'adoration des Rois Mages…: des événements successifs « comprimés » dans une scène cimetière de Priscille, sur la Via Salaria. La fresque, datable à la première moitié du IIIème siècle, représente la Vierge avec l'Enfant Jésus sur ses genoux, face à un prophète (Balaam, ou bien Isaïe)
San Apollinare Nuovo, Ravenne, Intérieur: les trois rois mages
Notez aussi que la Vierge est plus grande assise que les mages debout: c’est aussi l’influence d’un style plus ancien, dans lequel puise aussi l’art paléochrétien: la perspective d’importance cimetière de Priscille, sur la Via Salaria. La fresque, datable à la première moitié du IIIème siècle, représente la Vierge avec l'Enfant Jésus sur ses genoux, face à un prophète (Balaam, ou bien Isaïe)
Dans les représentations des mosaïques décorant les églises paléochrétiennes, nous retrouvons l’héritage de la peinture gréco-romaine (notions de perspective linéaire, volume du corps rendu par le modelé) et autres styles plus anciens dont hérite l’art paléochrétien combiné avec les thèmes, et le symbolisme de l’art chrétien primitif: Mosaïques de l’arc triomphal de l’église Sainte Marie-Majeure, Rome, Vème siècle après J.C.
Dégager l’essentiel: Les mosaïques paléochrétiennes: les thèmes et la technique Pour décorer les églises, c’est la technique de la mosaïque qui est choisie. Les mosaïques murales de grande taille, aux tesselles de verre coloré aux couleurs éclatantes et en or, contribuent au faste voulu des intérieurs des églises qui contraste fortement avec l’extérieur sobre (en brique): ce contraste est symbolique: nous laissons derrière nous le monde quotidien, pour retrouver la splendeur du royaume de Dieu! Les thèmes de ces mosaïques sont chrétiens, il s’agit des épisodes de tirés de la Bible, reprenant aussi le symbolisme de l’art chrétien primitif des catacombes… La technique reprend les techniques de la peinture romaine (notions de perspective linéaire, mais incohérente, dans la représentation de l’architecture, modelé de tons pour rendre le volume du corps), mais aussi d’autres procédés plus anciens dont s’est inspiré l’art chrétien des premiers siècles: les événements successifs sont représentés dans une même scène, nous y voyons la perspective d’importance…